N°99 ■SUPPLY CHAIN MAGAZINE - NOVEMBRE 2015
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3 conseils pour bien vivre son projet ERP
1Limiter les développe-
ments spécifiques
Lors de la phase d’analyse de
besoins, les super utilisateurs
ont plutôt tendance à « se
lâcher » sur les demandes spé-
cifiques, ce qui est loin généra-
lement de chagriner l’éditeur,
alors que l’équipe informatique
cherche plutôt à les limiter, en
pensant à la maintenance et
aux difficultés futures rencon-
trées lors des changements de
version. Attention à la dérive
des « spés », c’est un subtil
jeu d’équilibre. L’analyse des
besoins doit rester réaliste dans
le dimensionnement et le péri-
mètre du projet tout en
essayant d’anticiper les change-
ments à venir. Le cahier des
charges n’a d’ailleurs pas forcé-
ment besoin d’être exhaustif,
avec une foule de détails, sauf
sur les fonctionnalités jugées
incontournables, essentielles ou
différenciantes pour l’entre-
prise. Selon Hans Kourimsky,
Directeur des Applications
SCM chez l’intégrateur Itelli-
gence (partenaire SAP), tout
dépend du mode d’engage-
ment demandé par le client :
« Si le projet est au forfait, il est
très important de définir claire-
ment ses besoins afin de mini-
miser les risques d’incompré-
hension ultérieure avec l’inté-
grateur ou l’éditeur pouvant
conduire à un avenant au
contrat initial. En revanche,
en mode régie, le cahier des
charges peut se contenter de
mettre en avant les fonctionna-
lités de l’ERP jugées essentielles
pour l’entreprise. L’étude de
cadrage s’assurera que tout le
monde est en phase sur les
besoins et les évolutions que l’on
veut apporter ».
2Un ERP structurant
mais pas paralysant
L’agilité, l’évolutivité de l’ERP est
une donnée essentielle en ce
qui concerne la Supply Chain.
Et avec des délais de réponse
compatibles, car il n’est pas
envisageable d’attendre 5 j
pour actualiser un paramètre
de délai fournisseur ou 1 mois
pour modifier un processus de
préparation de commandes
(dans le cas d’un module WMS
intégré). Dans la phase de
sélection, il faut d’abord s’assu-
rer que le système est suffi-
samment paramétrable et
adaptable (même si tout est
relatif). Il peut être utile de sou-
mettre aux candidats en lice,
une quinzaine de jours à
l’avance, un scénario d’exécu-
tion dont ils devront réaliser
une démonstration. Ce mini-
projet préalable devrait donner
une bonne idée des capacités
d’adaptation des uns et des
autres. « Il est vital dès le début
du projet de clarifier les règles
de gouvernance avec la DSI, et
de négocier de sa part davan-
tage de réactivité pour les fonc-
tionnalités utilisées par la Supply
Chain, avec parfois des modi-
fications plusieurs fois par
semaine, contrairement aux flux
comptables ou financiers », note
en outre Hans Kourimsky.
Au quotidien, l’équipe Supply
Chain devra aussi gagner en
autonomie pour adapter elle-
même certains processus, et
lorsque ce n’est pas possible
compte-tenu des limites de ses
compétences informatique, de
trouver la manière la plus effi-
cace et diplomate de formuler
ses demandes à la DSI…
3Des équipes impliquées
dès le début
La conduite du changement ne
commence pas à la phase de
déploiement de l’ERP. « Il faut
inclure les utilisateurs dès le
début du projet. Après, il est trop
tard, et il ne faudra pas s’éton-
ner si certains sont tentés de
continuer à utiliser leur tableur
Excel », prévient William Pied-
fort. L’équipe Supply Chain doit
être impliquée dès la cartogra-
phie des processus. C’est aussi
l’occasion de lui demander
comment elle verrait les flux
dont elle a la charge si elle avait
à disposition une baguette
magique ! De cette manière,
personne n’a le sentiment
d’être mis devant le fait accom-
pli. « Il faut veiller à ce que les
équipes soient rassurées par le
projet et y adhèrent. Il est très
important de communiquer
avec l’ensemble des équipes sur
le pourquoi et le comment de
chaque modification des pro-
cessus et sur ce que cela va
apporter à l’entreprise », insiste
Fabienne Hurlimann. Côté for-
mation, il ne faut pas hésiter à
demander à l’éditeur de fournir
un effort particulier pour met-
tre à disposition non seulement
des procédures écrites, mais
également des outils vidéo
d’e-learning. Mieux les équipes
seront formées, plus elles utili-
seront le système, avec une
plus grande prise d’autonomie.
Le choix des utilisateurs clés est
également crucial : ce sont eux
qui seront les référents de
toutes les fonctionnalités et
développements spécifiques,
non seulement pendant le
déploiement, mais aussi après.
Leur stabilité au sein de l’entre-
prise est donc déterminante
pour le succès du projet ERP
dans la durée. ■JLR
Hans
Kourimsky,
Directeur des
Applications
SCM
chez Itelligence
©C.POLGE