2 - Livret - La philosophie de la Renaissance

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SIXIÈME SUJET
ÉRASME, PÈRE DE L’HUMANISME ÉTHIQUE
I
PRÉSENTATION
1 - Érasme (Desiderius Erasmus Roterodamus), prince des humanistes
2 - Un auteur de la deuxième Renaissance, ou Renaissance européenne
3 - Acteur majeur de la Renaissance, il en est la conséquence et le fédérateur
4 - Des relations avec tous les autres humanistes de son temps
5 - Un voyageur extraordinaire, pour le métier et par les contraintes
II
ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES (VERS 1469-1536)
1 - Sa naissance à Rotterdam vers 1469
2 - Ses premières études, son séjour à l’école des Frères de la vie commune de Deventer
3 - À la mort de ses parents en 1583, il part étudier en France à Bois-le Duc de 1484 à 1486
4 - Il rentre au couvent des chanoines Augustins de Steyn de 1487 à 1492 et y découvre
l’humanisme italien
6 - Il est ordonné prêtre en 1492 et rejoint l’administration de l’église à Cambrai
7 - Son séjour parisien (1495-1499)
8 - Son séjour anglais en suivant lord William Mountjoy (1499), l’éveil d’une vocation
9 - Son retour à Paris puis à Saint-Omer pour une nouvelle carrière de lettré et de théologien
10 - En 1504, le début de sa traduction du Nouveau testament selon l’esprit de l’humanisme
11 - En 1505, nouveau séjour en Angleterre et préparation de son voyage à Rome
12 - En 1506, en chemin vers l’Italie et Rome
13 - De 1506 à 1508, le séjour vénitien chez Alde Manuce et l’Académie Aldine
14 - L’arrivé en fin à Rome en 1509
15 - De retour en Angleterre en 1509 jusqu’en 1514, il séjournera à Cambridge
16 - Il quitte l’Angleterre en 1514 pour Bâle pour rencontrer l’imprimeur Johann Froben
17 - Il rejoint les pays bas en 1516 et devient conseiller politique de Charles Quint
18 - En 1516, publication de son Nouveau Testament, bientôt rejoint par les 95 thèses de Luther
19 - De 1517 à 1521 il séjourne à Louvain, il participe à la création du collège trilingue
20 - En 1521 il s’installe à Bâle, le temps de la consécration européenne
21 - En 1522, le début de sa rupture avec Luther, la fin de sa position neutre
22 - En 1526, l’érasmisme à l’épreuve de son temps
23 - En 1529, les troubles de la Réforme gagnent Bâle, il s’installe à Fribourg-en-Brisgau
24 - En juin 1535, il revient à Bâle où il mourra le 12 juillet 1536
25 - Sa condamnation en 1543 par l’église catholique, son œuvre mise à l’Index en 1559
III
SON ŒUVRE
1 - Une œuvre extraordinaire et immense, qu’Holbein présentera comme les travaux d’Hercule
2 - Ses œuvres principales :
A - Des poésies
B - Ses ouvrages d’humaniste philologiques
- Les antibarbares
- Des manuels scolaires
- Adagiorum Collectanea (1500), Chiliades Adagiorum (1508)
- Annotations de Valla (1505)
- De conscribendis epistolis (1522)
- Dialogus Ciceronianus (1528)
- De civilitate morum puerilium (1530)
C - Ses ouvrages de théologien humaniste
- De contemptu mundi (Mépris du monde)
- Enchiridion militis christiani (1503)
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- Patristique et commentaires des Pères de l’église
- Nouveau testament (1516)
- Quatre Paraphrases sur l'Évangile (1523)
- De libero arbitrio (1524)
- Hyperaspistes (1526)
- Institutio christiani matrimonii (1526)
- Et bien d’autres ouvrages secondaires
D - Des satires
- Colloques (1522)
- Encomium Moriae, Éloge de la Folie (1509)
E - Des traités politiques
- Institutio principis christiani (mars 1516)
- Dulce bellum inexpertis
- Querela pacis
F - Des Apologiae
G - Des pamphlets
H - Des traductions d’auteurs antiques : Lucien, Euripide, Platon, Plutarque, Pindare,
Pausanias, Plaute, Térence, Sénèque, ...
I - Sa correspondance, un extraordinaire épistolier
3 - Son ouvrage le plus célèbre aujourd’hui : Encomium Moriae, ou Morías enkómion (1509)
IV
PRINCIPALES THÈSES DE LA PENSÉE D’ÉRASME
1 - Érasme reste fidèle à l’orthodoxie catholique
2 - Un représentant des principes de l’humanisme, mais qui va plus loin que l’humanisme littéraire
3 - L’importance de l’humanisme philologique, partisan de l’imitation éclectique
4 - L’humanisme érasmien, une lecture humaniste des deux cultures
5 - Un projet d’éducation libérale de l’homme, non pour la religion mais pour l’homme
6 - Un pensée critique à l’égard de son temps, une pensée qui investit la terrestralité
7 - L’érasmisme, un christianisme humaniste attaché à la “philosophie du Christ”
8 - Pacifisme et cosmopolitisme, deux piliers de l’érasmisme politique
V
CONCLUSION
1 - L’humaniste modèle pour la Renaissance et la postérité : Nomen Erasmi nunquam peribit !
2 - Un humaniste humaniste, son extraordinaire humanité
3 - La naissance de l’humanisme éthique, l’union de l’humanisme culturel et philosophique
4 - Un des préparateurs de la Réforme
5 - Un des pionniers de la conscience européenne, un précepteur de l’Europe moderne
6 - Une double descendance philosophique, dans la Renaisance et dans l’humanisme philosophique
7 - Une présence philosophique pérenne, un auteur de la Renaissance encore lu pour lui-même
ORA ET LABORA
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Document 1 : Le monde politique d’Érasme est d’abord celui de l'empire européen de Charles Quint,
dispersé entre Castille, Aragon, Bourgogne et Autriche.
Document 2 : Portrait de Charles Quint par Titien (vers 1535). Charles de Habsbourg, archiduc d'Autriche
est né le 25 février 1500 au Prinsenhof de Gand en Flandre, il mourut le 21 septembre 1558 au monastère
de Yuste dans la province d'Estrémadure en Espagne. Il fut succesivement duc de Brabant sous le nom de
Charles II (1515-1555), roi d'Espagne et de l’Amérique espagnole, sous le nom de Charles Ier (Carlos I), roi
de Sicile, sous le nom de Charles IV (Carlo IV) (1516-1556) et empereur du Saint-Empire romain
germanique (1519-1556) sous le nom de Charles V (Karl V), nom sous lequel il est passé à la postérité en
vertu du plus prestigieux de ses titres. Il fut le protecteur d’Érasme
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Document 3 : Le pape Jules II (pontificat de 1503 à 1513), peint par Raffaello Sanzio (1483-1520). Il voulait
faire de l'État pontifical une grande puissance, ce qui lui vaudra le surnom de Jules César II pour ses
admirateurs. Pour cela, il n’hésita pas à la fois à utiliser les armes spirituelles contre ses ennemis et à
participer personnellement aux campagnes militaires. Il laissera l'image du pape soldat. Sous son pontificat,
Jules II convoqua le Vème concile du Latran, créa la Garde suisse en 1505, posa la première pierre de
l'actuelle basilique Saint-Pierre de Rome commencée par Bramante. La nature belliqueuse du pontificat de
Jules II était en contradiction avec l’humanisme naissant et fut un des déclencheurs de la Réforme, autant
par sa politique que par ses mœurs (peu respectueux du vœu de chasteté, il eut trois filles et contracta la
syphilis). Érasme s'est vraisemblablement inspiré de l’Apocoloquintose (ou Transformation de l'empereur
Claude en citrouille) de Sénèque pour écrire sa satire contre le pape Jules II, Iulius exclusus de caelis.
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Document 4 : À gauche, Érasme par Hans Holbein le Jeune (1498-1543). À droite, Érasme, par Quentin
Metsys (1466-1530) en 1517. En dessous, Érasme, par Hans Holbein le jeune vers 1523.
Ami d’Erasme, Hans Holbein le jeune vécu longtemps à Bâle, haut lieu de l’humanisme.
En 1526, il dut fuir la ville en raison de son bascule du coté de la réforme. Il se rendit
alors à Londres auprès de Thomas More, sur recommandation d’Érasme. Cette époque
constitua l'apogée de sa carrière, période pendant laquelle il exécuta son plus célèbre
tableau, Les Ambassadeurs en 1533.
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Document 5 : Façade actuelle du "Collegium Trilingue" à Louvain. Le Collegium Trilingue, ou Collegium
trium linguarum ou Collegium Buslidianum a été fondé en 1517 grâce au mécénat de l'humaniste
luxembourgeois Jérôme de Busleyden en latin Hieronymus Buslidius. Il fut un des nombreux collèges qui
unies corporativement tout en gardant leur autonomie, formaient l'Université des Études de Louvain
(Universitas studiorum) ou Université de Louvain fondée en 1425.
Document 6 : Maison de Pierre Wichmans, où séjourna en 1521 Érasme (transformée en Musée dédié à
Érasme depuis 1930).
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Document 7 : Ce passage suivant du Enchiridion militis christiani expose l’approche humaniste des
évangiles par Érasme. Il exposera à nouveau ces principes dans la préface de son Nouveau Testament.
Revenons à l'étude de l'Écriture elle seule contient la doctrine du Christ, pure de tout
alliage humain. Mais il nous faut une préparation : les lettres antiques nous la donnent.
Ce sont elles qui nourrissent les esprits et les rendent capables de comprendre les
doctrines sacrées... Avec les poètes et les orateurs, le chrétien étudiera les philosophes
et, de préférence, les platoniciens, plus voisins des Prophètes et de l'Évangile... Il
abordera la Bible avec respect et vénération, avec la certitude d'y trouver l'infaillible
vérité... je n'ai pas écrit I'Enchiridion pour faire montre de savoir ou d'éloquence, mais
pour guérir de leur erreur ceux qui font consister la religion en observances et en
pratiques extérieures, et qui méconnaissent étrangement la véritable nature de la piété.
Érasme
Enchiridion, 1503
C'est aux sources mêmes que l'on puise la pure doctrine ; aussi avons-nous revu le
Nouveau Testament tout entier d'après l'original grec, qui seul fait foi, à l'aide de
nombreux manuscrits des deux langues, choisis parmi les plus anciens et les plus
corrects [...] Nous avons ajouté des notes pour justifier nos changements, expliquer les
passages équivoques, ambigus ou obscurs, rendre moins facile dans l'avenir l'altération
d'un texte rétabli au prix d'incroyables veilles.
Érasme
Lettre à Léon X, Préface à l'édition du Nouveau Testament, 1516
Document 8 : Alors même qu’il fera toute son oeuvre en latin, il recommandera la traduction de la bible
dans les langues vernaculaires.
Pourquoi paraît-il inconvenant que quelqu'un prononce l'Évangile dans cette langue, où il
est né et qu'il comprend : Le Français en français, le Breton en breton, le Germain en
germanique, l'Indien en indien ? Ce qui me parait bien plus inconvenant, ou mieux,
ridicule, c'est que des gens sans instruction et des femmes, ainsi que des perroquets,
marmottent leurs Psaumes et leur Oraison dominicale en latin, alors qu'ils ne
comprennent pas ce qu'ils prononcent. Pour moi, d'accord avec saint Jérôme, je me
féliciterais plutôt de la gloire de la croix, je considérerais le résultat comme
particulièrement magnifique et triomphal, si toutes les langues, toutes les races la
célébraient, si le laboureur, au manche de la charrue, chantait en sa langue quelques
couplets des psaumes mystiques, si le tisserand, devant son métier, modulait quelque
passage de l'Évangile, soulageant ainsi son travail, que le patron, appuyé à son
gouvernail, en fredonnât un morceau; qu'enfin, pendant que la mère de famille est assise
à sa quenouille, une camarade ou une parente lui en lût à haute voix des fragments.
Érasme
Préface à la paraphrase de saint Mathieu
Document 9 : À propos d’Érasme pédagogue.
Toutefois nous pouvons également veiller avec soin à ce que la fatigue soit réduite à
l'extrême et que, par conséquent, le dommage soit insignifiant. C'est ce qui se produira si
nous n'inculquons pas aux enfants des connaissances multiples ou désordonnées, mais
seulement celles qui sont les meilleures et qui conviennent à leur âge, où l'agrément est
plus captivant que la subtilité. En outre, telle manière douce de les communiquer les fera
ressembler à un jeu et non à un travail. Car, à cet âge, il est nécessaire de les tromper
avec des appâts séduisants puisqu'ils ne peuvent pas encore comprendre tout le fruit,
tout le prestige, tout le plaisir que les études doivent leur procurer dans l'avenir. Ce
résultat sera obtenu en partie par la douceur et la bonne grâce du maître, en partie par
son ingéniosité et son habileté, qui lui feront imaginer divers moyens pour rendre l'étude
agréable à l'enfant et l'empêcher d'en ressentir de la fatigue. Rien n'est en effet plus
néfaste qu'un précepteur dont le caractère amène les enfants à haïr les études avant
d'être en mesure de comprendre pourquoi il faut les aimer.
Érasme
Lettre à Guillaume, duc de Clèves, sur l'éducation, 1529
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Document 10 : Illustration d’Hans Holbein le Jeune en marge d’une édition d’époque de L’Éloge de la Folie.
Document 11 : En faisant parler la Folie, Érasme peut se moquer des modes d’enseignement de son
temps, par exemple celui des grammairiens, les enseignants des premières classes.
J'arrive à ceux qui se donnent, parmi les mortels, l'extérieur de la sagesse et convoitent,
comme ils disent, le rameau d'or. Au premier rang sont les Grammairiens, race d'hommes
qui serait la plus affligée, la plus calamiteuse et la plus accablée par les Dieux (...). On les
voit toujours faméliques et sordides dans leur école ; je dis leur école, je devrais dire leur
séjour de tristesse, ou mieux encore leur galère ou leur chambre de tortures. Parmi leur
troupeau d'écoliers, ils vieillissent dans le surmenage, assourdis de cris, empoisonnés de
puanteur et de malpropreté, et cependant je leur procure l'illusion de se croire les
premiers des hommes. Ah ! qu'ils sont contents d'eux lorsqu'ils terrifient du regard et de
la voix une classe tremblante, lorsqu'ils meurtrissent les malheureux enfants avec la
férule, les verges et le fouet ! (...) Leur malheureuse servitude leur apparaît comme une
royauté (...). Mais leur plus grande félicité vient du continuel orgueil de leur savoir. Eux
qui bourrent le cerveau des enfants de pures extravagances (...) !
Érasme, Éloge de la folie, 1511
(trad. de P de Nolhac, éd. A. Tallone, Paris, 1944).
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Document 12 : Son Éloge de la folie contient aussi une critique acerbe des pratiques de l’église sous la
légèreté du ton.
Aussitôt après le bonheur des théologiens, vient celui des gens vulgairement appelés
Religieux ou Moines, par une double désignation fausse, car la plupart sont fort loin de la
religion et personne ne circule davantage en tous lieux que ces prétendus solitaires. Ils
seraient, à mon sens, les plus malheureux des hommes, si je ne les secourais de mille
manières. Leur espèce est universellement exécrée, au point que leur rencontre fortuite
passe pour porter malheur, et pourtant ils ont d'eux mêmes une opinion magnifique. Ils
estiment que la plus haute piété est de ne rien savoir, pas même lire. Quand ils braient
comme des ânes dans les églises, en chantant leurs psaumes qu'ils numérotent sans les
comprendre, ils croient réjouir les oreilles des personnes célestes. De leur crasse et de
leur mendicité beaucoup se font gloire ; ils beuglent aux portes pour avoir du pain ; ils
encombrent partout les auberges, les voitures, les bateaux, au grand dommage des
autres mendiants. Aimables gens qui prétendent rappeler les Apôtres par de la saleté et
de l'ignorance, de la grossièreté et de l'impudence !
Le plus drôle est que tous leurs actes suivent une règle et qu'ils croiraient faire péché
grave s'ils s'écartaient le moins du monde de sa rigueur mathématique : combien de
nœuds à la sandale, quelle couleur à la ceinture, quelle bigarrure au vêtement, de quelle
étoffe la ceinture et de quelle largeur, de quelle forme le capuchon et de quelle capacité
en boisseaux, de combien de doigts la largeur de la tonsure, et combien d'heures pour le
sommeil ! Qui ne voit à quel point cette égalité est inégale, exigée d'êtres si divers au
physique et au moral ? Ces niaiseries, pourtant, les enorgueillissent si fort qu'ils
méprisent tout le monde et se méprisent d'un ordre à l'autre. Des hommes, qui professent
la charité apostolique, poussent les hauts cris pour un habit différemment serré, pour une
couleur un peu plus sombre. Rigidement attachés à leurs usages, les uns ont le froc de
laine de Cilicie et la chemise de toile de Milet, les autres portent la toile en dessus, la
laine en dessous. Il en est qui redoutent comme un poison le contact de l'argent, mais
nullement le vin ni les femmes. Tous ont le désir de se singulariser par leur genre de vie.
Ce qu'ils ambitionnent n'est pas de ressembler au Christ, mais de se différencier entre
eux. Leurs surnoms aussi les rendent considérablement fiers : entre ceux qui se
réjouissent d'être appelés Cordeliers, on distingue les Coletans, les Mineurs, les
Minimes, les Bullistes. Et voici les Bénédictins, les Bernardins, les Brigittins, les
Augustins, les Guillemites, les Jacobins comme s'il ne suffisait pas de se nommer
Chrétiens !
Leurs cérémonies, leurs petites traditions tout humaines, ont à leurs yeux tant de prix que
la récompense n'en saurait être que le ciel. Ils oublient que le Christ, dédaignant tout
cela, leur demandera seulement s'ils ont obéi à sa loi, celle de la charité. L'un étalera sa
panse gonflée de poissons de toute sorte ; l'autre videra cent boisseaux de psaumes ; un
autre comptera ses myriades de jeûnes, où l'unique repas du jour lui remplissait le ventre
à crever ; un autre fera de ses pratiques un tas assez gros pour surcharger sept navires ;
un autre se glorifiera de n'avoir pas touché à l'argent pendant soixante ans, sinon avec
les doigts gantés, un autre produira son capuchon, si crasseux et si sordide qu'un matelot
ne le mettrait pas sur sa peau ; un autre rappellera qu'il a vécu plus de onze lustres au
même lieu, attaché comme une éponge ; un autre prétendra qu'il s'est cassé la voix à
force de chanter ; un autre qu'il s'est abruti par la solitude ou qu'il a perdu, dans le silence
perpétuel, l'usage de la parole.
Mais le Christ arrêtera le flot sans fin de ces glorifications : «Quelle est, dira-t-il, cette
nouvelle espèce de Juifs ? Je ne reconnais qu'une loi pour la mienne ; c'est la seule dont
nul ne me parle. Jadis, et sans user du voile des paraboles, j'ai promis clairement
l'héritage de mon Père, non pour des capuchons, petites oraisons ou abstinences, mais
pour les œuvres de foi et de charité. Je ne connais pas ceux-ci, qui connaissent trop
leurs mérites ; s'ils veulent paraître plus saints que moi, qu'ils aillent habiter à leur gré le
ciel des Abraxasiens ou s'en faire construire un nouveau par ceux dont ils ont mis les
mesquines traditions au-dessus de mes préceptes ! » Quand nos gens entendront ce
langage et se verront préférer des matelots et des rouliers, quelle tête feront-ils en se
regardant ?
En attendant, grâce à moi, ils jouissent de leur espérance. Et, bien qu'ils soient étrangers
à la chose publique, personne n'ose leur témoigner de mépris, surtout aux Mendiants qui
détiennent les secrets de tous, par ce qu'ils appellent les confessions. Ils se font un
crime, il est vrai d'en trahir le secret, à moins toutefois qu'ils n'aient bu et se veuillent
divertir d'histoires plaisantes, ils laissent alors le champ aux suppositions, sans livrer les
noms. N'irritez pas ces guêpes ; ils se vengeraient dans leurs sermons où ils désignent
un ennemi par des allusions indirectes, mais que tout le monde saisit pour peu qu'on
sache comprendre. Ils ne cesseront d'aboyer que si on leur met la pâtée dans la bouche.
Érasme
Éloge de la Folie, LIV
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Document 13 : Cette introduction d'Érasme à son édition critique des Tusculanes de Cicéron est précieuse ;
on peut la lire comme l'hommage de l'humanisme chrétien à l'humanisme antique. Cicéron, écrit Érasme, est
celui qui enseigna à la philosophie à parler clairement et qui, le premier, l'introduisit dans les maisons des
particuliers. A-t-on jamais évoqué avec plus d'élégance et de justesse la figure de ce philosophe romain ?
CICÉRON OU LA SAINTETÉ D'UN SAVANT HOMME
Érasme
Jean Froben, Libraire, voulant donner une nouvelle édition des Tusculanes de Cicéron, et
m'ayant prié de tâcher à la rendre plus parfaite que les précédentes, je m'y suis porté
d'autant plus volontiers, que depuis plusieurs années j'avais presque rompu tout
commerce avec les belles lettres. Pour cela, j'ai fait conférer ensemble diverses copies
de cet ouvrage, et me suis réservé la liberté de choisir entre les variantes. Je l'ai revu
avec soin d'un bout à l'autre. J'ai rétabli selon les règles de la versification les passages
des poètes grecs ou latins, que Cicéron, à l'exemple de Platon et d'Aristote, insère dans
son discours : et si abondamment, qu'il peut y avoir de quoi fatiguer ses lecteurs. Où j'ai
trouvé des variantes ; si l'une m'a paru la seule bonne, je m'y suis tenu ; et si j'ai balancé
sur le choix, j'ai conservé les deux leçons, l'une dans le texte, l'autre à la marge. J'ai fait
aussi quelques corrections de mon chef, et sans être guidé par les manuscrits, mais en
petit nombre, et seulement dans les endroits où la chose devait paraître incontestable
aux gens du métier. J'ai donné enfin quelques éclaircissements sur le texte. C'est un
travail de deux ou trois jours, que j'ai été obligé de prendre sur mes études ordinaires, qui
ont pour objet l'avancement de la Religion. Mais bien loin d'y avoir regret, je me propose
au contraire de renouer, si j'en suis le maître, avec mes bons amis d'autrefois, et de
passer encore quelques mois de ma vie avec eux. J'entends avec les auteurs de la belle
antiquité. Tant j'ai senti qu'une nouvelle lecture des Tusculanes me faisait de bien : non
seulement parce qu'elle servait à dérouiller mon style, qui est chose que je ne laisse pas
de compter pour un avantage : mais surtout, et à bien plus forte raison, parce qu'elle me
portait à réprimer et à vaincre mes passions. Eh ! combien de fois, au milieu de ma
lecture, me suis-je indigné contre ces sots, qui disent que si vous ôtez à Cicéron un
fastueux étalage de paroles, il ne lui reste rien de beau ? Quelles preuves n'a-t-on pas
dans ses ouvrages, qu'il possédait tout ce que les plus savants des Grecs avaient écrit
sur la nécessité de bien vivre ? Quel choix, quelle abondance de maximes les plus saines
et les plus saintes ? Quelle connaissance de l'histoire, soit ancienne, soit moderne ? Mais
quelle élévation d'idées sur la vraie félicité de l'homme ? On voit à sa manière de penser
là-dessus, que sa vie était conforme à sa doctrine. Quand il a traité de ces matières
abstraites, qui ne sont nullement à la portée du vulgaire, et qui même, s'il en avait cru
plusieurs de ses contemporains, ne pouvaient s'expliquer en langue latine ; quelle
netteté, quelle clarté, quelle facilité, quelle variété, enfin quel enjouement ? Jusqu'au
temps de Socrate, la philosophie se bornait à la physique : et ce fut lui, dit-on, qui le
premier, en la prenant du côté de la morale, lui donna entrée dans les maisons des
particuliers. Platon et Aristote tâchèrent de l'introduire dans les cours des rois, et dans les
tribunaux des magistrats. Pour ce qui est de Cicéron, il a fait, selon moi, monter la
philosophie sur le théâtre, et il lui a enseigné à parler si clairement, que le parterre même
se trouve en état de l'entendre, et de l'applaudir. Tant d'ouvrages qu'il nous a laissés sur
ces importantes matières, il les composa dans les temps les plus orageux de sa
république, et quelques-uns même après que toute espérance fut perdue. Tandis donc
que nous voyons des païens faire un si bon usage d'un triste loisir, et au lieu de chercher
à se distraire par des plaisirs frivoles, mettre leur consolation dans les saints préceptes
de la philosophie : comment nous aujourd'hui n’avons-nous pas honte de nos vaines
conversations, et de nos longs repas ? Je ne sais ce qui se passe dans l’esprit des
autres : mais pour moi personnellement, j’avoue que je ne lis point Cicéron, sa morale
surtout, sans être frappé jusqu’au point de croire qu’il y ait du divin dans l’âme d’où ces
productions nous sont venues. Plus je pense combien est au-dessus des idées humaines
la bonté de Dieu, cette bonté immense, à laquelle certaines gens, qui sans doute la
mesurent à la petitesse de leur esprit, veulent donner des bornes trop étroites ; plus
j’aime à me confirmer dans l’opinion que j’ai de ce sage Romain. Où est maintenant son
âme ? C’est sur quoi aucun homme, peut-être, ne saurait prononcer. Je ne m’éloignerais
pas beaucoup, je l’avoue, du sentiment de ceux qui voudraient le croire heureux dans le
ciel. On ne peut effectivement nier qu’il n’ait cru l’existence d’un être suprême, infiniment
grand, et infiniment bon. Quant à l’immortalité de l’âme, quant aux peines et aux
récompenses de la vie future, ses écrits font assez voir ce qu’il pensait. On y découvre la
conscience du monde la plus droite et la plus pure. Au défaut même de ses autres
ouvrages, qui sont en si grand nombre, il nous suffirait pour le connaître à fond, de sa
lettre à Octavius, écrite dans une conjoncture où sa mort, à ce qu’il paraît, était déjà toute
conclue. Si les Juifs avant la publication de l’Évangile, pouvaient se sauver avec une foi
grossière et confuse aux choses divines, pourquoi des lumières encore moins parfaites
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n’auront-elles pas suffi pour sauver un païen, à qui même la loi de Moïse était inconnue ;
et un païen surtout, dont la vie a été non seulement innocente, mais sainte ? Très-peu de
Juifs, avant qu’ils fussent éclairés par l’Évangile, avaient une notion distincte du Fils et du
Saint-Esprit : plusieurs d’eux ne croyaient point la résurrection des corps : nos pères
cependant n’ont pas mis leur damnation au rang des articles décidés. Que dire donc d’un
païen, qui a cru simplement que Dieu était une puissance, une sagesse, une bonté sans
bornes ; et que par les moyens qu’il jugera les plus convenables, il saura protéger les
bons et punir les méchants ? On peut m’objecter que Cicéron a commis des péchés :
mais ni Job ni Melchisédech ne furent, à ce que je crois, exempts de tache durant tout le
cours de leur vie. On dira qu’il est du moins inexcusable d’avoir sacrifié aux idoles. Je
veux qu’il l’ait fait : ce ne fut point de son propre mouvement : ce fut par déférence pour
les coutumes de son propre pays, autorisées par des lois inviolables. Car, du reste, il
savait assez par l’Histoire sacrée d’Ennius, que tout ce qui se débitait de leurs Dieux,
était pure fiction. Mais, ajoutera-t-on, il devait au péril même de sa vie combattre la folie
du peuple. Eh ! les apôtres eux-mêmes en auraient-ils eu le courage, avant qu’ils eussent
reçu l’Esprit saint ? Il serait donc bien injuste de l’exiger de Cicéron. Mais sur cet article,
laissons chacun penser ce qu’il voudra. Je reviens à ces esprits grossiers, qui ne lui
trouvent rien de grand, rien d’admirable, que la pompe de son allocution. Un écrivain si
plein de recherches, si clair, si abondant, et qui met tant d’âme dans tout ce qu’il dit,
pourrait-il ne pas être vraiment profond ! Quel est celui de ses lecteurs, qu’il ne renvoie le
cœur plus calme ! Peut-on, accablé de tristesse, prendre quelqu’un de ses livres, et ne
sentir pas renaître de la gaieté ? Vous ne songez pas que vous faites une lecture ; vous
croyez que ce sont choses qui se passent sous vos yeux ; il règne dans tous ses écrits je
ne sais quel enthousiasme qui s’empare de vous, et qui fait qu’en le lisant vous croyez
qu’actuellement cette bouche incomparable vous frappe l’oreille. Aussi ne vois-je rien de
plus utilement inventé que l’art de former des caractères qui expriment la parole, rien de
si bien imaginé que l’imprimerie. Qu’y a-t-il, en effet, de plus heureux, que de pouvoir,
toutes les fois qu’il en prend envie, converser avec les plus éloquents personnages, avec
les plus gens de bien qu’il y ait eu jamais : et connaître aussi parfaitement leur génie,
leurs mœurs, leurs pensées, leurs inclinations, leur conduite, que si nous avions été leurs
contemporains et leurs amis, nous qui sommes venus au monde tant de siècle après
eux ? Je n’ai jamais mieux compris qu’aujourd’hui, combien Quintilien a raison, lorsqu’il
dit : «Que d’avoir commencé à prendre beaucoup de goût pour Cicéron, c’est être déjà
bien avancé.» Dans mon enfance, je l’aimais moins que Sénèque. J’avais vingt ans, que
je ne pouvais pas en soutenir une lecture un peu longue. Cependant les autres auteurs
me plaisaient presque tous. Je ne sais si j’ai fait du progrès en vieillissant : mais ce qu’il y
a de vrai, c’est que dans le temps où les belles lettres faisaient ma passion, je ne fus
jamais plus charmé de Cicéron que je viens de l’être. La sainteté de ce savant homme
m’a ébloui, autant que la beauté de son divin style. Véritablement il m’a touché le cœur,
et je m’en trouve plus vertueux. J’exhorte donc la jeunesse à bien lire ses ouvrages, et
même à les apprendre par cœur. Ce sera un temps mieux employé, qu’il ne l’est à la
lecture de ces misérables livrets, où l’on ne fait que s’acharner à de folles disputes, et
dont aujourd’hui tout regorge de toutes parts. Pour moi, quoique la vieillesse me gagne,
je ne rougirai point de me réconcilier avec mon cher Cicéron, que j’avais depuis trop
longtemps abandonné ; et dès que je serai débarrassé de ce qui m’occupe à présent, je
me ferai un mérite de cultiver encore pendant quelques mois un tel ami.
Association ALDÉRAN © - cycle de cours “La philosophie de la Renaissance” - Code 4310 - 10/01/2011 - page 101
Document 14 : Exemple du pacifisme d’Érasme.
Par qui est fait la guerre ?
Demande-toi, je te prie, par qui elle est faite : par des meurtriers, par des criminels, par
des joueurs, par des corrupteurs, par les plus sordides des soldats loués, pour qui la vie
est moins précieuse qu'un misérable gain. Ces gens-là sont au mieux dans la guerre
parce qu'ils font pour de l'argent ce qu'ils faisaient auparavant à leurs risques et périls, et
qu'ils en sont loués.
Cette lie d'humanité, pour faire la guerre, il faut la laisser entrer dans les campagnes et
dans les villes. Il faut se mettre à son service, alors que nous voulons tirer vengeance
d'un autre. Ajoute à présent tous les crimes qui se commettent sous prétexte de guerre,
tandis que les bonnes lois restent silencieuses dans le fracas des armes: combien de
pillages, combien de sacrilèges, combien d'enlèvements, combien d'autres hontes, que
l'on rougit même de nommer. Cette corruption des mœurs se prolonge nécessairement
pendant de nombreuses années, même quand la guerre est finie.
Calcule-moi à présent les dépenses, telles que, même si tu es vainqueur, il y aura
beaucoup plus de dommage que de profit. Et quel royaume à ton estimation, vaudrait la
vie et le sang de tant de milliers d'hommes ? De plus, la grande partie des souffrances
incombe à ceux que la guerre ne concerne en rien, alors que les avantages de la paix
s'étendent sur tous : bien souvent, dans la guerre, le vainqueur même doit pleurer. Elle
entraîne avec elle une telle troupe de maux que les poètes ont eu raison de la
représenter amenée des enfers par les Furies; sans que je doive rappeler les populations
dépouillées, les collusions entre les chefs, les situations bouleversées, qui ne se
rétablissent jamais sans d'immenses préjudices. Si c'est l'appétit de la gloire qui nous
entraîne à la guerre, ce n'est pas elle que nous saisirons, surtout à force de crimes. Et,
s'il s'agit de dire où réside la gloire, il est bien plus glorieux de fonder des cités que d'en
anéantir.
Tandis que le petit peuple édifie et entretient les villes, la folie des princes les renverse. Si
c'est l'espoir du gain qui nous mène, aucune guerre ne se termine si heureusement
qu'elle n'amène plus de mal que de bien. Et nul ne nuit à son ennemi sans avoir d'abord
beaucoup nui aux siens. Enfin, puisque nous voyons les choses humaines changer et se
confondre à la manière d'un Euripe dont le courant ne cesse de se renverser, à quoi bon
mettre tant de choses en branle pour se préparer un empire qui bientôt, au premier
accident, échouera à d'autres ? De combien de sang s'est construit l'empire romain, et
qu'il fallut peu de temps pour qu'il commençât à déchoir ! [ ... ] Si l'on admet la guerre au
nom de certains droits, ceux-ci sont grossiers ; ils respirent un christianisme dégénéré,
encombré des biens de ce monde. [...] Si tu y regardes de plus près, les raisons qui font
entreprendre une guerre résident le plus souvent dans les intérêts personnels des
princes. Je te le demande, trouves-tu humain que l'univers doive prendre les armes
chaque fois que tel ou tel prince se met en colère contre un autre -ou peut-être simule la
colère ?
Érasme
Lettre à Antoine de Berghes, 14 mars 1514
Document 15 : L’œuvre d’Érasme fut marquée par une importante polémique avec Luther sur la question du
libre arbitre, notion défendue par Érasme (position humaniste oblige) et contestée par Luther dans le De
servo arbitro de 1525. Selon Érasme, l'homme dispose d'un libre arbitre, c'est-à-dire qu’il est libre de bâtir
son salut. Pour lui, le libre arbitre est “...le pouvoir qu'a la volonté humaine de s'appliquer à réaliser tout ce
qui est requis pour le salut éternel” (De libero Arbitrio, 1524 (Du libre arbitre).
Nous croyons, en effet, que Dieu sait et ordonne tout par avance, et qu'il ne peut faillir ni
se laisser arrêter par rien dans (...) sa prédestination ; si donc nous croyons que rien
n'arrive sans sa volonté, (...), il ne peut y avoir de libre arbitre ni chez l'homme, ni chez
l'ange, ni chez aucune créature. De même, si nous croyons que Satan est le prince de ce
monde et qu'il combat le règne du Christ de toutes ses forces et de toute sa ruse,
retenant les hommes actifs aussi longtemps que l'Esprit de Dieu ne les lui arrache pas, il
est encore une fois très évident que le libre arbitre ne peut exister.
Martin Luther
De servo arbitro, 1525 (Du serf arbitre)
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POUR APPROFONDIR CE SUJET, NOUS VOUS CONSEILLONS
Quelques livres d’Érasme en librairie
- Érasme, La langue, Labor et Fides, 2002
- Plaidoyer pour la paix, Arléa, 2002
- Traité de civilité puérile, Mille et Une Nuits, 2001
- Éloge de la folie, Flammarion, 1999.
- Les préfaces au Novum Testamentum, Labor et Fides, 1990
- Colloques (coffret, 2 vol.), Imprimerie nationale, 1992.
- La correspondance d'Érasme et de Guillaume Budé, Vrin
- La Correspondance d'Érasme, traduction française sous la direction de A. Gerlo, Bruxelles, Presses
Universitaires, 1967-1984, 12 volumes.
- Guerre et paix dans la pensée d'Érasme, traduction complète ou partielle d'écrits pacifistes, J.C. Margolin,
Aubier, 1973
Livres sur Érasme et la religion
- Saint Paul : La Fondation de l'universalisme, Alain Badiou, PUF, 1998
- Érasme hérétique, Réforme et Inquisition dans l'Italie du XVIe siècle, Silvana Seidel Menchi, Seuil, 1996
- Érasme et l'humanisme chrétien, Léon Halkin, Classiques du XXe siècle, 1969
- Érasme ou le christianisme critique, P. Mesnard, Seghers, 1969
Livres sur la pensée d’Érasme
- Érasme, Daniel Ménager, Desclée de Brouwer, 2003
- Le rêve de l'humanisme, de Pétrarque à Érasme, Francisco Rico, Les Belles Lettres, 2002
- Érasme et la montée de l'Humanisme. Naissance d'une communauté européenne de la culture, éd. Julien
RIES, 2001
- Érasme, Blum, Godin, Margolin et Ménager, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2000
- Érasme et l'Italie, Augustin Renaudet, Droz, 1998
- Érasme, humanisme et langage, Jacqueline Lagrée et Paul Jacobin, PUF, 1998
- Les Colloques d'Érasme, Erika Rummel, Le Cerf, 1998
- Érasme et la musique, Jean-Claude Margolin, Vrin
- Érasme précepteur de l’Europe, Jean-Claude Margolin, Éditions Julliard, 1995
- Érasme, Holbein et le carnaval, C. Blum, Éditions Champion, 1994
- Érasme, une abeille laborieuse, un témoin engagé, Jean-Claude Margolin, Paradigme publications
universitaires, 1993
- Érasme et l'Espagne - Recherches sur l'histoire spirituelle du XVIe siècle, Marcel Bataillon (1937), réédition
augmentée et corrigée de 1991, Droz, Genève, 1998
- Érasme et les Juifs, Simon Markish, L'Âge d'Homme, 1990
- Actes du Colloque international Érasme (Tours, 1986), Études réunies par J. Chomarat, A. Godin et J.C.
Margolin, Genève, Droz, 1990
- Érasme parmi nous, Léon Halkin, Éditions Fayard, 1987
- La correspondance d'Érasme et l'épistolographie humaniste (Colloque international de Bruxelles, 1983),
Éd. de l'Université de Bruxelles, 1985
- Grammaire et rhétorique chez Érasme, J. Chomarat, Belles-Lettres, 1981
- L'essor de la philosophie politique au XVIe siècle, P. Mesnard, Vrin, 1969
- Érasme par lui-même, J.C. Margolin, Seuil, 1965
- Érasme, grandeur et décadence d’une idée, Stefan Zweig, Lgf, 2008
Livres sur le contexte historique de l’époque d’Érasme
- Histoire des Habsbourg : des origines à nos jours, Henry Bogdan, Perrin, 2005
- Charles Quint, 1500-1558. L'empereur et son temps, Sous la direction d’Hugo Soly, Actes Sud, 2000
- La Dévotion moderne dans les pays bourguignons et rhénans, des origines à la fin du XVIe siècle,
ublications du Centre européen d'études bourguignonnes, 29, Neuchâtel, 1989
- Le monde d'Alde Manuce : imprimeurs, hommes d'affaires et intellectuels dans la Venise de la
Renaissance, Martin Lowry, Editions Electre, 1989
- Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, J. Lecler, Aubier, 1955
- Luther, Du serf arbitre / Diatribe d'Érasme, Gallimard (Folio), 2001
Association ALDÉRAN © - cycle de cours “La philosophie de la Renaissance” - Code 4310 - 10/01/2011 - page 103
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