Le secteur industriel au Mozambique L’industrie mozambicaine, qui a beaucoup souffert de la guerre d’indépendance, puis de la guerre civile qui ne s’est terminée qu’en 1992, occupe une place encore limitée dans l’économie du pays, malgré la présence d’une gigantesque usine d’aluminium. Le secteur pourrait être appelé à évoluer rapidement, notamment avec la mise en exploitation des ressources en gaz du pays, à condition que les autorités parviennent à mettre en œuvre une stratégie efficace de nature à réduire les obstacles à son développement. Une puissance industrielle relativement importante en Afrique mais aux productions peu diversifiées. Le Mozambique, qui se classait au 8e rang des puissances industrielles d’Afrique à l’indépendance en 1975, se trouve aujourd’hui relégué à la 16e place. La part de l’industrie dans le PIB, à savoir 15%, reste toutefois l’une des plus élevées du continent. Cette situation s’explique surtout par le développement d’une gigantesque fonderie d’aluminium en 2000 (Mozal), le reste du secteur industriel, peu diversifié, s’étant développé beaucoup plus faiblement que l’ensemble de l’économie. Part de l’industrie dans le PIB Comme dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, le secteur industriel se caractérise par un rôle relativement limité dans l’économie, notamment en termes de création d’emploi (il n’emploie aujourd’hui que 2,7% de la population active) et de contribution à la réduction de la pauvreté, un faible niveau de maîtrise technologique1 et un outil industriel obsolescent. Le niveau relativement faible de la productivité, notamment dans le secteur agricole qui occupe encore près des trois-quarts de la main d’œuvre, constitue un frein au 1 La proportion d’exportations de niveau technologique moyen ou haut est de 6% seulement. Mai 2015 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE AU MOZAMBIQUE ET AU SWAZILAND SERVICE ECONOMIQUE 1 développement de l’industrie agro-alimentaire. Le secteur se limite ainsi souvent à l’exportation de produits faiblement transformés qui sont ensuite assemblés en Afrique du Sud. Des freins importants ralentissent le développement de l’industrie mozambicaine. Le faible développement du secteur est également lié aux coûts logistiques élevés et aux goulets d’étranglement existants en matière d’infrastructures de transport, notamment portuaires 2. Le risque d’appréciation à terme du metical avec le développement de l’exploitation des ressources en gaz menace l’attractivité du pays. Enfin, l’accès difficile aux financements, les règles contraignantes en matière d’usage de terrains, la corruption, une réglementation douanière, fiscale et administrative lourde, notamment en matière de droit du travail, l’existence de monopoles publics, la pénurie de main d’œuvre de qualité (qui oblige les entreprises à former elles-mêmes leur personnel), les problèmes récurrents de fourniture d’électricité, la concurrence des importations parallèles et la dépendance aux importations constituent autant de freins au développement de l’industrie au Mozambique 3. Les perspectives de désarmement tarifaire d’ici 2015 avec les pays de la SADC et la mise en œuvre prochaine d’un Accord de partenariat économique avec l’Union européenne sont de nature à limiter le développement d’industries naissantes en raison de la forte concurrence que des produits industriels sud-africains ou européens entrant en franchise de douane vont représenter pour les productions locales. Le salaire minimum, même s’il reste très bas à 140 USD environ dans l’industrie, est souvent considéré comme trop élevé en regard de la productivité moyenne et constitue un frein au passage du secteur informel au formel. Pour ces raisons, le secteur reste largement marqué par l’informalité, à hauteur de 80% selon certaines estimations. Une industrie concentrée en termes de secteurs, d’implantation et de propriété du capital. L‘industrie mozambicaine est d’abord concentrée en termes de secteurs : les industries extractives représentaient en 2013, selon l’Institut national des statistiques (INE), 33% de la production industrielle (charbon essentiellement, mais également gaz et minerais métalliques), l’industrie de transformation du métal 32,2% de la production (essentiellement fonderie d’aluminium de Mozal, qui représente, avec une capacité de 580 000 tonnes par an, plus de 40% de la production industrielle totale hors mines et plus du quart des exportations) et les produits agro-alimentaires 30,1% (alimentation, boisson et produits à base de tabac, sucre, coton, bois, cajou…). Les autres productions (4,7% du total seulement) concernent la chimie, le textile, les plastiques, les meubles et les articles en cuir. A eux seuls, cinq produits (aluminium, gaz naturel, bière, farine, sucre) représentaient 85% de la production industrielle du pays. 2 Selon la Banque mondiale, le Mozambique se classait en 2014 au 147e rang sur 160 pays pour le « Logistics Performance Index ». 3 Le Mozambique ne se classait en 2014 qu’au 133e rang du Global competitiveness index sur 144 pays. Mai 2015 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE AU MOZAMBIQUE ET AU SWAZILAND SERVICE ECONOMIQUE 2 Évolution de la répartition des secteurs industriels Le secteur industriel, même pour les productions concurrentielles, est faiblement exportateur car les entreprises mozambicaines ont souvent une mauvaise connaissance des marchés et sont dissuadées par le coût des licences d’exportation, celui relatif au développement d’un réseau de distribution ou à l’adaptation aux normes internationales. Les échanges du Mozambique sont par ailleurs très dépendants de l’Afrique du Sud, tant à l’exportation (2e partenaire, avec un poids écrasant notamment dans le secteur de l’électricité et du gaz) qu’à l’importation (1er partenaire). Il est également très concentré en termes géographiques, autour de quelques grandes villes, dont 40% dans la seule province de Maputo (villes de Maputo et Matola essentiellement) et 19% dans la province de Sofala (ville de Beira). Les autres villes importantes en termes industriels sont Nampula, Nacala, Chimoio, Tete, Moatize, Xai-Xai et Chokwé. Il l’est enfin en termes de propriété du capital. Au cours de ces dernières années, la stratégique économique s’est focalisée sur le rapprochement des capitaux nationaux - qui ont utilisé leur influence sur la classe politique et leur accès privilégié aux ressources naturelles - et étrangers au sein du complexe mines-énergie. Les entrepreneurs locaux se sont ensuite parfois diversifiés vers les infrastructures de transports et les communications pour faciliter le développement de cet investissement étranger à grande échelle, mais aussi vers la banque, l’immobilier.... ----Le défi pour les autorités mozambicaines est de parvenir à diversifier l’économie, d’entamer le processus de transformation de ses ressources et d’améliorer les conditions de vie de la population en développant une petite industrie créatrice d’emplois et non pas uniquement des mégaprojets afin de préserver la stabilité sociale. C’est d’ailleurs ce que les autorités tentent de faire en imposant un contenu local de 25% pour le développement des infrastructures relatives à l’exploitation des ressources en gaz découvertes au Nord du pays et en créant des sociétés publiques spécialisées, du type d’EMATUM (pour la pêche au thon). Il est encore trop tôt pour évaluer les résultats de telles politiques mais les premières indications semblent pour l’instant négatives. Il y a fort à parier que les autorités vont rapidement découvrir que le développement d’une nouvelle industrie concurrentielle ne se décrète pas mais qu’elle découle plutôt d’un environnement économique favorable. Mai 2015 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE AU MOZAMBIQUE ET AU SWAZILAND SERVICE ECONOMIQUE 3 Les autorités ont certes adopté une « Stratégie nationale de développement (ENDE) 2015-2035 » fondée sur la diversification et l’industrialisation grâce au développement du capital humain, des infrastructures et à la coordination entre institutions impliquées dans la mise en œuvre de ces politiques. Cette stratégie, qui se focalise sur 1) l’agriculture et la pêche 2) les industries de transformation (agroalimentaire, textiles et habillement, chimie et industrialisation rurale) 3) les industries extractives et 4) le tourisme a encore du mal à convaincre les investisseurs, qu’ils soient locaux ou étrangers. Clause de non-responsabilité - Le service économique s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette publication. Mai 2015 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE AU MOZAMBIQUE ET AU SWAZILAND SERVICE ECONOMIQUE 4