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mieux se connaitre, de telle sorte que ma venue au monde
ne fut une surprise pour personne. Après cet événement
mémorable, mes parents partirent vivre à Memphis où ma
mère enseigna dans l’école d’interprètes fondée par
Psammétique Premier. Mon père était peintre et sculpteur,
mais il dut longtemps travailler dans un atelier de poterie
pour gagner sa vie.
J’ai appris très jeune les langues maternelles de mes
parents, ainsi que celle de mon pays de naissance. À
l’adolescence, j’ai suivi les leçons d’Anemhep, le médecin
personnel d’Amasis, qui devait sa maitrise de l’anatomie à la
fréquentation assidue des embaumeurs. J’ai complété mon
éducation en recopiant les papyrus à la maison de vie, puis
en parcourant l’Égypte pour recueillir les recettes oubliées
des anciens. Sur le tard je me suis spécialisé en
ophtalmologie, une discipline que je suis encore loin de
maitriser. L’œil d’Horus, que je porte en pendentif, m’a aidé
à me tirer d’affaire dans des situations où mes lacunes
pouvaient devenir embarrassantes. J’ai également emprunté
quelques incantations aux médecins du temple, que j’utilise
occasionnellement.
Anemhep, ayant atteint un âge vénérable, a été contraint
de céder sa place. Je lui ai succédé, mais je ne suis pas resté
seul bien longtemps. Au bout d’un an nous étions une demi-
douzaine, tous de spécialités différentes. Mes fonctions
officielles me laissant des loisirs, j’ai alors eu l’occasion de
faire des rencontres qui ont compté pour moi. Je pense tout
particulièrement à Pythagore, qui s’était fait initier aux
mystères de la résurrection d’Osiris par les prêtres de Thèbes.
Ma position privilégiée ne m’est pas pour autant montée à la
tête. J’avais aussi peu d’ambition qu’un obscur médecin de