5
États-Unis, et en Europe ensuite, notamment avec le Plan Marshall. C’est donc bien la guerre
qui fut à l’origine du plein-emploi. Mais G. Dostaler rappelle que c’est dans cette attitude
contestataire vis-à-vis du monde que l’on peut trouver l’orientation prise par Keynes, et pas
seulement en économie. Les pages sur sa morale, sa lecture des questions sexuelles, son
rapport à l’art, à l’argent, ses angoisses relevant de la psychanalyse, sont à cet égard
savoureuses, et permettent de réaffirmer que l’économiste, sous ses modèles théoriques, n’en
est pas moins un homme.
Du coup, placé devant autant de riches informations, l’économiste se laissera prendre au
piège que semble lui tendre G. Dostaler, à savoir que l’économie, dans le tumulte du monde,
doit nécessairement passer au second plan des préoccupations des hommes.
L’ouvrage de F. Van de Velde s’inscrit, on l’a dit, dans un autre registre, celui de la théorie
de Keynes, qu’il oppose aux théories classique et néo-classique. Ouvrage qui rebutera le non
initié, malgré l’effort de pédagogie fourni par l’auteur, en raison d’une approche très
théorique qu’accompagne un recours à une formalisation mathématique pourtant abordable.
Mais justement, l’ouvrage de F. Van de Velde apparaît complémentaire à celui de G.
Dostaler, en ce sens que, si ce dernier offrait l’opportunité d’en savoir davantage sur le
personnage de Keynes, de resituer sa théorie économique dans une perception générale du
monde, celui de l’économiste de l’Université de Lille I constitue un examen fouillé de la
théorie économique de Keynes, qui pourrait prétendre au statut de « manuel d’économie
keynésienne », si cette appellation n’avait pas été si galvaudée. L’idée de ramener le travail de
Van de Velde à un « manuel d’économie keynésienne » aurait de quoi surprendre, car la fin
du livre indique en effet qu’un retour à l’économie de Keynes et aux principes de politique
économique qu’il avait suggérés d’appliquer dans le dernier chapitre de sa Théorie générale,
serait salutaire pour une Union européenne en panne de croissance, exposée à un chômage de
masse, et n’ayant que la privatisation des forces de l’économie comme horizon. C’est parce
que la théorie de Keynes, son apport à la science économique n’a pas été véritablement
intégré, dit F. Van de Velde, qu’un retour à son message s’impose. Car s’il y avait eu
véritablement intégration de ce message au corpus de la théorie économique contemporaine,
« le retour à Keynes pourrait être réservé aux historiens de la pensée économique « (page 14).
L’ouvrage est donc davantage qu’un manuel, puisqu’il suggère de revenir sur les
« fondamentaux » de la théorie de Keynes.
Ce qui fait l’originalité du travail de F. Van de Velde réside dans l’approche comparative
qu’il établit entre d’un côté « l’économie réelle de production » propre au système ricardien,
« l’ économie réelle d’échange » des néo-classiques, et « l’économie monétaire de