La politique économique extérieure Suisse et le

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Eidgenössisches Volkswirtschaftsdepartement EVD
Staatssekretariat für Wirtschaft SECO
Kommunikation
La politique économique extérieure suisse
et le commerce de détail
Perspectives concurrentielles sur le marché suisse
Présentation donnée au
Swiss Retail Forum 2009
le 4 juin 2009, à Genève 1
par
M. l’Ambassadeur Christian Etter
Délégué du Conseil fédéral aux accords commerciaux
Direction des affaires économiques extérieures, SECO
1
Cette présentation a été préparée avec l’aide de Christian Hofer et de Steve Kummer (SECO)
La politique économique extérieure de la Suisse et le commerce de détail
Perspectives concurrentielles sur le marché suisse
Christian Etter, SECO
Swiss Retail Forum - 4.6.2009, Genève
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Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie de m’offrir l’opportunité de vous parler de la politique économique
extérieure de la Suisse et des perspectives du commerce de détail.
La Direction des affaires économiques extérieures du SECO, à laquelle je suis
rattaché, a pour mission de représenter, pour le compte du Département fédéral de
l'économie, les intérêts de la Suisse en matière de politique économique extérieure.
Le but est de maintenir l'attractivité de la place économique suisse et de la renforcer,
tout en s'adaptant aux constantes évolutions de l'économie mondiale.
J'ai l’intention de structurer ma présentation selon le schéma suivant : Pour
commencer, je vais rappeler l’importance du commerce de détail pour l’ensemble de
l’économie suisse, ensuite, je vous présenterai certaines tendances du contexte
économique international déterminantes pour le commerce de détail, puis j’en
viendrai aux objectifs et à la stratégie de la politique économique extérieure de la
Suisse, je vous présenterai alors une série d'activités en cours dans le cadre de la
politique économique extérieure suisse qui revêtent un intérêt particulier pour le
commerce de détail, et je terminerai en tirant quelques conclusions sur les
perspectives du commerce de détail suisse dans le contexte global actuel et à venir.
(1) Importance du commerce de détail pour l’économie suisse
Le commerce de détail revêt une grande importance pour l’économie suisse. Il
génère plus de 5 % de la valeur ajoutée de notre pays. Si l’on compte également le
commerce de gros, ce chiffre atteint presque 12 %; le commerce de détail en Suisse,
ce sont plus de 35’000 entreprises, qui occupent quelque 310’000 personnes,
autrement dit 8,4 % de l’occupation totale en Suisse 2 . Le secteur du commerce de
détail n’est donc pas seulement une branche importante de l’économie suisse, il est
également l’un des gros employeurs de ce pays.
2
2006, source OFS _____________________________________________________________________________________________________ 2 La politique économique extérieure de la Suisse et le commerce de détail
Perspectives concurrentielles sur le marché suisse
Christian Etter, SECO
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Au-delà de l’aspect purement statistique, le commerce de détail joue un rôle
systémique fondamental pour l'économie dans son ensemble. Les prestations du
commerce de détail constituent le lien indispensable entre producteurs et
consommateurs, non seulement en Suisse même, mais aussi pour l’importation et
l’exportation de marchandises et de services. Le secteur du commerce de détail est
le point de convergence de l’offre et de la demande. Il s'agit, pour ainsi dire, de la
part tangible de la « main invisible » qui dirige, dans l’économie de marché, les
interactions entre production et consommation – comme le décrivait Adam Smith,
l’« inventeur » écossais de la théorie économique, il y a plus de 200 ans.
(2) Tendances internationales pertinentes pour le commerce de détail
Comme la plupart des autres branches économiques en Suisse, le commerce de
détail n’opère pas non plus dans une bulle nationale. Il est fortement tributaire du
contexte économique international. Permettez-moi, dans la deuxième partie de mon
exposé, d’illustrer cette affirmation en vous présentant quelques tendances du
contexte économique international.
Première tendance : le progrès des technologies dans les domaines de l’information
et de la communication ainsi que du transport et de la logistique.
Ces développements, qui se sont accélérés ces dernières décennies, ont entraîné
une très forte augmentation des possibilités économiques transfrontières.
Dans le commerce de détail l’internet, par exemple, a introduit de nouvelles façons
de commercialisation. AMAZON est aujourd’hui la 55e entreprise de commerce de
détail au niveau mondial 3 . Les entreprises de commerce de détail traditionnelles
suisses emploient elles aussi toujours plus souvent l’internet comme canal de
promotion et de vente, comme Sun Store pour les produits pharmaceutiques, Payot
pour les livres ou encore Migros et Coop pour les denrées alimentaires.
3
Deloitte (2009)
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Les technologies améliorant l’efficience des transports engendrent une baisse des
coûts de l’approvisionnement. Cela a permis d'élargir la palette des produits
disponibles en Suisse, et de la rendre indépendante des saisons. La viande
d’argentine ou néo-zélandaise, le vin californien ou chilien, les herbes aromatiques
fraîches de la Thaïlande, de l’Afrique du Sud ou du Mexique durant toute l’année, les
chemises du Bangladesh ou les jouets fabriqués en Chine, ce sont là autant de
produits que l’on s’attend aujourd’hui à trouver normalement dans nos magasins.
Deuxième tendance : l’internationalisation du commerce de détail
Comme le montrent ces exemples, le commerce de détail s’est fortement
internationalisé du côté de l’approvisionnement. Mais les entreprises de commerce
de détail elles-mêmes se sont également internationalisées. Une bonne partie des
plus grands détaillants mondiaux comme Wal-Mart, Carrefour, Lidl, Aldi, Tesco,
IKEA, Toys „R“ Us, H&M, ou GAP, mais aussi bon nombre d’entreprises de taille
moyenne disposent aujourd'hui de structures de distribution internationales. Sur les
250 plus grandes entreprises de commerce de détail du monde, près de deux tiers
opèrent déjà à l’extérieur de leur pays d’origine. En 2007, les ventes à l’étranger de
ces « top 250 » représentaient plus de 20 % de leur chiffre d’affaires total. Ces
entreprises-là sont actives, en moyenne, sur près de 7 marchés étrangers.
Selon les données de la Banque nationale suisse pour 2007, pour l’ensemble du
secteur de la distribution suisse, le stock de capital venant de l’étranger a doublé
entre 2003 et 2007, passant de 21 à 43 milliards de francs, dont quelque 4 milliards
de francs dans le commerce de détail. Cela signifie que le secteur de la distribution a
absorbé 11 % des investissements directs de l’étranger en Suisse. Selon la même
source, les détaillants étrangers occupaient environ 21’500 personnes dans notre
pays. Inversement, les entreprises de commerce de détail suisses disposaient d’un
stock d’investissements de plus de 4,6 milliards de francs à l’étranger.
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Troisième tendance : nouveaux centres de production et nouveaux marchés
Ces dernières années, de nouveaux centres de production sont apparus sur le
marché mondial. On parle des pays émergents comme l’Inde ou la Chine, mais aussi
en Europe de l’Est ou en Asie et en Amérique latine. Certains de ces pays ont un
potentiel de croissance énorme et constituent de ce fait de nouveaux marchés de
distribution importants. L’accroissement de la classe moyenne et l’urbanisation
survenue dans ces pays offrent de nouveaux débouchés, y compris pour les
prestataires de services des pays industrialisés. Ainsi, les cinq plus grandes
entreprises de commerce de détail et plus de 20 des 100 plus importantes à l'échelle
mondiale sont aujourd'hui présentes sur le marché chinois 4 .
La 4e tendance est une constante
L’UE reste de loin le premier partenaire commercial de la Suisse. Près de 80 % des
marchandises importées en Suisse proviennent de l'UE, plus de 60 % des
exportations de la Suisse lui sont destinées 5 .
(3) Politique économique extérieure de la Suisse
(3.1) La politique économique extérieure de la Suisse: objectifs
L’objectif principal est d’établir les meilleures conditions-cadre possibles pour
permettre aux opérateurs économiques d’exploiter de manière optimale les
avantages comparatifs et les économies d’échelle. Ces deux éléments, c.-à-d.
trouver ses niches compétitives et atteindre des séries de production suffisamment
larges, sont des défis particuliers pour des entreprises qui opèrent sur un marché
national relativement petit et relativement pauvre en ressources naturelles.
La plupart des branches économiques suisses sont donc fortement tributaires des
échanges transfrontières, donc du contexte mondial. La Suisse, comme chacun le
4 5
Deloitte (2009).
Selon les chiffres 2007 et les estimations de l'Administration fédérale des finances pour 2008.
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sait, gagne plus d’un franc sur deux à l'étranger. Afin que la stratégie de
spécialisation porte ses fruits, les marchandises et les services doivent pouvoir
s’échanger au niveau international avec le moins d’obstacles possible. Il va de même
pour les investissements qui doivent se faire à travers les frontières autant que
possible de manière non discriminatoire. Un autre élément clé pour un pays avec un
nombre d’habitants limité est l’ouverture des frontières pour la main-d’œuvre. L’offre
et la demande sur le marché du travail doivent elles aussi pouvoir s’équilibrer à
travers les frontières surtout avec des pays voisins.
En somme, la politique économique extérieure vise à renforcer la compétitivité de la
place économique suisse. La qualité de la place économique détermine dans quelle
mesure un pays peut maintenir un niveau élevé de revenu et de qualité de vie.
(3.2) Politique économique extérieure: intérêts du commerce de détail
Etant donné l’internationalisation croissante du secteur et son rôle central dans
l’économie nationale, le commerce de détail a intérêt à ce que les marchés des biens
et des services soient ouverts, à ce que la circulation des personnes soit libre en
Europe, et à ce que les marchés soient ouverts pour les entreprises elles-mêmes.
Marchés ouverts pour les biens et services
En réduisant ou en supprimant les droits de douane et autres entraves au
commerce, la politique économique extérieure de la Suisse facilite et rend meilleur
marché l’approvisionnement en marchandises à l’étranger. Les coûts d’achat
diminuent encore si l’on démantèle également les entraves à la fourniture
transfrontières de services, tels que les entraves administratives relevant des
services qui sont étroitement liés au commerce des marchandises. Pensons par
exemple aux services de transport et de logistique.
Libre circulation des personnes avec l’UE
Pour rester compétitive, la Suisse doit disposer d’une offre de main-d’œuvre
suffisante, ce qui est d’autant plus évident pour un secteur aussi demandeur en
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personnel que le commerce de détail. Etant donné la population limitée de la Suisse,
cela n’est possible que grâce à la libre circulation des personnes avec l’UE. L’accord
pertinent entre la Suisse et l’UE, dont le souverain a approuvé récemment la
prolongation et l’extension aux nouveaux Etats membres de l’UE, garantit que cette
condition à la prospérité de l’économie suisse continue à être remplie.
Marchés ouverts pour les entreprises du commerce de détail
A part l’approvisionnement en marchandises à l’étranger et la circulation des
personnes au niveau régional, les entreprises suisses du commerce de détail – du
moins une partie d’entre elles – ont aussi intérêt à pouvoir intervenir sur d’autres
marchés, que ce soit de leur propre chef ou avec de partenaires étrangers. Comme
nous l’avons déjà vu, le commerce de détail n’échappe pas à l’internationalisation.
Jusqu’à aujourd’hui, la plupart des grandes entreprises suisses du commerce de
détail exploitent cette option surtout sous forme de parpticipation à des alliances
avec des partenaires étrangers. Celles-ci servent à grouper le pouvoir d’achat et
permettent de vendre ses propres marques à l’étranger. 6
Inversement, l’internationalisation du commerce de détail se traduit par la présence
de nombreuses sociétés étrangères en Suisse: il devient difficile d’imaginer des
grandes et moyennes villes en Suisse qui n’aient leur IKEA, leur H&M ou toute autre
chaîne internationale. De plus, des détaillants comme Aldi et Lidl sont en train de
s’établir en Suisse. La présence de ces entreprises, mais aussi la commercialisation
croissante de biens au moyen d’internet, stimulent la concurrence en Suisse comme
ailleurs. Or, la concurrence incite à innover et à améliorer l’efficience de la
distribution, garants pour la compétitivité du secteur à plus long terme.
6
La plus grande entreprise suisse du commerce de détail, Migros (58e au classement mondial 2007), n’est
actuellement active à l’étranger que d’une façon très limitée : trois points de vente en Allemagne, deux en France.
Le numéro 2 suisse, Coop (68e au classement mondial 2007), concentre ses ventes sur le marché suisse, mais
participe à des coopératives internationales d’achats. Le troisième détaillant suisse, Richemont (241e au
classement mondial 2007), a une orientation internationale marquée dans la distribution (sources : Deloitte
[2009], rapports d’activité Migros et Coop).
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(3.3) Les trois volets de la politique économique extérieure de la Suisse
Avec quels instruments le Gouvernement suisse défend-il les intérêts de la Suisse en
matière d’affaires économiques extérieures ? Comment intervient-il pour promouvoir
l’ouverture des marchés et un cadre favorable aux activités économiques
internationales? La stratégie de politique économique extérieure du Conseil fédéral
se décline en trois volets:
Dans le premier volet, «accès aux marchés et cadre juridique international», nous
négocions des accords internationaux avec d’autres Etats, et nous participons à des
organisations économiques internationales. Il s’agit de réduire les entraves à l’activité
économique transfrontière, que ce soient les droits de douane ou des obstacles nontarifaires frappant les marchandises, les entraves et discriminations administratives
grevant les services et les investissements, ou encore les restrictions à la circulation
des personnes. Des règles
pertinentes, inscrites dans des accords de droit
international, confèrent la sécurité juridique nécessaire aux entreprises pour arrêter
leur stratégie commerciale et pour investir en Suisse et à l’étranger.
La Suisse conclut des accords internationaux à trois niveaux: multilatéralement à
l’Organisation mondiale du commerce (OMC), au niveau régional les accords
bilatéraux avec l’UE, et à travers le monde avec des partenaires sélectionnés, par le
biais d’accords de libre-échange.
Le deuxième volet de la politique économique extérieure, « politique du marché
intérieur suisse », concerne les mesures de politique intérieure destinées à renforcer
la compétitivité internationale de la Suisse. Etant donné l’intensification de la
concurrence entre places économiques, l’accès aux marchés étrangers et des règles
internationales favorables ne suffisent plus à faire face à la concurrence mondiale.
Les relations concurrentielles et le niveau des coûts sur le marché domestique sont
des conditions tout aussi importantes. Si ces dernières ne sont pas réunies, les
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investissements sont déplacés, et les consommateurs suisses achètent davantage à
l’étranger (« tourisme d’achats ») 7 .
Le but du troisième volet de la politique économique extérieure suisse, « contribuer
au développement économique de pays partenaires », est d’aider les pays
émergents ou en développement à s’intégrer au marché mondial. Ce volet est mis en
œuvre avant tout par des projets de coopération technique et de formation. L’idée qui
sous-tend ce volet est que, pour faire du commerce, il faut être deux, et qu’un Etat
est un partenaire commercial d’autant meilleur que ses capacités d’achats et de
production sont plus développées.
(4) Mesures pertinentes pour le commerce de détail
(4.1) Mesures du volet « accès aux marchés »
Comme je l’ai dit, le volet « accès aux marchés et réglementation internationale »
consiste à négocier des accords internationaux, notamment à l’OMC, avec l’UE et
avec des pays tiers sélectionnés à travers le monde.
OMC: l’Organisation mondiale du commerce, sise à Genève, est l’organisation
multilatérale où se négocient des accords commerciaux multilatéraux entre ses plus
de 150 Etats membres. Du point de vue du commerce de détail, les accords GATT et
GATS de l’OMC sont particulièrement intéressants. Le GATT (Accord général sur les
tarifs douaniers et le commerce) a abaissé, ces soixante dernières années,
progressivement les droits de douane frappant les biens industriels et, dans une
moindre mesure, ceux des produits agricoles – toutefois pas au même degré pour
les diverses catégories de produits et les divers pays. Le GATS, ou AGCS (Accord
général sur le commerce des services), a été conclu en 1995. Il couvre l’accès aux
marchés et le traitement national pour le commerce international des services, mais
égalemement à différents degrés selon le secteur et le pays.
7
Le tourisme d’achats a fait perdre de 2,1 milliards de francs en 2005 pour les seuls aliments et produits de
première nécessité (Etude Coop sur le tourisme des achats, 2006).
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A l’OMC sont actuellement en cours les négociations du cycle de Doha. Là, la Suisse
s’engage en faveur de nouvelles réductions importantes des droits de douane ainsi
que pour une libéralisation plus poussée du commerce des services. En matière de
services, les services de distribution et les services de transport et de logistique sont
parmi les priorités de la délégation suisse. On peut s’attendre que la conclusion du
cycle de Doha apportera des améliorations dans les domaines poussés par la
Suisse. L’ampleur des progrès et la date de la conclusion du cycle de Doha restent
cependant incertaines. Le nombre des Etats membres de l’OMC – plus de 150, je le
rappelle – est un grand avantage une fois les résultats atteints, mais rend difficile la
recherche d’ un consensus.
Accords bilatéraux avec l’UE: Grâce à l’Accord de libre-échange de 1972, les droits
de douane sur les produits industriels sont depuis longtemps entièrement éliminés
entre la Suisse et l’UE. Après le rejet du traité de l’EEE (1992), la voie bilatérale a été
poursuivie, en 1999 avec les Accords bilatéraux I, 8 puis en 2004 avec les Accords
bilatéraux II. 9 Il a ainsi été possible d’obtenir une meilleure participation de la Suisse,
bien que ponctuelle, au marché intérieur de l’UE.
Très récemment, un accord en matière de contrôles de sécurité (règle dite des 24
heures) a pu être conclu avec l’UE: il s’agit d’un complément à l’Accord bilatéral sur
le transport de marchandises de 1990, important pour le commerce de détail. Dans
les échanges de marchandises entre elles, la Suisse et l’UE ont convenu de
renoncer à l’annonce préalable et autres contrôles de sécurité nouvellement
introduits par l’UE pour son commerce extérieur. Cet accord empêche que les achats
par des entreprises suisses de biens en provenance de l’UE ou ayant transité par
celle-ci ne soient inutilement compliqués par de nouvelles entraves.
D’autres négociations ont actuellement lieu entre la Suisse et l’UE. Celles qui
intéressent particulièrement le commerce de détail concernent un accord dans les
8
Accords bilatéraux I : circulation des personnes, entraves techniques au commerce, marchés publics, transports
terrestres, transports aériens, accord agricole, recherche.
9
Accords bilatéraux II : Schengen/Dublin, fiscalité de l’épargne, lutte contre la fraude, produits agricoles
transformés, environnement, statistique, médias, formation, pensions.
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domaines de l’agroalimentaire et de la santé. Le but de cette négociation est
d’éliminer les obstacles restants dans les échanges avec l’UE, notamment les droits
de douane et les entraves non tarifaires au commerce des produits agroalimentaires.
Un autre élément de négociation est la coopération en matière de sécurité des
aliments et des autres produits, en paticulier la participation de la Suisse à RAPEX.
Si les négociations aboutissent, l’accord pourrait entrer en vigueur en 2012.
Accords de libre-échange avec des pays hors de l’UE: en plus des négociations à
l’OMC et des accords bilatéraux avec l’UE, la Suisse conclut des accords de libreéchange avec des partenaires sélectionnés, situés hors de l’UE.
La Suisse dispose aujourd’hui de dix-huit accords de libre-échange avec des
partenaires hors de l’UE, c.-a.-d. des pays tiers, dont le Japon, le Canada, la Corée
du
Sud,
le
Mexique,
la
Colombie,
Singapour,
le
Chili
et
divers
pays
méditerranéens. 10 D’autres accords du même type sont en cours de négociation
avec entre autres l’Inde, les Etats du Golfe (CCG 11 ), l’Ukraine et la Thaïlande. Des
candidats pour des négociations futures sont la Russie, Hong Kong, l’Indonésie, la
Malaisie et la Chine.
Le but de ces accords de libre-échange avec des pays tiers est de libéraliser les
échanges économiques de manière plus poussée comparé à ce qui est possible à
l’OMC. Ainsi, ces accords non seulement réduisent, mais – à quelques exceptions
près - éliminent les droits de douane sur les produits industriels. Certains de ces
accords de libre-échange comprennent aussi des libéralisations en matière d’accès
au marché des services, « retail services » compris 12 .
10
Accords signés ou entrés en vigueur : Egypte, Israël, Jordanie, Croatie, Liban, Maroc, Macédoine, PLO,
Tunisie, Turquie, Mexique, Chili, Singapour, Corée du sud, SACU («South African Custom Union»: Afrique du
Sud, Botswana, Lesotho, Namibie, Swasiland), Canada, Japon, Colombie.
11
«Conseil de coopération du Golfe»: Bahreïn, Qatar, Koweït, Oman, Arabie saoudite, Emirats arabes unis.
12
C’est le cas des accords avec la Corée du Sud, le Mexique, Singapour et le Chili, et ce le sera avec le Japon,
les pays du Conseil de coopération du Golfe et la Colombie une fois en vigueur. Chili, Colombie, Singapour: pas
d’obligations spécifiques concernant le commerce de services de détaillants dans l’AGCS, mais obligations dans
les accords de libre-échange. Corée: pas d’obligations spécifiques concernant le commerce de services de
détaillants («mode 1» et «mode 2») dans l’AGCS, mais obligations dans l’accord de libre-échange.
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(4.2) Mesures du volet « politique du marché intérieur suisse »
Les principaux éléments de la politique du marché intérieur qui ont un impact sur les
affaires économiques extérieures sont notamment la politique de la concurrence et
l’ouverture des monopoles et des marchés protégés. Ainsi, la libéralisation du
marché suisse des télécommunications, intervenue depuis les années 1990, a
entraîné une baisse des prix des services correspondants et a valu au reste de
l’économie suisse une poussée de productivité sans laquelle, à l’ère de l’internet, la
Suisse aurait pris un gros retard.
Une autre mesure importante du volet « marché intérieur » de la politique
économique extérieure consiste à démanteler les entraves au commerce dont nous
sommes nous-mêmes les auteurs. Ces entraves « autonomes » résultent, par
exemple, des prescriptions spéciales suisses qui diffèrent inutilement de celles de
nos partenaires commerciaux, notamment l’UE. En termes concrets, il s’agit
d’harmoniser ou d’aligner autant que possible les réglementations légales et
prescriptions techniques suisses avec celles de l’UE. 13
L’exemple le plus récent à ce propos est la révision de la loi fédérale sur les entraves
techniques au commerce (LETC), qui devrait être adoptée par les Chambres
fédérales lors de cette session d’été. Par analogie avec la règle dite du « Cassis de
Dijon » de l’UE, cette révision prévoit entre autres qu’en principe les produits
importés en Suisse qui répondent déjà aux exigences de l’UE ou d’un Etat membre
de l’UE ne doivent plus répondre encore aux prescriptions suisses. La LETC révisée
devrait alors simplifier l’importation des cosmétiques, des textiles, des vêtements,
des meubles et des denrées alimentaires. 14 La révision de la LETC simplifierait en
outre les informations sur le produit et les procédures d’homologation. Maintes
13
C’est ainsi que la Suisse a renoncé à diverses prescriptions spéciales, par exemple pour les appareils de
télécommunication ou dans le secteur alimentaire.
14
Seront exclus de ce principe les produits sujets à une procédure d’autorisation, tels les médicaments ainsi que
certaines règlementations pour lesquelles le Conseil fédéral a décidé une exception (p.ex. l’interdiction de
phosphates pour les détérgents ou l’obligation d’indiquer le pays de production des aliments). Pour les denrées
alimentaires une réglementation particulière est prévue: les denrées alimentaires fabriquées conformément aux
prescriptions techniques de la CE ou d’un Etat membre de la CE ou de l’EEE, peuvent accéder au marché suisse
à condition de bénéficier d’une autorisation de l’Office fédéral de la santé publique. Cette autorisation est
accordée à titre de décision de portée générale et peut être invoquée aussi bien par les importateurs que par les
producteurs indigènes. _____________________________________________________________________________________________________ 12 La politique économique extérieure de la Suisse et le commerce de détail
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adaptations des produits importés en Suisse (modification des formules de
production, de l’emballage ou de l’étiquetage), souvent coûteuses, ne seront donc
plus nécessaires, une fois la LETC appliquée.
(4.3) Mesures du volet « contribution au développement économique de pays
partenaires »
Le but du troisième volet de la politique économique extérieure de la Suisse est
d’aider les pays émergents ou en développement à s’intégrer dans le commerce
mondial et donc de les seconder dans leur développement de capacités
économiques. Là aussi, il y a des relations avec le commerce de détail. Par des
accords de coopération (avec des pays comme l’Egypte, l’Afrique du Sud ou
l’Indonésie), la Suisse soutient des projets de production qui tiennent compte de
standards sociaux et écologiques reconnus. D’autres projets ont pour but de mettre
les producteurs locaux en mesure de remplir les standards de production, de
conditionnement et de transport requis par les pays développés.
Dans ce contexte, les détaillants des pays importateurs – et ceux de la Suisse
figurent certainement parmi les plus avancés – peuvent fournir une contribution
essentielle en veillant à ce que les biens achetés à l’étranger aient été fabriqués,
dans la mesure du possible, selon des modes de production durables.
(5) Perspectives pour le commerce de détail suisse
Premièrement: De conditions-cadre favorables et stables – promues au niveau
international par sla politique économique extérieure – sont un facteur clé pour le
succès de l’économie suisse. Comme nous l’avons vu, un marché intérieur compétitif
fait aussi partie intégrante de ces conditions-cadre. Seule une place économique
suisse forte et capable de faire face à la concurrence internationale, offre aux
entreprises suisses, y inclus les entreprises du commerce de détail, de bonnes
perspectives d’avenir.
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Deuxièmement: Des marchés ouverts pour les marchandises, les services et les
investissements sont une nécessité pour atteindre un niveau de coûts compétitif et
un niveau domestique de prix raisonnable. En conséquence, le revenu et le pouvoir
d’achat des consommateurs suisses sont soutenus, facteurs clé de la demande
intérieure, qui est « l’elixir de vie » du commerce de détail.
Troisièmement: Les entreprises elle-mêmes doivent opérer de plus en plus au niveau
international. Grâce à l’ouverture des marchés, les entreprises suisses peuvent se
développer à l’étranger, et elles le devront pour faire face à la concurrence
internationale. Rappelons le principe des avantages comparatifs et des économies
d’échelle. En même temps, le marché suisse est ouvert à l’établissement
d’entreprises étrangères. L’ouverture des marchés n’est pas une voie à sens unique.
Quatrièmement: La concurence internationale continue de s’intensifier. Ceci n’est
pas un nouveau défi pour le commerce de détail suisse. Les entreprises du
commerce de détail suisses se sont toujours bien positionnées grâce à leur qualité
de service, leur esprit d’innovation, et l’habitude des ajustements structurels.
La politique économique extérieure s’engage à soutenir ces atouts. Elle ne peut
cependant influer que sur les conditions-cadre. En fin de compte, ce sont les acteurs
du marché, les consommateurs, mais surtout les entreprises, donc vous, qui devez
tirer le meilleur parti de ces conditions.
Je terminerai en citant Paul Valéry : « Qui veut faire de grandes choses doit penser
profondément aux détails ». Au SECO, nous sommes bien conscients qu’en ce qui
concerne les « grandes choses du commerce suisse », nous devons également
penser profondément aux besoins du commerce de détail suisse.
Je vous remercie de votre attention.
***
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