CONCEPTS MODERNES DU STRESS OXYDANT ET DES ANTIOXYDANTS
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besoin de l’oxygène pour vivre. Celui-ci n’apparaît dans l’atmosphère de la
Terre que bien plus tardivement aux environs de 2,5-3 milliards d’années. Les
scientifiques s’accordent pour dire que son apparition est liée au développe-
ment dans les eaux terrestres d’algues bleu-vert ou cyanobactéries qui, via le
processus de la photosynthèse, vont acquérir la capacité de transformer l’eau
en oxygène gazeux. La concentration de celui-ci va rapidement augmenter
dans l’atmosphère pour atteindre les 21% actuels, ce qui permettra le déve-
loppement de formes plus évoluées de la vie grâce à une production accrue
d’énergie au niveau de nos cellules. Toutefois, l’accumulation de l’oxygène à
la surface de la Terre ne s’est pas faite sans conséquence pour l’environne-
ment écologique existant à l’époque. En réalité, l’oxygène peut être considéré
comme le premier polluant toxique que la Terre ait connu. En effet, en raison
de son caractère particulièrement oxydant, l’oxygène deviendra un véritable
poison pour les premiers organismes anaérobies. Ceux-ci n’auront dès lors le
choix qu’entre trois solutions : se retirer, par exemple, dans les profondeurs
des océans où l’oxygène est pratiquement inexistant, disparaître purement et
simplement ou s’adapter à vivre avec l’oxygène via le développement de ces
systèmes protecteurs que sont les antioxydants. Bien des siècles plus tard,
c’est grâce à cette troisième solution que vous profitez aujourd’hui de la vie.
L’Histoire a retenu que c’est le chimiste anglais Joseph Priestley qui a
découvert en 1774 ce composé gazeux qu’est l’oxygène même si le Suédois
Carl Wilhem Scheele l’avait déjà mis en évidence un an plus tôt. Initialement
appelé air déphlogistiqué, ce gaz qui permet la combustion fut rebaptisé
quelques mois plus tard oxygène par le Français Antoine Laurent de Lavoisier
qui est considéré comme le père de la chimie moderne. Ce n’est qu’au milieu
du siècle passé que les scientifiques ont pu élucider les mécanismes par
lesquels l’oxygène était intimement lié au développement de la vie sur Terre.
Les sucres ou carbohydrates, les graisses et les protéines que nous puisons
dans notre alimentation sont nos principales sources d’énergie. Une fois ingé-
rés, tous ces nutriments sont dégradés via des réactions extrêmement
complexes en intermédiaires énergétiques mais non disponibles. Ces réac-
tions connues sous le nom de cycle de Krebs se déroulent dans nos cellules
au niveau d’un organite appelé mitochondrie qui est de structure très proche
de celle d’une bactérie. Afin extraire l’énergie des intermédiaires formés lors
du cycle de Krebs, ceux-ci sont injectés dans la mitochondrie au niveau d’une
chaîne respiratoire qui produit d’une part des protons (H+) et, d’autre part,
quatre électrons (e-) dont l’oxygène est l’accepteur final selon la réaction
suivante :
O2 + 4 e- + 4 H+ à 2 H2O
Dans les années 1960, l’Anglais Peter Mitchell démontrera que cette réac-
tion finale dans la mitochondrie s’accompagne (et ceci pour un seul glucose