Ce qui signifie qu’aucun des courants politiques représentés au Bundestag ne peut
imposer à lui seul l’un de « ses » candidats. Une large majorité au-delà de chaque
groupe parlementaire s’avère indispensable. Ce mode de désignation doit assurer que
sont élus uniquement des candidats dont les opinions sont considérées soutenables au-
delà d’un seul camp politique et dont il peut être supposé que leurs opinions ne seront
pas caractérisées par des idées radicales ou une loyauté aveugle envers une certaine
idéologie politique, mais par la loyauté envers la loi et le droit, ainsi que par une
attitude conciliatrice.
Lorsqu’à l’expiration d’un délai de trois moins après la fin du mandat d’un juge
constitutionnel ou son départ avant terme, la désignation d’un successeur n’a pu
intervenir suivant les dispositions mentionnées, la Cour constitutionnelle fédérale doit
être invitée à formuler des propositions en vue de cette désignation (§ 7a alinéa 1
BVerfGG). L’Assemblée plénière, c’est-à-dire l’ensemble des juges, de la Cour
constitutionnelle fédérale arrête alors une liste comportant trois noms pour chaque
poste vacant de juge (§ 7 alinéa 2 BVerfGG). L’élection du nouveau juge appartient
cependant toujours aux assemblées mentionnées plus haut et il leur est loisible de
désigner une personne qui n’a pas été proposée par la Cour (§ 7 alinéa 4 BVerfGG).
Les juges ne peuvent être membres ni du Bundestag, ni du Bundesrat, ni du
gouvernement fédéral, ni encore des organes correspondants au sein d’un Land. Si un
membre d’un tel organe est élu juge à la Cour constitutionnelle fédérale, il doit
démissionner de ses fonctions dès sa nomination à la Cour (§ 3 alinéa 3 BVerfGG).
Les fonctions de juge constitutionnel sont incompatibles avec toute activité
professionnelle hormis celle de professeur auprès d’une université allemande (§ 3
alinéa 4 phrase 1 BVerfGG). Il n’est pas interdit aux juges constitutionnels d’être
membres d’un parti politique. Une telle situation ne conduit pas non plus à une
exclusion d’office d’un tel juge dans une procédure litigieuse devant la Cour et dont
l’issue pourrait l’intéresser en sa qualité de membre d’un parti (§ 18 alinéa 2
BVerfGG). Certains juges de la Cour constitutionnelle fédérale sont membres d’un
parti politique, d’autres ne le sont pas. Il est cependant d’usage qu’un juge
appartenant à un parti politique suspende son adhésion pendant la durée d’exercice de
ses fonctions de juge constitutionnel.
En pratique, une tradition informelle s’est établie qui veut que les représentants des
deux grands partis allemands – l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et le parti
social-démocrate d’Allemagne (SPD) – désignent chacun la moitié des juges
constitutionnels ; lorsque l’un des grands partis gouverne avec l’aide d’un petit parti,
il lui laisse le droit de nomination pour un siège de juge à pourvoir. Cette tradition
présente l’inconvénient qu’elle ne conduit pas à ce que les petits partis soient toujours
représentés au sein de la Cour en fonction de leur importance politique actuelle.
Toutefois, elle s’est révélée être d’un avantage majeur : en effet, cette tradition
conduit à soutenir et à renforcer la continuité et la force d’intégration de la
jurisprudence de la Cour constitutionnelle fédérale. En raison de cette tradition de
composer les Chambres pour moitié de juges désignés par l’un des deux grands camps