L`enseignement chrétien face à ses élèves musulmans

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En cy cl o p é d ie d e l’h o n n ê te h o mme
de vue chrétien — perspective chrétienne — point de vue chrétien — perspective chrétienne — point de
Vous avez dit “choc des civilisations” ?
L’ e n s e i g n e m e n t ch r é t i e n
f a c e à s e s é l è ve s m u s u l m a n s
Entre un identitarisme musulman de plus en plus affiché, et le flou du projet
pastoral des établissements catholiques sous contrat, il ne peut y avoir de
choc à proprement parler, mais risque du débordement du premier vers le second. Voici quelques exemples, fournis par le journal La Croix, de « situations »
euphémiquement « problématiques »… en fait, inextricables et sans issue.
Danièle Masson
Avec l’aide du service des évêques pour les relations avec l’islam, l’enseignement catholique a
listé quelques « situations problématiques » et propose des lignes de conduite :
font désormais partie du quotidien d’un certain
nombre de leurs établissements. Notamment ceux
qui, en milieu plus populaire, accueillent de plus
en plus d’élèves de confession musulmane : certaines écoles comptent parfois jusqu’à 70 %
d’élèves musulmans.
« Le jour de la rentrée, les garçons ne répondent
pas à leur nom lorsque la nouvelle directrice, qui
succède à un directeur,
En 2008, les évêques
fait l’appel des classes.
avaient posé la question,
Par contre, les élèves
à l’occasion d’un docurépondent à leur proment intitulé : Pourquoi
fesseur principal qui est
l’Église catholique contiun homme. » « Des lynue-t-elle de s’engager
céens
musulmans
dans le dialogue interreprient régulièrement
ligieux ? Il a donc été dédans la cour. Un jour
cidé de lui donner une
de pluie, la directrice
réponse plus concrète,
leur propose une salle.
grâce à un travail mené
Ce lieu devient la salle
conjointement par le SeDes élèves musulmanes de troisième, lors d’un cours de
de prière où les élèves
crétariat général de l’enphilosophie
au
collège
privé
catholique
Saint-Mauront,
à
invitent des personnes
seignement catholique
Marseille. (AFP/ANNE-CHRISTINE POUJOULAT)
extérieures à l’établis(SGEC) et le Service pour
sement. La directrice ne peut plus disposer de cette les relations avec l’islam (SRI) de la Conférence
salle pour d’autres activités. »
des évêques.
Ces exemples, tirés du document publié en cette
rentrée par le Secrétariat général de l’enseignement
catholique sur les Musulmans en école catholique,
« Ne pas mélanger islam et réaction d’adolescents »
Classement : 2Ae52
• 10/ 2010
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« Nous avons souhaité partir de situations vraies
pour ne pas être déconnectés de la réalité », explique Pierre Robitaille, qui a piloté, pour le
compte du SGEC, le petit groupe de travail qui
s’est réuni pendant deux ans. Les « situations problématiques » ont été recensées et chacune d’entre
elles a été travaillée par l’équipe. Situations problématiques, c’est-à-dire, indique le document,
« toutes les situations qui posent question, directement ou après prise de recul et pas seulement les
situations conflictuelles ».
Au final, cela donne un dossier en deux parties :
d’un côté, les fiches d’informations sur l’islam, de
l’autre des « dossiers situations » comportant chacun la description d’une situation, sa problématisation, un éclairage et enfin « des lignes de conduite
et points d’attention ».
Face à de jeunes musulmans refusant de répondre à l’appel d’une femme, il est par exemple proposé une fois passée la première réaction, « d’organiser rapidement une réflexion avec l’équipe
éducative », de ne « pas mélanger islam et réaction
d’adolescents, identitaire, culturelle et religieuse »,
ou encore de « faire intervenir des médiations : un
musulman, en priorité un enseignant ou personnel
d’éducation, sinon un responsable de mosquée,
ou un expert, par exemple le responsable diocésain
pour les relations avec l’islam ».
« Savoir ce qu’est un établissement catholique »
« Évidemment, il n’y aura jamais deux cas pareils, le contexte sera toujours différent d’un établissement à l’autre, mais cet outil aidera certainement les communautés éducatives à prendre
du recul, à démêler ce qui relève du religieux,
du culturel, voire du psychologique lorsqu’il s’agit
d’adolescents », souligne Sœur Colette Hamza,
xavière et directrice adjointe du SRI, qui reconnaît
que la conjonction entre une présence accrue
des élèves musulmans dans l’enseignement catholique, « au moins dans certaines régions », et
« un islam qui demande sa place, cristallise da-
vantage ces situations qu’il y a quinze ou vingt
ans ».
Au fil des réunions, il est apparu que celles-ci
pouvaient relever de trois catégories : les situations
à forte composante sociale et culturelle, celles
touchant plus directement à la pratique religieuse
des élèves musulmans, et enfin celles relatives à
leur participation aux activités religieuses de l’établissement. La question du sens de « la participation de juifs ou de musulmans à une célébration
eucharistique » est ainsi abordée. Ou encore la
pertinence, à Noël, de « profiter d’une fête religieuse pour mieux comprendre le sens du fait religieux et rentrer dans un partage festif ».
« La catéchèse doit pouvoir être ouverte à tous »
« Au fond la question rejoint celle de savoir ce
qu’est un établissement catholique », note Colette
Hamza. « Tout parent devrait pouvoir inscrire son
enfant à l’école catholique, pourvu qu’il adhère
au projet pastoral et éducatif de l’établissement, et
ce projet doit être clair et explicitement catholique », rappelle ainsi Mgr Éric Aumonier, évêque
de Versailles et président du Comité national pour
l’enseignement catholique, qui précise : « La catéchèse doit pouvoir être ouverte à tous, mais il est
clair que quelqu’un qui n’est pas baptisé ne peut
aucunement être obligé à participer. »
Reste un dernier sujet, plus épineux encore :
celui de l’attitude des établissements catholiques
vis-à-vis des adultes musulmans qui y travaillent.
« Nous nous sommes aperçus que se cachait parfois un certain racisme, constate Pierre Robitaille.
Compte tenu de la législation, un établissement
sous contrat ne peut refuser d’embaucher un enseignant musulman. Mais cela ne résout pas la
question de sa participation au projet éducatif.
Normalement, tous les membres de la communauté éducative y participent. Il s’agit donc plutôt
d’un choix d’établissement : nous publierons sans
doute une fiche avec des questionnements destinés
à les aider à réfléchir. »
Anne-Bénédicte HOFFNER
Origine : http://www.la-croix.com/
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