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démocrates, Barack Obama a réalisé ses meilleurs scores parmi les intellectuels, les
jeunes et les catégories aisées, tandis qu’Hillary Clinton a attiré davantage les ouvriers
blancs, les personnes aux revenus modestes, les Hispaniques et les retraités. Or c’est
en s’adossant trop exclusivement sur l’aile intellectuelle du parti, au détriment de
l’aile populiste, qu’Adlai Stevenson, Eugene McCarthy, George McGovern, Gary
Hart, Michael Dukakis et John Kerry avaient échoué dans la course à la Maison-
Blanche. Néanmoins, Obama peut toujours compter sur la crise économique pour
rallier les ouvriers blancs ; sur les menaces des républicains en matière d’immigration
pour s’attirer les Hispaniques ; sur la défense des retraites pour séduire les seniors ; et
sur l’opposition de McCain à l’avortement pour mobiliser les femmes.
Il faut remonter à la fin de l’ère Nixon et au feuilleton tragique du Watergate pour
trouver un Parti républicain aussi démoralisé qu’aujourd’hui. Bush s’est aliéné les
partisans de la libre entreprise en laissant le Congrès républicain dépenser à tout-va
et creuser le déficit budgétaire, il a perdu les faucons en politique étrangère en raison
de son échec en Irak, et a même fini par irriter une partie de la droite religieuse. Ces
bases électorales républicaines sont rognées par la montée du populisme économique
et du protectionnisme, par la réticence à venir à recourir à l’armée pour résoudre les
conflits, et par l’adoption par les intégristes religieux de nouvelles priorités à côté
de la lutte contre l’avortement et le mariage homosexuel, telles que le changement
climatique et la pauvreté dans le monde – thèmes susceptibles de rendre le Parti
démocrate plus compétitif au sein de cet électorat. En fait, la coalition républicaine
formée de ces trois composantes est en voie d’éclatement. Parmi les candidats dans
les primaires, ni Rudy Giuliani, le faucon antiterroriste, ni Mitt Romney, le partisan
de la libre entreprise, ni Mike Huckabee, le pasteur intégriste, n’a pu séduire au-delà
de son pré carré. Le principal défi pour McCain consiste à mobiliser suffisamment
la droite religieuse, dont étaient issus 40 % des électeurs républicains aux élections
du Congrès de 2006. Véritable défi, en effet, car McCain manque de réseaux dans
ces milieux qui ne lui ont jamais accordé pleinement leur confiance.
Ainsi, les fondamentaux de l’élection favorisent nettement l’alternance. Mais ils se
heurtent à une incertitude de taille, liée au métissage racial du candidat porteur du
changement tant souhaité. Par définition, aucun précédent ne permet de prédire
la façon dont les Américains s’apprêtent à fusionner ou dissocier, dans leur com-
portement électoral, l’aspiration à l’alternance d’une part, et le bouleversement que
représenterait l’élection du premier président noir des États-Unis d’autre part. Ce