1 Fiche Culture générale : Littérature et philosophie au XVIIIème

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Fiche Culture générale : Littérature et philosophie au XVIIIème siècle
La philosophie des Lumières :
« Lumières » traduit l’allemand « Aufklärung » désignant l’action d’éclairer. Ce mouvement
européen prône l’usage de la raison contre tout ce qui n’est pas justifiable, qui n’a pas de « raison
d’être ». Il s’oppose donc en général aux religions, aux coutumes, qu’il considère comme
superstitions. Mis à part Rousseau, qui recherche un modèle républicain, les Lumières sont plutôt
partisans des despotes éclairés.
La devise des Lumières est recherchée par Kant dans son ouvrage Qu’est-ce que les
Lumières ? en 1784. Il la définit par la formule empruntée à Horace « Sapere aude. » (Aie le courage
de te servir de ton propre entendement !). L’usage de la raison doit être un acte particulier, une
volonté propre à chacun mais ne peut se faire isolément. Les Lumières croient donc à un progrès
général des connaissances, un progrès collectif du genre humain.
Pour mettre en place ce projet de progrès collectif, ils participent à la rédaction de
l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, ouvrage immense ayant non seulement pour but de réunir
l’ensemble des connaissances mais aussi de les présenter sous forme de système. Les auteurs se
renseignent donc auprès des différents spécialistes dans chaque domaine pour avoir sur chaque sujet
un avis professionnel.
Il est utile de connaître dans l’ensemble les différents participants à ce projet et les
différentes œuvres particulières de chaque auteur. Les plus connus sont Condillac (qui s’intéresse aux
sensations et à la doctrine française de l’empirisme), Diderot, Fontenelle, Condorcet (qui développe
l’idée de « progrès des lumières ».) Les philosophes anglais empiristes comme Locke et Hume ont
également fortement influencé le mouvement des Lumières. Le premier a défini l’esprit comme une
table rase, écartant ainsi l’hypothèse des idées innées, et le second a critiqué l’idée de causalité.
Le philosophe allemand Emmanuel Kant est d’une importance considérable dans la pensée
des Lumières. Ses ouvrages, la Critique de la raison pure et la Critique de la raison pratique sont des
monuments incontournables. Ils insistent sur la place centrale du sujet humain dans la formation de
la connaissance pour le premier et sur l’importance d’une morale détachée de tout intérêt pratique
pour le second.
VOLTAIRE : (1694-1778) François-Marie Arouet, de son vrai nom, est un homme assez riche
qui a fait des études de droit et de diplomatie. Mais il est en même temps un spécialiste de la
dérision et de la satire qui lui valent des emprisonnements et des déménagements forcés assez
fréquents. Il devient célèbre avec sa tragédie Œdipe, mais il sera surtout reconnu par la suite pour
ses autres œuvres que son théâtre. Ses œuvres principales sont Zadig, les Lettres philosophiques
(condamnées au feu), Le siècle de Louis XIV (qu’il célèbre à l’inverse de sa critique des amours de
Louis XV ) , Micromégas, le Traité sur la tolérance (à l’occasion de l’affaire Calas ) et surtout Candide.
Ce dernier ouvrage fait de Voltaire l’inventeur du conte philosophique. Au cours de multiples
péripéties, le jeune Candide découvre le mal sous toutes ses formes possibles à travers le monde. Ce
conte va à l’encontre des idées du philosophe Leibniz (incarné par Pangloss dans Candide.) pour qui
« tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possible ». Voltaire invite alors l’homme qui se
préoccupe du savoir,« l’intellectuel », à s’engager dans le monde et dans différents combats auprès
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de l’opinion publique. Il lança ainsi une polémique contre le catholicisme qui eut pour titre
« Ecrasons l’infâme ! ».
Prolongements :
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Voltaire, malgré sa critique des religions, n’est pas athée. Il est un déiste, quelqu’un qui
admet l’existence d’un dieu inconnaissable, sans révélation, pour des raisons sociales et
philosophiques. Des raisons sociales, parce que la crainte inspirée par un jugement divin
de nos actes limite souvent les mauvaises actions et les crimes démesurés. Des raisons
philosophiques puisque tout a toujours une cause : si l’on remonte à l’infini à l’origine du
monde, on doit bien admettre une première cause, « un architecte du monde ».
Voltaire est très enthousiaste pour le modèle économique, social et politique de
l’Angleterre. Il apprécie la liberté religieuse, le développement du commerce qui
encourage les échanges de pensées et l’équilibre des pouvoirs entre le roi et le
parlement. « Le prince, tout-puissant pour faire du bien, a les mains liées pour faire du
mal. »
Les querelles de Voltaire et Rousseau sont assez célèbres. Voltaire vante les progrès de la
civilisation incarnées par les richesses, le luxe, le confort, les ornements, les ambiances
artistiques et délicates. A l’inverse, pour Rousseau, toutes ces choses provoquent la
corruption de l’âme et une oisiveté source de nombreux vices. (Cf le Discours sur l’origine
de l’inégalité et la réponse que Voltaire fit à Rousseau qui le lui avait envoyé.). Malgré
tout cela, Rousseau et Voltaire se retrouvent désormais face à face au Panthéon. Voltaire
y est entré en 1791 et Rousseau en 1794.
ROUSSEAU (1712-1778) est considéré comme le plus grand écrivain français du XVIIIème
siècle. Orphelin né à Genève, Rousseau part mener une vie de vagabond à l’âge de 16
ans. Il sera protégé par Mme de Warens, à qui il renda hommage dans ses Confessions. Il
s’essaie ensuite à un opéra (Les muses galantes) et répond à des questions de
philosophie de l’Académie de Dijon. C’est l’occasion pour lui d’écrire le Discours sur les
sciences et les arts (ces derniers entraînent une décadence morale soutient-il.) et le
Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes (la société altère la bonne nature
de l’homme.) Vivant chez divers protecteurs avec qui il se brouille souvent, il écrit ses
trois plus grandes œuvres La nouvelle Héloïse, l’Emile et le Contrat social . L’Emile est
condamné à Paris, et Genève condamne le Contrat social . Rousseau sait aussi se juger
lui-même comme le montrent ses Dialogues et les Rêveries du promeneur solitaire, sa
plus grande œuvre qui resta inachevée.
Rousseau est d’abord reconnu pour son apport dans le domaine de la politique : le
Contrat social est certainement l’œuvre qui a le plus influencé la Révolution française et il
est salué abondamment par Robespierre. Ce contrat est imaginé pour remplacer les
pactes qu’ont faits les hommes pour rentrer en société et qui ont été accomplis au
bénéfice des plus riches. Rousseau proclame ici l’idée d’un peuple souverain qui,
contrairement à ce que dit Montesquieu, n’a pas à partager ses pouvoirs.
La nouvelle Héloïse, ensuite, a été célébrée pour son aspect préromantique. Ce roman
épistolaire recrée un monde peuplé d’êtres vertueux loin des vices de la société. Il faut
pourtant s’imaginer la possibilité de pouvoir éduquer un enfant à la vertu quand bien
même il viendrait au monde dans notre société. Tel est donc le projet de l’Emile où le
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précepteur maintiendra un jeune enfant à l’abri des pièges de l’éducation mondaine et
contribuera à développer sa vertu. (« Tout est bien sortant des mains de l’Auteur des
choses, tout dégénère aux mains de l’homme. »)
Prolongements :
La profession de foi du viciare savoyard, qui se trouve au milieu de l’Emile exprime
une religion du cœur, au-delà des Révélations. Cette présence de la religion dans son
œuvre distingue nettement Rousseau des Lumières. Il est à noter également que l’Emile
a influencé toute la pédagogie moderne jusqu’à Freinet.
Rousseau est admiré par Levi-Strauss qui le voit comme un des fondateurs de
l’ethnologie. A l’inverse, il est contesté par Benjamin Constant, qui le trouve despotique,
et par Nietzsche qui le considère comme quelqu’un qui se dégoûte lui-même et n’a que
la dignité morale pour rattraper ce dégoût.
GOETHE (1749-1832) est considéré comme l’auteur allemand par excellence. Il est à la
fois un romantique et un classique. L’œuvre de Goethe est reconnue surtout pour cette
union entre le classique et le romantique, une vie toujours amoureuse et une curiosité
scientifique, philosophique et artistique insatiable. Il eut différents postes durant sa vie
(avocat, membre du gouvernement, chargé d’affaires culturelles, administrateur
d’université…). Dans sa jeunesse, Goethe faisait partie du « Sturm und Drang » (tempête
et élan : mouvement romantique) et fut connu par son drame Les Souffrances du jeune
Werther. Inspiré ensuite par l’Italie et l’art grec, il devient classique grâce à de nombreux
écrits, et notamment les Elégies romaines et Faust. Son roman d’éducation Les années
d’apprentissage de Wilhelm Meister ainsi que Les Affinités électives sont également
reconnus.
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Prolongements :
Napoléon, rencontrant Goethe, lui dit : « Voilà un homme ! »
Plusieurs mots de Goethe sont restés célèbres : « J’appelle classique ce qui est sain,
romantique ce qui est malade. », « J’aime mieux une injustice qu’un désordre. », « Ose
être heureux », « Davantage de lumière ». (prononcé sur son lit de mort.)
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