Candide, face au nègre
esclave atrocement
mutilé par ses
propriétaires, qui lui dit :
« C’est à ce prix que
vous mangez du sucre en
Europe ».
Voltaire est fondamentalement opposé à l'image du « bon
sauvage » des pays équatoriaux. De même, il ne pense pas
du tout que l'homme est « bon » à l'état de nature, image
promue par Jean-Jacques Rousseau ou Denis Diderot.
Voltaire considère que les hommes noirs, des pays
équatoriaux, sont des « animaux humains » comme le sont
aussi les hommes blancs (il vit avant Darwin). Pour lui, si les
Africains sont victimes de l'Européen… c’est parce que les
chefs nègres collaborent activement avec les marchands
européens pour leur vendre des esclaves africains. Il écrit,
dans son Essai sur les mœurs et l’esprit des Nations : « Nous
n’achetons des esclaves domestiques que chez les Nègres ;
on nous reproche ce commerce. Un peuple qui trafique de
ses enfants est encore plus condamnable que l’acheteur. Ce
négoce démontre notre supériorité. »
Article dans Études littéraires (17 01 2011) ; l’auteur
parle du « racisme » de Voltaire. Il dit : j’admets certes
qu’il était contre l’esclavage (« le Nègre de Surinam » de
« Candide », 1759), qu’il était pour la liberté en général…
Mais, je ne vois absolument pas où est l’ironie dans la
deuxième partie de l’introduction, « différentes races
d’hommes », de Essai sur les mœurs et l’esprit des
nations (1756), ni dans le Traité de Métaphysique (1734).
Bien au contraire, dans ces deux œuvres, Voltaire tente
d’avoir le raisonnement le plus logique et le plus
scientifique qu’il puisse faire à son niveau, puisque son
but est d’exposer ses idées sur l’Homme en général.
Il développe l’idée de l’infériorité intellectuelle de la race
noire. Il faut certes remettre les choses dans leur contexte,
la période coloniale, les préjugés, etc. Mais, peut-on dire
qu’il n’était pas raciste ? Quelques extraits : Essai sur les
mœurs et l’esprit des nations (1756), Introduction,
Chapitre II, « Différentes races d’hommes » : « les Nègres
et les Négresses, transportés dans les pays les plus froids, y
produisent toujours des animaux de leur espèce » .
Traité de métaphysique (1734), Chapitre V, « je vois des
hommes qui me paraissent supérieurs à ces nègres,
comme ces nègres le sont aux singes, et comme les singes
le sont aux huîtres et aux autres animaux de cette
espèce. »
Les Lumières sont racistes. Parfois, elles sont ténébreuses !