Document 1 : Livres de Voltaire en relation avec la critique des religions, classés par ordre chronologique :
- La Henriade (1720) - sur Henri IV et l’édit de Tolérance
- Les Lettres philosophiques (1733)
- Le Fanatisme ou Mahomet le Prophète (1742)
- Le Siècle de Louis XIV (1752)
- Poème sur le désastre de Lisbonne (1756)
- L'essai sur les moeurs et l'esprit des nations (1756)
- Candide (1758)
- Le Traité sur la tolérance (1763)
- Dictionnaire philosophique (1764) ou La Raison par alphabet
- Petite digression, ou Les aveugles juges des couleurs (1766)
- Le DÎner du comte de Boulainvilliers (1767)
- Les droits de l'homme et les usurpations des autres (1768)
- L’Epitre aux Romains (1768)
- Les Guèbres ou la Tolérance (1768)
- Eloge historique de la raison (1774)
Document 2 : Exemples de sa critique du théocratisme chrétien et de l’église catholique, source de
d’intolérance et de violence (fanatisme, guerres de religions, inquisition...)
C’est le plus cruel tyran de l’empire des ombres :
il vient, le Fanatisme est son horrible nom
Enfant dénaturé de la Religion. Voltaire (1694-1778)
La Henriade, 1720
Ces monstres furieux, de carnage altérés,
Excités par la voix des prêtres sanguinaires,
Invoquaient le Seigneur en égorgeant leurs frères,
Et, le bras tout souillé du sang des innocents,
Osaient offrir à Dieu cet exécrable encens. Voltaire (1694 - 1778)
La Saint-Barthélemy, 1723
L'inquisition est, comme on sait, une invention admirable et tout à fait chrétienne pour
rendre le pape et les moines plus puissants et pour rendre tout un royaume hypocrite.
On regarde d'ordinaire Saint Dominique comme le premier à qui l'on doit cette sainte
institution. En effet, nous avons encore une patente donnée par ce grand saint, laquelle
est conçue en ces propres mots : «Moi, frère Dominique, je réconcilie à l'Église le nommé
Roger, porteur des présentes, à condition qu'il se fera fouetter par un prêtre trois
dimanches consécutifs depuis l'entrée de la ville jusqu'à la porte de l'église, qu'il fera
maigre toute sa vie, qu'il jeûnera trois carêmes dans l'année, qu'il ne boira jamais de vin,
qu'il portera le san-benito [Tunique de couleur, jaune ou noire frappée d'une croix rouge
signe d'infamie] avec des croix, qu'il récitera le bréviaire tous les jours, dix pater dans la
journée, et vingt à l'heure de minuit; qu'il gardera désormais la continence, et qu'il se
présentera tous les mois au curé de sa paroisse, etc., tout cela sous peine d'être traité
comme hérétique, parjure et impénitent.»
Quoique Dominique soit le véritable fondateur de l'inquisition, cependant Louis de
Paramo, l'un des plus respectables écrivains et des plus brillantes lumières du Saint-
Office, rapporte, au titre second de son second livre, que Dieu fut le premier instituteur du
Saint-Office, et qu'il exerça le pouvoir des frères prêcheurs contre Adam. D'abord Adam
est cité au tribunal :
Adam, ubi es ? [Adam, où es-tu ?] et en effet, ajoute-t-il, le défaut de citation aurait rendu
la procédure de Dieu nulle.
Les habits de peau que Dieu fit à Adam et à Eve furent le modèle du san-benito que le
Saint-Office fait porter aux hérétiques. Il est vrai que par cet argument on prouve que
Dieu fut le premier tailleur; mais il n'est pas moins évident qu'il fut le premier inquisiteur.
Adam fut privé de tous les biens immeubles qu'il possédait dans le paradis terrestre: c'est
de là que le Saint-Office confisque les biens de tous ceux qu'il a condamnés. [...]