«Necesidad, determinismo y libertad: estudios de filosofía de la naturaleza»
Eikasia. Revista de Filosofía, año IV, ext., 27 (agosto 2009). http://www.revistadefilosofia.org 217
introduire trois nouveaux concepts mathématiques, ceux respectivement de systèmes
dynamiques, d’espace des phases et de chaos déterministe, qui changeront
profondément la conception de domaines entiers des mathématiques et de la physique
au vingtième siècle. Les deux premiers concepts sont en quelque sorte liés, et il
convient d’en donner d’emblée une définition même très intuitive et de préciser quelque
peu leurs significations ; quant au troisième concept, nous l’aborderons plus en avant
car il sera nécessaire d’introduire préalablement quelques autres notions fondamentales.
Par système dynamique,2 il faut entendre tout système de parties interagissantes,
quelle que soit sa nature (physique, chimique, biologique, économique, etc.) soumis à
une phénoménologie qui évolue au cours du temps. L’analyse de tout phénomène
dépend donc du temps et, s’agissant de caractériser leurs types de comportement ou
d’évolution sans référence directe aux éléments matériels du système étudié, la théorie
des systèmes dynamiques présente un haut degré de généralité et d’universalité,
également une portée philosophique et ontologique remarquable. Cette évolution peut
être décrite par un ensemble fini d’équations qui prennent des formes mathématiques
diverses : équations différentielles ordinaires, équations aux dérivées partielles, ou bien
encore des applications (fonctions) beaucoup plus générales.
D’un point de vue historique, disions-nous, la théorie des systèmes dynamiques
est née avec les travaux de Poincaré autour des années 1881-1890, notamment avec les
deux grands mémoires (Sur les courbes définies par des équations différentielles, Sur le
problème des trois corps et les équations de la dynamique) où l’étude quantitative
(analytique) locale des équations différentielles dans le champ complexe est remplacée
par leur étude qualitative (géométrique) globale dans le champ réel. Elle s’est donnée
pour but une description aussi précise que possible du comportement asymptotique de
certaines familles d’équations différentielles. L’étude qualitative de l’ensemble des
mouvements possibles d’un pendule rigide dans un plan vertical offre une illustration
simple de la notion de système dynamique. Le problème des trois corps en mécanique
céleste ou la caractérisation des équations du type Van der Pol sont d’autres exemples
déjà plus compliqués (bien qu’aux équations simples). Si au lieu de trois corps, l’on a
un système à n corps, comme c’est le cas pour le système Solaire pris dans son
ensemble, alors les données du problème se compliquent énormément (voir plus loin
des considérations sur ces cas).
2 Pour des exposés clairs et conceptuellement profonds de la théorie des systèmes dynamiques, le lecteur
familiarisé avec certaines notions mathématiques fondamentales pourra consulter les articles suivants : S.
Smale, «Differentiable dynamical systems», Bulletin of the American Mathematical Society, 6 (1967),
747-817 ; M. W. Hirsch, «The dynamical systems approach to differential equations», Bulletin of the
American Mathematical Society, 11 (1984), 1-64 ; A. Chanciner, «Systèmes dynamiques différentiables»,
Encyclopædia Universalis, corpus 21, 1044-1080 ; J.-C. Yoccoz, «Recent Developments in Dynamics»,
Proceedings of the International Congress of Mathematicians (Zürich, 1994), Birkhäuser, 1995, 246-265.