LES PHYTASES : C’EST QUOI ?
Toutes les graines contiennent du phosphore en
quantité notable, pourtant seule une faible partie est
digérée par les porcs qui les consomment. En effet,
70 à 90 % du phosphore végétal se trouvent sous la
forme de phosphore phytique. En conséquence, une
grande partie du phosphore végétal retourne au sol
par les fèces sans être utilisée par les animaux.
Les phytases sont des enzymes, c’est-à-dire des pro-
téines agissant comme catalyseurs des réactions qui
participent à la vie cellulaire. Elles permettent en par-
ticulier de libérer une partie du phosphore «piégé»
sous forme de phosphore phytique. Il existe trois
types de phytases :
- la phytase végétale est présente en quantité impor-
tante dans les enveloppes des graines de certaines
céréales (blé, triticale, seigle et sous-produits céréa-
liers). L’activité phytasique dans les graines varie
considérablement suivant l’espèce végétale considé-
rée. Ainsi, les phytases de blé, de seigle et de triticale
présentent une activité élevée. L’activité des phytases
d’orge est très variable, celles du pois et du maïs sont
le plus souvent négligeables ou nulles. L’apport de
500 UP (1) de phytases végétales naturelles est consi-
déré comme équivalent à 0,4 g de phosphore diges-
tible ; cet apport s’ajoute au phosphore digestible
déjà apporté par la matière première.
- la phytase intestinale : son activité chez le porc est
considérée comme négligeable.
- la phytase microbienne rajoutée dans l’aliment des
porcs est obtenue par fermentation à partir de bacté-
ries (soit Aspergillus Niger, soit Aspergillus ficum).
Les phytases microbiennes sont plus efficaces que les
phytases végétales naturelles : 500 UP (1) correspon-
dent à 0,8 g de phosphore digestible, qui s’ajoutent
également aux autres apports de phosphore diges-
tible. La phytase microbienne ne possède pas la
même efficacité selon les régimes. Ainsi, son effet est
plus prononcé lorsque le régime ne contient pas de
phytase végétale, en particulier quand il ne contient
pas de blé. Certains auteurs ont montré que la phy-
tase microbienne est plus efficace sur le pois que sur
l’orge, sur le tourteau de soja que sur le tourteau de
colza, sur les régimes maïs-soja que sur les régimes
à base de produits de substitution de céréales.
FONCTIONS ET INTÉRÊT DES PHYTASES
Les phytases augmentent la digestibilité du phos-
phore phytique. L’amélioration de la digestibilité du
phosphore végétal est de l’ordre de 20 % pour les
phytases de céréales (ou de leurs issues) et de 25 à
30 % pour les phytases microbiennes. Dans le
contexte actuel, le principal intérêt des phytases est
la réduction des rejets en P2O5permise par la dimi-
nution du taux d’incorporation de phosphore miné-
ral (phosphate bi calcique). La baisse des rejets peut
atteindre jusqu’à 50 % selon le régime alimentaire et
le taux de phosphore total de la ration.
Selon certains auteurs, l’ajout de phytase micro-
bienne dans l’alimentation des porcs charcutiers aug-
mente aussi la digestibilité du calcium, du magné-
sium, du zinc et du cuivre. Enfin, la digestibilité des
acides animés et de l’azote semble être également
améliorée par la présence de phytase microbienne
dans l’alimentation des porcs en croissance.
(1) UP = unité d’activité phytasique = quantité d’enzyme qui libère
en une minute, à un pH de 5,5 et à une température de 37 °C, une
micromole de phosphore inorganique obtenue à partir de 0,0015 mole
par litre de phytate de sodium.