réalise ainsi une opération exemplaire de sécurisation, plus ecace que toutes
les mesures répressives de Sarkozy. Il n’est plus nécessaire de condamner les
brûleurs et conspueurs du drapeau français puisque toutes et tous peuvent se
sentir désormais « ers d’être français ».
2 — Ce mouvement s’enferme dans une position qui, implicitement, souhaite
la défaite militaire des États-Unis tout en revendiquant explicitement la n
des sourances du peuple irakien. Il ne comprend pas l’unité du processus
d’intégration guerre-paix qui pourtant apparaît bien dans cee sourance qui
elle, est continue depuis plusieurs décennies. En toute rationalité humaniste,
le mouvement anti-guerre devrait souhaiter la défaite la plus rapide possible
du régime baasiste.
En dehors de son double langage qui en dit long sur l’incapacité du mou-
vement à dénir une position politique, il reste suspendu aux réactions aléa-
toires du peuple irakien : si celui-ci accueille les Américains en sauveurs, une
fois de plus un peuple dans l’histoire aura failli, et le mouvement s’en trouvera
en porte à faux ; s’il se rallie au régime par patriotisme et antiaméricanisme,
le mouvement anti-guerre deviendra alors plus ouvertement pro-Saddam68.
Seule une situation où une masse importante d’irakiens se soulèverait sans
allégeance aux forces américaines, permerait de valider le « ni Bush ni Sad-
dam » des libertaires et de certains lycéens, slogan déjà bien minoritaire dans
les manifestations. Nous ne trancherons d’ailleurs pas la question de savoir
si les prolétaires chiites du sud de l’Irak travaillant pour les compagnies pé-
trolières et les prolétaires « lumpenisés » des quartiers pauvres de Bagdad se
soulèveraient en tant que prolétaires ou en tant que khomeynistes.
3 — La diversité du mouvement anti-guerre ne doit pas faire oublier que
la plupart de ses composantes sont ramenées à un pacisme bien tempéré et
nalement « désarmé ». Ce pacisme ne peut plus se référer aux puissants
mouvements pacistes des années 30, ni même au mouvement contre la guerre
du Vietnam, puisqu’il n’est plus confronté à la guerre, mais à l’unité du pro-
cès guerre-paix. Ainsi la position anti-militariste, forme traditionnellement ex-
trême de la position paciste, se trouve maintenant court-circuitée par la n
des armées de conscription dans les pays dominants. De la même manière le
« défaitisme révolutionnaire » et son hypothèse d’un retournement de la guerre
capitaliste en guerre sociale révolutionnaire s’en trouve invalidée.
68On en a visiblement une tendance dans cee composante du mouvement qui dans ses slogans
de « Busharon assassin » oublie volontairement Saddam en route et dans la plus grande tradition
anti-impérialiste, choisit un camp contre un autre (Saddam contre Bush, Arafat contre Sharon).
37