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TRAVAIL ET SANTÉ MARS 2013 VOL.29 No 1
Ce ne sont que quelques-uns des thèmes
qui furent développés lors d’une con-
férence portant sur la différenciation
selon le genre (hommes-femmes) des risques
à la santé en milieu de travail et qui s’est tenue
le 12 octobre dernier au Musée McCord de
Montréal. L’évènement a réuni près de cent
personnes de divers milieux. L’auditoire ras-
semblait à la fois des personnes des milieux
académiques, professionnels, d’affaires et
syndicaux.
Causes de stress professionnel
La conférence principale a été présentée
par le Dr Johannes Siegrist, de la Faculté
de médecine de Dusseldorf en Allemagne.
Reconnu comme une autorité internatio-
nale dans le domaine de la santé mentale au
travail, il a d’abord exposé les défis du tra-
vail contemporain et les facteurs sociaux et
économiques mondiaux qui contribuent à
augmenter les pressions subies par les travail-
leurs dans les sociétés occidentales. Il a insisté
sur les effets de la mondialisation dans les pays
plus développés, lesquels effets consistent en
une intensification du travail, une augmenta-
tion du sentiment d’insécurité en emploi et
une réduction des salaires pour les emplois
requérant une faible expertise. À partir du
modèle d’équilibre effort-récompense qu’il a
développé, le Dr Siegrist a démontré pour-
quoi des travailleurs sont amenés à enfreindre
l’équilibre proposé et accepter des facteurs de
stress, tels que le manque de reconnaissance
et le surinvestissement au travail. En particu-
lier, de nombreuses études ont montré que
les travailleurs soumis à des demandes élevées
et une faible autonomie au travail présentent
un risque élevé de maladie cardiovasculaire.
Le même phénomène est observé chez les tra-
vailleurs qui expérimentent un déséquilibre
élevé entre l’effort et la récompense dans
leur milieu de travail. Enfin, les études plus
récentes montrent qu’un stress élevé est as-
socié à une réponse inflammatoire et immu-
nitaire augmentée chez les individus. Cette
réponse est toutefois plus importante chez
les hommes que les femmes. En conclusion,
une étude récente du Dr Siegrist montre que
l’éducation continue chez les travailleurs est
associée à une autonomie plus grande et à
une meilleure récompense au travail, ce qui
contribue à diminuer le niveau de stress. Les
phénomènes de stress au travail se sont accrus
dans les pays en développement accéléré,
dont la Chine, de sorte que le phénomène
s’internationalise et amène le Dr Siegrist à
demander que des politiques sociales et in-
ternationales concernant la qualité du milieu
de travail, soient adoptées.
Dépression ou épuisement ?
Une deuxième conférence présentée par
Paul-Robert Juster s’est intéressée aux ef-
fets biologiques de l’exposition à des agents
stresseurs, à la réaction des individus au stress
qu’ils expérimentent et à la réponse physi-
ologique au stress en particulier. Les résultats
d’études récentes montrent que cette réponse
physiologique telle que révélée par des
paramètres tels que le cortisol, l’adrénaline,
l’alpha-amylase et bien d’autres, varie en
fonction du problème de santé mentale ob-
servé. Ainsi, certains paramètres tels que le
cortisol varient de façon différente, selon que
l’on souffre de dépression ou d’épuisement
professionnel. Si les futures études confir-
ment ce phénomène, ceci signifie qu’il peut
être mal indiqué par exemple de traiter
l’épuisement professionnel avec des antidé-
presseurs. M. Juster a exposé l’utilité de la
mesure de plusieurs paramètres afin de dé-
finir ce qu’on appelle la charge allostatique,
laquelle permet de mieux caractériser les
phénomènes physiologiques observés. Les
recherches futures sur la charge allostatique
devront tenir compte des différences reliées
au sexe et au genre.
Différences hommes-femmes
Présentée par le Dr Alain Marchand
cette conférence a porté sur les différences
hommes-femmes en regard des facteurs du
travail, hors travail et individuels associés
aux problèmes de santé mentale. Bien que
ces problèmes soient plus fréquents chez les
Dépression ou épuisement ?
Existe-t-il des tests biochimiques
pour distinguer ces deux
maladies ? Un stress élevé est
associé à des perturbations
physiologiques comme des
modifications des réponses
inflammatoires et immunitaires.
Peut-on considérer que les
hommes et les femmes réagissent
différemment au stress
professionnel sans risquer des
plaintes pour discrimination ?
1.
PH.D., MBA PROFESSEUR TITULAIRE, ÉCOLE DES RELATIONS
INDUSTRIELLES ET IRSPUM, UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL
Pierre Durand1
Travailleur, Travailleuse
Ma réalité, ma santé
REPORTAGE