Le gaz au Mozambique - Direction Générale du Trésor

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Le gaz au Mozambique
La position du Mozambique sur le marché mondial du gaz, où il ne constituait pour l’instant qu’un acteur
secondaire, est susceptible de changer en profondeur avec la mise en exploitation des gigantesques
champs découverts en mer depuis 2010 au Nord du pays. Le développement de ces ressources, qui a déjà
attiré de considérables investissements étrangers, est de nature à modifier en profondeur l’économie du
pays. La gestion de cette manne future pose toutefois d’importants défis au Mozambique.
Le Mozambique produit du gaz en faible quantité depuis plus
de dix ans
Les premiers gisements de gaz ont été découverts dans les années 1960, avec les champs de Pande et
Temane, mais l’instabilité qu’a connue le pays dans les années 70 et 80 a reporté leur mise en exploitation.
La société sud-africaine Sasol1 produit du gaz depuis 2004 dans la province d’Inhambane, située dans le
Sud du pays, à partir de ces champs, dont les réserves sont estimées à 105 Mds m3. Même si la production
est relativement faible, elle place le Mozambique au 6e rang des exportateurs africains de gaz.
La quasi-totalité du gaz produit (3,9 Mds m3 sur une production de 4,8 Mds m3 2) est évacuée par un
gazoduc de 865 km vers l’usine sud-africaine de liquéfaction de charbon de Secunda, également opérée par
Sasol. La valeur de ces exportations de gaz atteignait 230 MUSD en 2013, soit 5,5% du total des
exportations mozambicaines.
Une petite partie de la production sert également depuis 2013 à la production d’électricité (122 MW) grâce à
des générateurs situés à Ressano Garcia, à la frontière entre le Mozambique et l’Afrique du Sud. Ces
derniers approvisionnent très modestement le sud du Mozambique (32 MW) ainsi que la Namibie (90 MW),
grâce aux connections régionales (Southern African Power Pool). Une seconde centrale de 140 MW est
actuellement en construction dans la même zone.
La mise en valeur des gigantesques découvertes dans le Nord du pays
vont transformer le Mozambique en acteur majeur du secteur gazier et
bouleverser l’économie du pays
Le Mozambique a procédé depuis le début des années 2000 à trois appels d’offres pour l’attribution de blocs
d’exploration d’hydrocarbures en 2005, 2007 et 2009 (cf. tableau et carte des blocs attribués en annexe).
Des découvertes importantes (de gaz uniquement) ont été réalisées par Anadarko (dans le bloc 1) et ENI
(dans le bloc 4) en mer dans le bassin du fleuve Rovuma situé au Nord du pays à la frontière tanzanienne.
Les deux compagnies ont progressivement cédé une partie de leurs droits à d’autres investisseurs,
notamment asiatiques pour financer les investissements nécessaires3. Ce processus de partage des risques
est encore en cours et la configuration des consortiums est par conséquent susceptible de changer.
Les réserves prouvées contenues dans les champs identifiés (champ de Prosperidade/Mamba situé à
cheval sur les blocs 1 et 4, champ de Golfinho dans le bloc 1 et de Coral/Agulha dans le bloc 4) atteignent
184 billions de pieds cubes, ce qui place d’ores et déjà le Mozambique au 8e ou 9e rang mondial en termes
1
A travers sa filiale SPT, qui détient 70 % de l’entreprise exploitante et avec la participation de la Compagnie mozambicaine des
hydrocarbures CMH, qui en détient 25% et de la SFI, à hauteur de 5%.1,2 Md USD sont estimés avoir été investis dans ce projet depuis
son lancement.
2 712 Mm3 sont destinés à être utilisés au Mozambique et 238 Mm3 versés au Mozambique à titre de redevances.
3
ENI a par exemple cédé 20% des champs découverts dans le bloc 4 à la China National Petroleum Corp. en mars 2013 pour un
montant de 4,21 Mds USD.
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1
de réserves. Aucune découverte commercialement viable n’a en revanche été réalisée dans les autres blocs
d’exploration et les recherches ont été abandonnées dans les blocs 2, 5, d’Inhaminga et M-10.
Les décisions portant sur la construction des infrastructures liées à la mise en valeur de ces découvertes
seront prises d’ici la fin de l’année pour les champs non partagés et d’ici fin 2015 pour le champ de
Prosperidade/Mamba. La production de GNL est susceptible de commencer vers 2020. Le Mozambique
pourrait compter dans quelques années parmi les plus importants producteurs mondiaux de gaz et se hisser
au 3e rang mondial des fournisseurs de GNL, avec une production de 5 millions de tonnes dans un premier
temps, pouvant passer à 20 millions de tonnes à terme.
Les investissements directs des opérateurs – les opérateurs ENI et Anadarko avaient déjà engagé 4 Mds
USD de dépenses fin 2013 ; le coût de la construction de l’usine et de ses quatre premiers trains de
liquéfaction devrait atteindre 40 Mds USD et dépasser 100 Mds USD au total pour les 12 trains envisagés,
soit sept fois le PIB du pays – et ceux de l’Etat pour la construction d’infrastructures (routes, ports, etc.)
auront un impact direct considérable sur l’économie du pays, impact auquel s’ajoutera l’effet d’entraînement
sur l’économie. Le PIB devrait être multiplié par 6 à 9 par rapport à celui atteint en 2010, 40% des recettes
fiscales de l’Etat étant susceptibles de provenir du gaz quand le pic de production sera atteint vers 2030 (si
aucune nouvelle découverte n’est réalisée4).
Les défis à relever sont à la hauteur des enjeux économiques
La mise en valeur des ressources en gaz du pays est ralentie par l’absence de main d’œuvre qualifiée, les
lourdeurs de l’administration locale et le coût élevé du développement des infrastructures. A ce titre, la
construction de la seule base logistique de Pemba coûtera de 150 MUSD à 1 Md USD et sera assurée par
un consortium composé d’ENH Logistics et d’INTELS, filiale du groupe nigérian Orlean Invest Holding.
L’arrivée de la manne financière liée à l’exploitation du gaz va également accroître les attentes des
communautés locales, aujourd’hui encore plus durement touchées par la pauvreté que le reste de la
population mozambicaine5. Elle implique de la part des autorités de réaliser des efforts à la fois en termes
transparence6 et de stabilité du cadre juridique, notamment en matière fiscale7.
Enfin, les autorités devront s’efforcer de trouver le juste équilibre entre développement des investissements
publics – à la fois dans les infrastructures et la diversification de l’économie - qui permettront de réduire la
vulnérabilité du pays aux chocs extérieurs et épargne pour les générations futures8. Elles devront éviter
qu’un accroissement trop rapide de l’investissement public conduise le pays à un niveau d’endettement peu
soutenable, notamment en cas de baisse des prix du gaz sur le marché mondial.
----Le Mozambique est appelé à devenir un producteur de gaz majeur. Les bouleversements économiques que
ce pays va connaître doivent inciter nos entreprises à poursuivre leurs efforts sur ce marché ou à le
prospecter activement, notamment dans le secteur des équipements pour l’industrie gazière et des services
associés.
Clause de non-responsabilité - Le service économique s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la
mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l’utilisation et de
4
De nouveaux blocs d’exploration devraient être offerts à partir de la fin de l’année 2014 au plus tôt à la suite de l’adoption le 14 août
2014 de la nouvelle loi sur les hydrocarbures.
5 52% de la population mozambicaine vit aujourd’hui avec moins de 0,4 € par jour.
6
L’adhésion du Mozambique à l’Initiative de transparence des industries extractives (ITIE) le 26 octobre 2012 constitue un signe
encourageant.
7 Le Parlement a d’ailleurs autorisé le 20 août dernier le gouvernement à accorder à ENI et Anadarko un régime spécial pour le
développement de leurs investissements dans la liquéfaction de gaz.
8 La création d’un fonds souverain n’a pas été exclue par le ministre des Finances, mais n’interviendra pas à court terme.
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l’interprétation de l’information contenue dans cette publication.
Répartition des blocs de prospection
Blocs
Artumas (à terre)
1
2 (abandonné)
3
4
5 (abandonné)
6
Baie de Sofala
M-10 (abandonné)
16 & 19
Participants étrangers
 Anadarko : 35,7%
 Maurel & Prom : 24%
 Wentworth : 15,3%
 PTT : 10%
 Anadarko : 26,5%
 Mitsui : 20%
 Bharat : 10%
 Oil India : 10%
 ONGC : 10%
 PTTEP : 8,5%
 Statoil : 65%
 Tullow : 25%²
 Petronas : 50%
 Total : 40%
 ENI : 50%
 CNPC : 20%
 Kogas : 10%
 Galp Energia : 10%
 Statoil : 65%
 Tullow : 25%²
 Petronas 50%
 Total 40%
 Sasol : 85%
 Sasol : 42,5%
 Petronas : 42,5%
 Sasol : 50%
 Petronas : 35%
Part de la société nationale ENH
15%
15%
10%
10%
10%
10%
10%
15%
15%
15%
A

Sasol : 90%
10%
Buzi

25%
Inhaminga
(abandonné)

PT
Energi
Mega
Persada
(Indonésie) : 75%
DNO International (Norway) : 80%
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20%
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Carte présentant les blocs de prospection attribués
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Principaux textes législatifs
•
Nouvelle loi sur les hydrocarbures adoptée le 14 août 2014. Elle impose notamment l’utilisation de
25% du gaz produit sur le marché local pour créer de la valeur ajoutée et des emplois et la cotation en
bourse du capital des sociétés productrices. Par ailleurs, elle réserve une part des concessions à la
compagnie nationale ENH (part dont le Mozambique souhaite qu’elle atteigne 15% au minimum).
•
Décret No. 24/2004 du 20 août – Règlement pour les opérations pétrolières.
•
Loi No. 12/2007 du 27 juin – Fiscalité des opérations pétrolières.
•
Loi No. 13/2007 du 27 juin – Incitations fiscales pour les opérations minières et pétrolières.
•
Schéma directeur du gaz – projet publié en juillet 2014 ; version finale à l’étude
Principales organisations du secteur
•
Conseil des Ministres http://www.portaldogoverno.gov.mz/ogover/compos_conselhos_ministros/
•
Assemblée nationale http://www.parlamento.mz/
•
Ministère des Ressources minérales (MIREM) http://www.mirem.gov.mz/
•
INP (Institut national du pétrole) http://www.inp.gov.mz/
•
ENH et ENH Logistics http://www.enh.co.mz/ et http://www.enhlogistics.co.mz/
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