Qu’est-ce que le bégaiement? Le bégaiement est un trouble de la communication qui se manifeste par la répétition saccadée d’une syllabe (com-com-comme cela), le prolongement de sons (cooomme cela) ou par l’arrêt anormal (aucun son) des sons ou des syllabes. Il est parfois accompagné d’expressions anormales du visage ou du corps en raison de l’effort que doit faire la personne pour parler. (Stuttering Foundation of America, 2004) Si votre enfant a de la difficulté à parler et a tendance à hésiter ou à répéter certaines syllabes, mots ou phrases, il ou elle a possiblement un problème de bégaiement. Cependant, cela peutêtre uniquement une période de non fluidité verbale propre à la plupart des enfants alors qu’ils apprennent à parler. Environ 20 % des enfants vivent une étape de développement pendant laquelle le bégaiement est marqué à un tel point que les parents s’en inquiètent. Causes possibles du bégaiement Selon les théories actuelles, le bégaiement serait causé par une interaction complexe entre le développement du langage chez les enfants et leur habileté motrice de produire la parole, jumelée aux nombreux effets de la personnalité de l’enfant, de son environnement de communication et de son milieu social. En d’autres mots, le bégaiement ne découle pas d’une cause unique, et des explications simples telles que « il parle trop vite » ou « il est nerveux » n’élucident pas ce trouble complexe. Les recherches récentes dans plusieurs domaines appuient l’idée que le bégaiement est un trouble multifactoriel. Par exemple : - les études en imagerie cérébrale visant à examiner les adultes bègues au moyen de TEP (PET scans) ou d’IRM fonctionnelles ont révélées divers circuits d’activité cérébrale lorsqu’ils bégaient, affichant une activité accrue de l’hémisphère droit et différents circuits d’utilisation de l’hémisphère gauche ainsi que des structures sous-corticales et cérébelleuses; - bon nombre de personnes qui bégaient éprouvent plus de difficulté à traiter l’information auditive, à coordonner leur motricité et à intégrer des exercices de motricité complexes; - le bégaiement semble être de famille, et les récentes recherches portent à croire qu’il existe un lien génétique chez certaines personnes. Selon la plupart des théoriciens, une prédisposition au bégaiement peut être héréditaire, mais son expression est largement déterminée par l’environnement; - plusieurs enfants bègues souffrent d’autres problèmes connexes tels que d’autres troubles de la parole ou du langage, des troubles d’apprentissage, des THADA (trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention), le syndrome de La Tourette, etc., qui contribuent au problème ou qui signalent une cause fondamentale plus envahissante. (National Stuttering Association, 2004) Il importe de noter : Le bégaiement chez un enfant ne relève pas du parent ou de la personne soignante. Les parents n’ont pas de problèmes de personnalité ou émotifs pouvant entraîner le bégaiement chez leur enfant. Si un parent avait des problèmes de bégaiement à l’enfance, ou s’il est toujours bègue, l’enfant sera davantage apte à bégayer. Cependant, plusieurs enfants de parents bègues ne souffrent pas de bégaiement. Le bégaiement ne dénote pas un trouble psychologique. Le bégaiement n’est pas simplement une mauvaise habitude; une thérapie sera possiblement nécessaire pour y remédier. Certains effets environnementaux peuvent prolonger ou aggraver le bégaiement (ce ne sont pas des causes) : Un enfant qui vit beaucoup de stress sera plus apte à bégayer, mais le bégaiement peut disparaître avec la diminution du stress. Les familles axées sur le rendement peuvent afficher une prévalence plus élevée d’enfants qui bégaient. L’impatience des personnes qui écoutent peut donner lieu au bégaiement chez un enfant puisque ce dernier tentera d’accélérer le rythme de son élocution. Des réactions négatives au bégaiement de l’enfant peuvent avoir des incidences sur son bégaiement. (Guitar, 1998) Que puis-je faire pour aider mon enfant à la maison? Le rôle des parents est essentiel! Votre enfant passe plusieurs heures par jour en votre compagnie, et vous avez une influence marquée sur votre enfant. Même si vous obtenez l’aide d’un orthophoniste, votre rôle sera toujours essentiel et vous devrez faire tout votre possible pour suivre les conseils de votre clinicien. Puisque les enfants ont tendance à imiter leurs parents, il importe que vous fournissiez un bon modèle d’élocution à vos enfants. Parlez lentement, sans vous presser. Votre enfant sera susceptible d’imiter ce genre d’élocution. Ne dites pas à votre enfant « ralentis » ou « prends une grande respiration ». Cela souligne le bégaiement de votre enfant et peut entraîner une perte de confiance en ses habiletés. Attendez plutôt que l’enfant ait fini de parler, et répondez-lui en parlant lentement. Tentez de ne pas être anxieux lorsque votre enfant bégaye. Il captera peut-être ce sentiment, ce qui risque d’augmenter sa propre anxiété. Tentez d’être patient et coopératif. Lorsque vous parlez à votre enfant de son bégaiement, utilisez des mots qui font partie de son vocabulaire. Des mots comme « orthophoniste » ou « bégaiement » peuvent entraîner un stress inutile pour votre enfant. Utilisez des mots plus simples tels que « un professeur qui t’aidera à parler », « les mots accrochent », etc. Augmentez le temps de pause. Si votre enfant vous pose une question, attendez quelques secondes avant de répondre. Votre enfant sera susceptible de percevoir ce comportement et de répondre de la même manière. Lorsque votre enfant commence à répondre à un rythme moins accéléré, il aura plus de temps pour planifier son énoncé, et réduira probablement le bégaiement. Regardez toujours votre enfant dans les yeux, même s’il bégaye. Le bégaiement peut s’aggraver si votre enfant a l’impression que vous ne voulez pas entendre ce qu’il dit. Évitez de poser des questions directes au sujet du bégaiement de votre enfant. L’enfant sentira peut-être que vous exercez des pressions sur lui. Encouragez-le plutôt à parler de son bégaiement lorsque le temps lui convient et qu’il se sent à l’aise d’en parler. Lisez toute documentation que vous fournit votre clinicien ou demandez-lui de vous suggérer des livres sur le bégaiement. Votre sensibilisation accrue du problème vous aidera ainsi que votre enfant à gérer le bégaiement de façon plus efficace. FÉLICITEZ votre enfant lorsqu’il réussit une tâche. Ce ne doit pas nécessairement être une tâche d’élocution. L’augmentation générale de sa confiance lui sera fort bénéfique! Compilé par K. Simon, Communicare Therapy Août 2006