Chapitre 2 : La Première guerre mondiale Pourquoi est

Chapitre 2 : La Première guerre mondiale
Pourquoi est-ce une guerre d’un genre nouveau ?
I-Une longue guerre qui bouleverse l’Europe
A- Les causes et le début du conflit
Des alliances sont nouées au début du XXème siècle entre les principales puissances européennes. La
Grande-Bretagne, la France, la Russie sont les principaux pays d’une alliance qui va devenir la Triple-
Entente, de l’autre l’Empire allemand réunit autour de lui l’empire austro-hongrois et l’Empire Ottoman
dans la Triple Alliance ou Triplice (ou encore Etats Centraux)
Ces deux blocs s'opposent pour des motifs territoriaux (Italie et Autriche se disputent des terres, la
France revendique l’Alsace et la Lorraine conquises par l’Allemagne en 18970), nationalistes (les Serbes de
l’empire d’Autriche voudraient par exemple former un Etat indépendant) ou économiques (l’Allemagne
industrielle rivale des puissances coloniales britanniques et françaises).
L'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie, par un
nationaliste serbe, en août 1914 déclenche un conflit qui semblait inévitable à tous les gouvernements
européens. L’Europe bascule dans la guerre par le jeu des alliances (la Russie déclare la guerre à l’Autriche
en soutien à la Serbie à qui l’Autriche envoie un ultimatum, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie, qui
fait donc appel à la Triple-Entente et ainsi de suite).
B- Les grandes phases du conflit
La première phase est une phase de mouvement : les armées vont à l’affrontement à la fin de
l’année 1914. Pendant quelques mois, les armées se déplacent pour s’affronter à l’ouest de
l’Europe (France, Bénélux, Allemagne), mais aussi dans les Balkans et à l’Est (entre l’Allemagne et la
Russie).
Au début de l'année 1915, les troupes françaises et allemandes sont dans une impasse : la course à
la mer les a bloquées face à face, la guerre de mouvement devient impossible. Les armées
s'installent donc, et pour tenir leur position, creusent des tranchées. Cette phase de guerre de
position va durer jusqu’au début de l’année 1918. Elle est marquée par des assauts meurtriers et
en général inefficaces. Elle provoque aussi des mutineries et désertions de soldats qui ne
comprennent plus pourquoi ils se battent.
En 1918, la guerre redevient une guerre de mouvement. Les armées allemandes quittent le front
est suite à la paix séparée avec la Russie. Mais sur le front occidental, les troupes américaines
arrivent (les Etats-Unis rejoignent la Triple Entente au printemps 1917). Ce changement d’équilibre
va faire sortir les armées des tranchées.
C- La fin du conflit
La Triple –Entente sort vainqueur du conflit. L’armistice entre la France et l’Allemagne est signé le
11 novembre 1918. Différents traités de paix vont ensuite être signés entre les belligérants.
Le traité de Versailles (1919) règle le sort de l’Allemagne : il prévoit, entre autres, le montant des
réparations que devra payer l’Allemagne, le retour de l’Alsace-Lorraine à la France. Mais surtout, il fait de
l’Allemagne l’unique responsable du conflit : les Allemands le surnomment le Diktat (les vainqueurs le leur
ont imposé) et n’acceptent pas l’humiliation qui leur est faite.
D’autres traités règlent le sort des deux autres empires dans les années 1919-1920.
Les grands empires (allemands, autrichien, ottoman) disparaissent : leurs territoires sont morcelés
pour créer de nouveaux Etats qui prennent la forme de Républiques. L’Autriche-Hongrie est par exemple
divisée en 2 pays distincts. De nouveaux Etats sont donc créés, répondant à la demande des nationalistes :
Yougoslavie, Tchécoslovaquie, Pologne et les Etats baltes (Estonie, Lituanie, Lettonie, Finlande)
Ccl : La Première Guerre Mondiale est un conflit d’une durée exceptionnelle qui bouleverse l’Europe en
modifiant les frontières, mais aussi les régimes politiques.
II- une guerre qui violente les populations
A-Au front, les combats sont violents : la brutalisation des combattants
La bataille de Verdun est devenue le symbole de la violence subie par les combattants pendant la guerre de
position. Verdun est une ville de l’est de la France. En 1916, pendant 300 jours de février à novembre, l’armée
française et l’armée allemande s’y affrontent.
Une tranchée est au départ un fossé, de 2 m de haut environ, dans lequel les soldats s'enterrent pour se
protéger des tirs adverses. Rapidement, un véritable réseau de couloirs à ciel ouvert est créé par chacun des camps.
Les tranchées se font face, s'étendent sur des kilomètres en longueur, mais aussi en profondeur. Un espace à
découvert sépare les tranchées françaises des tranchées allemandes : on l'appelle le no man's land. Les premières
lignes sont la zone la plus dangereuse. Les soldats qui y sont affectés risquent continuellement leur vie lors des
assauts qui ont pour but de chercher à s'emparer de la tranchée adverse.
Les combats font plus de 500 000 morts et 200 000 blessés. Les conditions de vie des soldats étaient désastreuses.
Les soldats vivent, mangent, dorment dans les tranchées : il n'y a aucune hygiène, la maladie, les poux se répandent
donc facilement. Les soldats restent donc sans se raser ni se couper les cheveux pendant des semaines, ce qui leur
vaut le surnom de « poilus ». Le ravitaillement est aléatoire : les soldats souffrent donc fquemment de la faim, en
plus de la fatigue et du froid due aux intempéries.
La souffrance n'est pas seulement physique, mais aussi morale : la peur est quotidienne, à cause des attaques, de
son camp ou du camp adverse. La mort est omniprésente, on n'a pas toujours le temps d'enterrer les camarades
morts lors des précédents assauts. Le contact avec la famille, les amis par le courrier est donc très important.
La durée de cette bataille peut s’expliquer par l’importante mobilisation matérielle et humaine. Côté
français, Verdun est reliée à la ville de Bar-le-Duc par une route de 75 km surnommée « la Voie sacrée ». C’est par
elle qu’arrive le ravitaillement, les munitions, les renforts, les nouvelles de l’arrière. Chaque jour des tonnes de
matériel sont acheminées sur le front. D’importants moyens humains sont indispensables : des soldats, mais aussi
des médecins et à l’arrière des ouvriers et ouvrières pour produire armes et ravitaillement.
Pour l’emporter, chacun des deux camps utilise des armes très meurtrières : les soldats sont équipés de fusils à
baïonnettes et de mitraillettes qu’ils utilisent lors des assauts, mais on utilise principalement des armes lourdes
comme les obus tirés par des canons, et des armes chimiques (des gaz). Verdun montre que la première guerre
mondiale est aussi une guerre industrielle.
L’intensité des combats, leur durée, le nombre de victimes de cette bataille en font un exemple de la
violence de masse de la Première Guerre Mondiale. Les Poilus se sentent impuissants : ils passent la majeure partie
du temps à attendre l’assaut, la mort frappe au hasard, les combats sont violents et se révèlent finalement inutiles. A
l’issu de la bataille, en effet, aucun camp ne l’emporte, et le front n’a pas bougé de plus de 5 km.
B- A l’arrière, les civils souffrent aussi des combats
- Exemple 1 : Le génocide des Arméniens
La violence de masse touche également les civils. Les Turcs de l’Empire Ottoman (alliés aux Allemands) accusent
la minorité arménienne de trahison au profit des Russes (leurs adversaires) qui sont comme eux chrétiens. Les
Ottomans organisent des massacres de masse de la population (surtout les hommes) et la déportation des femmes,
des enfants et des hommes survivants dans d’autres régions de l’empire, souvent des déserts. Cette volonté de faire
disparaitre un peuple se nomme génocide. Le génocide arménien est le premier génocide du 20è siècle. Environ
700 000 personnes, sur une population de 1.5 millions, en ont été victimes. Aujourd’hui, cet événement est reconnu
comme un génocide par de nombreux pays, mais pas par la Turquie (pour des raisons politiques, économiques et
juridiques).
- Exemple 2 : Les Révolutions russes et européennes
-la situation de la Russie en 1917 : La Russie est un empire. En 1914, elle est dirigée par le Tasr (=l’empereur) Nicolas
II. Par rapport à ses voisins européens, la Russie est un pays encore peu industrialisé, très agricole. Les terres
appartiennent aux nobles qui les confient à des paysans qui les cultivent pour eux.
La Russie est entrée en guerre au sein de la Triple Entente dès 1914, comme alliée de la Serbie et de la France. Mais
elle subit de nombreuses défaites sur le front oriental. La population souffre de faim et est mécontente de la
politique de Nicolas II.
- la Révolution de février : La population se soulève : les ouvriers en grève sont ralliés par les soldats qui refusent
d’obéir au Tsar qui leur ordonne de tirer sur les révoltés. Le tsar est forcé à abdiquer. Un gouvernement provisoire
prend le pouvoir.
- la Révolution d’Octobre : le gouvernement provisoire n’arrive pas à rétablir la situation ni à l’intérieur du pays, ni à
l’extérieur. Un nouveau soulèvement a lieu. Il est mené par les Bolcheviks, dirigés par Lénine.
Les Bolcheviks sont en fait les communistes, membres du parti fondé par Lénine en 1912. Lénine (1870-1924),
opposé au régime tsariste, défend des idées inspirées du penseur allemand Marx. Il est favorable à la paix pour se
concentrer sur les problèmes intérieurs du pays. Il veut confisquer les terres aux nobles pour les donner au peuple. Il
séduit donc les ouvriers et les paysans, majoritaires en Russie.
La révolution d’octobre permet aux Bolcheviks de prendre le pouvoir. Lénine, a la tête du pays prend tout de suite
des mesures pour rétablir la situation intérieure : le décret sur la paix, qui prévoit de sortir du conflit et le décret sur
la terre qui fait passer la propriété des terres agricoles des nobles aux paysans (seuls ou plutôt en groupes).
Les Bolcheviks signent une paix séparée avec l’Allemagne (Brest-Litovsk, 3 mars 1918). La Russie entre alors dans une
phase de guerre civile qui va déboucher sur de grands changements intérieurs qui imposent un système
communiste.
- La vague révolutionnaire en Europe : Si les soldats manifestent leur opposition à la guerre par des
mutineries, les civils aussi montrent bientôt un certain ras le bol face aux conditions de vie imposées par le conflit. A
l’arrière, on manque de tout : nourriture, vêtements…on souffre de la famine et des maladies qui frappent les
populations affaiblies.
Le communisme remporte donc aussi du succès, en particulier dans les empires centraux. A la fin de la guerre,
plusieurs mouvements communistes tentent de s’emparer du pouvoir sur le modèle de la révolution russe. C’est le
cas par exemple de spartakistes qui se soulèvent en Allemagne en janvier 1918. Ce soulèvement aboutit à une
semaine sanglante : les principaux leaders, comme Rosa Luxembourg (p.52) sont exécutés, et la révolution échoue.
Une vague révolutionnaire traverse l’Europe de l’est et se traduit partout par une répression sanglante avant une
stabilisation de nouvelles institutions, plus démocratiques que les empires auxquels elles succèdent.
Ccl : Les populations civiles comme militaires sont touchées par la violence de la guerre, physiquement
mais aussi psychologiquement. La guerre a des conséquences démographiques (8 à 12 millions de morts,
des millions de blessés, de veuves et d’orphelins) et matérielles importantes (les villes du nord de la France
ont toutes été détruites par ex). Mais surtout, la violence des combats a un impact important sur les
sociétés : création de groupes pacifistes, traumatisme, volonté de se souvenir mais aussi de se venger.
Ccl du cours : la Première guerre mondiale est une guerre d’un nouveau genre, totale, car elle mobilise tout le
monde (les civils comme les soldats, l’arrière et le front, toute l’économie, la population) et atteint un niveau de
violence jamais atteint auparavant.
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