Par ailleurs ils interviennent à de nombreuses reprises en Amérique latine : ils contrôlent le Canal de Panama depuis
1903 et lancent des opérations militaires entre 1912 et 1934 au Nicaragua, Honduras, Haïti, Cuba par exemple. Le
président Franklin Roosevelt, arrivé au pouvoir en janvier 1933, propose une politique de « bon voisinage » pour
l’ensemble du continent américain (aucune agression tolérée).
Mais la spéculation boursière à outrance qui provoque le grand krach de Wall Street en octobre 1929 détruit en partie
l’édifice mis en place dans les années 1920 : les investissements américains, les capitaux des banques et des
entreprises, sont rapatriés aux États-Unis et cela plonge aussitôt tous les pays européens dans la crise : ils ne peuvent
plus rembourser leurs dettes et leurs emprunts : le système économique mondial basé sur le rôle prépondérant des
États-Unis s’effondre lorsque le leader fait défaut.
Le pays stoppe ses importations des autres pays du monde et se replie sur lui-même : l’opinion publique américaine a
peur d’une nouvelle guerre en Europe car la situation est tendue : économies ruinées, partis nationalistes et fascistes
qui arrivent au pouvoir (Italie en 1925 et Allemagne en 1933). Face à cela, le Congrès fait voter des lois de neutralité
entre 1935 et 1937 : les États-Unis refuseront de vendre des armes à des pays en guerre, de faire des prêts et crédits et
d’exporter quoi que ce soir vers ces pays.
Pourtant le président au pouvoir depuis 1933 est un démocrate, mais Franklin Roosevelt suit l’opinion isolationniste et
mène une grande politique de restructuration économique : le New Deal (Nouvelle donne) dès 1933 qui se base sur un
fort protectionnisme douanier et une politique de grands travaux (l’État finance des travaux pour créer de l’emploi).
La convertibilité-or du dollar est aussi suspendue de manière unilatérale. Roosevelt va finalement parvenir à atténuer
cette politique du tout isolationnisme en permettant dès 1939 la vente d’armes à la France et à l’Angleterre à la
condition que ces pays achètent comptant et viennent chercher les armes : loi Cash and Carry de novembre 1939.
Pendant cette période des années 30, l’image des États-Unis est ternie en Europe, mais leur modèle culturel fonctionne
pourtant très bien : que ce soit l’industrie cinématographique naissante (Charlie Chaplin, Buster Keaton), la littérature
avec ses prix Nobel, la musique (jazz, blues, ragtime), etc.
Réélu pour un 3e mandat en 1940 et soutenu par les isolationnistes, Roosevelt comprend que les États-Unis ne
pourront rester longtemps à l’écart du conflit qui débute en Europe et que leur devoir est de soutenir les démocraties
face aux totalitarismes, qu’il s’agisse du fascisme et du nazisme responsables des hostilités, mais aussi du
communisme dont le modèle économique et politique est à l’opposé de celui des États-Unis. Il s’inquiète aussi de
l’expansion japonaise en Chine et dans le Pacifique, ce qui menacerait les intérêts économiques et stratégiques
américains dans la région. D’autant qu’après la défaite de la France en juin 1940, l’opinion publique américaine
jusqu’alors pacifiste, se retourne. Il parvient à convaincre le Congrès de voter une loi de conscription et annonce en
décembre 1940 que les États-Unis doivent devenir « l’arsenal des démocraties ». Après la loi du Cash and Carry, il
va plus loin en faisant voter la loi du prêt-bail (lend lease) en mars 1941 : le président peut prêter des armes à tout
pays dont la défense présente un intérêt majeur à la sécurité des États-Unis : les armes doivent être rendues ou payées
après la guerre, et c’est la France et le RU qui sont concernés ici.
En effet, Roosevelt va signer avec le 1er ministre anglais Winston Churchill en août 1941 la Charte de l’Atlantique :
une coopération économique mondiale est nécessaire pour assurer la paix et écraser la tyrannie des régimes
totalitaires. Les grandes idées de Wilson sont ici reprises, ils appellent à un nouvel ordre international basé sur le droit
des peuples : il s’agit là de la première pierre de ce qui deviendra Bretton Woods en 1944 et l’ONU en 1945.
C/ L’interventionnisme de la Seconde GM : un tournant décisif (1941-45)
Face à l’expansion japonaise dans le Pacifique, les États-Unis ont pris des sanctions économiques depuis 1939 : les
tensions entre les deux pays sont fortes, mais c’est le 7 décembre 1941 avec l’attaque japonaise surprise de la base
militaire de Pearl Harbor (île du Pacifique) qu’il y a un tournant décisif dans la politique américaine.
Dès le lendemain, 8 décembre 1941, les États-Unis entrent en guerre contre le Japon, et donc contre l’Allemagne et
l’Italie alliés du Japon (forces de l’Axe) : la Grande Alliance est donc créée (EU, URSS, RU).
À partir de là, les États-Unis vont fournir un effort de guerre considérable pour assommer l’Axe militairement :
l’Allemagne avait alors la première armée du monde, la plus équipée. Roosevelt fait voter par le Congrès des crédits
de guerre exceptionnels et lance le Victory Program en janvier 1942, toute l’économie est mobilisée avec des
rythmes de production très élevés : l’industrie américaine fabrique à la chaîne des navires de transport de troupes en
un temps record : les « Liberty ships » et les « Victory ships » qui permettent aux États-Unis d’apporter une aide
matérielle déterminante dans le conflit.
Par ailleurs, 12 millions de G.I. (soldats américains - « Government Issue » : « fourniture du gouvernement ») sont
mobilisés et vont débarquer en Algérie en novembre 1942, puis en Sicile en 1943, en Normandie le 6 juin 1944 et en
Provence le 15 août 1944.
Mais les États-Unis se battent sur deux fronts : en Europe contre l’Allemagne et l’Italie, et dans le Pacifique contre le
Japon qui a pris position dans les Philippines, en Malaisie et menace l’Australie. Les G.I. reprennent île après île et
subissent la lutte à mort des kamikazes japonais : ce sont finalement les bombes atomiques lancées sur Hiroshima le 6
août 1945 et Nagasaki le 9 août qui amènent le Japon à la capitulation sans conditions qui est signée en mer le 2
septembre 1945 par les généraux américains Nimitz et Macarthur.