ÉTOPIA | APRÈS LE PÉTROLE | 128
La pression de la fin du pétrole
L’impact de la déplétion pétrolière et de la raréfaction progressive des
énergies fossiles, évoquées ailleurs dans cette revue, ne restera pas sans
conséquence sur notre rapport à l’espace et aux territoires. Pour s’en con-
vaincre une fois encore, il suffit de rappeler qu’en Europe, le pétrole et le
gaz (dont le prix suit l’évolution de celui du pétrole) représentent ensem-
ble 60% de l’approvisionnement en énergie. Bien sûr, différentes possi-
bilités existent pour éviter la pénurie d’énergie, ou du moins la rendre
moins catastrophique.
Première piste : les économies d’énergie. Dans son livre vert sur l’éner-
gie, la Commission Européenne estime qu’on pourrait diminuer de 20%
la consommation d’énergie de l’Europe rien que par des mesures d’éco-
nomie. Les deux secteurs les plus concernés sont les ménages et le trans-
port. Mais ailleurs dans le monde, il y a également encore de très fortes
potentialités de réduction de consommation dans l’industrie.
Deuxième piste : des avancées dans les technologies disponibles pour
augmenter l’efficience des cellules photovoltaïques, des éoliennes... Mais
le potentiel de croissance des énergies renouvelables n’est pas sans fin
non plus. Actuellement, seuls 6% de la production de l’énergie en Europe
se font avec des renouvelables, dont 4% par de grandes centrales hydroé-
lectriques pour lesquelles on arrive à saturation des capacités. Pour sim-
plement atteindre 15% de la production en renouvelables, il faudrait donc
multiplier par cinq la production actuelle hors énergies hydrauliques !
Troisième piste, plus lointaine: de nouvelles technologies comme la
fusion nucléaire, ou encore des systèmes de production de l’hydrogène
utilisant l’énergie solaire ou biologique, ou encore d’autres technologies
non-prévisibles actuellement. Mais ici, la question sera surtout celle du ti-
ming. Ces nouvelles technologies seront-elles utilisables à grande échelle
à temps pour empêcher une crise énergétique ? Enfin, dans tout ce débat,
il est capital de ne pas confondre les sources et les vecteurs d’énergie. La