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Revue des Œnologues
149 Hors Série
La recherche de solutions na-
turelles efficaces pour lut-
ter contre les parasites du
vignoble est source de nom-
breux essais viticoles actuel-
lement. Biovitis expérimente
certaines d’entre elles depuis
1999 et produit ici une syn-
thèse des résultats concernant
la tisane dosier, source écono-
mique et écologique de nom-
breux bienfaits pour la vigne,
et classée pro chai nement,
nous l’espérons, PNPP
Efficacité sur le
mildiou de la vigne
Le premier essai effectavec la ti-
sane d’osier a été réalisé par Biovitis
en 1999 sur merlot à 4 700 pieds/ha
sur sol argilo-limoneux de bas de côte
de Saint-Étienne De Lisse. La tisane est
produite après incorporation de 200
grammes d’écorce de
Salix Alba
dans
30 litres d’eau préalablement portée
à ébullition. Lessai disposé en blocs
comporte 4 répétitions de 25 souches.
4 applications ont lieu tous les 10/12
jours au pulvérisateur à dos (200 L/ha)
entre le stade « grappes séparées »
et « nouaison », le viticulteur prenant
ensuite le relais avec de la bouillie
bordelaise. Lefficacité significative
avérée de la tisane d’osier mesurée
au 15 juillet 1999 est la suivante, par
rapport au témoin, soit 50 % deffica-
cité en moyenne
(figure 1A).
En 2011 et 2012, des essais plurian-
nuels ont été mis en place à Cabara,
sur une parcelle de merlot plantée
sur alluvions de la Dordogne à 3 333
pieds/ha.
Le faible développement du mildiou
sur la parcelle en 2011 rend délicate
l’interprétation des résultats.
En 2012 au contraire, les solutions
testées sont mises en situation de
pression critique et on observe les
résultats
(figures 1B et 1C).
Lefficacité de la tisane dosier reste
significative bien que modeste (31 %
d’efficacité sur feuilles, 63 % sur
grappes). Elle permet néanmoins de
palier à un déficit laissé par la baisse
des doses de cuivre en viticulture bio-
logique, ou de préparer une baisse à
venir des tolérances aux pesticides en
viticulture intégrée (plan Ecophyto).
C’est ainsi qu’entre 2000 et 2010,
nous avons validé un certain nombre
d’associations bénéfiques.
À noter que losier est plus efficace
sur grappes que sur feuilles. Il s’en suit
la nécessité de l’accompagner avec
des produits efficaces sur feuilles.
En effet, le feuillage se salissant en-
suite rapidement, l’état sanitaire des
parcelles traitées avec de l’osier seul
« décroche ». Il ne s’agit donc aucu-
nement dune alternative intégrale
mais bien partielle.
Efficacité sur loïdium
tardif de la vigne
Lefficacité de losier sur l’oïdium de
Utilisations de la tisane
d’osier en viticulture
#FSUSBOE4VUSF 
Biovitis - Conseil et formation en viticulture durable - Macau - France.
la vigne n’a été testée que sur un es-
sai en 2010. Installé dans la plaine
sableuse de Saint-Émilion sur une
parcelle de merlot plantée à 5 500
pieds/ha, il comprenait 4 blocs de
20 souches et visait une efficacité sur
l’oïdium tardif du feuillage (post-vé-
raison). 10 traitements ont été effec-
tués du 28 avril au 10 août, à raison
d’une application tous les 10 jours
en moyenne.
L’osier emplo en tisane à 100
grammes/ha était associé à la
bouillie bordelaise utilisée à 1,5 Kg/
ha, compa ré à une bouillie borde-
laise employée seule à 1,5 Kg/ha
(fi-
gure 1D).
On peut constater l’efficacité très si-
gnificative de
Salix Alba
associée au
cuivre sur oïdium tardif du feuillage,
comparativement à la bouillie borde-
laise appliquée seule.
Il conviendrait évidemment de re-
produire cet essai dans d’autres
conditions sans doute un peu favo-
rables ici, mais néanmoins réelles et
significatives.
Attention toutefois, il s’agit là de l’effi-
cacité sur l’oïdium tardif du feuillage
et non sur l’oïdium de la grappe en
saison pour lequel il n’existe pas de
référence publiée actuellement.
*NQBDUTQIZTJPMPHJRVFT
Sur la nouaison et
la véraison
On constate un léger effet positif,
non significatif dans cet essai, des
30
A
20
25
15
10
5
0IntensitéFréquence
Témoin Osier
B50
30
40
20
10
0IntensitéFréquence
Témoin Osier
Sur feuilles
22 juin 2012
C
6 juillet 2012
70
50
60
40
30
20
10
0IntensitéFréquence
Témoin Osier
Sur grappes
D30
20
25
15
10
5
5
0IntensitéFréquence
Sur feuilles
le 15/10/2010
BB Seule
BB + Osier
E120
80
100
60
40
20
0% VéraisonPoids 100 B
TNT
Osier SA
Figure 1 :
Tableau 1 :
Modalités
Degré
Sucres
g/l
AT
g/L H
2
SO
IPT Ph
Anthocyanes
Poids
100 baies
Osier Salix Alba
11,35 191,02 2,98 19,13 3,23 308,51 150,90
TNT 10,78 181,34 2,95 18,88 3,25 320,07 148,78
Tableau 2 :
Degré en
puissance
Sucre
g/L
AT
g/L
d’H
2
SO
4
IPT pH N.A.
Anthocyanes
Poids
100 baies en g
moin 13,97 244,5 2,2125 29,8 3,71 153,8 256,75 141
BB 14,17 248 2,025 29,8 3,39 146,3 202,25 138,5
BB + osier
Salix Alba
14,285 250 2,1125 30,3 3,703 142,5 231 134,5
Photo 1 : Osier frais avec ces feuilles (Salix Alba : peau orange ; Salix Alba :
peau brune).
Viticulture durable
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149 Hors Série
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traitements avec
Salix Alba
sur le taux de nouaison et
de véraison.
Cet effet est surtout visible en mélange avec le cuivre
dont l’osier neutralise alors significativement les effets
dépressifs sur la plante
(figure 1E).
Sur la maturation
En 2011, les analyses de baies donnent les résultats sui-
vants (moyenne de 4 répétitions)
(tableau 1).
Dans cet essai, on observe que le degré alcoolique pro-
bable augmente avec l’apport d’osier, alors que le taux
d’anthocyanes baisse.
En 2010, on mesure l’effet suivant de la tisane d’osier
associée au cuivre (moyenne de 4 répétitions)
(tableau 2).
Comme annoncé précédemment, l’osier neutralise alors
les effets dépressifs du cuivre par rapport au témoin, tel
que constaté notamment sur la teneur en anthocyanes
des raisins de ce merlot qui augmente alors, contraire-
ment à l’essai précédent.
$PODMVTJPO
La tisane d’osier est encore méconnue des viticulteurs,
y compris en agriculture biologique. Pourtant, ses effets
bénéfiques sont tangibles, tant du point de vue phyto-
sanitaire que physiologique. De plus, sa disponibilité
historique dans les vignobles dont elle agrémente les
paysages et favorise la biodiversité, et la facilité de sa
mise en place, ainsi que son très faible coût, en font un
allié appréciable de la phytoprotection de la vigne, et
de la recherche de qualité.
Moins connus, ses effets sont aussi notables sur l’oïdium
tardif du feuillage elle peut constituer, associée à une
couverture cuprique, un moyen de réduction important
des attaques et donc de l’inoculum pour l’année suivante,
permettant ainsi de diminuer les doses d’anti-oïdium
dont le soufre en AB, et de cumuler ainsi des effets de
réduction des pesticides sur deux maladies.
D’autres solutions naturelles donnent dans nos essais de
meilleurs résultats sur le mildiou (jusqu’à 67 % deffica-
cité sur feuilles et 87 % d’efficacité sur grappes). Nous
attendons de confirmer leur répétabilité et de constater
d’éventuels effets cumulés pour en faire état. Par ail-
leurs, leur classement en tant que PNPP n’est pas encore
d’actualité mais devrait suivre, nous l’espérons.
Rappel du cadre juridique de
la publicité collective du vin
Cass. 1e civ., 23vrier 2012, n° 10-17.887
$ISJTUJOF-FCFMMaître de conférences HDR à la Faculté de Droit de Nancy - Université de Lorraine - Institut
François Gény - EA 113 8 - Nancy - France.
L
a publicité du vin a déjà fait couler beaucoup d’encre et engendré des débats passionnés.
La problématique trouve son origine dans la nature juridique du vin, dans la mesure où il est
considéré comme étant une boisson alcoolique (et non pas alcoolisée !). Par conséquent, toute
publicité ou propagande mettant en avant les qualités d’un vin est soumise à la gislation sur les
boissons alcooliques énoncées dans le Code de la santé publique. Sa finalité est la lutte contre l’al-
coolisme, ainsi que tout excès de consommation de boisson alcoolique, considéré comme dangereux
pour la santé ou ex trê mement dangereux pour la conduite d’un véhicule.
Ces objectifs sont louables mais viennent en « collision frontale avec un fragment du patrimoine cultu-
rel national »
(F. Barthe, note sous Cass. 1e civ., 23 févr. 2012, RD rur. 2012, comm. 66).
Le cadre juridique de la publicité sur le vin, qui avait initialement la « couleur de l’interdiction » lors
de l’adoption de la loi Évin en 1991, a évolué. En prenant de la maturité, des « notes dautorisation
stricte » sont peu à peu apparues et sous l’impulsion des professionnels du monde du vin, la matière a
été assouplie par la loi du 23 février 2005, permettant ainsi à la publicicollective du vin de prendre
de l’ampleur. Désormais la publicité d’une région viticole, ou publicité collective, peut faire référence
aux appellations d’origine ou aux indications géographiques ainsi qu’aux férences objectives relatives
à la couleur et aux caractéristiques olfactives et gustatives du produit
(art L 3323-4 C. Santé publ.)
.
Dans sa mission de lutte contre l’alcoolisme, l’ANPAA a systématiquement contesté en justice toutes
les publicités collectives du vin qui ne respectaient scrupuleusement les conditions juridiques pour
réaliser une publicité conforme à la loi. Jusqu’à présent, ses demandes ont abouti devant les juridic-
tions du fond, dont les analyses ont été entérinées par la Cour de cassation. Tel na pas été le cas der-
nièrement. En effet, certains juges ont rejeté une action visant à interdire une publicité en faveur du
vin de Bordeaux ayant pour slogan « Bordeaux, des personnalités à découvrir » et mettant en scène
des professionnels du vin bordelais.
Pour la Cour d’appel de Paris
(CA Paris 26 févr. 2010, n° 07/00620),
la finalité de la loi est d’interdire
la publicité qui inciterait à la consommation abusive d’alcool considérée comme dangereuse pour la
santé et non d’interdire toute publicité collective du vin. Mais la Cour de cassation a rejeté cet argu-
ment, considérant que les règles du Code de la santé publique devaient être appliquées strictement,
sans aucune interprétation, pour déterminer si la publicité litigieuse serait ou non conforme à la loi. Par
conséquent, seules les mentions limitativement énumérées par le Code de la santé publique peuvent
être utilisées dans une publicité collective du vin, interdisant ainsi toute interprétation, et toute liber
pour les créateurs des publicités, quel que soit le support utilisé.
Alors que l’été est l’époque privilégiée de la « communication » sur les rosés des différentes régions
viticoles françaises, il nous reste à vérifier que ces publicités ne soient pas considérées comme incita-
tives à la consommation abusive de boisson alcoolique, d’ici quelques mois !
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Juridique
Juridique
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