MISÉRABLES !

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dossier
d’accompagnement
misérables
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sommaire
I - Misérables !
Présentation du spectacle
Extraits de presse
Distribution
II - Pour aller plus loin...
Les artistes
La compagnie
La note d’intention
L’adaptation
III - Idées d’approches en classe
Autour du texte
Autour de Victor Hugo
Autour des Misérables
Autour de l’adaptation
IV- Travailler globalement autour du
théâtre
V - Documents
misérables
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Faire (re)découvrir Les Misérables en une heure et quart ? Le pari semblait plus que culotté : il
est largement réussi ! Enlevé, intelligent, drôle et en même temps très respectueux de Hugo,
le spectacle fait revivre les principaux personnages de l’histoire dans une atmosphère ludique
de cabaret, pleine d’envolées festives et d’accents felliniens. On sort de la représentation en
comprenant à quel point les thèmes évoqués par Hugo sont plus que jamais d’actualité… et
avec la folle envie de se précipiter sur le roman pour finir la nuit !
presse
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Du théâtre de tréteaux qui fait mouche ! (Le Figaro)
Une adaptation extrêmement libre, des acteurs formidables, une belle complémentarité et
une mise en scène très poussée, qui va au-delà du texte. (TF1)
Une troupe déchaînée, multipliant les coups de force, donnant un sérieux coup de jeune à
l’oeuvre. Même Hugo doit en rire, heureux d’un tel passage à la modernité ! (Le Parisien)
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distribut
d’après le roman de Victor Hugo librement adapté par Philippe Honoré
mise en scène Philippe Person
avec Anne Priol, Emmanuel Barrouyer, Philippe Person
décor Vincent Blot
lumières Alexandre Dujardin
costumes Emmanuel Barrouyer, Anne Priol
bande son APPEB
Dès
10 ans
Durée
1h15
3
pour aller plus loin
philippe
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Créée en 1995, la Compagnie a présenté à ce jour 14
spectacles. Véritable troupe dont le travail consiste à faire
toujours qu’un spectacle ne ressemble pas au précédent,
cette devise a permis d’explorer de nombreux genres et de
nombreux auteurs.
Les créations se font à Paris, là où la compagnie est basée
ou au festival d’Avignon où elle fait partie maintenant « des
Philippe Person
habitués ».
Depuis 2001, les pièces voyagent beaucoup en province et à l’étranger, ce qui lui a permis de
tisser des liens et de fonctionner maintenant en co-production sur certains projets. Beaucoup
de bruit pour rien adaptée par Philippe Honoré et mise en scène par Philippe Person a connu
un immense succès au Festival d’Avignon.
Depuis quelques années, la compagnie présente ses créations au Théâtre du Lucernaire où
elle a obtenu le statut de compagnie en résidence.
La compagnie crée également des spectacles à Fort-de-France où Michèle Césaire dirige le
Théâtre Municipal et défend ardemment le travail de la compagnie ainsi qu’à La Réunion où
elle donne ses spectacles et organise de nombreuses actions en milieu scolaire. Elle organise
également des cours et des stages de théâtre.
diens
les comé
Anne Priol
Au théâtre, elle a joué Esther, La Tisbe dans Angelo, tyran de Padoue. Elle a travaillé avec
Elisabeth Leenard (Short Sentences de Gertrud Stein) au Théâtre des Halles à Bruxelles et
avec Jean-Louis-Martin Barbaz dans Pendant que vous dormiez au Théâtre de l’Oeuvre.
Elle enregistre des dramatiques pour France-Culture et prête sa voix à des documentaires.
C’est son douzième spectacle avec la compagnie Philippe Person.
Emmanuel Barrouyer
On l’a vu récemment dans Torch Song Trilogy d’Harvey Fierstein, mis en scène par Christian
Bordeleau au Vingtième théâtre. Il a joué, entres autres Racine, Shakespeare, Musset,
Molière, Hugo et notamment sous la direction d’Anne Delbée. Après, entre autres, La Pèlerine
Écossaise, Délivrez Proust, Beaucoup de Bruit pour rien, c’est sa huitième collaboration avec
Philippe Person.
Philippe Person
Metteur en scène, comédien. Il a mis en scène tous les spectacles de la compagnie. Sa
dernière mise en scène Beaucoup de bruit pour rien a rencontré un immense succès lors du
dernier Festival d’Avignon. Il dirige depuis quinze ans cette compagnie qui alterne le travail sur
les classiques et sur les auteurs contemporains.
Depuis septembre, il co–dirige le théâtre du Lucernaire à Paris
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pour aller plus loin
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Mettre en scène cette vaste fresque est un défi. Evidemment, pas question d’engager des
figurants, de construire des décors volumineux. Non, c’est l’inverse que j’ai choisi : trois
acteurs pour interpréter tous les rôles et raconter et jouer cette histoire en 1h15.
Les surprises vont être nombreuses : le dispositif scénique, la musique, les costumes ne
seront pas forcément ceux « attendus » mais tout cela ira dans le sens de l’histoire. Pas
question de réduire l’intensité de l’histoire, de nier les rebondissements et de retenir l’émotion,
bien au contraire. Les trois acteurs joueront et raconteront cette histoire en voulant
restituer la force littéraire et romanesque de cette oeuvre.
En 2003, déjà, la Compagnie Philippe Person s’est intéressée à Victor Hugo en montant
Angelo, Tyran de Padoue. Cette pièce que la Comédie-Française avait refusé de porter à
l’affiche sous prétexte qu’elle était trop romantique (!) n’avait été que peu représentée en
France. En la créant en 2003, au Festival d’Avignon, la Compagnie Philippe Person connut
un vif succès. Elle fut reprise au théâtre Mouffetard à Paris avec Pierre Santini dans le rôle
titre puis en tournée en France et à l’étranger.
Quand le théâtre du Lucernaire nous invita, dans le cadre d’une résidence, à travailler
sur sa thématique : Les figures du rebelle, un seul nom nous vint à l’esprit : Victor
Hugo. Qui plus rebelle que lui ? Dans sa vie, dans son oeuvre, dans ses engagements, il le
fut. C’est la proposition de Philippe Honoré, d’adapter Les Misérables qui nous parut la plus
pertinente dans le vaste choix des oeuvres de Victor Hugo.
Bien sûr, cette oeuvre réunit tout ce que nous aimons d’Hugo ! Peut-être est elle même
« Tout Hugo » !
S’inspirant du regard qu’il avait porté sur Proust dans Délivrez Proust, il proposait de créer un
spectacle impertinent et plein d’humilité d’après Les Misérables. En plus de l’excitation
insensée de monter cela au théâtre, nous y avons retrouvé une parole d’une extraordinaire
actualité. Tout résonne en nous : les problèmes sociétaux, politiques, économiques …
Et, aujourd’hui, dans ce monde aseptisé où nous devons chercher en vain des rebelles,
la parole de cet auteur est un formidable manifeste de courage, de conviction et de
clairvoyance.
Misérable : adj. et n (lat miserabilis) 1 Qui manque de ressources, indigent, nécessiteux.
2 De nature à susciter la pitié ; déplorable
Ne serions nous pas dans un monde profondément …. Misérable?
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pour aller plus loin
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l’adaptat
Philippe Honoré a déjà adapté pour la Compagnie : L’Euphorie Perpétuelle d’après le livre de
Pascal Bruckner, Délivrez Proust d’après l’oeuvre et la vie de Marcel Proust et Beaucoup de
bruit pour rien de William Shakespeare
Alors que faire avec cette oeuvre monstrueuse, malaxée depuis tant d’années avec plus ou
moins de bonheur ? Comme nous l’avons tenté précédemment avec Délivrez Proust nous
allons chercher à éclairer l’œuvre de Victor Hugo avec humilité et impertinence :
-Mettre en pleine lumière des personnages moins connus mais tout aussi attachants:
Gillenormand, Eponine, Fauchelevent, Maboeuf et Champmathieu… (Les patronymes sont
déjà tout un programme !)
-Assumer les splendeurs littéraires qui trop souvent s’effacent derrière l’haletante
succession des événements. (incroyables passages sur le Général Cambronne, contre la
peine de la mort, morceau d’anthologie sur l’espoir de vivre…)
-Tenter de déconstruire cette « saga » incroyablement intemporelle pour mieux
l’honorer. Le texte tentera, non pas de restituer la trame romanesque des Misérables, mais
d’extraire les fulgurances de l’oeuvre sans obligation de chronologie.
Une sorte de Misérables réinventé par David Lynch.
Désir de construire un spectacle autour d’une société, l’époque importe peu puisque ce
qui la caractérise est la révolte contre l’injustice et l’oppression, spectacle iconoclaste autour
d’un écrivain monstre : Victor Hugo et surtout appropriation d’une oeuvre majeure dont
le message est l’absolu croyance en l’Humain.
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préparation et exploitation du spectacle
Ces propositions ne sont que des pistes qui peuvent être modifiées selon les niveaux et les
objectifs recherchés : de très nombreux autres types d’approches peuvent naturellement
être imaginés et mis en oeuvre.
u texte
autour d
autour de victor hugo
Introduire Victor Hugo et son oeuvre notamment à l’aide de la biographie
et des repères bibliographiques dans la section «Documents» pages 13-14
autour des misérables
à partir du petit texte ci-dessous, délivré par la compagnie Philippe Person, vous pouvez
ouvrir une discussion sur les différents thèmes proposés. les élèves peuvent éventuellement
proposer leurs propres thèmes.
Il est également possible d’exploiter le texte sur le processus d’écriture des Misérables, dans
la section «Documents» page 15, permettant d’évoquer le roman dans un contexte non
seulement historique mais aussi «intime» par rapport à l’auteur.
Les Misérables, tout le monde l’a lu, même ceux qui n’ont jamais ouvert le livre.
C’est devenu une sorte de mythe, comme Don Quichotte. Ce sont des livres qu’on a
l’impression de connaître d’avance. Tant de films (près de trente à travers le monde), des
expositions, des comédies musicales !
Les personnages principaux sont devenus presque des adjectifs : être méchant comme
Thénardier, maltraitée comme Cosette, joyeux et insolent comme Gavroche, pugnace
comme Javert, valeureux comme Valjean.
Puisqu’on vous dit qu’on connaît l’histoire par coeur !
Mais au-delà de la trame incroyablement romanesque, devenue patrimoine
national, Les Misérables c’est aussi :
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Une bible,
Un code civil,
Un réquisitoire contre la peine de mort,
Un traité de géopolitique,
Une série américaine à succès,
Un recueil de poésie,
Un manifeste contre les mal logés, les exploités, les sans-grades,
Un dossier sur les conditions pénitentiaires,
Un encouragement à la repentance,
Un pamphlet contre le pouvoir, tous les pouvoirs,
Et plus encore, et tout le reste :
Océan infini de délices…
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préparation et exploitation du spectacle
autour de la question de l’adaptation
à partir du texte original et de l’extrait de l’adaptation du spectacle (voir Document
pages 16 à 21) effectuer un travail de comparaison :
- Quels sont les choix dramaturgiques?
- Y’a t’il eu des coupes dans le texte ? Pourquoi ces choix?
- Comment sont redistribués les personnages (la pièce est joué par seulement
3 acteurs) ? ...
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travailler globalement autour du théâtre
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les pratiques du spectateur
• Question autour du théâtre et des représentations qu’en ont les élèves. proposer
aux élèves d’écrire individuellement et succintement la façon dont il se représente le théâtre. à faire dépouiller et commenter par la classe. Faire l’état des lieux des représentations du théâtre dans la classe. Se renseigner pour savoir qui dans la classe est déjà allé
au théâtre. Faire ressortir les mots qu’ils connaissent.
• Lire, dire ou écrire un souvenir de théâtre bon ou mauvais. Raconter un souvenir est
une incitation à la prise de parole pour les élèves.
• Observer des photos de publics (en salle, en plein air, devant un concert de rock…), les
décrire et analyser ce qu’elles suggèrent du public et de celui qui a pris la photographie
bien sûr !
découvrir le théâtre
• Recherches sur le théâtre à travers les époques ou dans le monde : utiliser abondamment l’iconographie : faire commenter des images d’acteurs de tragédie en Grèce ancienne, de kathakali, de théâtre nô, puis de commedia dell’arte et de théâtre d’aujourd’hui.
Retrouver leur origine géographique, les faire classer chronologiquement. S’intéresser
aux diverses traditions du maquillage, du masque…
• Collecter dans les journaux des critiques de spectacle. Les lire, les commenter et les
mettre en parallèle avec des critiques d’auteurs littéraires reconnus.
• Réunir des photos de spectacles, les observer et les commenter. Montrer que le
décor et les costumes ont des qualités plastiques et des significations.
• Le vocabulaire du théâtre : s’amuser avec le vocabulaire spécifique, avec les expressions « consacrées ». Par exemple : écrire une scène autour de l’expression « brûler les
planches ». Possibilité d’utiliser le vocabulaire lié aux métiers et à la terminologie propre
au théâtre. C’est le moment de faire comprendre que tout est important dans le spectacle
(lumières, décors, costumes…). Jouer dans l’espace, les expressions comme « cour » et
« jardin », « avant-scène », « fond de scène », etc.
Préparer des mots sur des petits papiers et faire tirer ces mots par les élèves. Ceux-ci
doivent donner une explication du mot qu’ils ont tiré. Réaliser un « brainstorming » dans
la classe pour trouver la définition la plus précise possible.
• Découvrir les métiers du théâtre et sa réalité économique (étudier des plaquettes ou
des programmes de différents lieux de programmation, les repérer sur une carte, consulter leur site internet, découvrir l’organigramme d’un lieu de diffusion et de création).
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travailler globalement autour du théâtre
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• Le titre : à partir du titre, caractériser de manière positive ou négative (dire ce que le
spectacle va être et ce qu’il ne va pas être), mettre ce titre en relation avec d’autres (textes du même auteur, de la même époque, du même genre théâtral… en tirer des conclusions) ; écrire les premières répliques d’un spectacle qui aurait ce titre ; écrire un texte
de présentation du spectacle à partir du titre.
• La liste de personnages : Rêver à partir des noms de personnages et leur imaginer un
futur. Faire un exercice de mémorisation (parfois bien utile pour certaines pièces à riche
distribution). Tenter de faire créer des personnages par les élèves, avec des costumes,
ou un accessoire par exemple (imaginer comment il se comporte, sa démarche, sa façon
de parler…). Avec la liste des personnages de la pièce, on peut essayer d’imaginer quels
sont les rapports qui les unissent, inventer leur histoire, les incarner.
• Travailler un corpus de répliques qui permet d’entrer dans la fable et la thématique,
de connaître les personnages, leurs rapports et conflits tout en travaillant corps et voix,
adresse et espace.
On peut donner une réplique à chaque élève et lui demander de la retrouver pendant le
spectacle. On peut aussi se mettre en jeu et travailler l’intonation de certaines répliques.
A partir d’une sélection de répliques (ce qu’un personnage dit et ce qu’on dit de lui, ou
ce qu’on lui dit…), essayer de comprendre le personnage. Pour travailler l’adresse, faire
échanger des répliques entre élèves (à qui je m’adresse ? à tout le monde, à une personne
en particulier, au public ?). Les répliques peuvent aussi attirer l’attention sur l’espace dans
toutes ses dimensions (espace mimétique où est censée se passer l’action, espaces hors
scène, métaphores spatiales, espace symbolique). Tous ces exemples montrent que l’animateur doit choisir en fonction de ce sur quoi il veut attirer l’attention : le texte, les choix
du metteur en scène…
• On peut inventer une bande-annonce du spectacle tel qu’on l’imagine, en trois tableaux
par exemple. C’est un travail qui peut être effectué avant ou après la représentation et qui
fait intervenir l’image, le son et le bruitage. Les élèves peuvent se mettre en scène par
groupe. Ce travail peut être réalisé à partir de mots que les élèves auront choisis pour
qualifier le spectacle (adjectifs qualificatifs, objets, couleurs, sons).
• Proposer une scénographie (dessin ou maquette) ou des costumes. On peut travailler
alors avec des propositions de couleurs, de matières, des petits échantillons de tissu, des
esquisses….
• Comme il s’agit d’un texte classique, il peut être intéressant de demander aux élèves
de constituer un dossier documentaire sur les différentes mises en scène qui ont
émaillé la vie de ce texte (photographies, citations diverses…). Ce répertoire de mises en
scène sera très utile également pour l’analyse de la représentation. Dans le même ordre
d’idée, on peut observer et analyser des photographies ou des extraits vidéo proposant
diverses interprétations d’un texte ou d’une même scène.
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travailler globalement autour du théâtre
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travaille
• Lire l’affiche (voir Documents pages ): de quoi ça parle, qu’est-ce que ça raconte, qu’estce que ça dit ? Mettre en commun toutes ces réponses et à partir de cela constituer
un tableau représentant l’idée que l’on a du spectacle. Créer une autre affiche (dessin,
collages…)
Se questionner par exemple sur les éléments qui peuvent apporter des précisions sur
l’époque de la pièce...
• On peut tenter, lorsqu’elle le permet, de reproduire corporellement l'affiche : un élève
choisit un personnage de l'affiche et reproduit son attitude devant la classe. Puis, un
deuxième élève vient s’ajouter et ainsi de suite jusqu'à ce que la photo soit reproduite.
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Pour favoriser l’attention et susciter la curiosité des futurs spectateurs, leur confier individuellement ou par petits groupes une mission personnalisée à remplir pendant la représentation : l’un devra s’intéresser au décor, un autre aux éclairages, un autre aux costumes ou
au jeu des acteurs. On peut aussi retrouver la réplique sur laquelle on a travaillé.
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prolonge
Partager
• Utiliser des déclencheurs de parole : je me souviens, j’ai aimé, je n’ai pas aimé, j’ai compris, je n’ai pas compris, j’aurais préféré… Quel est le mot qui vient à l’esprit au souvenir
du spectacle ?
• La mémoire immédiate : quelles résonances intimes le spectacle a-t-il chez les élèves ?
Portrait chinois : « si ce spectacle était une couleur ? », « une musique ? », « une matière ? »,
« un objet ? », « une époque ? », « un personnage célèbre ? », « un adjectif ? ».
Rédiger
• Un mot ou une phrase : « s’il n’y avait qu’une seule chose à dire, ce serait… »
• Une liste poétique à la façon de Pérec (« je me souviens… ») ou un inventaire à la façon
de Prévert.
• Une critique du spectacle en trois phrases, ou seulement le titre de sa critique !
• Une lettre (ou une carte postale) à l’un des personnages, l’un des acteurs du spectacle
ou au metteur en scène.
• Un titre : « si je devais proposer un autre titre, ce serait… ». Justifier son choix !
• La parodie d’une scène, un pastiche du genre, une perturbation (exemple on fait intervenir un personnage connu d’une autre pièce de théâtre ou un héros filmique à un moment
de l’intrigue), une bifurcation (et si au lieu de partir, ce personnage était resté ?)
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travailler globalement autour du théâtre
Imaginer
• Proposer une autre affiche, un autre décor, de nouveaux costumes. Réaliser une nouvelle maquette !
• Constituer l’album-photos du spectacle, d’un personnage. Associer très librement collages, dessins et images.
• Constituer le musée imaginaire d’un des personnages ou une collection d’objets qui
nous le fasse (re)connaître.
Jouer,
improviser
• Le théâtre-image. Possibilité de faire créer des images à partir de répliques du texte.
Rappeler les notions d’espace, de regard et de rythme. Possibilité d’utiliser une photo. Le
théâtre-image peut être utilisé en amont de la représentation, en guise de préparation, ou
en aval, afin de faire s’exprimer les élèves d’une autre manière que la parole.
• Retrouver une image fixe du spectacle, improviser la suite comme la photo ci-dessous
par exemple.
• Rejouer la scène préférée et proposer d’autres indications de jeu et de mise en scène.
L’intérêt vient alors de la diversité des propositions qui se confrontent.
• Faire raconter la fable du point de vue de chaque personnage.
• Jouer l’émission de télévision où le journaliste interviewe metteur en scène, comédiens,
régisseurs…
• Créer une « petite forme » s’inspirant du spectacle : de sa forme, de son genre, de
son esthétique ; faire vivre les mêmes personnages dix ans avant ou après ; travailler des
extraits du même auteur.
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documents
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Biographie
Victor-Marie Hugo, né le 26 février 1802 à Besançon
et mort le 22 mai 1885 à Paris, est un écrivain,
dramaturge, poète, homme politique, académicien
et intellectuel engagé français, considéré comme
l’un des plus importants écrivains romantiques de
langue française.
Victor Hugo occupe une place importante dans
l’histoire des lettres françaises et celle du XIXe siècle,
dans des genres et des domaines d’une remarquable
variété.
Il est à la fois poète lyrique avec des recueils comme Odes et Ballades (1826), Les Feuilles
d’automne (1832) ou Les Contemplations (1856), mais il est aussi poète engagé contre
Napoléon III dans Les Châtiments (1853) ou encore poète épique avec La Légende des
siècles (1859 et 1877).
Il est également un romancier du peuple qui rencontre un grand succès populaire avec NotreDame de Paris (1831) ou Les Misérables (1862). Au théâtre, il expose sa théorie du drame
romantique dans sa préface de Cromwell en 1827 et l’illustre principalement avec Hernani
en 1830 et Ruy Blas en 1838.
Son œuvre multiple comprend aussi des discours politiques à la Chambre des pairs, notamment
sur la peine de mort, l’école ou l’Europe, des récits de voyages (Le Rhin, 1842, ou Choses
vues, posthumes, 1887 et 1890), et une correspondance abondante.
Victor Hugo a fortement contribué au renouvellement de la poésie et du théâtre ; il a été
admiré par ses contemporains et l’est encore, mais il a été aussi contesté par certains
auteurs modernes. Il a aussi permis à de nombreuses générations de développer une réflexion
sur l’engagement de l’écrivain dans la vie politique et sociale grâce à ses multiples prises de
position qui le condamneront à l’exil pendant les vingt ans du Second Empire.
Ses choix, à la fois moraux et politiques, durant la deuxième partie de sa vie, et son œuvre
hors du commun ont fait de lui un personnage emblématique que la Troisième République
a honoré à sa mort le 22 mai 1885 par des funérailles nationales qui ont accompagné le
transfert de sa dépouille au Panthéon de Paris, le 31 mai 1885.
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documents
repères bibliographiques
L’oeuvre de cet homme est si considérable que nous ne citons ici que quelques dates de
référence pour la parution de ces romans. Son oeuvre poétique et dramatique est évidemment
incontournable.
Bug Jargal I : Ecrit 1818, Publié : 1820
Han d’Islande : Ecrit : 1821 - 1823, Publié : 1823
Bug Jargal II : Ecrit : 1825, Publié : 1826
Le Dernier jour d’un condamné : Ecrit : 1829, Publié : 1829
Notre Dame de Paris : Ecrit : 1830 - 1831 , Publié : 1832
Claude Gueux : Ecrit : 1832, Publié : 1834
Les Misérables : Ecrit : 1845 - 1848 et 1860 - 1862
Les Travailleurs de la Mer : Ecrit : 1864 - 1865, Publié : 1866 - 1883 - 1911
L’Homme qui rit : Ecrit : 1866 - 1867 - 1868, Publié : 1869
Quatre vingt treize : Ecrit : 1872 - 1873, Publié : 1874
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documents
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1845-196
« Ce livre est un drame dont le premier personnage est l’infini. L’homme est le second. » Victor Hugo
Décembre 1851 : Charles–Louis Napoléon Bonaparte (futur Napoléon III) organise un coup
d’Etat. Pour Victor Hugo, la situation devient limpide : désormais il y a une incompatibilité
entre son devoir politique et ses obligations morales. Après avoir tenté d’organiser la
résistance, il s’enfuit en Belgique, déguisé en ouvrier avec le manuscrit des Misérables
(dont le titre était à l’époque : Les Misères) dans ses valises.
En 1860, il se remet à l’écriture du roman qu’il enrichit de l’expérience de ses douze dernières
années. L’ouvrage commencé en 1845 est publié en 1862. La plupart des personnages
des Misérables ont été inspirés par des rencontres ou des faits réels.
Ainsi Gavroche ressemble à cet enfant qu’Hugo avait rencontré lorsqu’il avait visité
la Conciergerie. à 12 ans, le gamin avait été placé en maison de correction pour avoir volé
des pêches dans un jardin de Montreuil. « Nous pouvions demander à ces enfants, écrit-il,
qu’avez-vous fait de nos pêches ? Soit. Mais ils pouvaient nous répondre : « Qu’avez-vous fait
de notre intelligence ? »
Lamartine qui n’aimait guère Hugo et détestait Les Misérables évoquait souvent ses
invraisemblances, prenant comme exemple cette « situation ridicule » où Fantine vendait
ses dents et ses cheveux. Ce que le poète ignorait c’était qu’à cette époque, « la récolte des
cheveux » était une source non négligeable de revenus dans maintes provinces françaises, et
il y avait aussi un intense trafic de dents humaines.
Ceux qui jugent que la rhétorique excessive de Hugo déformait la réalité se trompe et
la nie eux-mêmes.
Le but de Victor Hugo était clair : « dénoncer la dégradation de l’homme par le prolétariat,
la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit ».
à la fois, oeuvre subversive :
« Derrière vivre peu, il y a vivre de rien. Ce sont deux chambres, la première est obscure, la
seconde est noire. », « Travailler à 5 ans, dira-t-on c’est invraisemblable. Hélas, c’est vrai. La
souffrance sociale commence à tout âge. »
et oeuvre morale :
« L’homme a sur lui la chair qui est à la fois son fardeau et sa tentation. Il la traîne et lui cède.
Il doit la surveiller, la contenir, la réprimer et ne lui obéir qu’à la dernière extrémité. Etre un
saint c’est l’exception, être juste c’est la règle. Errez, défaillez, péchez mais soyez des justes. »
On peut le dire sans faillir : Les Misérables n’ont pas pris une ride. Hélas ! Tant qu’il existera
« une damnation sociale », tant « qu’il y aura sur la terre ignorance et misères, des livres
comme celui-ci pourront ne pas être inutiles. »
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documents
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F en Fantine
Vous avez là deux jolis enfants, madame !
Adaptation
pour trois
comédiens
F= femme (1
actrice)
H1= homme 1
(1 acteur)
H2 = homme 2
(1 acteur)
H2 en Mme Thénardier
La vôtre est bien mignonne aussi. Asseyez-vous une instant, vous avez l’air épuisée…Madame Thénardier. Je tiens cette auberge avec mon mari.
F en Fantine
Moi, je n’en ai pas. Je m’appelle Fantine. Il n’y a pas de travail à Paris alors je vais en chercher dans
mon pays.
H2 en Mme Thénardier
Comment appelez-vous votre mioche ?
F en Fantine
Cosette…
H1
En vérité, la petite se nommait Euphrasie. Mais d’Euphrasie la mère avait fait Cosette, par ce doux et
gracieux instinct des mères et du peuple qui change Josefa en Pepita et Françoise en Sillette. Nous
avons même connu une grand’mère qui avait réussi à faire de Théodore, Gnon !
H2 en Mme Thénardier
Quel âge a-t-elle ?
F en Fantine
Elle va sur trois ans.
H2 en Mme Thénardier
C’est comme mon aînée. Les enfants, ça se connaît tout de suite ! Les voilà qu’on jurerait trois soeurs
! Fantine prend la main de madame Thénardier
F en Fantine
Voulez-vous me garder mon enfant ? Voyez-vous, je ne peux pas emmener ma fille au pays. L’ouvrage
ne le permet pas. Avec un enfant, on ne trouve pas à se placer. C’est le bon Dieu qui m’a fait passer devant votre auberge. Quand j’ai vu vos petites si jolies et si propres et si contentes, cela m’a
bouleversée. J’ai dit : voilà une bonne mère. C’est ça ; ça fera trois soeurs. Et puis, je ne serai pas
longtemps à revenir. Voulez-vous me garder mon enfant ?
H2 en Mme Thénardier
Il faudrait voir.
F en Fantine
Je donnerais six francs par mois.
H2 en Mme Thénardier
Pas moins de sept francs et six mois payés d’avance Soit Six fois sept quarante-deux.
16
documents
F en Fantine
Je les donnerai.
H2 en Mme Thénardier
Et quinze francs en dehors pour les premiers frais. Total cinquante-sept francs.
F en Fantine
Je les donnerai.
H2 en Mme Thénardier
La petite a un trousseau ?
F en Fantine
Il est dans mon sac de nuit.
H2 en Mme Thénardier
Alors… c’est bon ! Ça tombe bien cet argent. L’huissier allait bientôt venir. J’ai fait une bonne souricière avec mes petites.
F
La souris prise était bien chétive ; mais le chat se réjouit même d’une souris maigre.
H2
Fantine trouva du travail à Montreuil-sur-Mer, dans une des fabriques de Monsieur Madeleine…
F
Mais, vous pourriez au moins nous expliquer qui est Monsieur Madeleine. A force de vouloir aller vite,
vous nous embrouillez !
H2
Soit !
H1
Vers la fin de 1815, un homme, un inconnu, était venu s’établir dans la ville de Montreuil-sur-Mer et
en trois ans avait fait fortune.
F
A peine arrivé, il était devenu un héros : un énorme incendie avait éclaté et sans hésiter, il s’était jeté
dans le feu, et avait sauvé deux enfants…
H1
Il déclara s’appeler Monsieur Madeleine mais il devint pour tout le monde le père Madeleine.
H2
Grâce à une invention industrielle dont nous ne parlerons pas, pour ne pas alourdir notre histoire déjà
fort épaisse…
F
C’est une obsession chez vous les régimes !
H2 Faisant mine de ne pas entendre, il continue
… Monsieur Madeleine prospéra et fit prospérer la ville et ses habitants dont il devint même le
maire.
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H2 en Javert
La patience n’est pas la moindre de mes qualités. Ce Madeleine ne m’abusera pas longtemps. D’où
vient-il ? Que sait-on de lui ? Rien. On se contente de l’aimer. Moi, ça ne me va pas, je veux le démasquer et arriver à connaître sa véritable identité. Car j’en suis sûr : cet homme dissimule un lourd
passé. Qu’il ne se méprenne pas, je ferai la lumière !
Je ne l’aime pas.
H1
Ce personnage grave d’une gravité presque menaçante, de haute taille, vêtu d’une redingote gris de
fer, se nommait Javert, et il était de la police.
F
Il remplissait à Montreuil-sur-mer, les fonctions pénibles mais utiles, d’inspecteur.
H2
Javert était né dans une prison. Sa mère était une tireuse de cartes dont le mari était aux galères.
En grandissant, Javert se désespéra d’être en dehors de la société par le fait même de sa naissance.
Il haïssait cette race de bohème dont il était issu. Il sentait au fond de lui, rigidité et probité. Comment
faire pour les utiliser : il entra dans la police et il y réussit. A quarante ans, il était inspecteur.
H1
Son caractère était composé de deux sentiments très simples, et relativement très bons mais qu’il
faisait presque mauvais à force de les exagérer : le respect de l’autorité et la haine de la rébellion.
F
Cet homme sans aucun vice, quand il était content de lui, s’accordait une prise de tabac : il tenait à
l’humanité par là…
Elle redevient Fantine et écrit une lettre
Chers monsieur et madame Thénardier…
Je ne vous prie de bien vouloir me pardonner mais je ne vous enverrai l’argent pour Cosette que
le moins prochain ? Figurez-vous qu’une méchante vieille m’a espionnée, a découvert que j’avais un
enfant que je cachais chez vous. Chez Madeleine, on ne veut pas de fille perdue alors on m’a chassée…
Elle déchire la lettre
Inutile de les inquiéter : … En dormant que cinq heures et en travaillant tout le reste à des coutures,
je parviendrai toujours à gagner de quoi vous payer et puis, un peu de pain pour moi… Quand on est
triste, on mange moins.
H1
Pour arriver à envoyer chaque mois l’argent que lui demandait les Thénardier, Fantine vécut de peu
puis vécut de rien. Elle apprit comment on se passe de feu en hiver, comment on fait de son jupon sa
couverture, et de sa couverture un jupon, comment on ménage sa chandelle en prenant son repas à
la lumière de la fenêtre d’en face.
Mais elle gagnait si peu qu’elle n’eut plus que des dettes et fut obligée de vendre ses cheveux puis ses
dents. Qu’est-ce que c’est que cette histoire de Fantine ? C’est la société achetant une esclave.
À qui ? A la misère.
À la faim, au froid, à l’isolement, à l’abandon, au dénuement. Marché douloureux. Une âme pour un
morceau de pain.
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H2
Il ne restait plus rien à Fantine de ce qu’elle avait été autrefois. Elle était devenue marbre en devenant
boue. Qui la touchait avait froid. Elle était résignée de cette résignation qui ressemble à l’indifférence
comme la mort ressemble au sommeil. Elle n’évitait plus rien. Elle ne craignait plus rien.
Un nommé Bamatabois, un élégant, un oisif fut la cause du dernier malheur de Fantine.
Soir après soir, dès qu’il la croisait, il se moquait d’elle.
H2 (en Bamatabois)
Que tu es laide ! Veux-tu te cacher ? Tu n’as pas de dents ? Quelle puanteur !
H1
Le dénommé Bamatabois prit une poignée de neige et la lui plongea entre les deux épaules nues.
Fantine se rua surlui .
H2 (en Bamatabois)
Police ! Police
Puis
H2 en Javert
Qu’on arrête cette femme et qu’on la jette en prison !
F en Fantine
En prison ! En prison pendant six mois ! Mais que deviendra Cosette ? Ma fille ! Ma petite fille !
Monsieur Javert, je vous demande grâce. Je vous assure que je n’ai pas eu tort. Si vous aviez vu le
commencement, vous auriez vu ! je vous jure le bon Dieu que je n’ai pas eu tort. C’est ce monsieur le
bourgeois que je ne connais pas qui m’a mis de la neige dans le dos. Est-ce qu’on a le droit de nous
mettre de la neige dans le dos quand nous passons comme cela tranquillement sans faire de mal à
personne ? Cela m’a saisie. Je suis un peu malade, voyez-vous ! Et puis il y a déjà un peu de
temps qu’il me disait des raisons. Tu es laide, tu n’as pas de dents ! je sais bien que je n’ai plus de
dents. Je ne faisais rien, moi ; je disais : c’est un monsieur qui s’amuse. J’étais honnête avec lui, je
ne lui parlais pas. C’est à cet instant qu’il m’a mis de la neige. Faites-moi grâce pour aujourd’hui, cette
fois, monsieur Javert.
Tenez, vous ne savez pas ça, dans les prisons, on ne gagne que sept sous, ce n’est pas la faute du
gouvernement mais on ne gagne que sept sous, et figurez-vous que j’ai cent francs à payer, ou autrement on me renverra ma petite. O mon Dieu ! Je ne peux pas l’avoir avec moi. C’est si vilain ce que je
fais ! O ma Cosette, ô mon petit ange, qu’est-ce qu’elle deviendra, pauvre loup ! Je vais vous dire, c’est
les Thénardier, des aubergistes, des paysans, ça n’a pas de raisonnement. Il leur faut de l’argent. Ne
me mettez pas en prison !
Je ne suis pas une mauvaise femme au fond. Ce n’est pas la lâcheté et la gourmandise qui ont fait
de moi ça. J’ai bu de l’eau-de-vie, c’est par misère. Je ne l’aime pas, mais cela étourdit. Ayez pitié de
moi, Monsieur Javert !
H2 en Javert
Allons ! As-tu bien tout dit ? Marche à présent ! Tu as tes six mois ; le Père éternel en personne n’y
pourrait plus rien.
F en Fantine
Grâce !
( Monsieur Madeleine entre)
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H1 en M Madeleine
Un instant s’il vous plait !
H2 en Javert
Pardon monsieur le maire…
F en Fantine
Ah c’est donc toi qui es monsieur le maire
Elle lui crache au visage.
H1 en M Madeleine
Inspecteur Javert, mettez cette femme en liberté !
F en Fantine
Qui est-ce qui a dit cela ? Il n’est pas possible qu’on ait dit cela, j’ai mal entendu. Ca ne peut pas être
ce monsieur de maire ! Ce monsieur de maire, ce vieux gredin de maire, c’est lui qui est cause de
tout. Figurez-vous, monsieur Javert qu’il m’a chassée ! A cause d’un tas de gueuses qui tiennent des
propos dans l’atelier. Si ce n’est pas là une horreur ! renvoyez une pauvre fille qui fait honnêtement
son ouvrage ! Alors je n’ai plus gagné assez, et tout le malheur est venu. Il faut donc
devenir ce qu’on peut. Moi, j’avais ma petite Cosette, j’ai bien été forcée de devenir une mauvaise
femme.
Vous comprenez à présent, que c’est ce gueux de maire qui a tout fait le mal. O monsieur Javert,
c’est vous qui avez dit qu’on me mette dehors, n’est-ce pas ?
H1 en M Madeleine
Combien avez-vous dit que vous deviez ?
F en Fantine
Est-ce que je te parle à toi !
H1 en M Madeleine
Libérez cette femme, monsieur Javert !
H2 en Javert
Monsieur le Maire, cela ne se peut pas.
H1 en M Madeleine
Comment ?
H2 en Javert
Cette misérable vient d’insulter un homme. Il faut rendre justice
H1 en M Madeleine
Mais c’est le bourgeois qui avait tort. Inspecteur Javert, la première justice, c’est la conscience. J’ai
entendu cette femme. Je sais ce que je fais.
H2 en Javert
J’obéis à mon devoir. Mon devoir veut que cette femme fasse six mois de prison.
H1 en M Madeleine
Écoutez bien ceci. Elle n’en fera pas un jour. Le fait dont vous incriminez cette femme est un fait de
police municipale. J’ordonne donc qu’elle soit mise en liberté.
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H2 en Javert
Monsieur le maire permettez.
H1 en M Madeleine
Sortez.
Il reste seul avec Fantine.
Je vous ai entendue. Je ne savais rien de ce que vous avez dit. Je crois que c’est vrai et je sens que
c’est vrai. J’ignorais même que vous eussiez quitté mes ateliers. Pourquoi ne vous êtes vous pas
adressée à moi ? Je paierais vos dettes, je ferais venir votre enfant, ou vous irez la rejoindre. Vous
vivrez ici ou à Paris, où vous voudrez. Je me charge de votre enfant, de votre petite Cosette, je vous
en fais le serment.
Elle s’évanouit.
H2
Telle fut la promesse du Père Madeleine : réunir Fantine et Cosette La délivrer plutôt ! Car l’enfant
vivait un calvaire.
H1
Cosette montait, descendait, lavait, brossait, frottait, balayait, courait, trimait, haletait, remuait des
choses lourdes, et, toute chétive, faisait les grosses besognes. Nulle pitié ; une maîtresse farouche
et un maître venimeux.
H2
Travailler à cinq ans, dira-t-on, c’est invraisemblable. Hélas, la souffrance sociale commence à tout
âge.
H1
La mère et l’enfant allaient donc se retrouver…mais hélas !
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affiche
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