«Nous avons souhaité partir de situations vraies
pour ne pas être déconnectés de la réalité», ex-
plique Pierre Robitaille, qui a piloté, pour le
compte du SGEC, le petit groupe de travail qui
s’est réuni pendant deux ans. Les «situations pro-
blématiques» ont été recensées et chacune d’entre
elles a été travaillée par l’équipe. Situations pro-
blématiques, c’est-à-dire, indique le document,
«toutes les situations qui posent question, directe-
ment ou après prise de recul et pas seulement les
situations conflictuelles».
Au final, cela donne un dossier en deux parties:
d’un côté, les fiches d’informations sur l’islam, de
l’autre des «dossiers situations» comportant cha-
cun la description d’une situation, sa problémati-
sation, un éclairage et enfin «des lignes de conduite
et points d’attention».
Face à de jeunes musulmans refusant de répon-
dre à l’appel d’une femme, il est par exemple pro-
posé une fois passée la première réaction, «d’or-
ganiser rapidement une réflexion avec l’équipe
éducative», de ne «pas mélanger islam et réaction
d’adolescents, identitaire, culturelle et religieuse»,
ou encore de «faire intervenir des médiations: un
musulman, en priorité un enseignant ou personnel
d’éducation, sinon un responsable de mosquée,
ou un expert, par exemple le responsable diocésain
pour les relations avec l’islam».
«Savoir ce qu’est un établissement catholique»
«Évidemment, il n’y aura jamais deux cas pa-
reils, le contexte sera toujours différent d’un éta-
blissement à l’autre, mais cet outil aidera certai-
nement les communautés éducatives à prendre
du recul, à démêler ce qui relève du religieux,
du culturel, voire du psychologique lorsqu’il s’agit
d’adolescents», souligne Sœur Colette Hamza,
xavière et directrice adjointe du SRI, qui reconnaît
que la conjonction entre une présence accrue
des élèves musulmans dans l’enseignement ca-
tholique, «au moins dans certaines régions», et
«un islam qui demande sa place, cristallise da-
vantage ces situations qu’il y a quinze ou vingt
ans».
Au fil des réunions, il est apparu que celles-ci
pouvaient relever de trois catégories: les situations
à forte composante sociale et culturelle, celles
touchant plus directement à la pratique religieuse
des élèves musulmans, et enfin celles relatives à
leur participation aux activités religieuses de l’éta-
blissement. La question du sens de «la participa-
tion de juifs ou de musulmans à une célébration
eucharistique» est ainsi abordée. Ou encore la
pertinence, à Noël, de «profiter d’une fête reli-
gieuse pour mieux comprendre le sens du fait re-
ligieux et rentrer dans un partage festif».
«La catéchèse doit pouvoir être ouverte à tous»
«Au fond la question rejoint celle de savoir ce
qu’est un établissement catholique», note Colette
Hamza. «Tout parent devrait pouvoir inscrire son
enfant à l’école catholique, pourvu qu’il adhère
au projet pastoral et éducatif de l’établissement, et
ce projet doit être clair et explicitement catho-
lique», rappelle ainsi Mgr Éric Aumonier, évêque
de Versailles et président du Comité national pour
l’enseignement catholique, qui précise: «La caté-
chèse doit pouvoir être ouverte à tous, mais il est
clair que quelqu’un qui n’est pas baptisé ne peut
aucunement être obligé à participer.»
Reste un dernier sujet, plus épineux encore:
celui de l’attitude des établissements catholiques
vis-à-vis des adultes musulmans qui y travaillent.
«Nous nous sommes aperçus que se cachait par-
fois un certain racisme, constate Pierre Robitaille.
Compte tenu de la législation, un établissement
sous contrat ne peut refuser d’embaucher un en-
seignant musulman. Mais cela ne résout pas la
question de sa participation au projet éducatif.
Normalement, tous les membres de la commu-
nauté éducative y participent. Il s’agit donc plutôt
d’un choix d’établissement: nous publierons sans
doute une fiche avec des questionnements destinés
à les aider à réfléchir.»
Anne-Bénédicte HOFFNER
Classement: 2Ae52 Aller au dossier d’origine de ce texte • 10/ 2010
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Origine: http://www.la-croix.com/