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INTRODUCTION
Dans un contexte mondial d'augmentation de la demande alimentaire, la culture
intensive est pratiquée dans de nombreux pays du Nord pour assurer les rendements
permettant de répondre à cette demande. Ce mode d'agriculture a massivement recours aux
substances chimiques comme les pesticides, puisque d’après l’Organisation des Nations Unies
pour l’alimentation et l’agriculture, il s'agit de « substances ou associations de substances qui
sont destinées à repousser, détruire ou combattre les ravageurs et les espèces indésirables de
plantes ou d’animaux ». Il en existe différentes catégories selon les espèces ciblées
(herbicides, insecticides, fongicides) ou selon leur nature chimique (organochlorés,
organophosphorés, carbamates,...). Or d'après l'observatoire des résidus de pesticides (ORP),
la France est le premier pays utilisateur de phytosanitaires en Europe et le quatrième dans le
monde avec plus de 78 000 tonnes de matières actives cultivées en 2008 pour un chiffre
d'affaire de plus de 2 milliards d'euros. Cependant, leur usage est très réglementé (autorisation
de mise sur le marché et évaluation des produits par la Commission Européenne) et des
politiques de réduction de l'utilisation de ces produits sont mises en place aux vues des
conséquences néfastes sur la santé humaine et animale. En effet, des études ont montré que
l'exposition aux pesticides a de nombreux impacts sur les organismes, tels que la
neurotoxicité, la reprotoxicité, ou encore l'immunotoxicité à laquelle nous allons
particulièrement nous intéresser. D'après l'organisation mondiale de la santé (OMS),
l'alimentation est la principale source d'exposition aux pesticides (ingestion). Cependant,
l'agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) souligne également d'autres voies
d'exposition, notamment par la contamination de l'air intérieur ou extérieur (inhalation), ou
encore par l'utilisation de pesticides dans les jardins ou sur les animaux domestiques (contact
cutané).
L'immunotoxicité est l'ensemble des conséquences subies par le système immunitaire
suite à l'exposition à un facteur environnemental. Il en existe trois manifestations majeures :
l'immunotoxicité directe regroupant l'immunosupression et l'immunostimulation,
l'hypersensibilité ou allergie et enfin l'auto-immunité. Ces trois phénomènes peuvent conduire
à des maladies plus ou moins graves et étendues, d'où la nécessité urgente de trouver des
alternatives à l'utilisation abusive des pesticides, incontestablement connus comme produits
toxiques de nos jours.
Nous exposerons successivement des exemples d'études épidémiologiques et de
laboratoire de l'impact des pesticides pour chacune de ces trois catégories d'immunotoxicité.