Face à de jeunes musulmans refusant de répondre à l’appel d’une femme, il est par exemple proposé une
fois passée la première réaction, « d’organiser rapidement une réflexion avec l’équipe éducative », de ne «
pas mélanger islam et réaction d’adolescents, identitaire, culturelle et religieuse », ou encore de « faire
intervenir des médiations : un musulman, en priorité un enseignant ou personnel d’éducation, sinon un
responsable de mosquée, ou un expert, par exemple le responsable diocésain pour les relations avec l’islam
».
«Savoir ce qu’est un établissement catholique»
« Évidemment, il n’y aura jamais deux cas pareils, le contexte sera toujours différent d’un établissement à
l’autre, mais cet outil aidera certainement les communautés éducatives à prendre du recul, à démêler ce qui
relève du religieux, du culturel, voire du psychologique lorsqu’il s’agit d’adolescents », souligne Sœur
Colette Hamza, xavière et directrice adjointe du SRI, qui reconnaît que la conjonction entre une présence
accrue des élèves musulmans dans l’enseignement catholique, « au moins dans certaines régions », et «un
islam qui demande sa place, cristallise davantage ces situations qu’il y a quinze ou vingt ans».
Au fil des réunions, il est apparu que celles-ci pouvaient relever de trois catégories : les situations à forte
composante sociale et culturelle, celles touchant plus directement à la pratique religieuse des élèves
musulmans, et enfin celles relatives à leur participation aux activités religieuses de l’établissement. La
question du sens de « la participation de juifs ou de musulmans à une célébration eucharistique » est ainsi
abordée. Ou encore la pertinence, à Noël, de « profiter d’une fête religieuse pour mieux comprendre le sens
du fait religieux et rentrer dans un partage festif ».
«La catéchèse doit pouvoir être ouverte à tous»
« Au fond la question rejoint celle de savoir ce qu’est un établissement catholique », note Colette Hamza. «
Tout parent devrait pouvoir inscrire son enfant à l’école catholique, pourvu qu’il adhère au projet pastoral
et éducatif de l’établissement, et ce projet doit être clair et explicitement catholique », rappelle ainsi Mgr
Éric Aumonier, évêque de Versailles et président du Comité national pour l’enseignement catholique, qui
précise : « La catéchèse doit pouvoir être ouverte à tous, mais il est clair que quelqu’un qui n’est pas
baptisé ne peut aucunement être obligé à participer. »
Reste un dernier sujet, plus épineux encore : celui de l’attitude des établissements catholiques vis-à-vis des
adultes musulmans qui y travaillent. « Nous nous sommes aperçus que se cachait parfois un certain
racisme, constate Pierre Robitaille. Compte tenu de la législation, un établissement sous contrat ne peut
refuser d’embaucher un enseignant musulman. Mais cela ne résout pas la question de sa participation au
projet éducatif. Normalement, tous les membres de la communauté éducative y participent. Il s’agit donc
plutôt d’un choix d’établissement : nous publierons sans doute une fiche avec des questionnements destinés
à les aider à réfléchir. »
La croix.com
08/09/2010