N° 3 Février 2012 Semestriel Directeur de publication : P.-Y. Laffont Rédactrice en chef : Carine Lesage Dans ce numéro : Lettre de diffusion et de valorisation de l’UMR 6566 CReAAH La Photo Les inscriptions cunéiformes d’Erebuni 2 Le point sur Les élites au Moyen Age (P.-Y. Laffont) 4 La discipline La malacologie (C. Dupont) 7 Zoom Le site de Gavrinis (S. Cassen) 10 Les inscriptions cunéiformes du site d’Erebuni Photo D. Marguerie Page 2 Le mot cunéiforme vient du latin cuneus qui signifie « en forme de coin ». Ceci fait allusion à la forme du stylet utilisé pour graver ces inscriptions. Celui-ci était en général en roseau, mais aussi parfois en os, en ivoire ou en bois. Sa pointe était arrondie puis taillée en biseau, donnant l’aspect cunéiforme à l’écriture. Ce système d’écriture vient de Mésopotamie, qui correspond à peu près à l’Irak actuel. L’argile comme support et le roseau comme instrument étaient le plus souvent utilisés. On a retrouvé de nombreuses tablettes d’argile gravées, de toutes tailles. Elles étaient le plus souvent réutilisées pour de nouvelles inscriptions. On ne retrouve souvent que des tablettes correspondant à quelques années près à l’abandon du site, les inscriptions plus anciennes ayant été effacées et les tablettes réutilisées. Ces inscriptions comprennent des logogrammes (un signe représente une chose), des phonogrammes (un signe représente un son), ainsi que des signes ayant différents sens (polysémiques). Exemples d'idéogrammes cunéiformes Erebuni est une citadelle arménienne, construite sur la colline d’Arin Berd, au sud-est de la ville d'Erevan. Elle date de 782 av. J.-C. Erebuni était un grand site stratégique urartéen. L’inscription(en langue urartéenne) de la pierre de fondation de la forteresse peut être traduite ainsi : "À (Dieu) Haldie, le Lord, cette maison, Argishti, le fils de Menua, a construit cette forteresse splendide et l'a nommé Erebini, la Force à Biainili (le pays), l'Obéissance à l'ennemi (le pays). Avec la grandeur de Haldie (Dieu), Argishti, fils de Menua, roi puissant, roi de Biainili (pays), le souverain de ville Tushpa". Page 3 Les élites au Moyen Âge et l’expression architecturale de leur pouvoir. Interview de P.-Y. Laffont, Maître de Conférence, Université de Rennes 2 Qu’appelle-t-on « élite » ? Est-ce différent de la noblesse ? Comme aujourd’hui, les élites au Moyen Âge peuvent être des élites sociales, économiques, culturelles. La noblesse est avant tout une élite sociale ; elle peut aussi être une élite économique ou culturelle (mais il y a d’autres élites économiques ou culturelles au Moyen Âge qui ne sont pas nobles : les marchands et les financiers, les officiers royaux...). Il y a aussi des élites laïques et des élites religieuses. Y avait-il des élites intellectuelles au Moyen Âge ? Bien sûr ! Une nuance serait certes à apporter selon les époques du Moyen Âge qui est une période très longue (près de 1000 ans...), mais globalement les élites intellectuelles se recrutent au Moyen Âge essentiellement au sein de l’Église. Jusque très tard dans le Moyen Âge, les clercs sont, en effet, les seuls à maîtriser le latin : la langue du savoir. Quelles sont les différentes architectures typiques des élites médiévales ? Le type le plus emblématique est évidemment le château de pierre. Toutefois, les résidences de l’aristocratie peuvent être extrêmement diverses : de la grande fortification de pierre à la modeste résidence rurale se distinguant à peine de l’habitat paysan. Les résidences des élites sont aussi urbaines : palais ou maisons... De même, on peut considérer que les églises sont une expression architecturale du pouvoir des élites (religieuses en l’occurrence). Cela a-t-il évolué tout au long de la période ? Bien évidemment ! Même s’il y a des similitudes, un palais carolingien n’est pas un palais de la fin du Moyen Âge... et un château de pierre du XIe siècle est bien différent d’un château de pierre du XVe siècle... Le Moyen Âge est une période très longue ! Page 4 Quelle est la différence entre un manoir et un château ? Manoir est un terme spécifique à l’Ouest de la France ; dans le reste de la France, on parlerait plutôt de maison forte (ou de maison noble, expression sans doute plus juste). La différence entre un château et un manoir est avant tout d’ordre juridique : le château est au centre d ’u n e cir co n s crip t io n territoriale, la châtellenie, dans laquelle le seigneur Pichets provenant du château du Guildo châtelain exerce les préroga(Créhen, Côtes-d’Armor). tives régaliennes (en matière de justice, de police, d’usage de la force armée, de fiscalité... C’est ce que l’on appelle le droit de ban). Le manoir est surtout un centre domanial et un lieu de résidence auxquels peuvent être attachées quelques parcelles du droit de ban. Il y a un seul château par châtellenie, mais il y a toujours plusieurs manoirs dans une châtellenie. Quels matériaux étaient utilisés préférentiellement dans ces constructions ? Pourquoi ? Le choix des matériaux mis en œuvre dans les constructions élitaires dépend de plusieurs facteurs : la fortune du maître d’ouvrage tout d’abord (un grand prince ne construira pas la même résidence qu’un petit noble rural...) mais aussi la nature et la destination des constructions (les bâtiments agricoles des châteaux ne bénéficieront pas des mêmes matériaux et du même traitement architectural que les salles d’apparat... ; un église paroissiale rurale n’est pas bâtie comme une église cathédrale ou abbatiale). Globalement, pierre, bois, terre peuvent être associés dans ces constructions, même si parfois aujourd’hui ne subsistent plus que des coquilles de pierre vides. Y avait-il toujours un aspect défensif dans ces constructions ? C’est l’image que l’on a généralement en tête et, effectivement, un grand nombre de résidences des élites médiévales sont fortifiées. Mais, en fait, la réalité est beaucoup plus subtile et nuancée (et varie selon les époques du Moyen Âge...) : les palais urbains de la fin du Moyen Age sont ainsi peu fortifiés ; de même, les résidences de la petite aristocratie rurale présentent des éléments défensifs qui relèvent souvent plus du symbole que de la réalité militaire. Page 5 Quelles questions se pose-t-on actuellement concernant les représentations architecturales du pouvoir ? Les questionnements actuels sur le sujet portent notamment sur la question des résidences aristocratiques du haut Moyen Age ou bien encore sur la question de l’économie de la construction. Comment se déroulent vos recherches sur ces sites ? Les travaux sur ces sites mettent en œuvre, dans une optique de complémentarité, des sources de nature très différente : des sources écrites médiévales ou postérieures au Moyen Age (des chartes par exemple), des sources iconographiques là aussi médiévales ou postérieures au Moyen Age (des vues médiévales, comme le célèbre armorial de Guillaume Revel, ou les plans cadastraux du XIXe siècle...), des sources archéologiques (issues de prospection au sol, de campagnes de relevés topographiques ou de fouilles). Un habitat castral au XVe siècle. Néronde en Forez dans l’Armorial de Guillaume Revel. Page 6 Interview de Catherine Dupont, Chargée de Recherches. Site Archéosciences– Rennes 1 La Malacologie Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la malacologie ? La malacologie est la discipline qui étudie les mollusques. Le terme de malacologie s’applique aussi bien aux mollusques terrestres, que fluviatiles et marins. Elle consiste à étudier les escargots et coquillages actuels et passés. Pour les éléments découverts en contextes archéologiques, le terme d’archéomalacologie est utilisé. Biométrie des coquilles. Photo C.Dupont D’où vient ce nom ? Abréviation de malacozoologie, composé de malaco-, du grec ancien μαλακός (malakos) « mou » et -logie, du grec ancien -λογία (logia) issu de λόγος (logos) « discours, récit, parole ». Quelles sont les principales applications et principaux champs d’action de cette discipline ? Elles sont très vastes en archéologie. La malacologie couvre tous les environnements qu’ils soient terrestres, fluviatiles ou marins. La lecture des variations environnementales est réalisée à partir de l’analyse de sondages paléoenvironnementaux. Les mollusques exploités par l’homme par le passé nous donnent quant à eux, une image indirecte des environnements. Page 7 L’archéomalacologie traite quant à elle plus spécifiquement des coquilles découvertes en contextes archéologiques. Deux principaux éléments ont été utilisés par l’homme chez les mollusques : l’animal et la coquille. En ce qui concerne l’utilisation de la chair de l’animal, un des grands volets de l’archéomalacologie a pour but d’étudier l’évolution de l’alimentation à partir des coquilles issues des dépotoirs. Ce champ de la recherche permet de savoir si cette ressource marine est majeure dans les régimes alimentaires des populations ou si elle intervient comme un complément alimentaire. Les techniques de collecte et de pêche peuvent aussi être étudiées. Tous les coquillages ne sont pas accessibles quotidiennement et à marée basse. Ces coquillages ont également un intérêt majeur pour les archéologues. Ils enregistrent les variations saisonnières de leur environnement. Ils peuvent servir de proxy climatique mais permettent aussi de savoir quand ils ont été collectés et indirectement quand les hommes fréquentaient la frange côtière. Les coquillages consommés ne sont pas les seuls à être acheminés vivants vers les habitats. D’autres coquillages sont les témoins d’apports d’algues, de roches, de sable… La malacologie peut mettre ces transports et les activités qui s’y rattachent en évidence. L’évolution du commerce des coquillages est également intéressante. Le spectre des espèces consommées a pu varier au fil de la chronologie et les mollusques ont parfois été transportés apprêtés sans leur coquille. L’archéomalacologie permet aussi de mettre en évidence des activités oubliées sur les rivages atlantiques comme l’utilisation de certains coquillages pour faire de la teinture, de l’encre, ou pour décorer des murs... Cette matière première a aussi été utilisée en tant qu’outil. La tracéologie (détermination de la fonction des outils par l'étude des traces produites lors de leur utilisation, ndlr ) est en plein développement sur ce type de matériau. Enfin, beaucoup d’informations peuvent être tirées des coquilles utilisées comme parure, à la fois sur la symbolique mais aussi sur la hiérarchisation des populations humaines. Ce sont toutes ces utilisations que l’archéomalacologie tente de mettre en lumière. Comment vous êtes-vous orientée vers cette recherche ? La mer est un environnement qui a fait partie de ma vie dès mes premiers pas. Après des études en biologie marine, je souhaitais poursuivre l’approche de cette discipline pour mettre en valeur la richesse de nos côtes. Le volet commercial de la recherche actuelle en biologie et l’hyperspécialisation du métier de biologiste m’oppressaient un peu. C’est grâce à mon sujet de maîtrise, en partie sur le site néolithique de Ponthezières, et la rencontre avec le biologiste marin Yves Gruet que je me suis tournée vers l’archéologie. Je trouve toujours passionnant de devoir jongler entre la biologie et l’archéologie et d’explorer les techniques appliquées en biologie pour les adapter afin de répondre aux problématiques archéologiques. Quels sont vos projets actuels dans ce domaine ? Un de mes principaux objectifs est de développer cette discipline de façon à ce que les archéologues en charge des fouilles considèrent les coquilles en tant qu’objets archéologiques. Cela n’a rien de systématique et le pôle rennais est précurseur en France en la matière. Pour cela nous développons une collection de référence adaptée aux problématiques archéologiques présentant le plus large panel possible d’espèces (les crabes et oursins ont aussi été intégrés à la collection du CReAAH). Les développements méthodologiques sont également importants et demandent beaucoup de temps. La lecture de la croissance ou sclérochronologie de la palourde est un projet ambitieux. Il a pour but d’étudier les rythmes de croissance de ce bivalve pour comparer les données climatiques actuelles à celles du passé et aussi de mieux connaitre les moments de présence des hommes en lien Page 8 avec l’environnement marin. En lien avec ce projet, je poursuis mes recherches sur la néolithisation et la sédentarisation des groupes humains à l’échelle de la façade atlantique de l’Europe : le projet de fouille de l’amas coquillier mésolithique de Beg-er-Vil (Morbihan) et plusieurs chantiers portugais entrent dans cette problématique. Plusieurs synthèses comme celle sur l’extraction de colorant à partir des pourpres Nucella lapillus et des murex Ocenebra erinaceus, ou sur les décors des villes gallo-romaines sont en cours… Quelle période couvre la malacologie ? Jusqu’où remonte-t-on ? La malacologie commence là ou la paléontologie s’arrête. La limite entre les deux disciplines n’est pas évidente. A une même période, les hommes ont pu sélectionner les mêmes espèces à la fois sur la côte et dans des gisements fossilifères. Les plus anciennes parures en coquilles ont été découvertes au Maroc et datent d’il y a 80 000 ans. Pour ce qui est des coquillages consommés, des déchets alimentaires datés du Paléolithique inférieur ont été découverts en France, à Terra Amata près de Nice. Il faut ensuite attendre la fin du Mésolithique le long de la façade atlantique française pour que les premiers indices d’une telle consommation soient conservés. Les amas coquilliers les plus anciens qui correspondent à des concentrations volumineuses de coquilles sont ceux d’Afrique du Sud. Il s’agit d’abris sous roche ou de campements de plein air datés entre 130 et 30 000 BP. Beauvoir-sur-Mer (Vendée)- Dépotoir médiéval lié à l’extraction de la chair des huîtres. Photo C.Dupont Est-elle utilisée pour étudier les périodes contemporaines ? Pour chaque période, la malacologie apporte des réponses. Comme pour les autres disciplines de l’archéozoologie, l’archéomalacologie s’est développée sur la base d’analyse de sites préhistoriques. Les lots les plus récents étudiés au laboratoire de Rennes sont : - ceux du château de Versailles datés du XVIIIe siècle, qui correspondent au démantèlement d’éléments décoratifs appelés rocaillages qui ornaient les fontaines des jardins - ceux de la maison Champlain de la citadelle de Brouage où l’évolution des coquillages exploités est étudiés en parallèle à l’évolution démographique de la citadelle et au comblement des marais charentais. Les populations actuelles de coquillages sont également suivies par les biologistes. Pouvez-vous nous citer la dernière découverte majeure dans ce domaine ? L’utilisation de deux coquillages comme réceptacle pour préparer de l’ocre datant de découverts dans la grotte de Blombos en Afrique du Sud. 100 000 ans et Page 9 Interview de Serge Cassen, Directeur de Recherches au CNRS, site LARA-Nantes Pouvez-vous nous situer dans le temps et l’espace ce site ? Le cairn de Gavrinis est édifié au début du IVe millénaire et sa fermeture est datée vers 3400 av. J.-C. Mais plusieurs éléments de l'architecture interne sont en position de réemploi, renvoyant à des structures monumentales plus anciennes. Un tertre circulaire est également piégé sous les accumulations de moellons couvrant la structure "mégalithique" interne telle que nous la connaissons. Sa position actuelle sur l'île de Gavrinis est cependant le résultat d'une variation du niveau marin. Au Néolithique, l'estuaire de la rivière de Vannes n’a pas encore détaché du continent le relief sur lequel s'élève le cairn, le rivage marin étant 3 à 5 m sous la limite actuelle. La façade restaurée du cairn de Gavrinis. Qu’a-t-il de spécial ? La spécificité du monument tient certainement à la profusion des gravures, très bien conservées sous un cairn qui n'a pas souffert de prélèvements par les carriers, grâce au caractère insulaire du site. Les dimensions de la tombe et le mobilier archéologique recueilli ne sont cependant pas exceptionnels. Page 10 Quand ont débuté les recherches sur ce site et quel a été l’évènement déclencheur ? Les recherches modernes sur Gavrinis résultent d’une intervention du Service Régional de l’Archéologie de Bretagne, sous la conduite de C.T. Roux, à la fin des années1970 ; elle a permis de retrouver plusieurs murs structurant le cairn ainsi que de nouveaux signes gravés. Notre intervention s'inscrit dans cette continuité, et dans le prolongement de nos essais au scanner menés depuis 2004 à Carnac et Locmariaquer, mais avec cette fois pour finalité la réalisation d'un corpus numérique de toutes les gravures afin de les interpréter à la lumière d'une nouvelle grille de lecture. Enfin, la possibilité de travailler en routine dans la troisième dimension s'est avérée déterminante. Pouvez-vous nous expliquer la différence entre archéologues et archéomètres ? L'archéologue doit mobiliser plusieurs techniques ou méthodes pour enregistrer l'objet de sa recherche, que cet objet soit enfoui sous terre, submergé ou en élévation. Si l'acquisition de ces données et leur analyse peuvent parfois être menées par un archéologue, bien souvent elles nécessitent un savoir spécifique relevant d'une autre discipline. Un certain usage a donc introduit et posé "l 'archéomètre" comme étant la personne en charge de ces mesures, mais il n'est pas certain que le terme consacré soit le mieux choisi. Avec quels autres corps de métiers travaillez-vous sur ce site ? J'ai travaillé avec des géomètres, des architectes, des géographes, des géologues et plusieurs membres de l'UMR. La photomodélisation, la lasergrammétrie, la spectroradiométrie, etc., passent par des outils puissants mais difficiles à manier si l'on désire aller au-delà des images figées. Qu’est-ce qu’un cairn ? Est-ce différent d’un tumulus ? Un cairn, par son origine gaélique, est un amoncellement de pierres sans sédiments ajoutés. Quand la terre ou le sable se mélangent aux moellons pour couvrir la structure funéraire, là encore par étymologie (latine) l'enveloppe est plutôt un tumulus. Les sciences de l’information géographique et la modélisation informatique, deux techniques scientifiques de pointe, ont été largement utilisées dans ce projet. Pouvez-vous nous en dire plus sur leur rôle sur ce site ? L'interprétation du programme iconographique entrevisible sur les dalles de Gavrinis suppose de bien connaître non seulement le contour des signes mais également leur intégration en surface de la roche. Des lors que la morphologie du support devient un élément de la réflexion, l'enregistrement tridimensionnel s'impose. L'extraordinaire développement des modèles numériques de surface construits à l'aide d'instruments de plus en plus accessibles aux laboratoires SHS (photos numériques, "laser"...) permet aujourd'hui de nous concentrer sur ces questions de représentations. Mais ces techniques doivent être bien comprises de l'archéologue s'il veut qu'elles soient pertinentes dans la construction et la validation de ses hypothèses. Cela vaut également dans la manipulation d’un SIG. Page 11 Quels sont pour le moment les résultats obtenus sur ce projet ? Traitement infographique pour révéler les colorations invisibles à l’œil nu. Les premiers résultats sont d'ordre documentaire et méthodologique. Plusieurs dizaines de millions de points ont été enregistrés par différents types de scanner et nous permettent de constituer une première bibliothèque de formes et des modèles numériques manipulables dans l'espace. Plusieurs gravures inédites sont apparues, et à l'inverse des tracés connus n'ont pas été restitués de façon satisfaisante, preuve des limites atteintes par le nuage de points quand le logiciel ne parvient pas à établir la limite entre bruit de fond dû à la nature de la roche (un quartz dur par exemple) et le tracé anthropique. Ici la méthode simple de relevé par photographie et éclairages rasants mise au point au LARA (Laboratoire de Recherche Archéologiques, Nantes) s'est curieusement trouvée plus performante. Un tableau comparatif des méthodes a donc été dressé, ainsi que l'usage comparé de nombreux logiciels, payants ou en accès libre. Connait-on la signification et le rôle des gravures retrouvées sur le site ? Je pourrai vous répondre au terme du programme d’investigation… Mais d’ores et déjà, la publication du programme européen « Jade » au début 2012 permettra de revenir sur les représentations de lames de haches polies à Gavrinis. Y a-t-il d’autres sites similaires en Europe ? Plusieurs monuments funéraires et des stèles gravées comparables sont connus en Europe, mais sans doute pas autant que pour le Morbihan et la Bretagne pour le Ve millénaire. En Ecosse ou en Irlande, sans même évoquer Stonehenge, des expériences de levés 3D sont également menées depuis 2006 et se développeront dans les années qui viennent. Des campagnes de photogrammétrie furent également tentées sur des monuments mégalithiques du Portugal dès les années 1980. Ce qui va différencier ces programmes tiendra aux finalités de leurs acquisitions. A Gavrinis, dans le prolongement des travaux antérieurs menés à la Table des Marchands et sur les monuments de Carnac, notre objectif premier est de l'ordre d'une certaine recherche fondamentale, mais il nous appartiendra aussi de rendre compte d'une histoire très ancienne en répondant à une attente sociale bien présente. Page 12