Gaza : cinq ans de blocus Depuis cinq ans, 1,6 million de Palestiniens de la Bande de Gaza sont soumis à un blocus imposé par le gouvernement israélien pour raisons de sécurité, en violation du droit international. Ce blocus avait été décidé en réaction aux tirs de roquettes sporadiques par des groupes armés gazaouis en direction d’Israël. Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui a pour mandat de garantir impartialement l’application du droit humanitaire international, « l’ensemble de la population civile de Gaza est punie pour des actes dont elle n’est nullement responsable. La fermeture des frontières s’apparente donc à une punition collective imposée par Israël, qui va clairement à l’encontre de ses obligations telles que prévues par le droit humanitaire international. » Le blocus a dévasté l’économie gazaouie, restreint la liberté de mouvement et entravé fortement l’accès aux services essentiels dont les gens ont besoin. L’interdiction quasi complète d’importer certaines marchandises, telles que les matériaux de construction, n’a fait qu’aggraver les dommages causés par l’opération militaire israélienne lancée en 2009, nommée « plomb durci », qui a détruit des milliers de logements, perturbé de précieuses infrastructures civiles et provoqué la mort de plus d’un millier de civils, dont plus de trois cents enfants. Le blocus accentue également la fragmentation du territoire et entrave les liens économiques, sociaux et politiques entre les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie. Il est plus que jamais nécessaire que les différentes factions palestiniennes se réconcilient car les divisions qui perdurent empêchent de trouver une solution durable au conflit. Le point de passage frontalier de Rafah, qui sépare Gaza de l’Égypte, est partiellement ouvert, mais le blocus israélien interdit aux Palestiniens de Gaza de se rendre en Israël ou en Cisjordanie pour y poursuivre une éducation supérieure, y chercher un emploi ou rendre visite à leur famille. La majeure partie des patients ayant besoin d’un traitement médical spécialisé se voient également refuser l’accès aux hôpitaux israéliens et cisjordaniens ; pour obtenir le traitement dont ils ont besoin, ils doivent donc suivre un itinéraire plus coûteux et plus complexe pour se rendre à l’étranger en passant par l’Égypte. Au cours des cinq dernières années, les restrictions imposées aux importations et aux exportations ont fait reculer l’économie de Gaza. 34 % de la population active gazaouie, dont la moitié des jeunes, se trouve au chômage. Depuis le début du blocus en 2007, près de 30 % des entreprises gazaouies ont fermé tandis que 15 % ont licencié 80 % de leur personnel. Sans aucune possibilité de s’assurer un revenu pour eux-mêmes, 80 % des Palestiniens de Gaza bénéficient aujourd’hui de l’aide humanitaire (en majeure partie sous forme d’aide alimentaire). Certains bénéficiaires de l’aide étaient propriétaires d’entreprise avant l’imposition du blocus. Suite à l’opération « plomb durci » de janvier 2009, Oxfam et ses homologues ont réagi au regain de vulnérabilité en mettant en place des interventions d’urgence portant sur l’alimentation, l’eau et l’assainissement. Toutefois, ce dont Gaza a avant tout besoin, c’est de développement durable et à long terme – une véritable gageure au vu des effets dévastateurs du blocus sur les marchés. Un bilan de la situation actuelle, comparée à la situation d’il y a cinq ans, dresse un bien sombre tableau. Chacun des principaux piliers de l’économie gazaouie, autrefois florissante, a été décimé. Le blocus entrave sévèrement la pêche, une vocation aux racines anciennes. Sous le blocus, la superficie des eaux accessibles en toute sécurité par les pêcheurs a été divisée par deux. Les pêcheurs qui s’aventurent au-delà le la limite de trois milles nautiques imposée par les autorités israéliennes s’exposent aux tirs d’artillerie et risquent d’être arrêtés et de voir leur bateau confisqué. La construction de meubles, l’habillement et les textiles, les cultures de rente, la culture de légumes et l’industrie de la transformation alimentaire ne sont plus aujourd’hui que l’ombre de ce qu’elles étaient autrefois, alors que les importations restent extrêmement limités et les exportations interdites. Avant la fermeture des frontières, l’ensemble de ces secteurs exportait en moyenne l’équivalent de plus de 1 000 camions de marchandises par mois. Depuis le 14 juin 2007, Israël a autorisé seulement 720 camions transportant des cultures de rente à sortir de Gaza, c’est-à-dire moins du vingtième du volume de cultures de rente qui avait quitté le sol gazaoui l’année précédant le blocus. L’intervention d’Oxfam Oxfam travaille avec ses partenaires locaux de Gaza dans les domaines de la sécurité alimentaire, de la santé publique, de l’éducation, de l’émancipation des femmes et du développement économique, ainsi qu’avec des organisations de la société civile engagées en faveur de l’éradication de la pauvreté et de la souffrance mais aussi des injustices qui continuent d’alimenter le conflit. En plus d’aider les Palestiniens de Gaza à surmonter les conditions d’indigence dans lesquelles ils vivent actuellement, Oxfam s’est engagé à essayer de trouver des solutions pour mettre fin au blocus et à l’occupation afin que les Gazaouis puissent vivre dans la dignité en exerçant pleinement leurs droits. A cette fin, Oxfam continue d’exprimer ses préoccupations, aux décideurs comme au grand public, concernant le besoin d’un accord de paix durable qui commencerait par le renoncement à la violence par chacune des parties.