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confidentialité. Si l’on se propose d’examiner cette dyade, en demeurant sensible au statut, à la
place que les deux acteurs en présence occupent dans le contexte précis de l’interaction verbale,
l’on finit, assez rapidement, par entrevoir que soignants et soignés ne parlent pas depuis « le
même endroit », et que les enjeux de ce type de face à face soulèvent une série de
questionnements non seulement quant à la place que chacun des acteurs occupe dans l’interaction
mais aussi des interrogations en termes de reconnaissance des discours produits par les deux
types d’acteurs, sachant que ceux-ci ne partagent pas des situations d’énonciation égalitaires.
Autre asymétrie, celle comprise en termes d’attentes et des conséquences des attentes déçues. Si
les attentes à l’égard des résultats de la thérapie entre patient et psychiatre convergent vers le
souhait de la guérison, la position du patient n’est pas celle du soignant. En effet, si le patient
n’est pas entendu, cette conversation à vide a un grand impact en termes de souffrances. Le
soignant, quant à lui, s’il n’est pas entendu, cela a certainement un impact sur sa pratique, en
termes de questionnements, de remise en cause et cela n’est guère négligeable. Toutefois, les
enjeux ne sont pas les mêmes pour le soignant que pour le patient, a fortiori lorsque celui-ci
demeure étranger non seulement dans l’aire géographique l’accueillant, mais aussi dans l’espace
à l’intérieur duquel il espère bénéficier de soins.
Ainsi, lorsque l’interaction à deux s’étend à trois acteurs, tous les items précédemment
exposés sont modifiés et mériteraient, par conséquent, d’être redéfinis : … pour un tête à tête ce
n’est plus un tête-à-tête déjà ce n’est plus une thérapie… (DOMI.4.MPS). Enfin, dans ce cadre analytique,
nous interrogerons par la même occasion la fonction de la communication :
-Établir le contact, le maintenir et aboutir à un échange
-Traduire en mots les souffrances psychiques et/ou physiques
-Soigner. Il nous semble qu’à bien des égards cette troisième fonction présuppose les deux
premières. De plus, si sa définition comprend 2 acceptions : a) la communication est un support
pour les soins (parler tout en soignant) ; b) la communication est un soin, dans le sens où elle
configure et détermine celui-ci (le soin par la parole), c’est, avant tout, « soigner » entendu
comme le soin par le dialogue, qui fait l’objet de notre observation.
La confrontation patient-soignant dans un espace où les ancrages communs sont fragiles
aboutit très souvent à un sentiment de frustration, qu’exprime cette soignante dans cet extrait de
citation.
36 B moi je dirais que ça m’est eu arrivé et ça peut être source de malentendus ça m’est eu
arrivé avec des patients qui parlaient le-d’origine yougoslave et qui parlaient un ptit peu