25 AIR & ESPACE JOURNAL DU DIMANCHE du 30 mars 2008 Endeavour est rentrée à bon port La navette Endeavour a atterri sans encombre mercredi dernier en Floride avec sept astronautes à bord, dont un Français, après une mission record réussie de seize jours pour la construction de la Station spatiale internationale (ISS). « Bienvenue Endeavour », a dit peu après l’atterrissage Jim Dutton du Centre de contrôle de Houston, répétant la même chose en japonais (okairinasai Takao) à l’adresse de l’astronaute nippon Takao Doi et en français (Bienvenue Léo) pour le spationaute français Léopold Eyharts. Celui-ci revient sur Terre après un séjour de 48 jours dans l’ISS. « Félicitations à toute l’équipe » pour la mission, a ajouté Jim Dutton. La Nasa avait dû renoncer à une première tentative d’atterrissage en raison de conditions météorologiques défavorables. Quelques secondes après l’atterrissage, un parachute rouge et blanc s’est déployé à l’arrière de la navette pour ralentir sa course. Il s’agit du premier atterrissage de nuit depuis septembre 2006 et du 22e dans l’histoire du programme. Endeavour avait commencé sa descente une heure auparavant, après que le commandant de bord Dominic Gorie eut allumé les deux petits moteurs orbitaux de la navette pendant 2h45 minutes pour la freiner de quelque 250 kilomètres/heure. Sa vitesse était de 25 fois celle du son, soit plus de 27.000 km/h. L’orbiteur a alors amorcé le grand plongeon de 65 minutes vers la Floride. La température sur le nez et les bords d’attaque des ailes a atteint par endroits plus de 1.500 degrés Celsius sous l’effet du frottement sur les couches denses de l’atmosphère qui se font sentir à partir de 130 kilomètres d’altitude et à 8.000 km de la Floride. L’orbiteur a fait son approche par l’océan Pacifique, survolant la péninsule du Yucatan, puis le Golfe du Mexique avant de poursuivre sa route et d’atteindre la Floride. L’arrivée imminente de la navette a été annoncée par un double boom sonique. Trois minutes avant de se poser, Dominic Gorie a pris les commandes de l’orbiteur, jusque-là en pilotage automatique, pour effectuer manuellement son alignement avec la piste , lui faisant notamment effectuer un virage de plus de 200 degrés. Cette mission réussie aura vu l’assemblage d’un robot canadien facilitant la maintenance de l’ISS et la livraison du premier des trois éléments du laboratoire japonais Kibo. Dominic Gorie avait qualifié dimanche le bilan de la mission « d’impressionnant». « Toutes les sorties orbitales comme les opérations robotiques ont été un succès », a-t-il dit. Au cours de la mission, les astronautes ont en outre testé une technique de réparation des tuiles thermiques de l’orbiteur dans le vide de l’espace. Cette technique est jugée essentielle pour la sécurité du prochain vol vers le télescope spatial Hubble fin août au cours duquel la navette ne pourra pas revenir s’amarrer à l’ISS. Le début de l’installation du laboratoire Kibo revêt une grande importance pour le Japon qui va ainsi devenir un membre à part entière de l’ISS avec les Etats-Unis, la Russie et l’Europe, dont le module de recherche Columbus a été livré à la Station en février. Les recherches en micro-gravité sont jugées essentielles pour préparer les explorations habitées de longue durée sur la Lune et au-delà, vers Mars. La Nasa prévoit encore dix vols pour achever l’ISS d’ici le 30 septembre 2010, date de mise en retraite de ses trois navettes. Trois sont encore programmés cette année dont le prochain en mai. Auto-portrait de l’astronaut Robert L. Behnken lors d’une sortie extra véhiculaire. Dans sa visière on distingue des composants de l’ISS, le space shuttle Endeavour et une portion bleue et blanche de la Terre. (Photo NASA) Un boomerang fait demi-tour même en apesanteur Takao Doi, astronaute japonais, qui séjournait dans la station spatiale internationale (ISS), a démontré qu’un boomerang lancé dans un environnement en micro-gravité revenait à son point de départ, à l’instar de ce qui se produit sur Terre. « J’ai été très surpris de constater qu’il volait de la même façon que dans l’environnement terrestre », a déclaré le spationaute à sa femme. Aucun détail n’a pour l’heure été donné sur la façon dont l’objet a volé, mais une vidéo de cette expérience en micro-gravité devrait prochainement être visible. L’expérience du boomerang lui a été commandée par le champion du monde de cette discipline, le Japonais Yasuhiro Togai. Traces de vie dans le «Triangle d’été» ? Une image réalisée par l’Agence Spatiale Européenne avec le télescope spatial Hubble a permis aux astronomes de mettre en évidence du méthane et de l’eau dans l’atmosphère d’une exoplanète située dans le système extrasolaire HD 189733b, à environ 63 années-lumière de la Terre, dans la direction de la constellation du Petit Renard (Vulpecula). Ce système se situe à proximité du centre du « Triangle d’été », formé par trois brillantes étoiles, Vega, Alatair et Deneb. Quand bien même cette observation de molécules prébiotiques ne permet pas d’affirmer que la vie s’est développée sur cette une « Jupiter chaude » , à savoir un astre similaire à Jupiter mais gravitant au plus près de son soleil, elle permet d’espérer la détection des éléments constitutifs de la chimie de la vie ou les marqueurs de la vie dans l’atmosphère de planètes éloignées. TRIANGLE DE L’ÉTÉ Véga, la plus lumineuse, est une étoile bleue située à 25 années-lumière de la Terre. Altaïr est située à environ 17 années-lumière. Deneb est à 3 000 années-lumière de la Terre. VULPECULA CUM ANSERE AFP photo/ESA/FUJII Cette constellation a été officialisée dans son appellation par Jean Hévélius en 1690. L’astronome nommait cette région traversée par la Voie lactée, le Petit Renard avec une Oie (Vulpecula cum Ansere). L’oie est restée à travers le nom de la principale étoile : Anser. Anser est une géante rouge qui brille comme 80 soleils à 250 années-lumière de la Terre. Vulpecula, est une étoile massive bleue distante de 360 années-lumière.