Ministère de la Défense Édition Secrétaire général pour l’administration CGA Jean-Paul Bodin Direction éditoriale Benjamin Arranger Directeur de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives Philippe Navelot Suivi éditorial Anne-Marike Linnebank La direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives (DMPA) est une direction du ministère de la Défense, placée sous l’autorité du secrétaire général de ce ministère. La DMPA a notamment en charge la politique culturelle du ministère au travers des collections de ses musées, de ses services d’archives et de ses bibliothèques. Elle détermine et finance les actions nécessaires à la gestion et à la valorisation de ce riche patrimoine. C’est dans cette perspective que la DMPA développe également une politique de publication et de soutien aux productions audiovisuelles permettant à un large public de découvrir l’histoire et le patrimoine du ministère de la Défense. Suivi commercial et administratif Christophe Stoop Correction Ségolène Estrangin Suivi iconographique Caterina D’Agostino Coordination reprographique Laurianne Bossis, Frédérique Savona Conception graphique et mise en pages Patricia Chapuis Bibliothèque nationale de France Président Bruno Racine Directrice générale Jacqueline Sanson Directeur des Collections Denis Bruckmann Directeur de la Diffusion culturelle Thierry Grillet Directeur du département des Expositions et des Manifestations Bruno Ponsonnet Délégué à la Communication Marc Rassat ÉTÉ 14 LES DERNIERS JOURS DE L’ANCIEN MONDE Sous la direction de Frédéric Manfrin et Laurent Veyssière avec la collaboration de Thomas Cazentre, François Lagrange, Jean-Philippe Lamy, Guillaume Lebailly et Michèle Le Pavec Chef du service de presse Claudine Hermabessière Déléguée au Mécénat Kara Lennon Casanova © Bibliothèque nationale de France / Ministère de la Défense DMPA, 2014 ISBN : 978-2-7177-2564-3 a SOMMAIRE PRÉFACES 9 11 PRÉPARER LA GUERRE Jean-Yves Le Drian Bruno Racine 129 Des bibliothèques pour les troupes Benjamin Gilles INTRODUCTION 137 Les militaires et la décision politique Gerd Krumeich 17 Un été comme les autres ? Antoine Prost 149 Frédéric Guelton 159 L’Europe à la veille de la guerre Serge Berstein Les plans de guerre des armées François Cailleteau LE MONDE D’HIER 27 Préparer la guerre dans les états-majors 167 LES DERNIERS JOURS DE L’ANCIEN MONDE 23 juillet – 4 août 1914. Chronologie L’EUROPE AU CŒUR DES ÉCHANGES 41 Sociétés impériales et empires multinationaux MOBILISATIONS 197 Christophe Charle Les réactions des populations à la mobilisation Jean-Jacques Becker LA GUERRE À L’HORIZON ? 53 Le Concert européen en 1914 63 Avant 1914 : la guerre inimaginable Georges-Henri Soutou John Horne LE CHOC 211 Le basculement dans la guerre Philippe Nivet 227 Gérer les morts Béatrix Pau PACIFISMES, BELLICISMES 75 Les pacifismes avant 1914 89 La IIe Internationale face à la guerre 95 De L’Appel au soldat à L’Appel des armes 237 Annette Becker 245 Histoires et politiques. Les « origines » et les « responsabilités » de la Grande Guerre 253 Se souvenir de l’entrée en guerre Rémi Fabre Jean-Louis Robert 01 L’attentat de Sarajevo Il n’y a pas d’images d’archives de l’assassinat de l’archiduc FrançoisFerdinand. Ainsi la presse est-elle contrainte de composer des reconstitutions : celle-ci, sans doute la plus connue, a illustré bon nombre de manuels d’histoire. Assassinat de l’archiduc héritier d’Autriche et de la duchesse sa femme à Sarajevo Le Petit Journal. Supplément illustré, 12 juillet 1914 In-folio BNF, Philosophie, Histoire, Sciences de l’homme, Fol-Lc2-3011 Nicolas Offenstadt Jay Winter Vital Rambaud 103 ANNEXES Imaginaires guerriers de l’avant-1914… Stéphane Audoin-Rouzeau 115 Voir et faire voir 1914 264 Autres pièces exposées 271 Aperçu bibliographique TU SERAS SOLDAT ! 272 Sources des citations et notices des documents reproduits dans la chronologie Militaires en société 275 Les auteurs 278 Index des noms de personnes Jean-François Chanet Antoine Prost UN ÉTÉ COMME LES AUTRES ? La guerre de 1914 a saisi l’Europe par surprise. Jusqu’à la dernière semaine de juillet, beaucoup pensaient que la crise ouverte par l’attentat de Sarajevo se réglerait pacifiquement. L’opinion était consciente de la possibilité d’une guerre mais elle ne s’en inquiétait guère. Cet été, commencé comme les autres, se termine donc de façon abrupte et prématurée, par un saut dans l’inconnu : l’entrée dans une guerre dont personne n’imagine ce qu’elle sera. 5 Page précédente Orson Byron Lowell, Eight Belles (illustration pour les mois de juillet et août du Life’s Calendar, 1914) 31,7 × 39,2 cm BNF, Estampes et Photographie, Pa mat-4-Boîte Fol 6 Voir et complimenter l’armée française Il y a foule à la revue du 14 juillet 1914 et beaucoup jouent d’ingéniosité pour mieux voir le défilé. Certains montent dans les arbres ou aux réverbères. Ce couple a choisi d’entremêler ses bicyclettes. Agence Meurisse, La Revue du 14 Juillet : en équilibre sur deux bicyclettes, 1914 BNF, Estampes et Photographie, Ei-13 L’entrée en guerre de 1914 est très différente de celle de 1939. En 1939, l’Europe sentait venir la guerre depuis un an au moins et le fait de la déclarer ne marque d’ailleurs qu’une rupture partielle : la drôle de guerre prolonge l’avant-guerre. Rien de tel en 1914. L’attentat de Sarajevo, le 28 juin, a été considéré comme un fait divers qui n’aurait guère de conséquences. Il faut attendre l’extrême fin du mois de juillet pour que l’opinion prenne la mesure de la crise. Le dimanche 26, le refus par l’Autriche de la réponse pourtant conciliante de la Serbie à l’ultimatum qu’elle lui avait adressé fait brusquement monter les enjeux. La Grande-Bretagne propose une conférence internationale, que l’Allemagne rejette. Le 28, l’Autriche déclare la guerre à la Serbie et la Russie commence sa mobilisation. Le dimanche 2 août, la France mobilise. En une semaine, l’Europe a basculé dans la guerre. La rupture est soudaine autant que brutale. L’été 1914 s’annonçait, en effet, comme un été ordinaire, semblable à ceux qui l’avaient précédé. La vie continuait, avec ses travaux et ses jours. Les paysans faisaient la moisson après les foins sans se douter qu’une guerre menaçait. Dans de nombreux villages français, quand le tocsin sonna la mobilisation, les hommes accoururent avec des seaux pensant qu’ils étaient appelés pour éteindre un incendie. Les usines tournaient comme d’habitude, sans programmes d’armement particuliers. Dans les classes supérieures de la société, qui bénéficiaient de vacances, les uns avaient pris leurs quartiers d’été à la campagne, d’autres faisaient leur cure dans une station thermale, éventuellement à l’étranger. René Cassin revient ainsi en hâte à Paris le 30 juillet, de Suisse, où sa compagne faisait une cure. D’autres encore étaient à la plage, sur la Côte d’Azur, en Bretagne ou ailleurs, à Ostende par exemple, comme Stefan Zweig, qui nous les décrit : Les gens heureux de leurs congés étaient allongés sur la plage sous leurs tentes bariolées ou se baignaient ; les enfants lâchaient des cerfs-volants; devant les cafés, les jeunes gens dansaient sur la digue. Toutes les nations imaginables se trouvaient rassemblées en paix, on entendait beaucoup parler allemand 1. Les journaux avaient bien suivi les péripéties de la crise et leurs manchettes s’étaient faites plus menaçantes au fur et à mesure que les jours passaient. Mais on n’y prêtait guère attention. 1. Stefan Zweig, Le Monde d’hier, Paris, Belfond, 1993 (1re éd. Stockholm, 1944), p. 260. Antoine Prost ttt Un été comme les autres ? ttt 17 L’art au service de la publicité 7 8 Henri Gray, Chemin de fer du Nord. Boulogne s. mer, 1905 Affiche lithographiée, 110 × 73 cm Paris, musée national de la Marine, 2009.34.1 On voyait s’assombrir les visages des gens qui achetaient les journaux, mais ce n’était jamais que pour quelques minutes. Après tout, nous connaissions depuis des années ces conflits diplomatiques ; ils s’étaient heureusement toujours apaisés à temps, avant que cela ne devînt sérieux. Pourquoi pas cette fois encore ? Une demiheure après, on voyait déjà les mêmes personnes s’ébrouer de nouveau joyeusement et barboter dans l’eau 2. L’opinion ne s’inquiétait guère. Les gens du peuple lisaient peu, et moins encore en cette période de gros travaux ; les hebdomadaires ou 2. Ibid., p. 261. 18 ttt ÉTÉ 14 ttt Introduction Aux Dames de France, place Nationale et 2, 4, 6 rue Sabatier – Castres : saison d’été 1914 Affiche lithographiée, 160 × 120 cm BNF, Estampes et Photographie, Ent Do-1 (Mahn, A.)-Grand Roul bihebdomadaires qu’ils lisaient surtout leur apportaient les nouvelles avec un retard rassurant. Quant au public informé, pourquoi se serait-il alarmé ? L’empereur Guillaume II n’était-il pas parti sur son yacht pour une croisière dans la Baltique comme il avait l’habitude de le faire chaque année ? En France s’ouvrait une actualité autrement passionnante : le procès de Mme Caillaux, la femme du leader radical, naguère président du Conseil et ministre des Finances. Elle comparaissait le 20 juillet devant la cour d’assises, pour avoir revolverisé le directeur du Figaro, qui publiait des lettres à son La Belle Époque constitue un véritable âge d’or de l’affiche, marqué par de grands artistes comme Chéret, Steinlen, Mucha… Si les courbes et les motifs végétaux du style 1900 dominent, les premiers traits de l’Art déco commencent à apparaître. 9 10 Chemin de fer du Nord. Saison balnéaire. Service temporaire et gratuit de prise & de remise des bagages à domicile dans Paris, 1910 Affiche lithographiée, 105 × 73 cm BNF, Estampes et Photographie, Ent Dn-1 (Minot, J.)-Ft 6 Jules Chéret, Exposition internationale de Lyon. 1er mai – 1er novembre 1914, 1913 Affiche lithographiée, 100 × 75 cm BNF, Estampes et Photographie, Ent Dn-1 (Chéret, Jules / 14)-Ft 6 futur mari de nature à le discréditer et à la déshonorer. Elle fut acquittée le 30, alors que la crise diplomatique approchait de son dénouement. Pour nous, qui connaissons la suite de la guerre industrielle qui débute et l’hécatombe sinistre qui ouvre le tragique xxe siècle, cette sérénité tient de l’aveuglement. Comme cette exposition en donne de multiples exemples, les signes annonciateurs d’un conflit ne manquaient pas. La crise d’Agadir, ouverte en 1911 par l’Allemagne pour s’opposer au passage du Maroc sous influence française, s’était dénouée diplomatiquement, grâce à Caillaux précisément et au soutien du Royaume-Uni, mais il s’en était fallu de peu que les canons n’entrent en action. Dans les Balkans, on s’était battu pour de bon en 1912 et 1913. Au même moment, les Allemands avaient augmenté les effectifs de leur armée permanente et, en réponse, la France avait maintenu sous les drapeaux les soldats qui, ayant achevé leurs deux ans, auraient dû être libérés en 1913 ; puis elle avait adopté en 1913 une loi portant de deux à trois ans la durée du service militaire. Cette loi avait été au centre des élections législatives d’avril-mai 1914 et la majorité semblait s’être prononcée en faveur de son retrait. Mais le débat avait bel et bien tourné autour de l’éventualité d’une guerre avec l’Allemagne. Si elle n’avait pas fait partie du champ des possibles proches, il eût été absurde Antoine Prost ttt Un été comme les autres ? ttt 19 établirait un nouvel équilibre européen, certes fort pénible pour les vaincus. L’échec du Concert européen La raison la plus couramment invoquée à l’époque pour expliquer l’échec du Concert européen était celle de la corruption du système par la volonté bismarckienne, après 1871, de constituer une alliance permanente dès le temps de paix contre la France, ce qui était tout à fait contraire à l’esprit de collaboration entre les grandes puissances à la base du Concert européen et devait entraîner, par réactions successives, la division du continent en deux alliances rivales. Il est vrai que l’existence de deux alliances opposées, fondées sur des textes gardés secrets et reposant toutes deux sur des systèmes militaires qui donnaient une prime considérable à celui qui mobilisait le premier et donc anticipait l’irréparable, était en soi profondément déstabilisante. Outre cette explication relevant de la diplomatie et de la technique militaire, qui garde sa valeur, il faut bien constater que les arrière-pensées de part et d’autre dépassaient la capacité du Concert européen à gérer les crises. Les intérêts en cause étaient trop importants : obsession de la survie pour l’Autriche-Hongrie, obsession pour Berlin de perdre son dernier allié et de se retrouver seul devant une alliance franco-russe de plus en plus puissante ; ampleur des objectifs de la Russie, qui supposaient la défaite du Reich, de l’Autriche-Hongrie et de l’Empire ottoman, et qui répondaient aussi aux problèmes de politique intérieure d’un régime tsariste en crise depuis la révolution de 1905 ; craintes de la France devant la puissance croissante de 42 Aboiements dans le chenil européen Cette célèbre caricature anglaise tranche avec les représentations héroïques des débuts de la guerre, même si la vigueur du bulldog anglais et du caniche français est exaltée, et que la responsabilité du conflit est imputée au teckel allemand. Hark ! Hark ! The dogs do bark !, 1914 (Johnson)-Ft 6 Lithographie, 56 × 76 cm BNF, Estampes et Photographie, Ent Do-1 de 1912 et 1913, Berlin ne conseilla pas à l’Autriche la modération mais la soutint, de peur de voir son dernier allié gravement affaibli. La Russie décida le 25 juillet de soutenir la Serbie, Paris de son côté ne lui donnant pas de réels conseils de modération, à la différence des crises précédentes, par crainte de compromettre l’alliance franco-russe. Le 28, Vienne déclarait la guerre à la Serbie, le 29, Saint-Pétersbourg mobilisait contre l’Autriche et le 30, les Russes, les premiers, décidaient une mobilisation générale. C’était très grave, car dès lors, personne ne voulant être en retard dans sa propre mobilisation, l’engrenage de la guerre devenait impossible à enrayer, malgré les efforts de la 58 ttt ÉTÉ 14 ttt La guerre à l’horizon ? Grande-Bretagne pour susciter, encore le 30 juillet, une conférence européenne. Le 1er août, le Reich mobilisait à son tour et déclarait la guerre à la Russie, adressait un ultimatum à la Belgique pour qu’elle laissât passer les forces allemandes et déclarait la guerre à la France le 3 août. Le 4 août, à cause de la violation de la neutralité belge, Londres déclarait la guerre à l’Allemagne. Ajoutons cependant, pour mieux comprendre l’apparence inéluctable de cet enchaînement, que les enjeux n’avaient pas aux yeux des responsables de l’époque la tragique importance que nous savons aujourd’hui : personne n’imaginait une guerre de cinq ans ; on pensait à un rapide « coup de torchon », après lequel on 43 Les familles royales d’Angleterre et de Russie (Nicolas II, Édouard VII), vers 1908 Photographie argentique, 15,32 × 21 cm BNF, Estampes et Photographie, Ne-101 (Nicolas II) Souverains russes et anglais en famille Autant que la sociabilité estivale entre familles parentes et adeptes de régates, ces photographies évoquent le rapprochement entre l’Angleterre et la Russie au sein de la Triple-Entente, suite à un accord signé en 1907. 44 Agence Rol, George V, roi d’Angleterre et le tsar de Russie [Nicolas II, en pied, se tenant par le bras], 1910 BNF, Estampes et Photographie, Ei-13 Georges-Henri Soutou ttt Le Concert européen en 1914 ttt 59 Rémi Fabre LES PACIFISMES AVANT 1914 Il est commode de rassembler sous l’étiquette de « pacifistes » tous ceux qui défendaient la paix et affirmaient leur intention de se mobiliser en cas de crise européenne pour empêcher que la guerre n’éclate, et nous pourrons ainsi, en prenant le mot dans son acception la plus large, examiner successivement les « pacifistes bourgeois » et les « pacifistes du mouvement ouvrier », anarcho-syndicalistes et socialistes. Les mots « pacifistes » et « pacifisme », qui commençaient à peine à être utilisés depuis le début du XXe siècle, étaient loin en 1914 de faire l’objet d’un consensus et ne renvoyaient pas à une attitude uniforme, à une doctrine cohérente et unifiée. Le pacifisme juridique et bourgeois 58 La Paix par le droit L’affiche diffusée le 28 juillet 1914 par l’association de La Paix par le droit marque l’une des dernières tentatives du pacifisme juridique pour empêcher le déclenchement de la guerre. On y prône l’établissement d’une commission internationale. 74 ttt ÉTÉ 14 ttt Pacifismes, bellicismes Association La Paix par le droit, Guerre à la guerre, 1914 Affiche, 86 μ 59 cm Nanterre, Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, AFF 14940 (2) C’est d’abord dans le milieu assez élitiste des ligues de paix internationale que le mot « pacifisme » a été forgé, utilisé et revendiqué. On en attribue la paternité au juriste Émile Arnaud, président de la Ligue de la paix et de la liberté, qui l’aurait proposé en 1901 à ses collègues du congrès international de la Paix de Glasgow 1. Incontestablement, un des objectifs de cette adoption du terme « pacifisme » par les animateurs des ligues de paix était de se distinguer des « antimilitaristes », des « antipatriotes » et anarchistes, avec qui la presse nationaliste les associait ou les confondait volontiers. Ce « pacifisme » ne doit pas s’entendre dans le sens du refus catégorique de prendre les armes quelles que soient les circonstances. Il s’agit d’un pacifisme juridique qui accepte la légitime défense et envisage la possibilité d’une « guerre du droit » face à la violence injuste. Une des conséquences en était le refus de l’objection de conscience, écartée par exemple par l’association La Paix par le droit dans ses statuts de 1891. L’idée d’objection de conscience est au reste peu présente dans la France d’avant 1914. Certes, on fait référence dans les débats de l’époque au « tolstoïsme », compris comme le refus de toute violence pour des raisons spirituelles et morales, mais on chercherait en vain un groupe pacifiste organisé affirmant vouloir appliquer les idées tolstoïennes. Ce n’était le cas ni de l’association La Paix par le droit, ni de la Société française pour l’arbitrage entre les nations, ni de la Ligue internationale de la paix et de la liberté. Ces associations, qui étaient fortement imbriquées entre elles mais regroupaient à peine quelques milliers de membres, participaient aux congrès de la Paix internationaux qui se tenaient régulièrement, étaient partie prenante des différents réseaux transfrontaliers comme le Bureau international de la paix de Berne, la Fondation Carnegie, qui, depuis 1912, assurait un soutien financier important à la cause de la paix en Europe, et l’Union interparlementaire, installée à Bruxelles depuis 1909. C’est le sénateur radical de la Sarthe Paul d’Estournelles de Constant 1. Verdiana Grossi, Le Pacifisme européen. 1889-1914, Bruxelles, Bruylant, 1994, p. 31. Rémi Fabre ttt Les pacifismes avant 1914 ttt 75 Jean-Louis Robert LA IIe INTERNATIONALE FACE À LA GUERRE Bâle, 24 novembre 1912. Ils sont des dizaines de milliers, venus du monde entier, à la manifestation qui clôt le congrès de l’Internationale socialiste. Citant le grand Schiller, Jaurès conclut 1 : « J’appelle les vivants […] je pleure sur les morts […] je briserai les foudres de la guerre qui menacent dans les nuées ! » La menace de la guerre est déjà bien présente au cœur des congrès de l’Internationale. Reconstituée en 1889, la IIe Internationale est devenue une puissance. Ses principales forces (le parti social-démocrate allemand atteint 35 % des suffrages en 1912, le parti socialiste français obtient 100 députés en 1914) paraissent aux portes du pouvoir. Ses grands dirigeants européens, Victor Adler, Karl Kautsky, Jean Jaurès, etc. ont une autorité morale considérable. Mais l’Internationale commence aussi à s’implanter dans le monde entier : des partis socialistes se constituent en Chine, en Iran, en Turquie, en Arménie, en Indonésie, aux Indes… À la veille de la guerre, la IIe Internationale revendique plus de trois millions d’adhérents dans le monde, douze millions d’électeurs, deux cents grands quotidiens. Une Internationale divisée 73 La fragile puissance de la parole 88 ttt ÉTÉ 14 ttt Pacifismes, bellicismes « Oui, comme l’histoire a donné le dernier mot à la République si souvent bafouée et piétinée, elle donnera le dernier mot à la paix, si souvent raillée par les hommes et les choses, si souvent piétinée par la fureur des événements et des passions » (Discours à la jeunesse, Albi, 1903). [Jean Jaurès en meeting, vers 1910] Photographie argentique, 38,4 × 26,2 cm BNF, Estampes et Photographie, N2 (Jaurès) Tout n’est pourtant pas si simple ni si beau : des divisions et des faiblesses demeurent, qui vont éclater pendant le terrible été 1914. D’abord les congrès de l’Internationale ont fait apparaître, avant 1914, des divisions idéologiques. Une aile gauche (Édouard Vaillant, James Keir Hardie) souhaite que l’Internationale propose une action résolue contre toute menace de guerre, qui devrait aller jusqu’à la grève générale. Sans approuver complètement, Jaurès fait pencher la balance dans ce sens : il s’agira d’« empêcher la guerre par tous les moyens qui paraissent les mieux appropriés ». Mais l’aile droite de l’Internationale reste sceptique sur une telle action. Elle s’est renforcée à la veille de la guerre, particulièrement en Allemagne, en développant l’idée que les masses ouvrières sont restées imprégnées de nationalisme. Ces divisions ne recoupent que partiellement les divisions nationales. Et si entre socialistes français et allemands des incompréhensions vives se manifestent sur nombre de questions, la confiance reste grande entre eux. Il y a aussi la faiblesse structurelle. L’Internationale s’est dotée d’un organe de coordination, le Bureau socialiste international (BSI), dont le siège est à Bruxelles et qui est dirigé par le socialiste belge Camille Huysmans. Mais ce bureau ne dispose que de peu de pouvoirs; c’est plus un lieu d’échanges et de confrontations que de décisions, car celles-ci doivent ressortir des seuls congrès de l’Internationale. 1. Louis Aragon, dans Les Cloches de Bâle (1934), a donné une magnifique description de la journée. Jean-Louis Robert ttt La IIe Internationale face à la guerre ttt 89 Stéphane Audoin-Rouzeau IMAGINAIRES GUERRIERS DE L’AVANT-1914… Face à l’aspect massif des mobilisations sociales et culturelles de l’été 1914, face aux acceptations tout aussi massives de la guerre dans les différents pays belligérants, enfin devant tant de conversions, si rapides et venues de tant d’acteurs sociaux, à une guerre soudainement perçue comme inévitable et nécessaire, comment ne pas poser la question de la présence d’une « guerre avant la guerre » au sein des sociétés européennes des années 1900 ? La guerre aurait-elle cheminé à bas bruit dans l’espace social des différents pays européens bien avant que n’éclate la crise de l’été 1914, expliquant le ralliement massif de la quasi-totalité des acteurs sociaux au tout début du mois d’août et l’absence presque complète de toute résistance aussi bien individuelle que collective ? C’est à cette question difficile – question qui n’est pas neuve, pourtant – que cette contribution voudrait tenter d’apporter quelques éléments de réponse. Épanouissement du nationalisme idéologique en Europe 87 Alsace-Lorraine, y penser toujours ? Le quotidien La Revanche prétendait jouer sur la rancœur anti-allemande en France. Rebaptisé Le Patriote dès 1887, il disparut la même année. Cet échec rapide est symptomatique de la relativité du sentiment revanchard, quinze ans à peine après 1871. 102 ttt ÉTÉ 14 ttt Pacifismes, bellicismes Ici on lit La Revanche, [1886] Affiche lithographiée, 55 × 43 cm BNF, Estampes et Photographie, Ent Dn-1 (Lévy, Émile)-Ft 6 Poser cette première question revient en fait à en poser une autre : celle de l’influence du « nationalisme des nationalistes », ou si l’on préfère du « nationalisme idéologique 1 », sur les sociétés européennes d’avant 1914, en se demandant comment ses thèmes de prédilection y avaient pénétré, préparant les esprits à l’éventualité de la guerre et à son acceptation. Ici, sans doute est-il prioritaire d’en passer par le rôle décisif que jouèrent, dans les milieux nationalistes d’avant 1914, les thématiques néodarwiniennes, ce « darwinisme social » qui, à partir des années 1880, comme l’a bien souligné Zeev Sternhell 2, a exercé en leur sein une influence majeure. Comme on le sait, l’idée de sélection naturelle exprimée par Charles Darwin dans L’Origine des espèces (1859) a été transposée à la fin du siècle sur les groupes humains supposés être en lutte pour l’existence, puis de là sur les peuples supposés lutter eux aussi pour la vie dans le cadre de leurs nations respectives. Des nations désormais comprises au sens ethnique, dans une conception de la « race » mêlant une double dimension, biologique et culturelle. Les œuvres des penseurs néodarwiniens ont abondamment circulé dans l’aire européenne, 1. On pourrait parler aussi de « néonationalisme » ou de « nouveau nationalisme » (Jean-Jacques Becker et Stéphane Audoin-Rouzeau, La France, la nation, la guerre, 1850-1920, Paris, Sedes, 1995). On sait que le terme « nationalisme » est ambigu et qu’en outre son sens a varié au cours du XIXe siècle. Ici, nous adoptons la signification que lui donne Maurice Barrès dans son célèbre article du Figaro du 4 juillet 1892, « La querelle des nationalistes et des cosmopolites » : un système de pensée et d’action politique fondé sur l’affirmation de la primauté des intérêts nationaux, et qui fait de la nation une valeur supérieure à toute autre, et un absolu surdéterminant la solution de tous les problèmes politiques (« Le nationalisme, c’est envisager toutes les questions par rapport à la France », dit Barrès). En ce sens, le nationalisme est bien une idéologie politique, et c’est pourquoi nous préférons pour notre part parler de « nationalisme idéologique ». 2. Zeev Sternhell, La Droite révolutionnaire. Les origines françaises du fascisme, 1885-1914, Paris, Seuil, 1978. Stéphane Audoin-Rouzeau ttt Imaginaires guerriers de l’avant-1914 ttt 103 Benjamin Gilles DES BIBLIOTHÈQUES POUR LES TROUPES « Peut-être l’armée atteindrait-elle à une beauté plus sobre et plus moderne, si elle voulait se faire la modeste éducatrice de la nation 1. » Tenté de s’engager comme volontaire, Maurice Vincent, le jeune protagoniste du roman d’Ernest Psichari, est tiraillé entre deux représentations de l’armée. Instrument traditionnel au service de la défense de la patrie, l’outil militaire se veut aussi, à la veille de la Grande Guerre, un instrument de l’éducation des jeunes citoyens. 110 Apprendre à encadrer des soldats Quelques éditeurs, parmi lesquels Berger-Levrault ou comme ici Lavauzelle, se spécialisent dans les manuels et cours à destination de tous les grades. Les textes mêlent règlements, travaux pratiques, procédures et récits édifiants. Anonyme, Manuel d’infanterie à l’usage des sous-officiers et caporaux, Paris, Lavauzelle, 1902 In-8o Vincennes, Service historique de la Défense, R 6267 128 ttt ÉTÉ 14 ttt Préparer la guerre Cette cohabitation entre des missions classiques et un nouveau rôle social n’est pas sans tension. Mais elle reflète toute l’évolution de la pensée sur le rôle de l’armée. Au moment où Ernest Psichari publie son roman en 1913, la guerre paraît une expérience très lointaine pour la majorité de la société française. La défaite de 1870 est de plus en plus un souvenir même si elle reste perçue comme un échec culturel, l’inadaptation d’un modèle de formation des officiers et de la troupe. Acteur majeur, par la conscription, de l’éducation des jeunes hommes, l’armée va occuper un rôle essentiel dans ce redressement. Et c’est par les bibliothèques que cet objectif va se réaliser. Il s’agit de développer la culture des cadres et des conscrits. Aussi, dès juin 1872, le ministère instaure les bibliothèques de garnison, reprenant ainsi un projet développé sous le Second Empire 2. Ces lieux vont s’ouvrir sous l’influence de deux facteurs : l’instauration du service militaire et le développement de la lecture populaire. Les fondements du développement des bibliothèques militaires : conscription et lecture populaire La généralisation en 1875 de l’accès aux bibliothèques à l’ensemble des soldats traduit la volonté de l’armée de participer à l’instruction des citoyens. La politique de développement des bibliothèques pour les troupes épouse ainsi les progrès de l’alphabétisation masculine qui s’accélère dans les années 1880. Cet essor s’appuie sur tout le travail mené dans le cadre de la promotion de la lecture publique, une dynamique entamée dans les années 1860. Cette culture va fortement marquer le développement des bibliothèques militaires françaises jusqu’en 1914. En effet, les sociétés philanthropiques engagées dans le développement de la lecture vont jouer un rôle décisif dans les casernes. Palliant les insuffisances des moyens budgétaires de l’état-major, elles équipent les espaces de lecture et les approvisionnent en livres et revues. L’action de la Société Franklin est ici à 1. Ernest Psichari, L’Appel des armes, Paris, G. Oudin et Cie, 1913, p. 19. 2. Agnès Boishult, Contribution à l’histoire des bibliothèques des cercles d’officiers, mémoire d’étude, université de Lyon, Enssib, diplôme de conservateur des bibliothèques, 2011, p. 28. Benjamin Gilles ttt Des bibliothèques pour les troupes ttt 129 Frédéric Guelton PRÉPARER LA GUERRE DANS LES ÉTATS-MAJORS Quelle guerre préparer, avec quels moyens, contre qui, à quelle échéance et en vue de quel résultat ? De ces questions, qui fondent l’activité des états-majors, les premières sont souvent délaissées au profit de la dernière, qui est la plus importante en soi, mais qui n’a, en fait, aucune importance, puisque tous les états-majors ne préparent que des guerres qu’ils ont l’intention de… gagner. La question du travail préparatoire réalisé par les états-majors est souvent éludée. On lui préfère en général une réflexion rétrospective qui étudie l’origine, la « façon dont la guerre a été préparée », à l’aune du résultat, « la façon dont la guerre a été gagnée ou perdue ». En termes définitifs, le plan Schlieffen pour Moltke comme la bataille des frontières pour Joffre ne pouvaient qu’échouer parce qu’ils échouèrent, les batailles de Mons pour les Anglais, de Tannenberg pour les Russes, du Tser pour les Austro-Hongrois ne pouvaient qu’être des défaites parce qu’elles furent des défaites. Au-delà des jugements définitifs qu’elle assène, cette démarche, qui relève de l’illusion rétrospective des faits chère à Raymond Aron, ne nous informe en rien sur les états-majors qui sont pourtant à l’origine technique de tout 1. 134 Couleurs d’uniformes Si l’armée allemande a opté pour le feldgrau, les discussions sur une nouvelle tenue sont nombreuses au sein de l’état-major français. Ces hésitations traduisent le faible intérêt pour le camouflage dans le contexte d’une pensée fondée sur l’offensive. 148 ttt ÉTÉ 14 ttt Préparer la guerre Anonyme, Les Nouveaux Uniformes gris de l’armée allemande, Paris, Berger-Levrault, 1911 In-12 Vincennes, Service historique de la Défense, J 3a 73 À l’origine des états-majors du XXe siècle Les états-majors européens tels qu’ils existent au début du XXe siècle se constituent par étapes au cours de la deuxième moitié du XIXe 2. Leur organisation puis la stabilisation de celle-ci résultent d’une double matrice articulée autour de la Révolution française et de la révolution industrielle. La première remplace les armées professionnelles d’autrefois par des nations-en-armes, ce qui en modifie mécaniquement la taille et impose d’en réguler le fonctionnement. La seconde confère aux armées une puissance de destruction et une vitesse de déplacement inégalées grâce à l’industrialisation de l’armement, au développement des moyens de transport et à l’émergence des moyens de communication radioélectriques. Elle impose de préparer les différentes formes de guerre possibles afin de ne pas être pris de vitesse par l’adversaire. Or la taille des armées et leur mobilité sont des données opposées. Tous les hauts commandements le comprennent, plus ou moins rapidement. Ils remplacent les états-majors anciens, souvent de circonstance, par des états-majors permanents, disposant d’un personnel spécialisé, seul capable de mener, dans la durée, les études nécessaires 1. Pour une approche générale, voir André Corvisier et Hervé Coutau-Bégarie, La Guerre. Essais historiques, Paris, Perrin, 2005 (1 re édition 1995) ; Martin Van Creveld, La Transformation de la guerre, traduit de l’anglais, Paris, Éditions du Rocher, 1998 ; et Archer Jones, The Art of War in the Western World, Urbana (Ill.), University of Illinois Press, 1987. 2. Voir John Frederick Charles Fuller, La Conduite de la guerre de 1789 à nos jours, traduit de l’anglais, Paris, Payot, 1990 ; et John Gooch, « The Origins of Contemporary Doctrine », Stratregic and Combat Studies Institute, no 30, septembre 1997. Frédéric Guelton ttt Préparer la guerre dans les états-majors ttt 149 Uniformes de fantassin en août 1914 LES DERNIERS JOURS DE L’ANCIEN MONDE 23 juillet – 4 août 1914. Chronologie 147 148 149 Uniforme français Uniforme allemand Uniforme autrichien Collection F. Gracient et musée de la Grande Guerre du pays de Meaux Musée de la Grande Guerre du pays de Meaux Musée de la Grande Guerre du pays de Meaux 150 151 152 Uniforme russe Uniforme serbe Uniforme anglais Musée de la Grande Guerre du pays de Meaux Musée de la Grande Guerre du pays de Meaux Collection F. Gracient et musée de la Grande Guerre du pays de Meaux 166 ttt ÉTÉ 14 ttt Préparer la guerre Cent ans après la Grande Guerre, la question de savoir pourquoi la guerre a éclaté au milieu de l’été 1914 continue de se poser. L’absence de réaction de l’Autriche-Hongrie après l’attentat de Sarajevo jusqu’à la remise de l’ultimatum à la Serbie, le 23 juillet, peut faire croire à un règlement pacifique de la crise. Les chefs d’État ne renoncent pas à leurs projets estivaux : Guillaume II part en croisière. Raymond Poincaré et René Viviani effectuent leur voyage officiel prévu à Saint-Pétersbourg pour réaffirmer l’alliance franco-russe. Rares sont les dirigeants politiques à avoir pris la mesure du danger comme le président du Conseil hongrois, le comte Tisza, qui en se ralliant finalement à l’envoi d’un ultimatum très dur, laisse s’ouvrir un conflit que les puissances centrales souhaitent localisé. Les systèmes d’alliance qui permettent à l’Autriche-Hongrie et à la Russie d’adopter des politiques intransigeantes et de prendre des initiatives risquées sans en avertir ouvertement leurs alliés, le refus par l’Allemagne d’une conférence internationale proposée par l’Angleterre, enclenchent un engrenage dangereux. Lorsque, sous la pression de son entourage, le tsar décrète la mobilisation générale en Russie le 30 juillet, il provoque l’entrée en scène des états-majors, hantés par la crainte de prendre du retard sur l’ennemi, et la déclaration de guerre de l’Allemagne. Alors que les pouvoirs civils semblent hésiter à s’engager dans une guerre européenne, la logique des plans militaires s’impose à eux, interdisant le retour au jeu diplomatique normal. Les pages suivantes présentent l’enchaînement des décisions diplomatiques, politiques et militaires des treize jours qui précèdent l’entrée en guerre des puissances européennes. Elles se composent des événements mais aussi de documents et de citations des principaux protagonistes ou de témoins de ce terrible engrenage. Les références complètes des citations sont données en fin d’ouvrage, p. 272-273. L. V. INDEX DES NOMS DE PERSONNES L’ensemble de l’ouvrage a été indexé, à l’exception des courtes légendes accompagnant les images. Les chiffres en gras renvoient aux portraits des principaux protagonistes de l’entrée en guerre, qui jalonnent l’ouvrage. Acker, Paul : 99 Adler, Victor : 89, 90 Agathon, voir Tarde, Alfred de et Massis, Henri Albert Ier, roi des Belges : 28 Alexandre de Serbie : 170 Alexandre III de Russie : 37 Angell, Norman : 105 Apollinaire, Guillaume : 237, 238, 242 Ardant du Picq, Charles : 134 Arnaud, Émile : 75 Bailly, Louis : 176 Barnes, Harry Elmer : 246 Barrès, Maurice : 94, 95, 97, 100, 103, 104, 107, 134 Bazin, René : 97 Bebel, August : 90, 111 Becker, Jean-Jacques : 118, 211, 254 Beethoven, Ludwig von : 77, 206 Begbie, Harold : 259 Bellery-Desfontaines, Henri : 49 Benjamin, Walter : 237 Benoît XV (Giacomo della Chiesa) : 240 Berchtold, Leopold : 66, 101, 133, 141, 172, 178 Bergson, Henri : 223 Bernhardi, Friedrich von : 20, 108, 109 Bethmann Hollweg, Theobald von : 60, 84, 141, 182, 192, 247 Bienvenu-Martin, Jean-Baptiste : 168, 170, 171-174, 176-178, 180, 182, 185 Bismarck, Otto von : 48, 53, 247 Blanche, Jacques-Émile : 175 Blanche, Rose : 175 Bloch, Ivan ou Jean de : 64 Bloch, Jean-Richard : 181 Boland, Suzanne : 179 Bombled, Louis : 96 Bonnefous, Georges : 117 Bourgeois, Léon : 76 Buisson, Ferdinand : 76 Bunsen, Maurice de : 178 Caillaux, Henriette : 18, 20, 200 Caillaux, Joseph : 19, 76, 87, 139, 200 Callot, Jacques : 218 Calmette, Gaston : 76, 200 Cambon, Jules : 174, 176, 182 Cambon, Paul : 183, 185, 190 Campbell, Phyllis : 259 Cassin, René : 17 Chamberlain, Houston Stewart : 104 Chatrian, Alexandre : 107 Cheval, René : 77 Churchill, Winston : 28 Clark, Christopher : 248 Claudel, Paul : 193 Clausewitz, Carl von : 134, 137 Clemenceau, Georges : 116, 137, 144, 175 Cocteau, Jean : 100, 237-240 Cœurdevey, Édouard : 187 Colin, Jean : 109 Conrad von Hötzendorf, Franz : 101, 140, 161 Copeau, Jacques : 242 Corradini, Enrico : 104 Coubertin, Pierre de : 47 Curie, Irène : 187 Dagnan-Bouveret, Pascal : 122 D’Annunzio, Gabriele : 99, 104 Danilov, Yuri : 159 Darwin, Charles : 103 Daudet, Léon : 998, 115 278 ttt ÉTÉ 14 ttt Index des noms de personnes Debussy, Claude : 241 Delcassé, Théophile : 54, 56 Denis, Ernest : 245 Déroulède, Paul : 94, 95, 97, 107, 134 Descaves, Lucien : 132, 135 Deschanel, Paul : 192 Détanger, Émile, dit Nolly : 99 Djebelia, Ahmed : 22 Doré, Gustave : 107 Doyle, Conan : 134 Driant, Émile : 95, 96 Drumont, Édouard : 104 Dubois, Marcel : 31 Dufy, Raoul : 237, 238, 240, 243 Dumaine, Alfred : 168, 173, 177, 178, 185 Dumas, Étienne : 231, 232 Durkheim, Émile : 245 Engels, Friedrich : 85 Erckmann, Émile : 107 Esparbès, Georges d’ a: 134 Estournelles de Constant, Paul d’ : 75, 76, 78 Étard, Madeleine : 109 Faguet, Émile : 78 Falkenhayn, Erich von : 178 Fay, Sidney : 246 Fischer, Fritz : 246-248 Flaubert, Gustave : 115 Fleuriau, Aimé de : 176 France, Anatole : 121 François-Ferdinand d’Autriche :37, 56, 61, 66, 101, 133, 203, 253 François-Joseph Ier d’Autriche : 23, 32, 33, 37, 55, 65, 66, 101, 133 Gambetta, Léon : 107 Gaulle, Charles de : 100 Gendarme de Bévotte, Abel Camille René : 232 George V d’Angleterre : 26, 31, 59, 60 Gérin, René : 245 Gervex, Henri : 13 Gide, André : 175 Giraudoux, Jean : 179 Gobineau, Arthur de : 104 Goethe, Johann Wolfgang von : 77, 134, 206 Goltz, Colmar von der : 134 Gontcharova, Natalia : 241 Goya, Francisco de : 218 Grandmaison, voir Loyzeau de Grandmaison Grey, Edward : 142, 174, 176, 193 Gueldry, Ferdinand Joseph : 13 Guesde, Jules : 85, 90, 200, 211 Guillaume II d’Allemagne : 18, 20, 26, 31, 33, 54, 55, 57, 61, 83, 84, 110, 111, 167, 168, 178, 180, 181, 183, 192, 202 Haase, Hugo : 90 Hansi, voir Waltz, Jean-Jacques Hasse, Ernst : 108 Henner, Jean-Jacques : 107 Hervé, Gustave : 78-80, 82 Hindenburg, Paul von : 216 Hitler, Adolf : 20, 247 Hjortzberg, Olle : 47 Hoppenot, Henri : 106 Huysmans, Camille : 89, 90, 93 Iribe, Paul : 237 Isaac, Jules : 247, 250 Jaurès, Jean : 11, 20, 76, 78, 82, 85, 87-91, 93, 115, 117, 118, 184, 186, 187, 192, 246, 257 Jilinski, Yakov : 216 Joffre, Joseph : 139, 144, 149, 156, 161, 167, 207, 216, 240 Jouhaux, Léon : 82, 92, 192 Kant, Emmanuel : 206 Kautsky, Karl : 89 Keir Hardie, James : 85, 89, 90 Kergomard, Joseph-Georges : 31 Kipling, Rudyard : 99, 105, 259 Kitchener, Horatio Herbert : 216, 262 Krobatin, Alexander von : 101 Larkin, Philip : 260 Laurencin, Marie : 211 Lavisse, Émile : 115 Le Bon, Gustave : 104 Legien, Karl : 92 Lemkin, Raphaël : 243 Lénine, Vladimir Ilitch : 42, 43, 90, 91, 247 Lichtenberger, André : 99 Loti, Pierre : 134 Loyzeau de Grandmaison, François : 131 Ludendorff, Erich : 216 Luxemburg, Rosa : 90, 91 Lyautey, Hubert : 121, 132 Machen, Arthur : 259 Maïakovski, Vladimir : 241 Malevitch, Casimir : 241 Malvy, Louis : 186 Marc, Franz : 71 Margerie, Pierre de : 188 Marinetti, Filippo : 105 Martin-Froment, Clémence : 217 Martinet, Marcel : 181, 188 Marx, Karl : 85 Massis, Henri, dit Agathon avec Alfred de Tarde : 20, 100, 106 Maurras, Charles : 97, 98, 111, 123 Mayer, Arno : 247 Mayer, Camille : 188, 234 Maxim, Hiram : 224 Mélin, Jeanne : 76 Merrheim, Alphonse : 80, 82 Moltke, Helmuth Johannes Ludwig von (dit Moltke le Jeune) : 111, 140, 141, 149, 154, 156, 161, 202 Moltke, Helmuth Karl Bernhard von (dit Moltke l’Ancien) : 150, 154, 155, 161, 164 Morand, Paul : 173 Morgari, Oddino : 90 Morhardt, Mathias : 246 Mulligan, William : 248 Neiberg, Michael : 248 Nicolas II de Russie : 31, 44, 59, 64, 83, 141, 170, 178, 180-183, 203 Nicolas Nikolaïevitch de Russie : 156 Nolly, voir Détanger, Émile Paléologue, Maurice : 170, 180, 184, 250 Pašić, Nikola : 35 Péguy, Charles : 78, 98, 99, 108 Pergaud, Louis : 188 Perrinon, Pierre : 146 Peugeot, Jules André : 188, 234 Pie X (Giuseppe Melchiorre Sarto) : 240 Pierre Ier de Serbie : 35 Poincaré, Raymond : 21, 36, 56, 139, 153, 167-169, 180, 187, 190, 192, 248, 249 Poulbot, Francisque : 218 Pourcel, Georges : 77 Pourtalès, Frédéric de : 110 Pressensé, Francis de : 76, 78, 85 Psichari, Ernest : 95, 99, 100, 106, 129 Rémy, Caroline, dite Séverine : 23 Renault, Louis : 76 Rennenkampf, Paul von : 217 Renouvin, Pierre : 9, 197, 246, 247 Richet, Charles : 76 Rictus, Jehan : 172 Rigolot, Albert : 12 Rolland, Romain : 77, 193, 206 Romains, Jules : 115 Rupprecht de Bavière : 216 Sand, George : 115 Sazonov, Sergueï Dmitrievitch : 83, 110, 174, 182 Schiller, Friedrich von : 82, 89 Schlieffen, Alfred von : 140, 154-156, 164, 202 Schmidt, Stefan : 248 Schoen, Wilhelm von : 171, 184, 190, 191, 205, 249 Schwarzlose, Andreas Wilhelm : 225 Sembat, Marcel : 85, 123, 200, 211 Séré de Rivières, Raymond Adolphe : 156 Séverine, voir Rémy, Caroline Soury, Jules : 104 Steinlen, Alexandre Théophile : 221 Stolypine, Piotr : 110 Waldersee, Alfred von : 155, 161 Waltz, Jean-Jacques (dit Hansi) : 21 Wätjen, Otto von : 211 Weber, Max : 246 Werth, Léon : 111 Wilson, Woodrow : 242 Yvetot, Georges : 80 Zola, Émile : 135 Zweig, Stefan : 11, 17, 22, 23, 77 Tagore, Rabindranath : 45 Tarde, Alfred de, dit Agathon avec Henri Massis : 20, 100, 106 Thomas, Albert : 85 Tisza, István : 66, 101, 133, 163 Tolstoï, Léon : 134 Treitschke, Heinrich von : 108 Trotski, Léon : 204 Vacher de Lapouge, Georges : 104 Vaillant, Édouard : 85, 89, 90 Vandervelde, Émile : 90, 211 Veber, Jean : 57, 215, 218, 219 Veber, Pierre : 57 Victor-Emmanuel III d’Italie : 55 Victoria d’Angleterre : 31 Viviani, René : 21, 36, 87, 153, 167, 168, 180, 182, 184, 187, 190, 192, 223, 249, 250 Index des noms de personnes ttt ÉTÉ 14 ttt 279