La vision de Frida Deceunynck 7 Les taux d’épargne sans risque sont au plus bas. Les fonds d’investissement constituentils une bonne alternative ? Toute la vérité sur les fonds d’investissement par Frida Deceunynck, journaliste financière. Les temps sont durs pour les épargnants. Les taux se situent à un niveau historiquement bas et ne semblent pas près de remonter. Afin d’assainir la dette publique, les autorités et banques centrales maintiennent les taux à un faible niveau et les épargnants paient donc indirectement (phénomène appelé ‘répression financière’ parmi les initiés). Si l’inflation venait à s’en mêler, les braves épargnants risqueraient d’en prendre pour leur grade. Qui est Frida Deceunynck ? ❚ Journaliste financière ❚ Spécialisée en personal finance et en placements ❚ Auteur de la célèbre série de livres ‘Geldwijzer’ ❚ Travaille entre autres pour De Standaard et Radio 2 | octobre 2014 Échapper au scénario catastrophe Investir dans des fonds est généralement considéré par les banques, gestionnaires patrimoniaux et planificateurs financiers, comme un moyen d’échapper à ce phénomène. Acheter des actions et obligations dans un fonds permet également de répartir les risques de vos investissements et de bénéficier d’une gestion professionnelle. En investissant dans des fonds, vous placez en effet indirectement votre argent dans des actions et obligations, ce qui vous permet de profiter du potentiel de croissance de l’économie et des rendements supérieurs des dividendes des actions et coupons d’obligations. Chat échaudé… Les épargnants traditionnels sont souvent très peureux. La crise financière est encore récente dans leurs esprits et ils préfèrent ne pas toucher aux investissements risqués dont ils ne comprennent pas les finesses. Ce sont les conclusions d’un sondage mené par Rabobank.be juste avant les vacances d’été auprès de ses clients. Lorsqu’on leur a demandé de citer le principal obstacle à un investissement dans des fonds, 39,80% des répondants ont dit qu’ils représentaient ‘trop de risques’, suivis par 37,40% estimant qu’on ne pouvait ‘pas leur faire confiance’. Les cours capricieux des fonds d’investissement en effraient plus d’un. Règle de base élémentaire Ce désagrément ne doit toutefois pas constituer un obstacle insurmontable. Ceux qui respectent un certain nombre de règles de base simples peuvent en effet considérablement limiter les risques que comportent les fonds. La première d’entre elles est la répartition. Ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier et recherchez plutôt des niches d’investissement prometteuses dans le monde entier. Et même si vous pensez que la reprise de l’économie américaine sera à l’honneur dans les années à venir, placez un dragon asiatique dans votre portefeuille pour vous protéger. Ne vous limitez donc pas à un seul fonds, et diversifiez votre portefeuille avec différents thèmes. Vous ne parviendrez sans doute pas à enregistrer des résultats délirants avec chacun des fonds, et certainement pas à court terme. Mais, avec un brin d’anticipation et une répartition suffisante, il restera dans votre portefeuille assez de gagnants pour compenser les pertes, et vous obtiendrez un rendement plus élevé qu’avec un livret d’épargne. Répartition dans le temps Répartir vos investissements dans le temps est aussi une excellente stratégie pour lutter contre les risques. N’investissez pas tout votre argent en une seule fois, mais constituez plutôt votre portefeuille de fonds progressivement, par exemple en investissant chaque mois un montant limité dans des fonds. C’est la meilleure manière de contrer les risques du marché. À chaque baisse du marché, vous achetez en effet à des cours plus faibles, ce qui tire le taux d’achat moyen vers le bas. Et si, à terme, les marchés grimpent de nouveau, vous en profitez automatiquement. Retourner vers Rabobank.be N’investissez que dans des produits que vous comprenez Le troisième obstacle cité dans le cadre du sondage était l’aspect ‘trop complexe’. Pas moins de 36,90% des répondants ont avancé cette raison pour justifier le fait qu’ils n’investissent pas dans des fonds. Cette réaction n’a rien d’illogique : même les investisseurs expérimentés sont parfois perdus lorsque leur banquier leur rabâche les oreilles avec les termes ‘step up’, ‘click’ ou ‘maximizer’ en parlant du tout dernier fonds structuré. Les fonds d’investissement classiques de la gamme d’un distributeur de fonds sont toutefois bien plus transparents. Cela nous mène d’emblée vers un autre conseil clé : n’investissez jamais dans un produit que vous ne comprenez pas et limitez-vous à des fonds appliquant une stratégie d’investissement transparente. Optez pour des distributeur du fonds, etc. Ces coûts sont prélevés directement du fonds, et sont automatiquement traités dans le cours. Vous ne devez donc pas payer de supplément par rapport au cours d’achat. Pour les fonds d’actions, les frais courants peuvent chaque année s’élever à 2% du capital du fonds. Un taux qui avoisine 1% pour les fonds d’obligations. La règle qui s’applique ici est celle selon laquelle un bon fonds peut coûter de l’argent, mais pas un mauvais fonds. Si un fonds présente une structure de coûts trop élevée et affiche des résultats à long terme préoccupants, le moment est sans doute venu de vous en séparer. Comportement d’investissement irrationnel Si vous êtes un petit investisseur, vous pouvez économiser ces coûts en gérant vous-même votre portefeuille d’actions ou d’obligations. « Acheter des actions et obligations dans un fonds permet de répartir les risques de vos investissements et de bénéficier d’une gestion professionnelle. » thèmes dans lesquels vous croyez, comme l’immobilier, l’eau ou l’énergie, et ne choisissez que des fonds dans des régions présentant un potentiel à long terme. Cher ou bon marché ? Les fonds ont aussi la réputation d’être trop chers. Les ‘frais trop élevés’ étaient pour 10,34% des répondants au sondage la principale raison les empêchant de franchir le pas. Outre les inévitables impôts, ce sont avant tout les frais d’entrée et de sortie, ainsi que les indemnités de gestion qui dérangent les investisseurs. Des frais que vous ne devez déjà plus payer auprès des gestionnaires de fonds en ligne. Vous ne pourrez cependant pas échapper aux frais courants annuels, à savoir les coûts de fonctionnement du fonds comme les frais de gestion, les coûts liés à la législation, les audits et l’administration, les indemnités de rétrocession reversées au | octobre 2014 Ce n’est en revanche pas pour autant que vous obtiendrez un rendement supérieur. Une étude récente menée sous la direction de Catherine D’Hondt, professeur à l’UCL, a clairement montré que ce n’est pas aussi simple. Sur la base du comportement de spéculation de 65.000 investisseurs privés entre 1999 et 2014, l’étude a révélé que les petits investisseurs présentaient davantage un comportement d’investissement irrationnel et que cela réduisait considérablement le rendement de leur investissement. En d’autres termes : si vous passez à côté du b.a.-ba des investissements et n’avez qu’une vision limitée des marchés financiers, il n’est pas aussi simple que cela d’enregistrer de bons résultats continus. Ce n’est donc peut-être pas une mauvaise idée de laisser ce travail à un gestionnaire de fonds professionnel, même si cela implique des frais légèrement plus élevés. ❚ pièges à éviter 1 N’investissez pas l’intégralité de votre patrimoine dans des fonds. Avoir une épargne ne courant aucun risque à titre de réserve a aussi son utilité. Il est généralement conseillé d’avoir de côté une somme comprise entre 3 et 6 mois de salaire comme réserve liquide en cas d’urgence. 2 Veillez à répartir suffisamment votre capital. Outre des fonds et un livret d’épargne, un portefeuille doit aussi contenir d’autres produits comme des assurances-épargne, de l’immobilier, des comptes à terme, etc. Faites confiance à votre bon sens et composez un portefeuille sain. Ce choix varie en revanche d’une personne à l’autre. 3 Ne vous laissez pas surprendre par l’administration fiscale, qui vous attend souvent au tournant. Lorsque vous revendez des fonds de capitalisation, vous devez vous acquitter de 1% de taxe boursière. En cas de rachat, les fonds qui abritent au moins 25% d’obligations sont quant à eux redevables d’un précompte mobilier sur la plus-value. Informez-vous au préalable sur les taxes dont vous devez tenir compte afin de ne pas être surpris(e) par la note. Mais ne vous laissez jamais uniquement influencer par les frais fiscaux lors du choix d’un investissement.