les fables de lacroix commentées par l`œuvre de sheikh al

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LES FABLES DE LACROIX
COMMENTEES PAR L’ŒUVRE
DE SHEIKH AL-ALBANI
La Réponse que l'Institution Sciences Po ne veut pas que vous lisiez...
Réplique aux thèses non fondées de Stéphane Lacroix, « Spécialiste de l’Islam Politique », Professeur à
Sciences Po et Chercheur au CERI
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
MOT DU TRADUCTEUR
professeur de Sciences Po nommé Stéphane Lacroix2,
connu pour diffamer la religion musulmane et les
savants de l’Islam. La réponse a été écrite en anglais
quelque temps avant la défaite électorale de Sarkozy par
un étudiant au Yémen… comme quoi les drones peuvent
parfois aller dans l’autre sens. L’étudiant démontre que
les analyses, recherches et conclusions du professeur
sont en réalité un mélange des fables de Lafontaine et
des Mille et une Nuits présentées sous forme d’ouvrage
académique. Or, comme vous le verrez dans cette
réponse, les écrits de Lacroix n’ont rien d’académique.
Après la sortie de « Les Fables de Lacroix commentées
par l’œuvre de Sheikh al-Albani » en anglais3, la
réputation du professeur s’est
effondrée dans le monde académique
anglo-saxon. L’humiliation subite par
Stéphane Lacroix fut telle que, dès
lors, il n’a presque plus rédigé
d’articles en anglais sur ce qu’il
nomme le « salafisme » et le
« wahhabisme ».
a France n’est plus ce qu’elle l’était durant
l’avant-Sarkozy. Les lois votées contre la liberté
des femmes musulmanes leur interdisant de
s’habiller selon leurs convictions, les profanations
récentes de mosquées et de cimetières musulmans, les
caricatures ignobles du Prophète Mohammed
ainsi
que la diffamation croissante des politiciens envers les
musulmans pratiquants ne sont que quelques éléments
qui démontrent que la France a déclaré persona non
grata tout musulman qui refuse de s’assimiler à la überculture française.
L
Certes, la politique et les médias de
l’hexagone sont trempés dans
l’islamophobie et le racisme
antimusulman comme l’était, au
siècle précédent, la propagande
antisémite en Allemagne. Tout
comme la démocratie allemande a
permis à Hitler, en 1933, de
populariser le fascisme antijuif, la
laïcité française véhicule dans ce
nouveau siècle le fascisme antimusulman. Or, les
islamophobes français ont appris à ne pas commettre les
mêmes erreurs de leurs précurseurs allemands et mènent
leur campagne antimusulmane sous couvert d’une liberté
d’expression et un combat pour « des valeurs
républicaines et laïques ». Ils transforment les
appellations pour atténuer le caractère xénophobe de
leurs attaques calomnieuses contre les musulmans qui
pratiquent ouvertement leur religion et ne parlent plus de
croyance musulmane ou de citoyens musulmans —
termes exclusivement réservés aux Arabes occidentalisés
–, mais d’islamistes, wahhabites, extrémistes, intégristes,
fondamentalistes et fous d’Allah. Ce sont des termes
avec lesquels ils augmentent sans cesse le sentiment de
peur dans ce pays qui, à en croire les médias asservis,
semble être sous occupation « salafiste ».
Il était donc important de partager les
compétences académiques de cet
expert en Islam avec le monde francophone où il
continue à se faire passer pour un spécialiste. Il est, en
effet, temps que la France sache qui est réellement le
professeur Stéphane Lacroix comme il est grand temps
qu’en France, on se rende compte à quel degré les
charlatans islamophobes se sont infiltrés dans les
universités, les instituts et les centres de recherches
français.
Dans une interview avec le Figaro4, Stéphane Lacroix
reprochait aux « Salafistes » de rester dans leur bulle.
C’est un reproche qu’il ne devra plus faire, car
aujourd’hui un Salafi est sorti de sa bulle pour mettre au
grand jour les tromperies académiques de cet imposteur
qui sombre dans l'escroquerie intellectuelle...
Il n’y a que très peu de résistance scientifique ou
intellectuelle de la part des membres de la communauté
musulmane et ceux qui ripostent se contentent
d’énumérer
quotidiennement
les
agressions
islamophobes, chose d’ailleurs totalement inutile, car il
suffit de suivre les infos pour comprendre que la France
est aujourd’hui le pays le plus islamophobe d’Europe.
Dans le monde anglophone, les choses diffèrent ;
l’islamophobie est moins présente et plusieurs auteurs1
sont connus pour écrire des répliques académiques aux
islamologues,
orientalistes
et
journalistes
antimusulmans. Une de ces réponses s’est faite à un
2
Stéphane Lacroix est connu pour rédiger des articles islamophobes
en anglais et passe régulièrement dans les médias français. Il a
participé à un débat avec un Imam d’une mosquée à Marseille après
la diffusion d’un reportage d’Harry Roselmack sur le « Salafism ».
3
L’article original en anglais s’intitule « Sheikh al-Albani’s works
reply to Stephan Lacroix’ revolutionary Lie »
4
« Les Salafistes en France restent dans leur bulle » Le Figaro,
12/10/2012
1
Comme Haneef Oliver, auteur des livres « The Wahhabi Myth » et
« Sacred Freedom ».
2
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
commerce à « profit garanti ». Or il est impressionnant
de constater que la quasi-totalité de ces « islamologues »
sont inaptes à effectuer de simples recherches
académiques dans les livres d’origine en arabe qui
urant les quatre années sous le « régime » de
constituent la source primaire pour tout chercheur qui
Nicolas Sarkozy, la France a non seulement
désire étudier les origines, l'influence et le
connu un déchaînement d'islamophobie dans les
développement des sectes musulmanes contemporaines.
médias principaux et sur de le devant de la scène
Il n’y a probablement pas d’autre branche de
politique, mais aussi dans ses universités les plus
spécialisation dans les cercles académiques où
prestigieuses qui, aujourd’hui, sont clairement
l'illettrisme dans la langue primaire, sur laquelle est
contaminées par le nouveau fléau du siècle. Le
basée son étude, ne pose aucun problème pour devenir
« Sarkozysme » a produit des drôles de spécimens qui se
expert dans le domaine. De plus, leur incapacité de
sont autoproclamés « islamologues » et « experts de
conduire des recherches de base conformes à la réalité
l'Islam » dans le but de mener une campagne visant à
ne semble les déranger en rien. Les militants de
discréditer la communauté musulmane de France.
l'islamophobie française recyclent principalement les
anciennes ambiguïtés de leurs précurseurs orientalistes
Les articles dans la presse occidentale qui traitent la
en ajoutant leur touche personnelle avec des
religion musulmane et ses différentes sectes ont
argumentations insolites. En effet, ils semblent bien
clairement révélé que tout ignare peut s’infiltrer dans le
conscients de leur immunité presque
domaine complexe des sectes
absolue lorsqu’ils rédigent des contes
musulmanes et leurs différences
de fées présentées sous forme de
religieuses. Dans certains milieux
recherches académiques. Ils n’ont
académiques, ils font même figure de
jamais à se justifier et ne doivent pas
référence sans avoir la moindre notion
prendre
en
considération
les
ou compréhension de la matière dans
sentiments des musulmans de qui ils
laquelle ils se font nommer
écrivent, car ces derniers se
« experts ». En auscultant les écrits de
retrouvent citoyens de seconde zone
ces
« islamologues » et
pseudo
spécialistes du Moyen-Orient, le Certains professeurs à Sciences Po exploitent dans cette nouvelle France où
lecteur intègre se doit de conclure que l’industrie fructueuse de l’islamophobie pour l'apartheid religieux n’a pas d’égal.
leur vaste majorité est composée entamer leur carrière
Aujourd'hui, nous allons analyser de
d’imposteurs
incompétents
qui
plus proche les écrits de Stéphane Lacroix qui est un
amassent des fonds de recherche considérables destinés
adversaire fervent de la famille royale saoudienne et des
aux études académiques d'universités comme Princeton,
Salafis de France qui refusent de s’agenouiller devant la
Cambridge, Oxford, la Sorbonne et Sciences Po. Ils
laïcité française et les valeurs occidentales. Comme c'est
gagnent leur vie en rédigeant des articles d'amateurs qui,
le cas pour la plupart des professeurs de Sciences Po, les
à de rares exceptions près, contiennent des thèses
écrits du professeur Lacroix révèlent une animosité
farfelues, voire des histoires fictives. En France, une
particulière envers l'Islam et plus spécifiquement à
élite de fondamentalistes laïques5 a entamé une vendetta
l’égard des musulmans qui pratiquent leur religion7.
médiatique contre les musulmans qui refusent de
Dans ses articles, il juge ceux qui suivent les préceptes
s'assimiler à la culture française et de se soumettre à ses
musulmans comme des personnes intellectuellement
normes. C'est souvent en exploitant l'ignorance des
retardées qui ont abandonné toute pensée rationnelle. À
masses que cette nouvelle génération « d'orientalistes »
l’inverse, il décrit les arabes laïques qui se sont
est parvenue à diaboliser une partie bien précise de la
hardiment assimilés aux idéaux de l'Occident comme des
communauté musulmane en France et cela en présentant
intellectuels courageux et audacieux. Stéphane Lacroix
les « musulmans qui s’habillent islamiquement » comme
rêve bel et bien d'une Arabie Saoudite laïque déchue de
des
islamistes,
fanatiques,
intégristes
et
6
toutes ses valeurs musulmanes8…
fondamentalistes .
D
Éditer des articles sur l'Islam et ses sectes est devenu un
7
En mars 2007, Stéphane Lacroix participe au colloque xénophobe et
islamophobe « Le Rôle de l’Etat Civil qui plaide pour les Reformes
dans le Monde Arabe » organisé par le FPC à Londres. Comme tout
bon islamophobe, Lacroix revendique le droit aux « sociétés civiles »
d’imposer des réformes chez les arabes dans leurs « sociétés
primitives ».
8
Dans sa croisade pour libéraliser les lieux saints occupés par les
musulmans, Stéphane Lacroix a fait une intervention à l’Institut des
Affaires Etrangères de Norvège qu’il a nommé « Perspectives pour
une libéralisation religieuse et politique de l’Arabie Saoudite ».
5
Parmi les islamophobes les plus actifs en France, nous avons
Jacques Myard, André Gerin, Jean-Marie Le Pen, Bernard Rougier,
Caroline Fourest, Manuel Valls, George Freche, Jean-François Copé,
Bernard Henry Lévy, Nicolas Sarkozy, Alain Finkielkraut, Fadela
Amara, Marine Le Pen et Siham Habchi.
6
Notez que les juifs religieux — contrairement aux musulmans qui
pratiquent ouvertement l’Islam—, sont toujours décrits comme des
« orthodoxes » et non comme « fondamentalistes » ou « intégristes ».
3
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
La Riposte de Sheikh Naser al-Din al-Albani
« Cela fait maintenant plus d'un demi-siècle que nous
constatons comment la diffamation prend, chaque
année, une nouvelle forme. En effet, chaque année il y a
quelque chose qui se répète, chaque année on invente
une nouvelle chose contre moi alors que personne parmi
ces gens-là n’est venu me voir directement… » 11
Mohammed Ibn Nouh Nadjati, mieux connu sous le nom
de Mohammed Naser al-Din al-Albani
fut
incontestablement un des savants musulmans les plus
aimés du XXe siècle. Lors de son enfance, il a dû fuir
l'Albanie à cause de la persécution religieuse du
Malheureusement, la calomnie lancée contre Naser aldictateur sanguinaire Ahmed Zogolli9, de la même
Din al-Albani n’a pas cessé après son décès. Il y a
façon dont de nombreux musulmans français émigrent
quelques années, une tentative fut
aujourd’hui vers des pays musulmans
entreprise pour lier le Sheikh
pour échapper à la politique
indirectement à l'attentat sanglant de
antimusulmane de Sarkozy. La
1979 perpétré sur la mosquée de la
famille de Sheikh al-Albani choisit la
Mecque par Mohammed al-Qahtani12.
Syrie comme nouveau pays d'accueil
D'autres, encore, ont dépeint ce grand
et c’est là où Mohammed al-Albani,
homme de science comme un simple
encore très jeune, se lance dans les
d’esprit qui rejette le raisonnement
études
religieuses
dans
la
humain. Et en France, le savant
bibliothèque « al-Thahiriya » de
albanais fut gravement diffamé dans
Damas. Il devint renommé pour son
un article de Stéphane Lacroix intitulé
zèle ardent dans la recherche du
Après
avoir
fui
l’Albanie
la
famille
d’al-Albani
« l'Approche Révolutionnaire d’alHadith à tel point que l'administration
s’est installée dans cette maison à Damas
Albani du Hadith13 ».
de la bibliothèque mit une pièce à
disposition du Sheikh et lui donna une
L'œuvre de Sheikh al-Albani contient
clé de la bibliothèque où il passait la
suffisamment de matière à démanteler
plus grande partie de son temps10. Alles accusations calomnieuses du
Albani, qui devint un savant
professeur Lacroix. Par conséquent,
mondialement reconnu dans la
cette réponse sera majoritairement
science du Hadith, fut plus tard invité
restreinte aux paroles du Sheikh qui,
en Arabie Saoudite pour enseigner à
même après sa mort, s’avèrent
la prestigieuse Université Islamique
de Médine. Il finit en Jordanie où il …et voici la maison dans laquelle Sheikh al- toujours très utiles pour répondre aux
articles islamophobes écrits par les
décède au milieu de ses livres en Albani a grandi pendant son enfance
partisans fanatiques et xénophobes de
s’adonnant à l’occupation qu’il
la
laïcité
française.
appréciait le plus : la recherche de hadiths. Lorsqu’alAlbani décède, les musulmans au monde entier avaient
perdu un de leurs savants les plus éminents et le plus
grand Muhaddith de leur époque.
Tout au long de sa vie, Sheikh al-Albani fut harcelé par
de nombreux islamophobes, polythéistes et partisans
sectaires pour avoir appelé à la tradition prophétique et
avoir exposé les enseignements erronés des sectes
égarées. Dans ses livres, al-Albani consacra beaucoup de
temps à se défendre contre les nombreuses fausses
allégations à son égard. Cela, comme il l’avait
mentionné à plusieurs reprises, lui prenait beaucoup de
son temps :
9
Dictateur albanais laïc, connu pour avoir assassiné ses rivaux
politiques et avoir mené une politique de collaboration étroite avec
l’Italie fasciste. Sa dictature royale fut caractérisée par une
combinaison de despotisme et réformes occidentales dans lesquelles
il prit des mesures oppressives en adoptant des lois civiques et
commerciales ainsi que des codes pénales occidentaux. Les
musulmans furent les plus grandes victimes de ce tyran impitoyable.
10
Voir la biographie officielle de Sheikh al-Albani :
www.alalbany.net/albany_serah.php
11
Muhammad Nasir al-Din al-Albani, « As-Salafiya wal Madhahib »
[La Salafiya et les Madhabs], p.103
12
Voir la ‘1e Partie’ de la série « Thomas Hegghammer under the
Sledgehammer » (à venir incha Allah).
13
Stéphane Lacroix « Al-Albani’s Revolutionary Approach to Hadith
», ISIM Review 21, p.6-7.
4
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
Les Origines de la Salafiya… ?
niqab fut une innovation imposée aux femmes par
certains savants saoudiens au début du XXe siècle.
L’islamophobie et l'histoire culturelle de l'Islam ne vont
clairement pas de pair, ce qui explique d’ailleurs
pourquoi les islamophobes sont incapables de situer la
Salafiya dans un contexte historique.
Comme la plupart des islamophobes institutionnalisés, le
professeur Lacroix étiquette l’Islam orthodoxe comme
du « Wahhabisme » et le présente comme une secte
islamique qui se base sur les enseignements de Sheikh
Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb alNajdi. Dans son article, il décrit le
« Wahhabisme » comme étant :
Dans plusieurs articles, le professeur
Lacroix
emploi
le
terme
« jurisprudence Wahhabite ». Le fait
qu’un spécialiste de l’Islam improvise
« … le discours produit et soutenu par
un discours invoquant un madhab
l'établissement officiel et religieux de
inexistant qui n'a jamais été mentionné
l’Arabie Saoudite »
dans un livre de jurisprudence
islamique met en péril sa réputation de
Avant
tout,
Stéphane
Lacroix
chercheur islamologue. Il est clair que,
considère le « Wahhabisme » comme
L’entrée
de
la
bibliothèque
«
al-Thahiriya
»
dû à leur manque d'études adaptées et
un discours produit par l'établissement à Damas où le Sheikh fit ses recherches
de recherches approfondies, beaucoup
officiel et religieux de l’Arabie
« d’experts du Moyen-Orient et de
Saoudite. Ensuite, il fait une différence
l’Islam » rendent confus leurs lecteurs
avec le « Salafisme » en mentionne :
quand ils s’efforcent de décrire la
Salafiya. C’est pourquoi nous allons
« Contrairement au Wahhabisme, le
laisser derrière nous Stéphane et
Salafisme se réfère à toutes les
Dounia aux pays des merveilles laïques
hybridations qui ont eu lieu depuis les
et voir ce que les vraies spécialistes des
années 1960 entre les enseignements
sciences musulmanes ont à dire sur le
de Mohammed Ibn 'Abdel-Wahhâb et
La
pièce
de
la
bibliothèque
mise
à
sujet. Dans ses écrits, Sheikh al-Albani
d'autres écoles juridiques islamiques. »
disposition à Al-Albani. Le Sheikh y passait
a clarifié à plusieurs reprises
parfois plus de quinze heures par jour.
qu’historiquement, les origines de la
Donc, si nous avons bien compris, le
Salafiya remontent à fort longtemps :
« Wahhabisme » est une école juridique et le
« Salafisme » a vu le jour dans les années 196014… Tout
« De nombreux savants, au passé et au présent, ont
cela est, certes, très intéressant et évoque le témoignage
15
adopté la dénomination de 'L’appel à la Salafiya’.
bouleversant de Dounia Bouzar invitée à parler devant
16
Certains l’ont décrit par l’appel de ceux qui préconisent
la mission d'information parlementaire en 2009 établi
la Sounna Prophétique, d'autres l’ont nommé l’appel
dans le but de priver les femmes musulmanes de leur
d'Ahl al-Hadith. Ce sont toutes des dénominations qui
droit de s’habiller selon leurs convictions religieuses.
indiquent une même signification. Beaucoup de gens
Dans sa déclaration ahurissante, Bouzar a allégé que le
dans la communauté musulmane, au passé comme au
présent, ont souvent été insouciants de cela ; ou peut14
Cette déclaration de Stéphane Lacroix comme quoi le
être ils en étaient conscients, mais ne l'ont jamais
« Salafisme » se réfère aux hybridations des années 1960 contredit
appliquée de façon appropriée »17
ses propos dans l’interview avec le Figaro où il allège que le
« Salafisme » est né au XVIIIe siècle (voir « Les Salafistes en France
restent dans leur bulle » Le Figaro, 12/10/2012). Ce n’est qu’une des
nombreuses contradictions qui confirme bien l’incompétence du
professeur Lacroix qui sombre dans la plus grande confusion.
15
Dounia Bouzar est une ancienne éducatrice à la Protection
Judiciaire de la Jeunesse qui est devenue « islamologue » grâce à son
expérience acquise avec de jeunes délinquants issus des banlieues (c.à-d. voyous, voleurs, dealers, braqueurs de banque, etc.).
16
En juin 2009, l'Assemblée nationale a nommé une Commission de
32 députés pour mener une mission d'information sur la pratique du
port du voile intégral sur le territoire national. La commission s’est
terminée en tribunal d'inquisition moderne où une meute de
xénophobes a diabolisé les porteuses de niqab avec un acharnement
pathétique afin de justifier une loi ôtant la liberté aux musulmanes de
France de se vêtir selon les préceptes de leur religion. Éric Raoult, le
rapporteur de la mission sur le port du voile intégral fut placé en
garde à vue en octobre 2012 pour violences conjugales après que sa
femme dépose plusieurs plaintes à son encontre. Lors de la
commission, il a toujours prétendu vouloir défendre les « femmes
opprimées sous leur niqab »…natürlich mein Führer!
En effet, l'affiliation à la Salafiya est très ancienne ; c’est
une chose qui est bien connue et peut aussi bien être
retrouvé dans les œuvres des anciens savants que dans la
littérature musulmane contemporaine. Mais si la Salafiya
ne se réfère pas aux hybrides imaginaires du professeur
Lacroix qui ont eu lieu dans les années 1960, alors de
quoi s’agit-il ? Sheikh al-Albani nous l'explique d’une
manière simple et claire :
17
Muhammad Nasir al-Din al-Albani, « Ousoul al-Da’wa alSalafiya » [Principes de la Da’wa al-Salafiya], p. 13
5
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
« La Salafiya est l’Islam selon sa compréhension
correcte ; elle invite les gens à se cramponner à leur
croyance islamique originale et n’exclus pas injustement
un type de personnes. Dans son appel au Coran et à la
tradition prophétique, elle ne fait aucune distinction
entre la personne cultivée et l'illettrée, entre la personne
éduquée et celle qui n’a pas eu d’éducation. » 18
Ainsi, la Salafiya peut simplement être définie comme
l’orthodoxie ou comme l’Islam dans sa forme originale
puisqu’elle est basée sur la compréhension des gens qui
étaient les plus rapprochés de la période de la révélation.
Une fois les trois premières générations révolues, les
sectes islamiques n’ont cessé d’accroitre tout en
développant leur propre compréhension du Coran et de
la Sounna Prophétique. Mais, comme
l’explique Sheikh al-Albani, toutes les
sectes
islamiques
revendiqueront
toujours leur adhésion aux deux
sources de la révélation musulmane :
Ainsi, la Salafiya n'est rien de nouveau.
Al-Albani
explique
la
fausse
conception qui est présente chez ceux
qui considèrent que la Salafiya prend
ses racines dans l’œuvre de Sheikh
Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb ou
d’Ibn Taymiya :
« Certains prétendront que l’appel à la
Salafiya est quelque chose de nouveau,
qu’il s’agit d’un développement ou que
la première personne s’être affilié à
elle fut Sheikh al-Islam Ibn Taymiya et
après lui, à l’époque contemporaine,
Ibn
Abdel-Wahhâb.
Or,
cette
conception est entièrement fausse.
Plutôt, il s’agit d’un mensonge puisque
l'appel à la Salafiya est l'appel correct
et original de l'Islam en soi... » 19
La Salafiya vs le Sectarisme
L’école primaire dans laquelle étudiait alAlbani avant que son père lui apprenne le
Coran et lui enseigne le madhab Hanafite
« La caractéristique de ce groupe de
gens (c.-à-d. Ahl al-Sounna) ne se
limite pas à leur affiliation à
l'application du Coran et de la Sounna
car aucune de ces sectes, que ce soit au
passé ou au présent, ne peut nier
s’affilier au Coran et à la Sounna de
manière générale. Par conséquent, je
dis que les groupes islamiques et les
sectes qui ont été mentionnés par le
Prophète
et auxquels il faisait
référence dans le hadith (des 73
sectes),
sont
unanimes
pour
revendiquer leur affiliation au Coran et
à la Sounna. »23
L’entrée de la même école à Damas, qui, à
la base, fut une maison d’orphelins.
Il semble, en effet, n’y avoir aucune
différence entre les sectes quant à leur
appartenance au Coran et à la Sounna. Cependant, ils
diffèrent fondamentalement dans leur compréhension :
La Salafiya diffère des sectes islamiques dans le fait
qu'elle se réfère à la compréhension des compagnons du
Prophète
et des grands savants aux trois premières
générations après la révélation20 :
« La société dans laquelle nous vivons aujourd'hui
comprend de nombreux groupes qui prétendent tous
s’adhérer à la religion de l'Islam et qui ont tous la
conviction que l'Islam est basé sur le Coran et la
Sounna. Cependant, la grande majorité d'eux
n’approuvent pas le suivi de la voie des compagnons et
ceux qui les ont suivis avec droiture… »24
« L'appel à la Salafiya est basé sur la connaissance du
Coran et la Sounna suivant la compréhension des pieux
prédécesseurs des (premières) trois générations et de
qui le Prophète
a attesté la droiture dans le hadith
connu : 'Les meilleurs des gens sont ceux de ma
génération, puis ceux de la génération d’après, puis
ceux de la génération d’après.' Les quatre Imams21 et
les autres savants qui ont vécu pendant — ou un peu
après — leur temps appartiennent tous aux grands
savants des pieux prédécesseurs. Et ce sont eux que nous
suivons dans notre appel à Islam. » 22
Les sectes musulmanes se distinguent par le suivi étroit
de leur fondateur dans la compréhension de l'Islam ; les
Salafis, en revanche, basent leur compréhension non
seulement sur les sources islamiques les plus
authentiques, mais ils étudient également l’œuvre des
grands savants des trois premières générations pour ainsi
atteindre la compréhension adéquate et originale de leur
religion. Ils ne suivent pas aveuglément ces savants en
question, mais se servent de leurs ouvrages pour arriver
à une compréhension correcte de l'Islam25:
18
Muhammad Nasir al-Din al-Albani, « Shubah Hawl al-Salafiya »
[Ambiguïtés concernant la Salafiya] p.130
19
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Durus Lil Sheikh Nasir alDin al-Albani » (Shabakat al-Islâmiya)
20
Plusieurs sectes revendiquent également leur appartenance à la
Salafiya. Or, leurs actes et idéologues invalident leur allégation.
21
C.-à-d. les Imams Abu Hanifa, al-Shafi’i, Malek et Ahmed.
22
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Shubah Hawl al-Salafiya »
[Ambiguïtés concernant la Salafiya] p.113
23
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Ousoul al-Da’wa alSalafiya » [Principes de la Da’wa al-Salafiya], p.18
24
Ibid, p.35
25
Un des reproches que répète souvent le professeur Lacroix est que
les « Salafistes » ont une lecture littéraire puisqu’ils appliquent « à la
6
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
« Nous voyons les grands savants comme un moyen et
nous les considérons comme des intermédiaires qui
transmettent la science d'Allah et de Son Prophète .
Nous ne les suivons pas pour 'qui' ils sont (mais pour ce
qu’ils transmettent). De plus, nous ne considérons pas
leur suivi comme un de nos objectifs (en soi) puisque
notre intention unique est de comprendre la voie que
suivait le Prophète . Cela veut dire que l'objectif est de
savoir ce qui lui a été révélé dans le Coran ou ce qu'il a
clarifié dans sa Sounna. »26
dit : « Ce qui ne faisait pas partie de la religion à la
première époque, ne fera pas partie de la religion
aujourd'hui. Certes, les générations futures de notre
communauté seront uniquement rectifiées par ce qui a
rectifié les premières générations »29. Al-Albani voyait
que c’était le seul moyen pour que la communauté
musulmane sorte de sa situation misérable.
Mais si Salafiya est aussi ancienne que la religion
musulmane elle-même et représente, certes, la forme
originale de l’Islam, pourquoi alors les musulmans de
nos jours semblent-ils si peu familiers
avec la Salafiya? Sheikh al-Albani
explique que c’est principalement dû
au fait que beaucoup de musulmans
suivent aveuglément une école
juridique:
Selon al-Albani, toutes ces différentes
façons de comprendre les deux
sources divines ont divisé la
communauté musulmane comme elle
l'est aujourd'hui :
« Par conséquent, je dis que la
défaillance par laquelle est atteinte la
communauté dans le fait de revenir à
la compréhension, les idées et les
opinions de nos pieux prédécesseurs
constitue le facteur principal dans la
division des musulmans en plusieurs
'madhabs' et diverses sectes. »27
L’horlogerie du père d’al-Albani dans lequel le
Sheikh a appris le métier d’horloger, à l’entrée
se trouve son plus jeune frère.
« La raison de ceci est que notre
communauté a subi de nombreux
siècles dans lesquels une forme
solidifiée du
suivi aveugle des
‘madhabs’ s’est ancrée dans les
cœurs des gens qui s’affilient à Ahl alSounna. »30
À maintes reprises, al-Albani déclara
Sheikh al-Albani s’est souvent
que la raison pour laquelle la
indigné de cette ignorance largement
communauté musulmane doit revenir
répandue chez les musulmans qui est
à la compréhension des trois
apparue après leur négligence de la
premières générations est parce qu'il
religion et de son apprentissage. Il a
s’agit des générations qui ont transmis
mentionné que beaucoup sont tombés
l’Islam au reste du monde dans sa
dans une ignorance profonde à tel
forme correcte et originale28. Le
point
qu'ils
n’éprouvent
plus
tard al-Albani devient indépendant et
Sheikh comprenait bien que, pour Plus
d’émotion
en
lisant
le
Coran
ou
en
ouvre sa propre horlogerie à Damas. Il devient
éviter les divisions et les frictions un des meilleurs horlogers de la ville.
étudiant les textes authentiques de la
dans la Oumma, il est essentiel
Sounna Prophétique31.
d’obtenir une façon unie de comprendre l’Islam.
En effet, l'ignorance a toujours eu des conséquences
Il est important de souligner que cette façon de
néfastes et des répercussions historiques pour la
comprendre l’Islam a toujours existé et peut être
communauté musulmane et a même facilité la
retrouvée dans l’œuvre des savants qui se sont distingués
colonisation occidentale du monde musulman. Sheikh
lors des quatorze siècles passés. Revenir à la
al-Albani expliquait souvent qu’il n'était pas admissible
compréhension des premières trois générations n’est, en
que les musulmans soient satisfaits de leur situation
effet, rien de nouveau et Sheikh al-Albani faisait souvent
actuelle dans laquelle ils sombrent dans l’ignorance et
référence à la parole de l'Imam Mâlik dans laquelle il
n’apprennent plus les croyances indispensables de leur
religion. En suivant les enseignements du Coran et de la
Sounna, al-Albani maintenait le principe selon lequel
lettre » ce qu’ils trouvent dans les textes religieux. Cette thèse sert
l'ignorance actuelle des musulmans est la cause de leur
ensuite de prétexte pour justifier des appellations comme
humiliation incessante32.
« fondamentalistes » ou « intégristes ». Imaginez-vous que nous
traiterions de « fondamentalistes intégristes » tous les citoyens de
France qui appliquent « à la lettre » toutes les lois de leur démocratie
tout en prétextant qu’ils ont lecture littéraire. Tout bon citoyen
français deviendrait ainsi un intégriste fondamentaliste.
26
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Shubah Hawl Al-Salafiya »
[Ambiguïtés concernant la Salafiya] p.120
27
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Ousoul al-Da’wa alSalafiya » [Principes de la Da’wa al-Salafiya], p.35
28
Ibid, p.46
29
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Al-Fatawa al-Manhajiya LilAlbani » [Les Fatwas d’Al-Abani liées au Manhaj] p.85
30
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Ousoul al-Da’wa alSalafiya » [Principes de la Da’wa al-Salafiya], p. 14
31
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « As-Salafiya wal Madhahib »
[La Salafiya et les Madhabs], p.101
32
Ibid, p.106
7
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
Briser le mythe « Wahhabite »
« Wahhabite » fut déjà employé par les Ottomans en tant
qu’outil de propagande :
L’article de Stéphane Lacroix sur Sheikh al-Albani
aurait pu être crédible si le professeur avait fait l’effort
de lire au moins quelques chapitres dans les livres du
Sheikh. Il n’aurait probablement pas décrit si
maladroitement la Salafiya, ni aurait-il attribué sa propre
vision du « Wahhabisme » à Sheikh al-Albani, car pour
Lacroix, le « Wahhabisme » est une secte islamique
fondée par Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb et ses
héritiers :
« L'emploi du terme (Wahhabite) faisait partie de la
politique menée par l'Empire Ottoman lorsqu'un homme
de science et de réforme nommé Mohammed Ibn AbdelWahhâb commença à appeler les gens (à l’Islam) dans
certaines parties de la région du Najd. »36
Le nom « Wahhabisme » fut dès lors repris dans les
ouvrages tendancieux d'islamophobes
et d’orientalistes et cela, jusqu’à notre
époque. En effet, il s’agit aujourd’hui
« Le Wahhabisme fait initialement
d’une appellation très populaire
référence à la tradition religieuse
exploitée dans la virulente campagne
développée à travers les siècles par les
de
propagande
antimusulmane.
ulémas de l'établissement officiel
Certains
«
islamologues
» utilisent le
religieux saoudien et a été fondée par
terme pour décrire les Takfiris (c.-à-d.
les héritiers de Mohammed Ibn Abdelceux qui déclarent d’autres musulmans
Wahhâb. »
mécréant
sans
respecter
les
prescriptions
de
l'Islam),
d'autres
Si le « Wahhabisme » est une tradition
emploient le terme de façon très
religieuse qui s’est développée à
générale pour cataloguer les hommes
travers les siècles suivants le décès de
barbus et les femmes qui portent le
Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb, alors il
niqab, et puis il y a encore ceux qui
serait très intéressant de savoir en quoi
de « al-Thamar al-Mustatâb fi
considèrent que le « Wahhabisme » est
le
« Wahhabisme » diffère
des Manuscrit
Fiqh al-Sounna wal Kitab», premier livre
un système politique. De cette façon,
duquel
Sheikh
al-Albani
a
évalué
les
hadiths.
enseignements originaux de l'Islam
chaque spécialiste possède sa façon
transmis par le Prophète
et dans
personnelle
de
représenter
et de comprendre ce qu'il
quels aspects il contredit le Coran et la Sounna. Les
appelle le « Wahhabisme ». Dans son article, Stéphane
islamophobes ont toujours refusé d’aborder ce sujet et se
Lacroix commence par décrire al-Albani comme un
contentent d’étiqueter l’Islam orthodoxe comme du
« Wahhabite » et mentionne :
« Wahhabisme »33. Cela leur permet de dénigrer de
manière indirecte la foi musulmane sans pour autant
« Il est connu de tout le monde que Sheikh Nasir al-Din
devoir mentionner le terme ‘Islam’34. Il n'est pas
al-Albani fut un partisan loyal du Wahhabisme. »
surprenant de voir que l’appellation « Wahhabite »
trouve ses origines dans la poésie injurieuse de la secte
Plutôt, il est connu de tout le monde que cette
des Déobandis au Pakistan et en Inde au début du XXe
déclaration est simplement absurde. Sheikh al-Albani,
siècle35. Sheikh al-Albani est remonté encore plus loin
ainsi que tous les autres savants sunnites n'emploient pas
dans l’histoire et a mentionné que le terme
le terme « Wahhabite » et le considèrent comme une
injure. Dans son explication du livre « al-Tahawiya »
Sheikh al-Albani mentionne :
33
D’autres experts autoproclamés, comme le sociologue-mufti Samir
Amghar, présentent toute pratique orthodoxe de l’Islam comme une
radicalisation. Comme la laïcité française néglige et éradiqué le statut
de toute référence musulmane compétant dû à son savoir islamique,
les médias font recours à des sociologues totalement ignorants des
préceptes musulmans. Ce sont souvent ce genre d’Arabes ou
Berbères qui servent de faux alibi aux médias tendancieux qui les
exploitent pour transmettre leur protocole qui stipule que le
musulman peut uniquement être un ‘bon citoyen’ s’il s’habille, se
comporte et pense entièrement comme le Français de souche.
34
Lacroix diffame ainsi la religion musulmane en employant le terme
« Wahhabisme ». En janvier 2005, il a présenté une communication à
un colloque organisé par le CERI intitulé « La critique du
Wahhabisme… », ce qui passe mieux que « la critique de l’Islam »
35
L'animosité de la secte des Deobandis envers Sheikh Ibn AbdelWahhâb réside dans le fait que le Sheikh prônait un Islam orthodoxe
qui interdit l'adoration des tombes, des saints, etc. Voir al-Shams alSalafi al-Afghani « Al-Maaturidya wa Mawqifuhum min Al-Asmaa
wa Al-Sifaat » Vol.3, p.312, 313
« Et parmi les preuves principales qui prouvent que le
Sheikh (al-Tahawi) fut bien Salafi, est que ses ennemis le
décrivent comme étant un ‘Wahhabite’. Ce terme est une
accusation préfabriquée portée contre tous ceux qui
suivent le chemin des prédécesseurs, qui appellent à la
tradition prophétique et rejettent le suivi aveugle.»37
36
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Fatawa al-Sheikh al-Albani
wa Muqaranatuha bi Fatawa al-Uléma » [Les Fatwas de Sheikh alAlbani comparées à celles d’autres savants], p. 12
37
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Sharh Aqida al-Tahawiya »
[Explication de ‘Aqida al-Tahawiya], p.53
8
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
pose : d’où le professeur Lacroix
obtient-il ses
informations. Vu que dans son article, il ne cite pas une
seule référence des paroles attribuées à Sheikh al-Albani,
j'ai personnellement contacté Stéphane Lacroix pour lui
demander une référence de cette citation en question40.
Bien que j’aie réitéré ma demande à maintes reprises, le
professeur Lacroix a obstinément refusé de me fournir la
moindre source. J'ai poursuivi ma
recherche dans l’œuvre d'al-Albani et
je suis tombé sur une parole dans
laquelle le Sheikh explique avoir subi
des insultes grossières lancées par
Ahmed al-Ghimari41. Sheikh al-Albani
conclut cette partie dans son livre en
mentionnant les propos dénigrants
d'al-Ghimari que voici :
Dans sa « Silsila al-Ahadith al-Da'ifa », Sheikh alAlbani mentionne un extrait d'une lettre qui remonte à
1959 dans laquelle un de ses adversaires le décrit de la
manière suivante :
« Ensuite, Nasir al-Din al-Albani est arrivé à Damas où
il apprit l’arabe et étudia la science du Hadith dans
laquelle il a acquis la maîtrise. Il a
bénéficié largement d'une bibliothèque
qui contient de précieux manuscrits de
hadiths. L'année dernière, lorsque j'ai
rendu visite à cette bibliothèque,
c’était lui qui m’apportait les livres
que je cherchais et c’est lui qui
m’informait de leur contenu. Et Sheikh
al-Albani est un homme malicieux et
un pur ‘Wahhabite Taymite’. Si ce
n'était pas pour son vicieux madhab et
son obstination, il aurait été une des Cour intérieure de la librairie « al-Thahiriya »
personnes uniques à son époque dans où Sheikh al-Albani acceuilla al-Ghimari
la science du Hadith, malgré qu'il gère
toujours une horlogerie... » 38
« Celui qui considère Sheikh al-Albani
comme Wahhabite a eu tort, car il est
plus partial à l'esprit du Wahhabisme
qu’Ibn Abdel-Wahhâb lui-même et il
est plus têtu que lui... »42
Sheikh al-Albani et les autres savants
Dans ce passage, Sheikh al-Albani
de l'Islam orthodoxe sont souvent
explique qu'un de ses plus grands
dépeints comme « Wahhabites » par
adversaires l'accuse d'être plus partial
leurs opposants. De même, dans son
à l'esprit du « Wahhabisme » qu’Ibn
livre « Tahdhir al-Sajid min Ittighadh
Abdel-Wahhâb
lui-même.
Le
al-Qubur Masajid », al-Albani tire A l’intérieur de la bibliothèque, al-Albani professeur
Lacroix
a
l’attention sur les orientalistes informait al-Ghimari du contenu des livres
intentionnellement
déformé cette
contemporains qui offensent les gens
déclaration et l'a présentée comme
de la Sounna avec l’appellation « Wahhabite »39.
étant une affirmation d’al-Albani lui-même. Notre
« chercheur » français a tout simplement pris une insulte
d'al-Ghimari pour l’attribuer à Sheikh al-Albani dans le
L’Imposture d'un Professeur Charlatan
but de convaincre le lecteur qu’al-Albani se considérait
comme « Wahhabite ». Le professeur n'a jamais donné
Un peu plus loin, le professeur Lacroix attribue les
suite à ma requête d’une référence de la citation de
propos suivants à Sheikh al-Albani :
Sheikh al-Albani parce qu'il a sciemment inventé un
mensonge qu'il a alors exploité pleinement pour faire
« Mais plus important que ça, al-Albani affirmait être
croire aux lecteurs que Sheikh al-Albani fut populaire
plus fidèle à l'esprit du Wahhabisme que Ibn 'Abdelchez la « jeunesse Salafie » et cela, en prétendant qu’il
Wahhâb lui-même. Cette parole a rendu les idées d’alse disait plus fidèle à l'esprit du « Wahhabisme » qu’Ibn
Albani très populaires chez la jeunesse Salafie. »
Abdel-Wahhâb lui-même. En France, si vous volez
l’ouvrage d'un auteur vous avez commis du plagiat, si
Premièrement, la « jeunesse Salafie » rejette totalement
vous volez de plusieurs auteurs, vous avez effectué des
le terme « Wahhabite ». Par conséquent, cette
recherches et si vous inventez des propos que l'auteur
déclaration du professeur ne peut être vraie.
n’a jamais dits, ça devient de la « spécialisation ».
Deuxièmement, Sheikh al-Albani n'a jamais prononcé
ces mots et celui qui est familier aux écrits du Sheikh
sait pertinemment qu’il est impossible que cette parole
puisse être sortie de la bouche du Sheikh. La question se
38
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Silsila al-Ahadith al-Da’ifa
Wal Madou’a Wa Atharouha Al-Sayyi’ Fil Umma » [Collection des
hadiths faibles et inventés et leur effet néfaste sur la communauté
musulmane] 4/6
39
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Tahdhir al-Sajid Min
Ittighadh al-Qubur Masajid » [Prémunir ceux qui se prosternent
contre le fait de transformer les tombes en mosquées], p. 102
40
Le professeur Lacroix fut contacté par mail à l’adresse mail
[email protected]
41
Sheikh marocain qui, d'après al-Albani, penchait vers l’idéologie
Shi’ite (Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Silsila al-Ahadith alDa'ifa... », Vol.6, p.212)
42
Ibid, Vol.3, p. 15
9
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
Mais pourquoi le professeur Lacroix forge-t-il un
mensonge aussi flagrant ? Tout simplement parce qu'il
est obsédé par l’appellation « Wahhabite » et sans
représenter al-Albani comme quelqu’un qui se
revendiquait comme « Wahhabite », une partie
principale de son article perd toute signification et ses
conjectures fantaisistes s'écroulent comme un château de
cartes.
comprendre la réalité de l'appel (da’wa) de Mohammed
Ibn Abdel-Wahhâb, nous devons d’abord retracer
l’histoire de la péninsule Arabique à son époque...
L'appel de Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb al-Najdi
Avant la da’wa de Sheikh Mohammed Ibn AbdelWahhâb, la région du Najd se trouvait dans une situation
où la majorité des gens furent ignorants des
enseignements
fondamentaux
de
l'Islam.
L’analphabétisme largement répandu, ce fut l’époque où
l’Arabie se trouva dans « l’Âge Obscur » où les
croyances de bases musulmanes ne furent plus
enseignées. Les gens adoraient tombes, statues et arbres
et prenaient les morts comme intermédiaires pour
invoquer leur Seigneur. D’un point de vue global, leur
situation fut, à plus d’un égard, très semblable à la
période
préislamique
du
paganisme…46
On peut se demander quelle aurait été la réaction de
Sheikh al-Albani à ce professeur « spécialiste de
l’Islam » qui l’a taxé de partisan loyal du
« Wahhabisme » tout en attribuant des insultes
grossières lancées par ses adversaires au Sheikh luimême. Il est important de comprendre que les savants de
l'Arabie Saoudite joignent leurs voix à la désapprobation
d’al-Albani face au terme « Wahhabisme ». Pour citer un
exemple, l’ancien Mufti du
Royaume d’Arabie, Sheikh AdbelAziz Ibn Baz, a dit que le terme
« Wahhabite » est uniquement
Il semble que les islamologues
employé par les adversaires
refusent de commenter cette
tendancieux et ignorants de
époque et s’ils le font, ils la
l'Islam43. Sheikh Saleh al-Fawzan,
décrivent comme une période
un autre savant majeur du pays, a
riche et culturellement diversifiée.
déclaré que le « Wahhabisme »
Ceci, bien entendu, est une simple
n'existe pas dû au fait que Sheikh
façon d’ignorer les exploits
Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb
fabuleux qu’avait réalisés Sheikh
n'est pas venu avec un dogme ou La région du Najd où a débuté la da’wa de Sheikh Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb
une méthodologie propre à lui Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb.
sur le plan religieux, pédagogique,
pour attribuer cette da’wa à son
structurel et politique.
nom. En conséquence, le « Wahhabisme » n’est pas plus
qu’une dénomination inventée pour aliéner le public des
Cependant, c'est dans ce contexte historique qu'Ibn
écrits de Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb et pour le
Abdel-Wahhâb a fait renaître la Sounna Prophétique,
représenter comme quelqu'un qui a son propre madhab
qu’il a relancé les enseignements originaux de l'Islam et
et qui contredit les imams du passé44.
qu’il a commencé à instruire la population. Le dogme
(aqida), la jurisprudence (fiqh), le Hadith, le Tafsir ainsi
Le « Wahhabisme » est aujourd'hui devenu un mythe
que toutes les autres sciences religieuses s’enseignaient à
populaire dans les cercles islamophobes. Une des raisons
nouveau et bénéficiaient largement à la communauté47.
les plus apparentes pour laquelle les islamologues
Tout comme l’Imam Ahmed, Ibn Taymiya et d'autres,
fabulent en inventant ces nouveaux termes non reconnus
Ibn Abdel-Wahhâb fut un des rénovateurs de l'Islam
auprès des savants musulmans est simplement parce
orthodoxe et tentait de ramener sa communauté vers la
qu'ils ne sont pas capables de mener des recherches
pratique et la compréhension correcte de l'Islam. Sheikh
comparatives entre les idéologies de sectes musulmanes
Al-Albani mentionne :
d’une part et les œuvres historiques de savants
musulmans contemporains et modernes, de l'autre45.
« Ensuite, ce fut Sheikh al-Islam Mohammed Ibn AbdelL’histoire a démontré que Mohammed Ibn AbdelWahhâb qui a fait renaître cet appel dans le Najd à une
Wahhâb n'est pas venu avec une nouvelle tradition
époque où la région se trouvait dans un état
religieuse comme certains semblent croire. Pour
d’abomination ténébreuse et où le paganisme fut
prédominant dans tout le pays. Les gens de la région
43
Abdel-Aziz Ibn Baz, « Fatawa al-Sheikh Ibn Baz » [Recueil de
sont redevenus instruits grâce aux enseignements de
Fatwas de Sheikh Ibn Baz], 3/1306
Sheikh Al-Islam (Ibn Taymiya) de qui il (c.-à-d.
44
Voir le site officiel de Sheikh al-Fawzan sur ce lien
Ainsi, Stéphane Lacroix a rédigé un article dans une revue
« académique » qu’il a intitulé « Les courants islamiques après le 11
septembre ». Le professeur ne comprend pas qu’il n’y a pas eu de
nouvelles sectes ou « courants islamiques » après le 11 septembre dû
au fait qu’il n’a aucune notion des développements des sectes
musulmanes à travers l’histoire.
45
46
Madiha Darwish, « Tarigh al-Dawla al-Sa’udiya » [L’Histoire de
l'Etat Saoudien]
47
Dr Abdel-Aziz Ibn Mohammed al-Hujaylan, « Al-Fiqh WalFuqaha Fil-Mamlaka al-Arabiya al-Sa’udiya...” [La Jurisprudence et
les savants de Fiqh au Royaume d’Arabie Saoudite], p.37
10
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
Mohamad Ibn Abdel-Wahhâb) a bénéficié en lisant ses
livres... »48
les fondations méthodologiques dont parle notre
professeur.
En étudiant ces développements dans la région du Najd
dans un contexte historique, l'appel d'Ibn Abdel-Wahhâb
ne semble n’être rien de plus qu'une extension de la
longue succession de savants d'Ahl al-Sounna qui
commence par les compagnons du Prophète , les
savants majeurs des premières trois générations, les
quatre Imams, les Muhaddithin tout en poursuivant avec
Ibn Taymiya, ses étudiants et les autres grands savants
musulmans49. Les enseignements de tous ces savants
sont basés sur la même fondation
idéologique au point que plusieurs
« spécialistes de l’Islam » en Occident
ont décrit des savants comme Ibn
Taymiya et al-Souyouti comme étant
des « Wahhabites », bien que Sheikh
Ibn Abdel-Wahhâb soit né plusieurs
siècles après eux50. Si vraiment l'appel
à l’Islam de tous ces savants est
considéré comme du « Wahhabisme »,
alors le Prophète Mohammed et ses
compagnons peuvent aussi bien être
appelés « Wahhabites ».
Sheikh Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb, les générations
successives des savants du Najd ainsi que tous les autres
savants saoudiens n'avaient pas de principes
indépendants. Or, ils suivaient tous les fondations
méthodologiques51 connues et maintenues par les
Compagnons, les quatre Imams et les savants d'Ahl alSounna au passé52. Ceux-ci s’avèrent être exactement les
mêmes principes sur lesquels se basait Sheikh al-Albani.
Des Fondations « Wahhabites » ?
Les exploits de Sheikh Ibn AbdelWahhâb ne seront jamais appréciés —
voire compris — par ceux qui ne les
ont jamais étudiés, et encore moins
par ceux qui n’ont pas bénéficié d’un
enseignement de base de l'Islam à
travers les œuvres des savants
Musulmans orthodoxes qui permettra
de mettre en corrélation leur credo et
méthodologie indiscernable. Cette
incompréhension a fait que beaucoup
de chercheurs simples d’esprit
Toutefois, le professeur Lacroix a une
comprennent l’œuvre de Sheikh Ibn
autre façon de voir les choses. Dans Manuscrit de l’évaluation du recueil de hadiths Abdel-Wahhâb comme une nouvelle
son article, il développe une thèse « Sahih Abu Dawud » par Sheikh al-Albani.
religion qu’ils taxent alors de
conspirationniste et prétend que
« Wahhabisme ». Dû à leur mépris de
Sheikh al-Albani a eu des ennuis avec les savants
l’Islam et leur refus de mener la moindre étude
saoudiens dû au fait qu'il aurait « remis en question leurs
approfondie des textes de révélation, ils considèrent
fondations méthodologiques » :
l'appel d'Ibn Abdel-Wahhâb comme une tradition
religieuse qui ne se réfère pas aux œuvres principales de
« Cependant, l'opposition qu’a endurée al-Albani de la
l’Islam, mais qui se base plutôt sur des écrits apparus
part de l'établissement religieux Wahhabite ne fut pas
bien après. C’est également ce que prétend Stéphane
uniquement intellectuelle. En remettant en question les
Lacroix :
fondations méthodologiques sur lesquelles le
Wahhabisme avait bâti sa légitimité, il avait également
« Dès son début, le Wahhabisme s'est établi en tant que
défié leur position dans le champ religieux saoudien. »
tradition religieuse qui s’est basée sur quelques livres
clés, aussi bien dans le dogme (aqida) que la
Ici, nous voyons clairement comment les hallucinations
jurisprudence (fiqh). »
s’emparent du professeur Lacroix qui, dans sa nouvelle
déception, prétend que Sheikh al-Albani a défié la
Le professeur décrit l'héritage d'Ibn Abdel-Wahhâb
position des savants saoudiens en remettant en question
comme une nouvelle tradition religieuse et indépendante
leurs fondations. Mais pourquoi donc ? Craignaient-ils
basée sur ses œuvres personnelles et celles de ses
que ce savant albanais devienne le futur Mufti de
héritiers. Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb était sans aucun
l'Arabie Saoudite, le ministre des Affaires religieuses, ou
doute un réformateur qui a fait revivre les sciences
est-ce qu'ils le considéraient comme un héritier potentiel
islamiques dans la péninsule Arabique, mais la plupart
du trône ? Quoi qu’il en soit, analysons de plus proche
des livres qui se trouvent à la base de l'appel des savants
saoudiens, depuis l’époque de Sheikh Mohammed Ibn
48
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Haqiqatou al-Da’wa alSalafiya » [La Réalité de la Da’wa al-Salafiya] p.156
49
Saleh Ibn Mohammed Âl al-Sheikh, « Al-Minhaj al-Fiqhi Li
A’imma al-Da’wa al-Salafiya Fil Najd » [La Méthodologie
Jurisprudentielle des Grands Savants Salafis du Najd], p. 93
50
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Silsila al-Ahadith alSahiha » [Recueil de Hadiths Authentiques], 8/1
51
Ces fondations sont le Coran et la Sounna, le Consensus, les
Jugements des Compagnons et le Qiyaas juridique. Voir Saleh Ibn
Mohammed Âl al-Sheikh, « Al-Minhaj al-Fiqhi… », p.252-268
52
Saleh Ibn Mohammed Âl al-Sheikh, « Al-Minhaj al-Fiqhi Li
A’imma al-Da’wa al-Salafiya Fi Najd » [La Méthodologie
Jurisprudentielle des Grands Savants Salafis du Najd], p. 251-256
11
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
Abdel-Wahhâb jusqu'à ce jour, sont des œuvres qui
datent d’avant le temps d’Ibn Abdel-Wahhâb. Dans son
ensemble, les savants du Najd ont bénéficié des savants
d’Ahl al-Hadith53 comme peut facilement être déduit de
leurs écrits, fatwas et propos54.
« Cette tradition (c.-à-d. le « Wahhabisme ») fut
monopolisée par une petite aristocratie religieuse du
Najd, qui s'est d’abord concentrée autour de Mohammed
Ibn ‘Abdel-Wahhâb et ses descendants (connus sous les
Âl al-Sheikh) avant de s'élargir à un petit nombre
d'autres familles... les membres de cette aristocratie
étaient devenus les seuls transmetteurs légitimes de la
tradition Wahhabite; dans ce contexte, les savants
indépendants furent exclus parce qu'ils n'avaient pas
reçu de ‘science adéquate’ de ‘savants qualifiés’. »
En somme, les livres qui sont enseignés dans le
Royaume appartiennent à de grands savants issus du
monde entier. Dans le dogme (aqida) ils ne dépendaient
pas uniquement des ouvrages d'Ibn Abdel-Wahhâb mais
aussi, et surtout, de ceux d’Ibn
Taymiya (Syrie XIIIe siècle) et son
Plus loin, il insinue que « l'approche
étudiant Ibn Qayim (Syrie XIIIe
révolutionnaire » d’al-Albani de la
siècle) qui ont soutenu et transmis les
science du Hadith contredisait les
croyances originales de l’Islam. Dans
normes saoudiennes puisque cette
la grammaire arabe une de leurs
approche menait au fait que :
références principales est « alAjurrumiya » rédigé par le savant
« ... la science du hadith peut être
marocain Mohammed Ibn Ajurrum
mesurée selon des critères objectifs
(XIVe siècle) et dans la jurisprudence
sans qu’ils soient liés à la famille, la
ils dépendaient en grande partie des
tribu ou à la descendance locale ce
écrits du Sheikh palestinien Abdelqui a permis une certaine mesure de
Ghani al-Maqdisi (XIIe siècle). Dans
méritocratie56 qui fut auparavant
la science du Hadith ils revenaient
absente. »
aux livres du savant syrien al-Nawawi
(XIIIe siècle) et du Muhaddith
Stéphane Lacroix représente la
égyptien Ibn Hajar al-Asqalani (XVe Manuscrit de « Sahih al-Sira al-Nabawiya », la renaissance de l'Islam au Najd comme
biographie du Prophète .
siècle) et dans la science de l'héritage
une aristocratie religieuse instaurée
ils dépendaient surtout du livre « al-Rahabiya » du
par une famille bourgeoise qui tente de monopoliser la
savant irakien Mohammed al-Rahabi (XIIe siècle).55
da’wa en favorisant des tribus locales. Par conséquent,
l'état saoudien est tout sauf une méritocratie dû à la prise
Cela confirme la tendance observée à travers l’histoire :
de pouvoir de la « mafia religieuse Wahhabite ». Certes,
les œuvres des savants du Najd ont toujours eu une
tous les moyens sont justifiés pour diaboliser les savants
dimension internationale et n’ont jamais été restreintes,
saoudiens.
comme le prétendent certains professeurs, à quelques
livres clés d'une tradition religieuse saoudienne.
Cependant, l'histoire conteste cette allégation du jeune
professeur, car les archives des savants du Najd révèlent
clairement que le seul critère de réussite chez les ulémas
a toujours été la connaissance des différentes sciences de
Une Bande Tribale qui prend contrôle de la Péninsule
l’Islam. L’origine tribale ou les liens de famille n’ont
Arabique ?
jamais fait d’une personne un savant religieux. Ici, nous
pourrions citer l’exemple du Roi Abdel-Aziz qui avait le
Stéphane Lacroix persiste obstinément dans sa fausse
plus grand respect pour les gens de science et était connu
représentation de la da’wa de Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb
pour avantager les savants aux membres de sa propre
et explique comment la conspiration des savants
famille57.
saoudiens a débuté par une aristocratie :
De même, le grand nombre de savants étrangers qui ont
atteint de hauts rangs dans l’établissement religieux
53
Comme les Imams al-Shafi’i, Malek, Ahmed, al-Bukhari, Muslim,
Abu Dawud, al-Tirmidhi, al-Awza’i, al-Darimi, al-Dar al-Qutni, alBayhaqi, Ibn Hazm, Ibn Hajr, Ibn Abdel-Bar, Ibn Taymiya, Ibn
Qayim ainsi que d’autres savants qui portaient une grande attention
au Hadith.
54
Saleh Ibn Mohammed Âl al-Sheikh, « Al-Minhaj al-Fiqhi Li
A’imma al-Da’wa al-Salafiya Fi Najd » [La Méthodologie
Jurisprudentielle des Grands Savants Salafis du Najd], p. 241-242
55
Dr Abdel-Aziz Ibn Mohammed al-Hujaylan, « Al-Fiqh WalFuqaha fil-Mamlaka al-Arabiya al-Sa’udiya... »[La Jurisprudence et
les savants de Fiqh au Royaume d’Arabie Saoudite], p.39, 44.
56
NDT La méritocratie est un système qui classe les gens selon leur
mérite. Ce que Lacroix entend par là est que les savants du Hadith en
Arabie, chez les « Wahhabites », n’ont pas de mérite réel (comme la
science, l’intelligence, etc.) puisqu’ils sont uniquement devenus
savants dû à leur origine et à leur appartenance à une certaine famille
ou tribu. Le fait qu’ils aient étudié les sciences islamiques pendant
des décennies n’a, bien entendue, joué aucun rôle, car l’Arabie
Saoudite, avant l’arrivée d’al-Albani fut un pays vide de toute
méritocratie.
57
Al-Zarkali, « Al-Wajiz », p.197
12
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
saoudien58 est une preuve claire qui le tribalisme et
l’origine locale ne jouent aucun rôle dans la
reconnaissance et l’admission des savants en Arabie
Saoudite. De plus, Stéphane Lacroix sait très bien qu’à
Sciences Po, un arabe d’Arabie Saoudite ou du Yémen,
par exemple, ne sera jamais admis dans leur institut pour
enseigner.
la déduction de preuve fut identique59. Il divergeait
évidemment avec eux dans certaines fatwas de la
manière dont divergent tous les savants Sunnites entre
eux dans les affaires de jurisprudence. Ce n’est rien de
spectaculaire pour ceux qui ont une connaissance
superficielle des sciences religieuses au long de
l’histoire islamique et prouve simplement que les
savants d’Ahl al-Sounna font leur propre ijtihad, à
Les islamophobes tentent souvent d’arabiser la religion
l’inverse des partisans qui suivent aveuglement une
musulmane en insinuant que l’Islam est basé sur une
certaine école de principes jurisprudentiels ou un
forme de nationalisme ou tribalisme. Cependant, jamais
madhab. De plus, ces différences n'ont pas causé la
dans l’histoire la science du Hadith n’a-t-elle été
moindre animosité entre Sheikh al-Albani et ses
mesurée selon les liens de famille, les tribus, les classes
confrères parmi les savants saoudiens comme devient
sociales, l’origine ou la descendance du Muhaddith. Les
clair dans les éloges prononcés par deux des
plus grands savants musulmans et narrateurs de hadith
représentants principaux de « l’établissement religieux
sont une parfaite illustration de cela puisque la majorité
saoudiens » à l’époque d’al-Albani. Le premier est
d’eux étaient des non-arabes
Sheikh Abdel-Aziz Ibn Baz qui a
souvent très pauvres. Néanmoins,
déclaré qu'il n'a jamais vu, dans
ça ne les a pas empêchés de
son temps, un savant de Hadith
devenir les détenteurs et les
comme Sheikh al-Albani. L’ancien
narrateurs
de
la
tradition
mufti a même avoué qu’il a
prophétique à niveau mondial. Ce
beaucoup bénéficié de lui et dit
sont eux qui ont transmis les
qu’il le considérait comme un des
hadiths et une partie majeure des
meilleurs savants de son époque60.
sciences islamiques au reste du
Le deuxième est Sheikh Ibn
monde. Al-Bukhari, Muslim, Abu
Utheymin qui l'a loué pour ses
Dawud, al-Tirmidhi, Al-Nassa'i,
œuvres dans le dogme et la
Ibn Majah furent tous des nonjurisprudence61 et l'a appelé le
arabes qui ont instauré les Couverture de la première revue islamique pour laquelle Muhaddith de son époque62 ainsi
ouvrages de référence du Hadith Sheikh al-Albani a rédigé des articles
que le Muhaddith de la région du
sur lesquels dépend aujourd'hui
Châm63.
toute la communauté musulmane.
Les savants dans le Royaume Arabe qui ont réfuté alAlbani ont tous explicitement mentionné dans leurs
La critique « Haddadi » de Lacroix : Al-Albani contre
réponses que leurs différences n’étaient pas basées sur
les Saoudiens
des contradictions fondamentales et qu'ils respectaient et
aimaient Sheikh al-Albani64. Un d'entre eux, Sheikh
En examinant le développement des assertions du
Mohammed Aman al-Jami, a déclaré dans sa réfutation
professeur Lacroix, nous voyons qu’il arrive maintenant
de Sheikh al-Albani :
au message principal dans lequel il reflète un conflit
intense entre al-Albani et les savants saoudiens :
« Allah, les anges, et ceux présents (dans cette assise)
sont témoins de mes propos dans lesquels je déclare que
« Al-Albani est fortement en désaccord avec les
j'aime Sheikh al-Albani pour (la cause) Allah. »65
Wahhabites - et surtout avec leurs représentants
principaux, les ulémas de l'établissement religieux
59
Saleh Ibn Mohammed Âl al-Sheikh, « Al-Minhaj al-Fiqhi Li
saoudien – dans le domaine de la jurisprudence (loi). »
A’imma al-Da’wa al-Salafiya Fi Najd » [La Méthodologie
Jurisprudentielle des Grands Savants Salafis du Najd], p. 90
60
Sheikh Abdel-Aziz Ibn Baz, “Durus Lil Shaikh Abdel-Aziz Ibn
Baz” (Shabaka al-Islamiya), cours 17
61
Mohammed Ibn Salih al-Utheymin, “Al-Diya’ Al-Lami’ min
Khutab Al-Jawami’” [Etincelles Lumineuse des Sermons de
Vendredi] p.446
62
Muhammad Ibn Salih al-Utheymin, “Sharh Aqidatul Safariniya”
[Explication de la Aqida Al-Safariniya] p.185
63
Les pays du Châm sont le Liban, la Palestine, la Syrie en la
Jordanie.
64
Voir Rabi’ Bin Hadi al-Madkhali, [Les Egarements Limpides
d’Abdul-Latif Bashmel], p. 9 et « A Lighthouse of Knowledge from a
Guardian of the Sunnah », p.41
65
Ibid, p.39
De manière globale, Sheikh al-Albani n'était pas en
grand désaccord avec les savants saoudiens dans les
affaires de jurisprudence puisque leur méthodologie dans
58
Parmi eux nous comptons Sheikh Mohammed Aman al-Jami
(Ethiopie), Sheikh Abdel-Razzaq al-A’fifi (Égypte), Sheikh
Mohammed Aman al-Shinqiti (Maurétanie), Sheikh Mohammed
Nasir al-Din al-Albani (Albanie), Sheikh Hammad al-Ansari (Mali),
Sheikh Wasiyullah A’bbas (Inde), Sheikh Mohammed al-Harras
(Egypte) etc.
13
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
De même, Sheikh al-Tuwayjari a déclaré, tout en
réfutant le savant albanais, que « critiquer al-Albani
permet (à certains) de critiquer la Sounna66 ». Malgré
avoir réfuté al-Albani, ces savants partageaient tous sa
méthodologie et ne l’ont jamais accusé d'avoir des
différences
fondamentales
ou
une
approche
révolutionnaire du Hadith.
qui diffame uniquement le Royaume saoudite dans ses
articles et exprime son admiration envers les Saoudiens
occidentalisés qui préconisent une constitution
occidentale pour se débarrasser des valeurs islamiques
dans le Royaume Arabe70.
Comprendre
Hanbalisme
Il y a plus d’une décennie Abdul-Lateef Bashmel, un
Haddadi67 notoire et un ennemi juré de Sheikh al-Albani,
a essayé d’exploiter les réfutations de quelques savants
saoudiens contre le Muhaddith albanais pour porter
atteinte à son intégrité et ameuter les gens contre lui.
Ainsi, il a voulu faire croire que les
réponses des savants saoudiens à Sheikh
al-Albani étaient motivées par une
animosité et une opposition totale à alAlbani. Malgré que Bashmel se soit
vigoureusement efforcé de diviser
l’unité des savants Salafis68, ces derniers
ont exposé ses égarements et ont
ouvertement mis en garde contre lui.
l’adhésion
d'Ibn
Adel-Wahhâb
au
La raison du « profond désaccord » entre al-Albani et les
savants saoudiens est, selon Stéphane Lacroix,
l’appartenance des « Wahhabites » au Hanbalisme :
« Ici, al-Albani fait allusion à une
contradiction fondamentale dans la
tradition Wahhabite : les partisans
Wahhabites
ont
préconisé
une
dépendance exclusive au Coran, à la
Sounna et au consensus d'al-salaf alsalih
(les
pieux
prédécesseurs).
Cependant, pour leurs fatwas ils se sont
presque uniquement référés à la
jurisprudence
Hanbalite.
Par
conséquent, ils agissent en tant que
partisans
d'une
école
juridique
spécifique, à savoir le Hanbalisme.»
Aujourd'hui, Stéphane Lacroix marche
sur les traces d’Abdul-Lateef Bashmel
en suivant des principes Haddadis
indiscernables. De façon identique, il
accentue avec ardeur les différences Ibn Taymiya fut incarcéré dans cette
entre al-Albani et les savants saoudiens prison, plus de sept siècles avant Dans un autre article, le professeur
afin de porter atteinte à leur réputation. l’emprisonnement d’al-Albani.
Lacroix prétend même qu’al-Albani
D’une part, les savants saoudiens sont
reprochait aux savants saoudiens de suivre aveuglément
dépeints comme des malfaiteurs fanatiques qui ne
le madhab Hanbalite :
tolèrent aucune divergence d’opinion alors qu’al-Albani
est, d’autre part, représenté comme un savant dont
« Cependant, les Hanbalites contemporains ont eu
l’approche révolutionnaire du Hadith constitue une base
tendance à imiter (taqlid), de plus en plus, d’anciennes
idéologique pour des extrémistes qui finissent par
fatwas des membres de leur école, au lieu de pratiquer
commettre des attentats terroristes69.
leur propre interprétation (ijtihad) basé sur le Coran et
la Sounna. C'était un des reproches principaux d’alOn pourrait également s'interroger sur la raison pour
Albani aux Wahhabites qui prétendaient faire du ijtihad
laquelle le professeur Lacroix insiste à démontrer toute
mais avaient tendance à agir comme des Hanbalites. » 71
cette « hostilité saoudienne » alors qu’il passe sous
silence le conflit intense qui a eu lieu entre al-Albani et
Depuis le XVIe siècle, les savants du Royaume saoudite
l’établissement religieux syrien. Mohammed Nasir alont adhéré au madhab de l'Imam Ahmed Ibn Hanbal
Din al-Albani fut emprisonné à deux reprises en Syrie
dans la jurisprudence, tout en prenant en considération
après que ses adversaires l’accusent à tort auprès des
des verdicts d'Ibn Taymiya et Ibn Qayim72. Initialement,
autorités. Au début des années soixante, le Sheikh fut
l'influence du Hanbalisme a marqué la région du Najd
emprisonné pour une période d’un mois dans la
grâce aux circonstances de voyage favorables pour les
forteresse de Damas, l’endroit où fut incarcéré Ibn
étudiants saoudiens qui, avant la période d’Ibn AbdelTaymiya sept siècles auparavant. En 1967, al-Albani est
emprisonné pour une deuxième fois, faisant huit mois de
70
prison dans le nord-est de la Syrie. Tout cela semble
NDT Stéphane Lacroix ne formule pas la moindre critique contre
le régime syrien puisqu’il est bien connu que les laïques fanatiques de
n’être d’aucune importance pour le professeur Lacroix
la France ont toujours soutenu Bachar al-Assad dans sa répression
des Salafis en Syrie.
71
Stéphane Lacroix et Thomas Hegghammer, « Rejectionist Islamism
in Saudi Arabia : The Story of Juhayman al-‘Utaybi Revisited », p.4
72
Dr Abdel-Aziz Ibn Mohammed al-Hujaylan, « Al-Fiqh WalFuqaha fil-Mamlaka al-Arabiya al-Sa’udiya... » [La Jurisprudence et
les savants de Fiqh au Royaume d’Arabie Saoudite], p.223
66
Ibid
La secte des Haddadis a été nommée après Mahmoud al-Haddad,
un comptable égyptien connu pour diffamer les savants de la Sounna.
68
Ibid, p.41
69
NDT Ce qui deviendra clair vers la fin de l’article
67
14
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
Wahhâb, voyageaient à Damas (Syrie) et à Nables
(Palestine) où ils assistaient au cours de savants
Hanbalites. De retour au Najd, ils transmettaient la
science qu’ils avaient acquise dans leurs régions73.
Cependant, il est important de bien saisir ce qui est
voulu par cette adhésion au Hanbalisme. Dans une lettre
de Sheikh Abdoullah al-Sana’âni à Sheikh Mohammed
Ibn Abdel-Wahhâb, le savant yéménite lui demanda de
quelle manière les savants du Najd adhéraient au
madhab Hanbalite :
« Nous ne nous limitons pas à un madhab spécifique. Si
nous trouvons une preuve tangible dans un des quatre
madhabs, quel qu’il soit, nous l'acceptons et nous nous y
accrochons. » 76
Le Sheikh a également fait remarquer que la priorité
devait être donnée au Coran et à la Sounna prophétique
sur les jugements de son propre madhab :
« Si nous tombons sur un texte clair du Coran ou de la
Sounna qui n'a pas été abrogé ni spécifié, qui ne
contredit rien de plus tangible et qui a été accepté par
un des quatre Imams77, alors nous acceptons cette
décision et abandonnons le madhab…Nous ne suivons
pas aveuglément les savants, et cela dans aucun
domaine, parce que la parole de
chacun peut être acceptée ou rejetée,
à l’exception des paroles du Prophète
. » 78
« Que voulez-vous dire lorsque vous dites que vous
suivez le madhab de l'Imam Ahmed? Le suivez-vous
aveuglément ou suivez-vous sa méthodologie dans la
pratique du ijtihad? »
Sheikh Mohammed Ibn AbdelWahhâb répondit avec les paroles
suivantes :
« Toute déclaration et tout acte doit
Ibn Abdel-Wahhâb fut suivi dans
être mesuré aux paroles et aux
cette méthodologie par les savants du
actions du Prophète . Ce qui est en
Royaume saoudite qui exigeaient que
accord avec celles-ci est accepté, et
leurs étudiants délaissent le madhab
ce qui les oppose est rejeté, peu
si une preuve contradictoire leur
importe la personne qui tient les En 1967, al-Albani fait huit mois de prison à al- devenait
apparente79.
Et
cela
propos. Aucune priorité n’est Hasakah, dans le nord-est de la Syrie.
correspondait avec la méthodologie
donnée aux opinions personnelles
de Sheikh al-Albani qui dit :
sur le Coran et la Sounna Prophétique. Nous suivons les
principes de l'Imam Ahmed de la façon qui fut
« Par conséquent, nous disons qu'en nous accrochant à
mentionnée par Ibn Qayim a dans son livre ‘I'lâm El
tout ce qui a été rapporté dans la Sounna de façon
Muwaqqi'în’…Voici ce que nous voulons dire quand
authentique, personne ne pourra nous accuser d’avoir
nous disons que notre madhab est le madhab de l'Imam
contredit intentionnellement le madhab des imams ou
Ahmed. »74
leur méthodologie, même si nous contredisons certains
de leurs verdicts. »80
Bien que les savants de la péninsule Arabique aient
toujours attaché une grande importance scolastique à
Tout comme al-Albani81, Ibn Abdel-Wahhâb bénéficiait
l’œuvre de l'Imam Ahmed, ils ne suivaient pas
des jugements des quatre madhabs et tout comme
aveuglément son madhab. Les archives historiques
Sheikh al-Albani82, il rejetait la petitesse d'esprit cachée
attestent toutes qu'ils abandonnaient le jugement du
dans le suivi aveugle des madhabs en donnant la priorité
madhab si celui-ci était en contradiction avec un hadith
aux preuves du Coran et de la Sounna sur les jugements
75
ou avec toute autre preuve claire . Le madhab Hanbalite
a été utilisé en tant que fondation dans la jurisprudence
76
Dr. Abdel-Muni’m Abdel-Athim Khayrah, « Al-Qada fil-Mamlaka
ce qui est considéré comme un élément facilitateur pour
al-Arabiya al-Sa’udiya » [Le Système Juridique dans le Royaume de
apprendre le fiqh. Cependant, Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb
l’Arabie Saoudite], p.68
77
a déclaré explicitement que ses fatwas n'étaient jamais
Sheikh al-Albani ne voyait pas ceci comme étant une condition.
Cependant, les fatwas dans lesquelles al-Albani contredit l’ensemble
restreintes à un madhab précis :
des quatre madhads sont si rares qu'elles n'auraient jamais pu mener à
un conflit profond avec les savants saoudiens.
78
Sheikh Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb, « Al-Durar al-Saniya Fil
Ajwiba al-Najdiya » [Les Perles Inestimables Tirées des Réponses du
Najd] Vol.4, p.10
79
Saleh Ibn Mohammed Âl al-Sheikh, « Al-Minhaj al-Fiqhi Li
A’imma al-Da’wa al-Salafiya Fi Najd » [La Méthodologie
Jurisprudentielle des Grands Savants Salafis du Najd], p.364-366
80
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Asl Sifat Salat al-Nabi » [La
Description de la Prière du Prophète, Version Originale], p.32
81
Ibid, p.23
82
Voir Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Haqiqatou al-Da’wa
al-Salafiya » [La Réalité de la Da’wa al-Salafiya] p.170
73
Dr Abd-Allah al-Turki, « Al-Madhab Al-Hanbali » [Le Madhab
Hanbalite], Vol.1, p.291-295
74
Sheikh Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb, « Al-Durar al-Saniya Fil
Ajwiba al-Najdiya » [Les Perles Inestimables Tirées des Réponses du
Najd] Vol.4, p.21
75
Dr Abdel-Aziz Ibn Mohammed al-Hujaylan, « Al-Fiqh walFuqaha fil-Mamlaka al-Arabiya al-Sa’udiya... » [La Jurisprudence et
les savants de Fiqh au Royaume d’Arabie Saoudite], p.43 et Saleh
Ibn Mohammed Âl al-Sheikh, « Al-Minhaj al-Fiqhi Li A’imma alDa’wa al-Salafiya Fi Najd » [La Méthodologie Jurisprudentielle des
Grands Savants Salafis du Najd], p. 361
15
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
du madhab. Ses livres contiennent de nombreuses fatwas
dans lesquelles il contredit les décisions de l'école
Hanbalite83 ; et ce fut également la méthodologie
adoptée par les savants saoudiens qui l’ont succédé
jusqu'à ce jour84. Ils ont adhéré au Hanbalisme en
considérant l’école comme une structure générale de
principes jurisprudentiels sans déployer acharnement ni
suivi aveugle. Leur référence décisive reste
invariablement le Coran et les hadiths de la Sounna
Prophétique suivant la compréhension des pieux
prédécesseurs85.
professeur Lacroix n'a pas été capable de discerner cette
différence, il s’est imaginé que la méthodologie de
Sheikh al-Albani fut en contradiction fondamentale avec
l'approche des savants saoudiens dû, bien entendu, à leur
adhésion à l'école Hanbalite. Si le professeur Lacroix
avait pris la peine d’examiner brièvement les fondations
de la jurisprudence Hanbalite ou s’il s’était fait une idée
plus au moins exacte des fatwas des savants saoudiens,
ses hypothèses farfelues, son audace et son ignorance
insolente n'auraient jamais vu le jour dans ses articles.
Cela soulève à nouveau la question de l’intégrité de ce
professeur qui ne dispose pas des capacités nécessaires
pour analyser les textes sources dans un domaine qu’il
prétend maitriser.
Tout ceci invalide la théorie du professeur Lacroix qui
repose sur une contradiction fondamentale entre alAlbani et la tradition « Wahhabite ».
Rappelons que la chose que blâmait
réellement le savant albanais était le
Attiser un Conflit Imaginaire avec
courant où les gens suivent
une Parole Révolue
aveuglément un madhab sans diverger
sur le moindre point, sans demander de
Pour démontrer la « contradiction
preuves et en abandonnant le jugement
fondamentale » supposée entre alinterprétatif
(ijtihad)86.
Une
Albani et les savants saoudiens, le
contradiction fondamentale entre alprofesseur Lacroix avance l’argument
Albani et les savants saoudiens aurait
suivant:
certainement été présente si ces
derniers suivaient aveuglément le
« D'après al-Albani, cela s’applique
madhab Hanbalite. Or, ce ne fut pas le
aussi à Mohammed Ibn 'Abdelcas avec Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb
Wahhâb qu'il décrit comme ‘salafi
qui a pavé le chemin menant à la
dans le credo, mais pas dans le fiqh’.»
réouverture des portes de l’ijtihad Manuscrit du « Recueil de hadiths faibles et
après que celles-ci s’étaient fermées inventés » par Sheikh al-Albani
À une seule occasion, Sheikh allors de la chute de Bagdad au XIIIe
Albani a déclaré que l’engagement de Sheikh Ibn Abdelsiècle. Ironiquement, le Sheikh fut reproché de faire du
Wahhâb dans son appel au Tawhid dans une région
ijtihad pendant sa vie et ce n’est qu’après son décès que
totalement infectée de polythéisme lui prenait tellement
ses adversaires l'ont faussement accusé de suivre
de temps qu’il n’a pas assez pu se consacrer à la science
aveuglément un madhab87.
du Hadith89. Selon al-Albani, il aurait par conséquent fait
des évaluations de hadith incorrectes dans le domaine de
Il y a deux groupes de gens qui adhèrent au madhab
la jurisprudence. Pour appuyer son assertion, al-Albani
Hanbalite. Les premiers — auxquels appartiennent les
reprochait Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb d’avoir jugé
savants saoudiens — font leur propre ijtihad et donnent,
authentique (sahih)90 un hadith que la majorité des
en cas de désaccord, priorité aux preuves religieuses sur
les jugements du madhab. La deuxième catégorie est
composée d’individus qui sont ancrés dans la
89
Avant l'arrivée du Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb, les livres de
méthodologie du suivi aveugle du madhab88. Vu que le
référence du Hadith furent absents dans région du Najd. Ce n'est
qu’avec la venue du Sheikh que ces livres ont massivement été
propagés dans la région. De même, les enfants de Sheikh Ibn AbdelWahhâb étaient des Muhaddithin qui enseignaient des livres de
hadith tel que Sahih al-Bukhari. Les livres de hadith ont uniquement
été répandus dans le Najd dû au fait que les savants de la région y
attachaient une grande importance. Que ces savants aient traité plus
souvent les livres de fiqh que les livres de hadith est parce que la
population était plus en besoin de la jurisprudence que la science du
Hadith. Source : Sheikh Saleh Âl al-Sheikh « Al-farq Bayn Kutub alfiqh wa Kutub al-Hadith » [La Différence entre les livres de
Jurisprudence et les livres du Hadith]
90
Il s’agit d’un hadith rapporté par Abu Said al-Khudri qui
mentionne l’invocation de celui qui sort de chez lui pour aller à la
mosquée (Ahmed 11156). Sheikh Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb a
mentionné ce hadith dans son livre « Âdab al-Machi Ila al-Masjid »
[L’étiquette de celui qui se dirige vers la Mosquée]
83
Saleh Ibn Mohammed Âl al-Sheikh, « Al-Minhaj al-Fiqhi li
A’imma al-Da’wa al-Salafiya fil-Najd » [La Méthodologie
Jurisprudentielle des Grands Savants Salafis du Najd], p.363 et « AlDurar... », Vol.7, p.285
84
Sayid Mohammed Ibn Ibrahim, « Tarigh al-Mamlaka alSa’udiya » [Historique du Royaume Saoudien], p.136
85
Dr Abdel-Aziz Ibn Mohammed al-Hujaylan, « Al-Fiqh WalFuqaha fil-Mamlaka al-Arabiya al-Sa’udiya... » [La Jurisprudence et
les savants de Fiqh au Royaume d’Arabie Saoudite], p. 227
86
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Haqiqatou al-Da’wa alSalafiya » [La Réalité de la Da’wa al-Salafiya] p.170
87
Saleh Ibn Mohammed Âl al-Sheikh, « Al-Minhaj al-Fiqhi Li
A’imma al-Da’wa al-Salafiya fi Najd » [La Méthodologie
Jurisprudentielle des Grands Savants Salafis du Najd], p. 406
88
Ibid, p. 172,173
16
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
Ainsi, le professeur Lacroix passe d’une invention à
l’autre et son article devient un vrai tissu de fables:
savants du Hadith avaient rendu faible (da’if)91. Il a
ensuite déclaré que son intention n’était pas de ternir
l’image du Sheikh puisqu’un acte pareil pouvait
uniquement venir d’un ennemi de l'Islam92. Or, Sheikh
al-Albani s’est plus tard rendu compte que sa parole fut
inexacte93. Il s'est excusé pour ses propos tenus à l’égard
de Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb et est revenu sur cette
accusation94. Au passé, plusieurs savants de Hadith ont
témoigné que les écrits d'Ibn Abdel-Wahhâb prouvent
bien qu'il prêtait une grande attention
au Hadith dans tous ses jugements95.
Et jusqu'à ce jour, les Muhaddithin
témoignent encore de la grande
connaissance que possédait le Sheikh
dans le domaine du Hadith96.
« De plus, pour al-Albani, être un ‘salafi dans le fiqh’
adéquat implique qu’on fasse de la science du Hadith le
pilier central du procédé jurisprudentiel, car les hadiths
en soi peuvent fournir des réponses à des sujets qu’on ne
retrouve pas dans le Coran, sans devoir dépendre de
l'école juridique. »
Comme mentionné précédemment,
Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb et tous les
autres savants saoudiens ont toujours
considéré les hadiths— accompagnés
du Coran — comme étant le pilier
essentiel de tout verdict religieux.
Dans ses œuvres, Sheikh al-Albani ne
Par conséquent, cela ne peut être
manquait pas une occasion pour louer
considéré comme une particularité
Ibn Abdel-Wahhâb. À nombreuses
‘révolutionnaire’ et distinctive de
reprises, il l'a appelé le réformateur
Sheikh al-Albani. Cependant, dans
du Tawhid de la péninsule Arabique Tout comme les savants saoudiens, al-Albani se les affaires de fiqh pour lesquelles il
et il l’a défendu contre ceux qui le basait sur le Coran et la Sounna selon la n'y avait pas de preuve claire dans
compréhension des premières générations
critiquaient97. Curieusement, Lacroix
les hadiths prophétiques ou versets
a négligé toutes ces apologies à l’égard d'Ibn Abdelcoraniques, ils se référaient aux différents jugements de
Wahhâb et a soigneusement choisi l’unique parole d’all’école juridique Hanbalite alors qu’al-Albani se référait
Albani dans laquelle il a critiqué Ibn Abdel-Wahhâb —
également aux décisions de savants en dehors des quatre
et qu’il a rétracté par la suite – pour en faire l’argument
imams. Stéphane Lacroix a interprété cette différence
clé de son article. En amplifiant cette critique de Sheikh
d'application pratique dans ce cas particulier – qui est
al-Albani, le professeur Lacroix a établi un conflit fictif
d’ailleurs très rare – comme une différence dans la
entre Sheikh al-Albani et Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb
méthodologie. Il s’agit d’une perception erronée qui est
basé sur des « contradictions fondamentales dans
évidente puisque nous parlons de cas où les questions
l'approche du Hadith ».
religieuses ne contiennent pas de hadiths suffisamment
clairs pour fournir une preuve décisive. Malgré cette
différence, les savants saoudiens ainsi qu'al-Albani,
91
Sheikh al-Albani avait critiqué ce hadith aussi bien dans la chaîne
considéraient tous le Hadith comme un support
de narrateurs (sanad) que dans son texte (matn) (« Silsila al-Ahadith
indispensable dans le fiqh pour clarifier des décisions.
al-Da’ifa » no.24)
92
Leur divergence n'avait aucun rapport avec le fait de
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Haqiqatou al-Da’wa alSalafiya » [La Réalité de la Da’wa al-Salafiya] p.183-186
rendre la science du Hadith le pilier essentiel de la
93
Sheikh Saleh Âl al-Sheikh avait réagi à la parole de Sheikh aljurisprudence ou avec le fait que les hadiths en soi
Albani dans laquelle il disait que Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb ne
fournissent des réponses qui ne peuvent être trouvées
différenciait pas entre le hadith sahih et da’if dû au fait qu’il a rendu
dans le Coran, car nous parlons d'une situation
faible le hadith en question. Sheikh Saleh explique que c'est l'avis
spécifique dans laquelle il n'y a pas de hadiths
personnel du Sheikh (al-Albani) et que d'autres Muhaddithin au
passé, comme al-Hafidh Ibn Hajr (et al-Hafidh al-Dimyata), avaient –
disponibles pour pouvoir fournir une réponse claire à
tout comme Ibn Abdel-Wahhâb – rendu authentique ce même hadith.
une matière juridique.
Sheikh Saleh conclut en disant que ces divergences dans l’évaluation
des hadiths ne doivent pas mener à ce genre de critique. Source :
Sheikh Saleh Âl al-Sheikh « Al-farq Bayn Kutub al-fiqh wa Kutub alHadith » [La Différence entre les livres de Jurisprudence et les livres
du Hadith]
94
Voir Sheikh Rabi’ Bin Hadi al-Madkhali, « Sharh Kitab al-Iman li
Sahih al-Boukhari » [Explication du Chapitre de la Foi de Sahih alBukhari] Cassette no. 2, face B.
95
Saleh Ibn Mohammed Âl al-Sheikh, « Al-Minhaj al-Fiqhi li
A’imma al-Da’wa al-Salafiya fi Najd » [La Méthodologie
Jurisprudentielle des Grands Savants Salafis du Najd], p. 244-246
96
Le grand Muhaddith à cette époque, Sheikh Abdel-Mouhsin alAbbad, fait partie des nombreux savants de Hadith contemporains qui
ont déclaré qu’Ibn Abdel-Wahhâb faisait partie des Muhaddithin.
97
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Silsila al-Ahadith alSahiha » [Recueil de Hadiths Authentiques], Vol.5., p.302, Vol.1,
p.8, etc.
Il est connu que dans ses réfutations, Sheikh al-Albani
mentionnait toujours, et de façon très précise, les défauts
liés à la méthodologie des gens qu'il réfutait. Dans le cas
présent, si la dépendance secondaire des savants
saoudiens au madhab Hanbalite avait été une
contradiction fondamentale ou un défaut important, alAlbani l’aurait certainement signalé dans une de ses
réfutations. Or, cela ne s'est jamais produit.
Finalement, il doit être souligné que les jugements
d’ijtihad d’al-Albani dans lesquels il a contredit les
verdicts de l’ensemble des quatre madhabs
17
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
simultanément sont si peu qu’il est inconcevable que
cela ait pu aboutir à une forme de conflit quelconque.
Tawhid98. C’est d’ailleurs pourquoi il a rédigé un livre
intitulé « Le Tawhid avant toute chose »99 où il explique
que la mère de toutes les sciences religieuses est l'étude
de l'adoration unique d'Allah sans Lui attribuer
d’associés dans les différentes formes d'adoration. Par
Une Approche Révolutionnaire du Hadith ?
conséquent, il considérait l’étude du Coran, le Hadith, le
fiqh et toutes les autres sciences religieuses comme un
Après avoir mis en place le conflit « Albanomoyen d'atteindre le but pour lequel l'homme fut créé:
Wahhabite » qui repose sur des différences
l'adoration unique du Seigneur de
méthodologiques supposées dans le
l’Univers. Vu que Stéphane Lacroix
Hadith, Lacroix tente de démontrer
n’a pas pu ramener la moindre
qu’al-Albani adoptait une approche
déclaration de Sheikh al-Albani
révolutionnaire du Hadith:
indiquant qu’il place la science du
Hadith au-dessus de l'étude du Coran
« Comment al-Albani, avec ses origines
et des autres sciences islamiques, on ne
sociales et ethniques peu distinguées, apeut que conclure une des deux choses
t-il réussi à occuper une place tellement
suivantes : Lacroix est ou bien un
prestigieuse dans un domaine qui fut
trompeur audacieux ou bien quelqu’un
longuement monopolisé par une élite
qui est ignorant des opinions réelles de
religieuse dans la région saoudite du
Sheikh al-Albani. En outre, il y a de
Najd ? La réponse, comme nous verrons
nombreuses
déclarations
dans
à travers l'exemple d'al-Albani luilesquelles
Sheikh
al-Albani
approuve
même et certains de ses disciples, se
les jugements spécifiques ainsi que la
trouve
dans
son
approche
méthodologie globale des savants
révolutionnaire du Hadith. »
majeurs du Hadith à travers les siècles.
Dans son livre « al-Tawhid Awwalan », alexplique que le Tawhid passe avant
Ceci annule explicitement la thèse
Ainsi, le professeur de Sciences Po Albani
toute chose.
farfelue
d'une
« approche
prétend qu’al-Albani favorisait « une
révolutionnaire
du
Hadith.
»
nouvelle approche dans la critique du Hadith » qui
mettrait au défi « le monopole même de l’aristocratie
Al-Albani et le Raisonnement Indépendant
religieuse Wahhabite ». De plus, la méthode du Sheikh
aurait un « pouvoir révolutionnaire » selon Lacroix qui
semble persuadé du bien-fondé de ses opinions.
Selon le professeur Lacroix, le premier aspect dans
l'approche révolutionnaire d'al-Albani du Hadith est
En analysant la méthodologie des grands savants du
l'abandon de la raison :
Hadith de manière comparative, on peut facilement
conclure qu’al-Albani n’a jamais adopté une approche
« Selon al-Albani, le raisonnement indépendant doit être
révolutionnaire du Hadith. Il n’a pas instauré de
exclu du procédé : la critique du matn (le texte du
nouveaux principes dans la science du Hadith, ni a-t-il
hadith) devrait être exclusivement formelle, c.-à-d.
inventé de nouvelles règles dans sa méthodologie de
grammaticale ou linguistique ; seulement le sanad (la
critique. Toutefois, le professeur Lacroix avance
chaîne de narrateurs du hadith) peut réellement être mis
plusieurs arguments qu'il croit soutenir sa thèse. Il
en question. »
déclare en premier lieu:
Voici, une fois de plus, une série de déclarations
« La mère de toutes les sciences religieuses devient par
malhabiles du professeur. Sheikh al-Albani a toujours
conséquent la "science du Hadith" qui vise à réévaluer
été partisan du raisonnement indépendant, que ce soit
l'authenticité de hadiths connus. »
globalement dans le domaine des sciences islamiques
ou, plus spécifiquement, dans la science du Hadith. En
Dans ses écrits, Sheikh al-Albani a mentionné de
98
manière systématique que toutes les sciences religieuses
Le Tawhid, souvent traduit par « monothéisme », est le fait de
sont basées sur le Coran et la Sounna prophétique (c.-àrendre Allah unique dans l'adoration sans ne rien Lui associer.
L'appel au Tawhid fut le message principal de toutes les religions
d. les hadiths) suivant la compréhension des pieux
monothéistes, issues du même Dieu Unique. Non seulement le
prédécesseurs. Quant à la science qu’il considérait
Tawhid est-il considéré comme le premier et le plus important des
comme la plus importante de toutes, alors il faut savoir
cinq piliers de l’Islam, c’est également le premier des dix
que le Sheikh fut d’avis que c’était la science du
commandements du Christianisme : « Un seul Dieu tu aimeras et
adoreras parfaitement ».
99
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Al-Tawheed Awalan Ya
Du’at al-Islam » [Ô Prêcheurs de l’Islam: Le Tawhid avant toute
chose], p.6-11
18
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
peut uniquement se faire en stimulant l’intellect et en
employant le raisonnement105.
outre, al-Albani était connu pour inciter ses étudiants à
ne pas le suivre aveuglément et à mener leurs propres
recherches de façon indépendante. Le Sheikh
comparerait alors les résultats de ses étudiants avec les
siens et ils bénéficieraient tous les uns des autres100.
Une simple recherche dans la science du Hadith
confirmera avec certitude que lors des quatorze siècles
passés, la méthodologie de l’évaluation du Hadith des
En se lançant dans la science du Hadith, le professeur
Muhaddithin a toujours contenu l’analyse de la chaîne
Lacroix croit étaler sa science et ses connaissances
de narrateurs ainsi que l’une analyse du matn106. Les
d’islamologue. Or, il s’exprime sur des sujets dont il ne
critiques de la chaîne et du matn ont chacun leurs
saisit même pas les notions de base.
propres conditions et sont évalués de
En déclarant que Sheikh al-Albani
façon indépendante107. De plus, la
101
n’analysait pas le continu du hadith
critique du matn est loin d'être
(matn), il tente de recycler un vieil
simplement grammaticale108 comme
outil de propagande déployé par les
le prétend Stéphane Lacroix. Ainsi,
orientalistes pour dénigrer les
le matn peut être mis en question
Muhaddithin. En effet, ce fut un
scolastiquement et empiriquement
moyen pour des orientalistes comme
tout comme c’est le cas pour le
102
Ignác
Goldziher
et
Alfred
sanad. Et cela, bien évidemment,
Guillaume103 de représenter les Un hadith contient une chaine de transmission peut uniquement se faire avec un
et un contenu
savants du Hadith comme des gens (sanad) jusqu’au Prophète
raisonnement indépendant109. Cette
textuel (matn)
qui n'utilisent pas de raisonnement
approche
est
précisément
la
indépendant et qui approuvent
méthodologie adoptée par Sheikh alsystématiquement le matn tant que la chaîne de
Albani qui, dans son recueil de hadiths faibles, a jugé
104
narrateurs (sanad) est correcte .
faibles de nombreux hadiths uniquement à cause d'une
anomalie dans le matn110.
À première vue, il peut paraître que les Muhaddithin se
sont uniquement concentrés sur la chaîne de narrateurs
En outre, les savants de Hadith ont toujours appliqué la
sans avoir pris en considération le matn. C’est pourquoi
règle qui stipule que l’exactitude de la chaîne de
certains orientalistes ont accusé les savants du Hadith de
narrateurs n’implique pas nécessairement l’exactitude du
délaisser tout raisonnement. Or, cette thèse se heurte aux
contenu du hadith111. Ce fut également l’avis de Sheikh
réalités des sciences musulmanes puisque la critique du
al-Albani112 qui, tout comme d’autres Muhaddithin, a
contenu ou texte du hadith (matn) a toujours existé et
énuméré plusieurs situations dans lesquelles un hadith
peut être jugé comme inventé (mawdu’) en basant ce
jugement uniquement sur le matn et cela, en dépit d’une
100
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Al-Rawda al-Dani fil
chaîne de narrateurs correcte113.
Fawa’id al-Hadithiya lil-Allama Al-Albani », p.9
101
Dans la Sounna prophétique chaque hadith est précédé d’une
chaîne de narrateurs qui monte du dernier Mouhaddith qui a compilé
les hadiths (comme al-Bukhari ou Muslim) jusqu'aux compagnons
qui ont rapporté le hadith du Prophète Mohammed .
102
Ignác ‘Yitzhaq Yehuda’ Goldziher fut un orientaliste hongrois juif
qui rejeta la méthodologie des Muhaddithin en prétendant que celleci ne comprenait pas l'étude du matn. Ainsi, il a établi son approche
personnelle dans l’analyse du matn ayant l’audace de rendre faible
les hadiths qui mentionnent les vertus de la visite de la Mosquée
sacrée d’al-Aqsa. Voir « Mohammedanische Studien », 2e imp.
Hildesheim 1961.
103
Alfred Guillaume fut un Orientaliste anglais qui, par sa critique du
matn, a fait la fabuleuse « découverte » que la Mosquée d'Al-Aqsa
n'est pas située à Jérusalem, mais à Jirana (40 kilomètres de la
Mecque). Voir « Où se trouvait la Mosquée d’al-Aqsa? » AlAndaluse, Madrid, 1953 p. 323-336. Les critiques du matn de
Goldziher et Guillaume furent motivées religieusement puisqu’ils ont
uniquement rendu faibles ces hadiths dans le but de représenter la
Palestine comme n'ayant aucun patrimoine musulman. D'autres
orientalistes tendancieux comme Joseph Schacht et Arent Jan
Wensinck ont aussi développé une critique personnelle du matn pour
ternir l’image de l’Islam. Il s’agit de personnes qui, durant toute leur
vie, ont étudié la science du Hadith dans le but unique de diffamer la
religion musulmane de façon « académique ».
104
Dr Mohammed Mustafa al-A’thami, « Minhadj al-Naqd I’nd alMuhaddithin » [La Méthodologie de la Critique employée par les
Muhadithin], p. 127-149.
Par conséquent, la thèse de Lacroix comme quoi la
critique du matn, pour Sheikh al-Albani, fût restreinte à
une perspective linguistique est une nouvelle fantaisie ou
tromperie ingénieuse du Muhaddith en herbe de
105 Ibid, p. 81, 83
106
Ibid, p. 82
107
Dr. Abdoullah Bin Dayfoullah al-Rouhayli, « Manhadj AlMouhadditheen fi Naqd al-Riwayat Sanadan wa Matnan ». [La
Méthodologie des Muhaddithin dans la Critique du Hadith dans la
Chaine de Transmission et le Matn], p.14.
108
Ibid, p.24-25.
109
Ibid, p.22.
110
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Silsila al-Ahadith al-Da’ifa
Wal Madou’a Wa Atharouha al-Sayyi’ fil Umma »
111
Dr. Abdoullah Bin Dayfoullah al-Rouhayli, « Manhadj alMouhaddithin fi Naqd al-Riwayat Sanadan wa Matnan ». [La
Méthodologie des Muhaddithin dans la Critique du Hadith dans la
Chaine de Transmission et le Matn], p.21.
112
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Silsila al-Ahadith alSahiha » [Recueil de Hadiths Authentiques], voir l’introduction
113
Dr. Abdoullah Bin Dayfoullah al-Rouhayli, « Manhadj alMouhadditheen fi Naqd al-Riwayat Sanadan wa Matnan ». [La
Méthodologie des Muhaddithin dans la Critique du Hadith dans la
Chaine de Transmission et le Matn], p.42.
19
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
Sciences Po puisque les œuvres d'al-Albani, publiées
pendant plusieurs décennies, sont truffés d’exemples qui
invalident totalement cette hypothèse114.
d’al-Bukhari et Muslim. Al-Albani a été jusqu'à déclarer
certains de ces hadiths comme faibles. »
Sheikh Mohammed al-Albani a effectivement réévalué
certains hadiths dans les recueils d’al-Bukhari et
Muslim. Toutefois, l'allégation de Lacroix comme quoi
le Sheikh aurait rendu faible certains hadiths dans les
deux recueils en question est fausse. Après avoir fait une
explication approfondie d'un hadith dans sa « Silsila alAhadith al-Sahiha », al-Albani mentionne :
Il est étonnant de constater que le professeur Lacroix
ignore que Sheikh al-Albani a rendu faible des hadiths
dû à leur contenu textuel, car dans son même article il
mentionne que Sheikh al-Albani a jugé faibles des
hadiths dans les recueils canoniques d’al-Bukhari et
Muslim. Celui qui entreprend une lecture superficielle de
la critique de Sheikh al-Albani des hadiths dans les
recueils d’al-Bukhari et Muslim, saura que le Sheikh en
a critiqué une bonne partie dû à un
défaut dans le matn, non dans le sanad.
Il devient clair, une fois de plus, que
Lacroix, qui est chercheur au CERI, est
incapable d’effectuer de simples
recherches. Il se contente de répéter
comme un perroquet les conjectures
d'autrui, alors qu’il ignore entièrement
le contenu réel et la véracité des propos
qu’il tient dans ses articles, comme le
démontre également sa déclaration
suivante :
« J'ai volontairement pris plus de temps pour commenter
ce hadith et ses narrateurs. J'ai fait ceci
dans le but de défendre la Sounna
prophétique et pour que personne
n’invente des mensonges à mon égard.
J'ai fait ceci afin que la personne
ignorante, envieuse ou tendancieuse ne
dise pas : 'Al-Albani a dénigré Sahih alBukhari et a rendu faibles ses
hadiths'…»115
En effet, la thèse comme quoi al-Albani
aurait rendu faible des hadiths dans alBukhari et Muslim peut uniquement
« Par conséquent, l’aspect principal de Contrairement à ce que prétendent venir d’une personne ignorante,
certains orientalistes, la critique du Hadith
la science du Hadith devient 'ilm al- englobe également le matn
envieuse ou tendancieuse — et je ne
rijal (la science des hommes), aussi
considérerais certainement pas le
connu comme 'ilm al-jarh wa-l-ta'dil (la science de la
professeur Lacroix comme étant envieux. Sheikh alcritique et de l’évaluation positive) qui évalue la
Albani avait une grande estime pour Sahih al-Bukhari et
moralité – qui équivaut à la fiabilité — des narrateurs. »
Muslim et a toujours loué ces deux recueils pour leur
précision et authenticité :
Cette tentative désespérée de tromper le lecteur échoue
rapidement lorsqu’on apprend que la science des
« Les recueils d’al-Bukhari et Muslim sont les deux
narrateurs (du hadith) ou « I'lm al-Rijal » a toujours été
livres les plus exacts jamais écrits après le Livre d'Allah
l’aspect principal de la science du Hadith pour tous les
d’après le consensus des savants musulmans du Hadith
Muhaddithin à tous les temps. C’est cette science qui a
et d’autres. Ils ont un avantage sur les autres recueils de
préservé la Sounna de toute altération et qui a exposé
hadith dû à leur distinction qui repose sur leur sélection
toute implication de menteurs dans le sanad du hadith ou
des hadiths les plus corrects et plus authentiques ainsi
de narrateurs ayant une mauvaise mémoire.
que sur leur omission de hadiths faibles et ceux qui
contiennent un matn très faible…Il est devenu connu de
manière générale que tous les hadiths dans les recueils
d’al-Bukhari et Muslim, ou dans l’un des deux, ont
Al-Albani et la Critique d’al-Bukhari et Muslim
atteint le degré d’exactitude le plus élevé et sont
considérés comme authentiques et correct sans aucun
Selon Lacroix, Sheikh al-Albani adoptait une approche
doute. Voici notre position de base sur ces deux livres.
unique dans le Hadith dû au fait qu'il aurait rendu faible
Cependant, cela ne veut pas dire que chaque lettre, mot
des hadiths dans les collections de hadiths d’al-Bukhari
ou expression dans al-Bukhari et Muslim doit être placé
et Muslim :
au même niveau (d’exactitude) que le Coran. Il se peut
que certains hadiths contiennent une fausse conception
« En même temps — et contrairement aux pratiques
ou une erreur dans un certain aspect qui fut commise
antérieures —, al-Albani insiste sur l'étendue de cette
par un des narrateurs du hadith. En effet, à l'exception
réévaluation qui doit englober tous les hadiths existants,
même ceux mentionnés dans les recueils canoniques
114
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Silsila al-Ahadith alDa’ifa… » – « Rhayatoul Maram » – « Ta’liqat A’la Moukhtasir
Sahih Muslim lil-Moundhiri », etc.
115
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Silsila al-Ahadith alDa’ifa », Vol.4, p.465.
20
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
du Coran, nous ne considérons aucun livre infaillible. »
En effet, al-Albani fut précédé dans la réévaluation des
recueils canoniques d’al-Bukhari et Muslim par plus de
soixante savants différents119. Parmi les premiers
Cette parole démontre que Sheikh al-Albani ne rendait
savants, plusieurs Muhaddithin ont écrit des ouvrages
pas faible certains hadiths dans al-Bukhari ou Muslim. Il
indépendants dans lesquels ils ont réévalué les hadiths
a uniquement critiqué quelques termes et expressions
d’al-Bukhari et Muslim. Le plus célèbre parmi eux est
dans le matn du hadith ainsi que quelques chaînes de
al-Dar al-Qutni (Xe siècle) qui a écrit le célèbre « alnarrateurs. Il est important de comprendre que dans la
Ilzamât wal-Tattabu ». D'autres comme Mohammed alscience du Hadith, on fait une distinction entre la
Shaheed120 (IXe siècle), Yehya al-Attar121 (XIIIe siècle),
critique d’un hadith d’un point de vue des anomalies
Abdel-Rahim al-Iraqi122 (XIVe siècle) ainsi qu’Abu
dans le sanad et entre le fait de rendre
Zur’a al-Iraqi123 (XVe siècle) ont tous
faible un hadith dans sa totalité. Par
écrit des critiques indépendantes sur le
exemple, la chaîne d'un hadith peut
même sujet. En outre, nous retrouvons
être critiquée dû à une certaine
parmi ceux qui ont critiqué certains
critique d'un narrateur présent dans
hadiths dans al-Bukhari ou Muslim
cette chaine. Or, cela en soit, ne rend
plusieurs savants très connus tels que
pas forcément faible le texte du hadith
l’Imam Ahmed, Ibn Ghuzeyma, Ibn
dû au fait que d'autres hadiths avec le
Hazm, al-Nawawi, al-Qortobi, Ibn almême contenu textuel, mais une
Qayim, Ibn Hajr, Ibn Taymiya, alchaîne différente, peuvent renforcer la
Dhahabi, al-Zarqashi, al-Suyuti et Ibn
solidité du premier hadith qui, par
Kathir124. Ce sont, un par un, des
conséquent, atteindrait le niveau de
savants reconnus dans le Hadith et les
« Hassan » (bon) ou « Sahih » Les recueils d’al-Bukhari et Muslim ont été sciences islamiques qui n’ont jamais
(authentique) bien que sa chaîne de réévalués par plus de soixante Muhaddithin
été accusés d’avoir contredit les
narrateurs soit critiquée. Cela vaut
« pratiques antérieures » de la
également pour tous les hadiths que Sheikh al-Albani a
réévaluation du Hadith. Finalement, al-Albani n'était
critiqués dans les recueils d’al-Bukhari et Muslim
certainement pas le seul à son époque à avoir critiqué
puisqu’il a toujours conclu qu'ils étaient corrects dans
certains hadiths d’al-Bukhari et Muslim. Plusieurs
leur contexte textuel. C'est ainsi qu’al-Albani a expliqué
savants de hadith contemporains, Sunnites et autres, l'ont
cette forme de critique :
précédé dans sa critique : al-Mu’allimi, Moqbil, Shu’ayb
al-Arna’out, Tariq Ibn I’wadillah, al-Kawthari, Hassan
« L’authenticité d’un hadith dans ‘Sahih al-Bukhari’ ne
al-Saqqaf, etc.125
peut être contesté en se basant simplement sur une
certaine faiblesse dans sa chaîne puisqu’il reste la
Une fois de plus, une étude élémentaire confirme qu'il
possibilité que le hadith fut rapporté avec une autre
n'y a rien d’inhabituel concernant l’approche de Sheikh
chaîne par laquelle les deux hadiths se consolideront
al-Albani à la science du Hadith puisque tous les hadiths
réciproquement. » 117
d’al-Bukhari et Muslim critiqués par al-Albani avaient
déjà, précédemment, subi une forme de critique par
La deuxième allégation du professeur Lacroix est que la
d'autres savants du Hadith.
critique ou la réévaluation de Sheikh al-Albani
englobait, contrairement aux pratiques antérieures, tous
les hadiths existants. Regardons plutôt ce que disait le
Muhaddith du siècle précédent au sujet de ces pratiques
119
Muhyi al-Din al-Samarqandy, « Naqd Matn al-Hadith fi Daw
antérieures des Muhaddithin du passé :
116
Nata’ij al-Ulum al-Tajribiya » [La critique du Matn dans le Hadith à
la lumière des Sciences Expérimentales], p.113
120
Mohammed Ammar al-Shaheed, « I’lal Sahih Muslim », [Défauts
dans Sahih Muslim]
121
Yahya Ali al-Rasheed al-Attar, « Gharar al-Fawa’id al-Majmou’a
fi Bayan ma Waqa’a fi Sahih Muslim... »
122
Abdel-Rahim Ibn al-Hussein al-Iraqi, « Al-Ahadith al-Mughrija fil
Sahihayn Allati Takallama fiha » [Sélection de Hadiths dans les
recueils authentique d’al-Bukhari et Muslim qui ont été critiqués]
123
Abu Zura’ Ahmed Ibn Abdel-Rahim al-Iraqi, « Al-Bayan wal
Tawdih Liman Kharaja lahu fil Sahih wa Qad Massa Bi Darb Min
al-Tajrih » [Clarification des Hadiths dans Sahih al-Bukhari qui sont
sujet à une certaine forme de Critique]
124
Muhyi al-Din al-Samarqandy, « Naqd Matn al-Hadith Fi Daw
Nata’ij al-Ulum al-Tajribiya » [La critique du Matn dans le Hadith à
la lumière des Sciences Expérimentales], p.115-140
125
Ibid, p.144-148
« Malgré la magnificence de Sahih al-Bukhari et malgré
le consensus des savants sur son acceptation — comme
je l’ai mentionné dans l'introduction —, nous devons
savoir que le livre a été critiqué aux passé par certains
savants. » 118
116
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Sharh Aqida al-Tahawiya »
[Explication de al-Aqida al-Tahawiya], p.22-23
117
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Silsila Al-Ahadith AlSahiha » [Recueil de Hadiths Authentiques], Vol.4, p.185
118
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Moukhtasir Sahih alBoukhari » [Résumé de Sahih al-Boukhari], 2/4
21
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
Lorsqu’al-Albani fut interrogé au sujet d'une personne
qui, tout comme Stéphane Lacroix, prétendait que les
hadiths d’al-Bukhari et Muslim ne sont plus soumis à la
critique et que leur réévaluation était contraire aux
pratiques antérieures, sa réponse fut la suivante :
page 57, il mentionne même explicitement que je rejette
le consensus… »129
Il est impossible qu’al-Albani ait prononcé des fatwas
qui vont à l’encontre du consensus établi des savants
puisqu’il considérait le consensus islamique comme une
preuve irréfutable dans la déduction de jugements.
« Cette déclaration en soi est suffisante pour convaincre
le lecteur de l'ignorance de cet escroc rusé et démontre
sa diffamation envers les savants antérieurs et
contemporains lorsqu’il prétend qu'il y a un consensus à
ce sujet126. Ainsi, jusqu'à ce jour même, les savants
critiquent toujours certains hadiths dans les recueils
d’al-Bukhari et Muslim. » 127
Ce que le professeur Lacroix n’a pas réussi à saisir, dû à
son incapacité à faire des recherches dans ce domaine,
est qu’al-Albani remettait en question des consensus
supposés qui furent prononcés par certains savants.
Grâce à sa connaissance remarquable, Sheikh al-Albani
fut capable de démontrer que le consensus proclamé par
certains savants dans plusieurs questions était invalide
ou qu’il s’agissait d’un consensus
qui, en réalité, n’a jamais eu lieu130.
Ce qui fut considéré comme un
consensus islamique dans ces
questions précises ne pouvait, par
conséquent, plus être vu comme un
consensus reconnu et acceptable.
Ainsi, al-Albani avait établi que ces
consensus en question avaient été
contredits et remis en question par
des savants au passé :
Les Illusions Révolutionnaires du Professeur Lacroix
Après s’être défoulé dans la science
du Hadith, le professeur Lacroix,
très confiant dans ses capacités, se
lance
maintenant
dans
la
jurisprudence islamique et se permet
de citer une liste de ce qu'il nomme
des
« interprétations
révolutionnaires » de Sheikh alAlbani :
« Dû à la particularité de sa Sheikh al-Albani avait démontré que l'opinion de la
méthode, al-Albani finissait par majorité des savants allait parfois à l’encontre de « J'ai certes, étudié de nombreuses
questions dans lesquelles un
prononcer des fatwas qui allaient à certains consensus proclamés.
consensus a été proclamé et j'ai
l’encontre du consensus islamique,
découvert qu’il s’agissait, en réalité, de questions sur
et plus spécifiquement, à l’encontre de la jurisprudence
lesquelles les savants ont divergé. J'ai même découvert
Hanbalite-Wahhabite. »
que l'opinion de la vaste majorité des savants allait à
l’encontre du prétendu consensus dans ces
L'imagination déréglée du professeur Lacroix fait de
questions. »131
plus en plus de dégâts. Il s’est, en premier lieu,
cramponné à la thèse qui stipule que l'approche d’alLa personne qui ignore les divergences entre savants
Albani du Hadith fut particulière pour ensuite l’exploiter
dans lesquelles un consensus a été proclamé aura par
en soutenant une autre fausse assertion dans laquelle il
conséquent la fausse impression qu’al-Albani défiait le
accuse al-Albani de contredire le consensus islamique
consensus islamique établi. Pour ce qui est de l’assertion
des savants.
du professeur Lacroix que les fatwas prononcées par alAlbani iraient à l’encontre de la jurisprudence Hanbalite,
Certains critiques ont déjà précédé Lacroix dans cette
alors ce n’est bien entendu rien de révolutionnaire, car
allégation128 qui d’ailleurs, dérangeait Sheikh al-Albani.
les savants saoudiens font, et ont toujours fait, la même
Dans son livre « L'Étiquette du Mariage », al-Albani
chose.
répondit à Isma’il al-Ansari qui l'avait accusé de
contredire le consensus islamique :
Dans sa quête d’exemples qui devraient prouver
l’approche révolutionnaire d'al-Albani du Hadith,
« Au début de son livre ‘Al-Ibaha’, ce pauvre homme
Lacroix mentionne :
m'a accusé de contredire le consensus islamique. À la
« Par exemple, il a écrit un livre dans lequel il a redéfini
les gestes et formules adéquats qui constituent le rituel
126
NDT c.-à-d. qu’il n’a plus de réévaluation des hadiths d’alBukhari et Muslim
127
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Âdab al-Zifaf » [L’étiquette
du Mariage], p. 54
128
NDT Et c’est sans aucun doute d’eux que Stéphane Lacroix a
calqué sa critique.
129
Ibid, p.41-42.
Ibid, p.44-47 – p.238-239
131
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Ahkam al-Jana’iz wa
Bida’uha » [Jugements liés aux Funérailles et à ses Innovations],
p.219
130
22
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
de la prière musulmane ‘selon la pratique du prophète’en contredisant les prescriptions de toutes les écoles
juridiques établies. »
spécifique. Par contre, il prenait ce qu’il y avait de
mieux dans chaque madhab en se basant d'abord et
surtout sur les preuves directes de la Sounna. Dans son
livre sur la description de la prière, al-Albani fait
d’abord un jugement sur chaque question séparément et
le compare ensuite avec les jugements des quatre écoles
pour déterminer celles qui correspondaient à sa
recherche analytique et celles qui la contredisaient :
Le livre en question ici est « La Description de la Prière
du Prophète
» et notre chercheur au CERI132 aurait
mieux fait de lire ou feuilleter ce chef-d’œuvre avant de
le commenter de cette manière dérisoire. La réalité est
que dans cette étude, Sheikh al-Albani a uniquement
contredit les jugements des quatre écoles simultanément
« Je suis d’avis que cette approche est la meilleure, car
dans certains cas133. Dans son introduction, al-Albani
elle correspond au chemin qu’Allah a ordonné de suivre
confirme qu'il y a un consensus établi
aux croyants et à son Prophète
dans un grand nombre d’aspects de la
Mohammed . C'est la méthodologie
prière musulmane134 ce qui, en soit, est
des pieux prédécesseurs qui comportent
assez pour démolir la thèse de Lacroix
les compagnons et les générations après
dans laquelle il prétend qu’al-Albani, en
eux auxquelles appartiennent les quatre
redéfinissant les gestes adéquats de la
Imams. Ils ont tous consenti à
prière, aurait contredit les prescriptions
l'obligation de revenir et de s'accrocher
de toutes les écoles juridiques établies. À
à la Sounna et sont unanimes pour dire
la fin de son introduction, le Sheikh
que chaque allégation qui la contredit
déclare explicitement que son travail ne
doit être rejetée. » 138
contient pas un seul jugement dans lequel
il n’a pas été précédé au passé par un
Pour appuyer sa thèse, al-Albani citait de
autre savant, ni un jugement qui va à
nombreuses paroles des quatre Imams
l’encontre du consensus des savants135.
dans lesquelles ils réprimandent ceux qui
De plus, Sheikh al-Albani mentionne
suivent aveuglément leurs jugements et
Dans son livre «Asl Sifat Salat aldans l'introduction que :
verdicts sans les mesurer au Coran et à la
Nabi », al-Albani fut précédé dans tous
ses jugements par d’autres savants
Sounna139. C'était une façon ingénieuse
« Ce livre rassemblera tous les éléments
du Muhaddith albanais de démontrer que
dispersés des livres du Hadith et de jurisprudence y
celui qui suit un madhab quelconque dans tous ses
compris les divergences entre les madhabs qui sont liées
jugements de fiqh a contredit les enseignements des
à ce sujet »136
quatre Imams. Ainsi, ces mêmes paroles venants des
Imams Abu Hanifa, Malek, al-Shafi’i et Ahmed dans
Al-Albani avait critiqué ouvertement ceux qui, comme le
lesquelles ils interdisent les autres de suivre aveuglement
professeur Lacroix, l'accusaient de ne pas prendre en
leurs jugements, constituent une approbation de la
considération les jugements des quatre imams :
méthodologie de Sheikh al-Albani et des Muhaddithin :
« Par conséquent, je dis qu’en nous accrochant à tout ce
qui a été rapporté de façon authentique dans la Sounna,
même si cela contredit certains verdicts des Imams, on
ne peut être accusé de contredire leur madhab, ni leur
méthodologie. En agissant de la sorte, on suit plutôt la
méthodologie incontestable sur laquelle ils se basaient
tous... C’est une chose qui ne peut être dite de ceux qui
abandonnent ce qui est authentique dans la Sounna en
suivant aveuglément un de leurs jugements dans l’école
juridique. »140
« Cette accusation ne peut être plus farfelue. C'est une
fausse accusation dans chaque aspect comme cela peut
être déduit clairement de mes déclarations précédentes
qui indiquent toutes que le contraire est vrai. Tout ce
que nous demandons c’est de ne pas transformer un
madhab quelconque en religion en élevant ce madhab
au statut du Coran et de la Sounna... » 137
En suivant la méthodologie des Muhaddithin du passé,
al-Albani refusait de suivre aveuglément un madhab
Ainsi, les jugements d’al-Albani étaient en parfaite
harmonie avec la méthodologie des quatre imams qui,
aujourd'hui, ont chacun un madhab qui leur est attribué.
132
Sur le site du CERI, le centre prétend mener des travaux qui
s’enracinent dans une tradition comparatiste et qui valorisent les
trajectoires historiques des sociétés étudiées. Certains chercheurs ne
semblent réellement pas être à leur place au CERI.
133
Dans ce livre, les jugements d'Al-Albani coïncident pour plus de
90 % avec au moins un jugement des quatre écoles juridiques.
134
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Asl Sifat Salat al-Nabi » [La
Description de la Prière du Prophète, Version Originale], p.21
135
Ibid, p.52
136
Ibid, p.22
137
Ibid, p.48
138
Ibid, p.23
Ibid, p.23-32
140
Ibid, p.32
139
23
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
Les Consensus Islamiques inventés par Lacroix
Sheikh Moqbil153 et Abdoullah al-Ghimari154 avaient
également prononcé un jugement identique quant aux
mihrabs. Or, Stéphane Lacroix considère que déclarer
les mihrabs comme une innovation est une interprétation
révolutionnaire qui va à l’encontre du consensus
islamique ! Les lecteurs n’auraient pas été confrontés
avec ce genre d’absurdités ridicules, si le professeur
avait pris le temps de faire une petite recherche. Lacroix
semble bien conscient qu’il, comme le veut le vieux
proverbe arabe, est « comme l’homme borgne parmi des
aveugles. » 155 Et décrire le professeur Lacroix comme
un borgne peut même être une
surestimation, car il s’étonne du faut que :
Une fatwa de Sheikh al-Albani que le professeur Lacroix
considère aller à l’encontre du consensus islamique est
celle-ci :
« Aussi, il a déclaré que les mihrabs — c.-à-d. la niche
que l’on retrouve dans les mosquées pour indiquer la
direction de la Mecque — fut une bida'a (une
innovation)... »
La déclaration d’al-Albani comme quoi les
mihrabs sont une innovation141 est tout
sauf révolutionnaire. À nouveau, un grand
« … al-Albani disait qu’il était permis de
nombre de savants l'ont précédé dans ce
prier en chaussures dans une mosquée. »
jugement. Ce n’est d’ailleurs rien
d’étonnant, car le mihrab tire son origine
Une fois de plus, il n'y a rien exceptionnel
de la courbure que l’on retrouve dans les
à ceci. Dans son jugement sur la
églises chrétiennes d’Égypte et de
permission de prier dans une mosquée en
Najran142. Divers savants et historiens
chaussures, al-Albani a été précédé par le
mentionnent que les mihrabs ont
Prophète de l'Islam lui-même, les
seulement été introduits dans les mosquées
compagnons et tous les savants
après l’époque du Prophète Mohammed
143
islamiques, car il existe un consensus
. On comprend ainsi pourquoi al-Albani
fut déjà précédé il y a environ quatorze Al-Albani et de nombreux savants établi sur la permission de prier en
siècles par le compagnon Ibn Masu’d qui avant lui ont déclaré que le mihrab chaussures. Si cette parole d'al-Albani
est une innovation.
coïncide avec le consensus des savants
déclarait qu’il n'était pas permis de prier
144
musulmans, comment alors peut-elle être
dans une mosquée qui contenaient un mihrab . Il a été
décrite
comme
un jugement révolutionnaire ? Prier en
suivi par de nombreux savants à travers les siècles
145
chaussures fait, en effet, partie de la tradition
comme Salim Ibn Abd al-Dja’d (VIIe siècle), Ibrahim
prophétique156 puisque le Prophète
priait en
al-Nakha'i146 (VIIe siècle), Sufyan al-Thawri147 (VIIIe
chaussures dans la mosquée, comme ce fut rapporté par
siècle), Ibn Hazm148 (Xe siècle), Ibn Taymiya149 (XIIIe
al-Bukhari qui a intitulé le chapitre à ce sujet « Prier en
siècle), al-Zarqashi150 (XIVe siècle), Ali al-Qari151
chaussures ». Plus encore, prier en chaussures est une
(XVIe siècle), etc. Au XVe siècle, le célèbre savant
recommandation en Islam, car le dernier des Messagers
Abder-Rahman al-Souyouti a même composé un
a ordonné sa communauté de se différencier des juifs
ouvrage qu’il a nommé « Renseignements Utiles
qui étaient connus pour prier sans chaussures157. Bien
concernant l’Apparition de l'Innovation du Mihrab ».152
entendu, il faut mentionner qu’al-Albani et les autres
De plus, à l’époque d’al-Albani, certains savants comme
savants ont uniquement permis de prier en chaussures
dans la mosquée sous certaines conditions158. Prétendre
141
que cette tradition prophétique qui est mentionnée dans
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Silsila al-Ahadith al-Da’ifa
Wal Madou’a wa Atharouha al-Sayyi’ fil Umma », Vol.1, p.452.
142
Dr Ibrahim Ibn Saleh al-Khodeir, « Ahkam al-Masajid fil Sharee’a
al-Islamiya » [Jugements liés aux Mosquées dans la Législation
Musulmane], Vol.1, p.339.
143
Dr Hussein Mou’nis, « Al-Masajid » [Les Mosquées], p.77-79
144
Al-Bazzar, « Kashf al-Astar », no 416
145
Rapporté par Ibn Abi Shayba, « Musannaf Ibn Abi Shayba »,
Vol.1, p.408
146
Rapporté par Abdel-Razaq al-Sana’ani, « Musannaf AbdelRazaq », Vol.2, p.412
147
Ibid, p.413
148
Ibn Hazm, « al-Muhalla », Vol.4, p.239-240
149
Sheikh al-Islam Ibn Taymiya, « Iqtida al-Sirat al-Moustaqim »,
p.215-225
150
Mohammed Bin Abdillah al-Zarqashi, « I’lam al-Masajid bi
Ahkam al-Masajid », p.258
151
Ali Ibn Sultan Mohammed al-Qari, « Marqat Al-Mafatih Sharh
Mishkat Al-Masabih », Vol.2, p.223.
152
Abder-Rahman Jalal al-Din al-Souyouti, « I’lam al-Arib bi
Huduth Bid’a al-Maharib »
153
Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb al-Wasabi, « Al-Qawl al-Sawab fi
Hukm al-Mihrab » [L’avis correct concernant le Jugement du
Mihrab], p.51-52
154
Abdoullah Ibn Mohammed al-Ghimari, voir ses annotations dans
« I’lam al-Arib bi Huduth Bid’a al-Maharib”, p.20
155
Ceci n’est qu’un proverbe parmi les nombreux proverbes arabes
connus qui ont été absorbés dans les langues occidentales. En
français, ce proverbe en question est aujourd’hui devenu : « au
royaume des aveugles, les borgnes sont rois ».
156
Isma’il Ibn Marshud al-Rumayh, « Ahkam al-Ni’al » [Jugements
liés aux Chaussures], p.18
157
Sounan Abi Dawud, « Kitab al-Salat– al-Salat Fil-Ni’al »
[Chapitre de la Prière – Prier en Chaussures], Vol.1, p.176, no 652.
158
La personne doit s'assurer que ses chaussures soient propres avant
d’entrer à la mosquée. Également, elle ne doit pas prier en chaussures
dans une mosquée si les gens du commun (qui ignorent cette Sounna)
réagissent de manière à semer des problèmes.
24
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
presque chaque recueil de hadiths159 irait à l’encontre du
consensus islamique est une chose que Sheikh al-Albani
décrivait comme étant impossible :
pratiquer leur foi comme ils devaient et ceci est
beaucoup plus important qu'un morceau de terre. »
Mais quel est donc le rapport entre cette fatwa et la soi« Il est impossible d’obtenir un consensus islamique
disant approche révolutionnaire d’al-Albani du Hadith ?
correct qui contredit un hadith authentique, à moins que
Cette position du Sheikh devient beaucoup moins
le hadith en question soit correctement abrogé. »160
controversée si on comprend que, dans cette fatwa,
Sheikh al-Albani s’est basé sur la « hijra »
Dans son approche trompeuse et inepte des œuvres d'al(l’émigration) du Prophète qui a quitté la Mecque, son
Albani, le professeur Lacroix s'est contenté de
lieu préféré, pour pouvoir pratiquer l’Islam à Médine.
rassembler quelques fatwas du Sheikh qu’il a,
C'est un avis que tient la vaste majorité des savants, au
audacieusement et sans la moindre
passé et au présent, par rapport aux
recherche, jugé révolutionnaires. Son
personnes qui se trouvent dans une
désir de faire passer al-Albani comme
situation pareille. Le professeur Lacroix
quelqu’un qui contredisait le consensus
ne devrait pas concevoir cette fatwa
fut tellement ardent qu’il a inventé luicomme controversée, car dans son
même des consensus islamiques qui
propre pays, des milliers de musulmans
n’ont jamais existé pour ensuite
tentent de fuir l’oppression et
accuser al-Albani de les avoir
l’apartheid religieux du régime français
contredits. N’est-ce pas agréable de
pour obtenir des droits religieux, et cela
travailler en tant que professeur et
bien entendue, dû aux nombreuses
Après les massacres suivant l’occupation de
spécialiste de l’Islam à Sciences Po ? Il la Palestine, al-Albani conseilla aux atteintes à la pratique individuelle de
vous suffit de fabuler un peu, de Palestiniens de quitter leur terre
l’Islam162.
rédiger des histoires avec des termes
arabes que personne ne comprend et de présenter le tout
Un peu plus loin, Lacroix sort les paroles de Sheikh alsous couvert d’un ouvrage académique. Ensuite, il ne
Albani de leur contexte :
vous reste qu’à empocher le pactole. Le professeur
Lacroix n'a pas effectué la moindre recherche dans les
« Finalement, al-Albani prit une position ferme contre
livres de jurisprudence pour pouvoir comparer les
toute participation à la politique, en répétait que ‘la
déclarations d’al-Albani aux autres fatwas des
bonne politique était d’abandonner la politique’ – une
Muhaddithin. Par conséquent, les fatwas du Sheikh
expression salafiste… »
albanais ont été conçues comme révolutionnaires selon
l’avis personnel de Lacroix.
Cette déclaration est également contestable puisque
Lacroix a tout d’abord mal traduit la parole d’al-Albani
Dans un de ses livres, Sheikh Mohammed al-Albani
qui est « min163 al-siyasa tark al-siyasa » qui se traduit
s’est adressé à ceux qui, tout comme Stéphane Lacroix,
correctement par « délaisser la politique fait (également)
écrivent sur les sujets qu'ils ne comprennent pas :
partie de la politique ». Al-Albani entendait par là que,
dans certains cas, il était mieux de ne pas participer au
« Je les conseille de ne pas écrire dans un domaine de
système politique. Or, la traduction de Lacroix sousscience quelconque qu’après l’avoir maîtrisé et après y
entend qu’al-Albani était entièrement opposé à la
avoir gagné une certaine expérience pendant un certain
politique, ce qui est entièrement faux et une autre
161
temps... »
tentative du professeur de faire passer les savants Salafis
pour des gens arriérés et non structurés qui sont coupés
Le professeur pédant poursuit en étalant les conclusions
du monde. Al-Albani s'est uniquement opposé à la
de ses « recherches académiques » :
participation politique si celle-ci n'est pas basée sur les
valeurs islamiques :
« Une autre position controversée était son appel aux
Palestiniens de quitter les territoires occupés puisqu’ils
y étaient, comme il le prétendait, incapables de
162
NDT Voir l’article du même auteur: « The French Suburban
House and Field Negro »
163
La préposition arabe « min » ici est « lil tab’id » ce qui veut dire
que la préposition exprime « une partie de » ou « une portion de » la
politique. Il est étonnant de voir que le professeur Lacroix n’a pas
saisi le sens de cette préposition, car dans son cv, il prétend maîtriser
la langue arabe et même l’avoir enseignée. Tout comme on peut
douter sur ses capacités de recherche, on peut également remettre en
cause ses capacités dans la langue arabe, car quelqu’un qui ne
comprend pas des prépositions aussi simples ne peut avoir la capacité
d’enseigner la langue arabe, à moins qu’il s’agisse d’un charlatan.
159
Al-Bukhari (1/102), Abu Dawud (1/176), al-Tirmidhi (2/247), Ibn
Majah (1/330), Al-Dar al-Qutni (1/313), Musnad al-Imam Ahmed
(11/241)…
160
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Âdab al-Zifaf » [Les règles
du Mariage], p. 42.
161
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Difa’ a’n al-Hadith alNabawi wal-Sira » [En Défense de la Tradition Prophétique et la
Biographie], p. 60
25
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
Al-Albani et les Ecoles Juridiques
« Malgré que la politique est une chose requise sans
aucun doute, je pense que ce n'est pas le bon moment de
participer à la politique. » 164
Après avoir étalé sa science infuse du Hadith et de la
jurisprudence islamique, le professeur Lacroix nous
transmet maintenant son savoir des écoles juridiques :
Ce que disait donc réellement Sheikh al-Albani est
qu’avant de participer à la politique, les gens devaient
d’abord acquérir la connaissance de leur religion et
entreprendre un processus essentiel de purification et
d’éducation (« Tasfiya wa Tarbiya») :
« Malgré son milieu social insignifiant, al-Albani est
devenu connu comme le plus grand savant de Hadith de
sa génération. Sa dépendance du Hadith comme pilier
central de la législation aux dépens des
écoles juridiques l'a poussé à prendre des
positions controversées. »
« Nous ne disons pas que la politique (c.à-d. la Politique Islamique) n'est pas
obligatoire en Islam. Au contraire, cela
fait partie des devoirs collectifs
Dans un autre article, Lacroix explique ce
islamiques. Cependant aujourd'hui, nous
qu’il pense être la position d’al-Albani
savons qu'en se consacrant à la politique
vis-à-vis des écoles juridiques :
les gens qui sont responsables de la
da'wa se déroberont aux deux
« Al-Albani, en échange, rejetait toutes
obligations principales qui sont 'la
les écoles juridiques, et appelait à une
Purification
et
l’Éducation’…Par
dépendance directe et exclusive sur le
conséquent, nous aimerions pour nos
Coran et le Sounna. »167
frères dans le monde islamique qui
participent à l'appel au Coran et à la Al-Albani et les autres savants d’Ahl Dans cette nouvelle distorsion de notre
Sounnah selon la compréhension des al-Sounna dépendaient tous du Hadith chercheur infatigable, la prédication de
dans la législation
pieux prédécesseurs, d’acquérir, en
Sheikh al-Albani aurait été incompatible
premier lieu, de solides bases avant de consacrer leur
avec les quatre écoles juridiques dû à sa dépendance du
temps à la politique. » 165
Hadith. Or, un aperçu des ouvrages des quatre Imams
montre bien que les écoles juridiques se sont
Cela veut dire que la compréhension de l'Islam dans la
initialement basées sur le Hadith. Les quatre Imams
communauté musulmane doit d’abord être purifiée de
interdisaient explicitement de donner la priorité à leurs
toute chose qui l’a infiltrée et qui ne fait pas partie de la
fatwas si celles-ci allaient à l’encontre d’un hadith
religion. Deuxièmement, al-Albani était d’avis que les
quelconque. L’Imam Abu Hanifah a déclaré : « Si mes
musulmans doivent être éduqués et élevés selon la
propos contredisent le livre d'Allah ou un hadith du
croyance correcte et originale de l’Islam166. Cependant,
Prophète , alors abandonnez mes propos. »168 L’Imam
la majorité des systèmes politiques dans le monde
Malek a dit : « Acceptez tout ce qui correspond au
Musulman ne sont aujourd’hui plus basés sur l’Islam.
Coran et à la tradition prophétique et rejetez tout ce qui
Par conséquent, il n'est pas admissible religieusement
contredit le Coran et la Sounna. »169 De même, l’Imam
pour les musulmans d’y participer. De la même façon
al-Shafi’i disait : « Si le hadith est authentique, alors
dont les non-musulmans refuseront de participer à la
c'est mon madhab. »170 Finalement, l’Imam Ahmed
politique d’un état Islamique, les musulmans orthodoxes
accentuait l'importance de se référer aux hadiths en
voient qu’il n’est pas acceptable de participer aux
disant : « Celui qui rejette les hadiths du Messager
systèmes politiques non-musulmans. Mais à nouveau,
d'Allah se trouve au bord de la destruction. » 171
quel est le rapport entre le fait de ne pas participer à la
politique et cette soi-disant approche révolutionnaire du
Ainsi, toutes les écoles juridiques dépendaient du Hadith
Hadith ?
comme le pilier essentiel de la législation. C'est
seulement lors des derniers siècles qu'un grand nombre
de musulmans ont cessé de donner la priorité aux hadiths
et cela, en suivant aveuglément les jugements d'un
certain madhab. Et voilà ce qu’al-Albani désapprouvait
réellement :
164
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Al-Fatawa al-Manhadjihya
lil-Albany » [Les Fatawas d’al-Albani liées aux affaires de Manhadj]
p. 20-21
165
Muhammad Nasir al-Din al-Albani, “Durus Lil Shaikh Nasir AlDin Al-Albani” (Shabaka al-Islamiya), Cours no. 20
166
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Al-Fatawa al-Manhadjihya
lil-Albany » [Les Fatawas d’al-Albani liées aux affaires de Manhadj]
p. 20-21
167
Stéphane Lacroix et Thomas Hegghammer, « Rejectionist
Islamism in Saudi Arabia : The Story of Juhayman al-‘Utaybi
Revisited », p.4
168
Al-Fulani, « Al-Iqath », p.50
169
Ibn Abdel-Bar, « Al-Jami’ », 2/32
170
Al-Nawawi, « Al-Majmou’ », 1/63
171
Ibn al-Djawzi, « Al-Manaqib », p.182
26
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
« Une chose qui est devenue très répandue chez les gens
lors des derniers siècles est que lorsqu’une personne
atteint l'âge adulte, on le force à suivre un des quatre
madhabs. Il suivra par exemple le madhab de son père
qu’il acceptera alors entièrement. Il restera fidèle à ce
madhab sans jamais diverger sur le moindre aspect. Il
suivra ce madhab aveuglément sans réclamer la
moindre preuve. Il n’attachera aucune importance au
jugement interprétatif (ijtihad) puisqu’il considère que
les portes de l’ijtihad sont fermées. » 172
le madhab Hanbalite. Si c'était le cas, al-Albani aurait
certainement été en conflit majeur avec les savants
saoudiens et n'aurait, en premier lieu, jamais été invité
par ces « Wahhabites féroces ».
Les différences d’opinions qui ont eu lieu entre alAlbani et d'autres savants n’étaient pas dues au fait
qu’al-Albani dépendait sur le hadith comme pilier
central de la législation, car c’est aussi ce que font les
savants dans le Royaume. C’est une chose qui devient
claire comme le jour dans les nombreuses conversations
qui ont eu lieu entre Sheikh al-Albani et ses confrères
saoudiens; toutes leurs discussions et argumentations
étaient basées sur des preuves directes du Coran et de la
Sounna prophétique. Dans ces débats,
les ulémas de l'Arabie Saoudite n’ont
jamais pris l’avis du madhab comme
étant une preuve.
Pour justifier son refus du suivi aveugle des madhabs,
al-Albani démontrait comment, au passé, les savants
majeurs d'un certain madhab abandonnaient les
décisions de leur Imam173 s’ils
considéraient qu’elles contredisaient
la Sounna174. Sinon, al-Albani a
toujours eu une grande estime des
différents madhabs et ne tolérait
aucune critique à leur égard :
Certes, les différences scolastiques
entre al-Albani et les autres savants
« Il y a certaines personnes qui
ne doivent pas être dramatisées. Ceux
s'affilient de façon directe ou indirecte
qui fréquentaient le plus Sheikh alà l'appel de la Salafiya et qui se
Albani ont témoigné que le Sheikh
Sheikh al-Albani n’acceptait pas que l’on
permettent de critiquer un des critique les écoles juridiques.
réfutait ses propres étudiants et ses
madhabs. Nous disons que ce n'est
amis les plus proches sans que
pas permis dans notre religion et dans notre
personne ne conçoive cela comme un conflit176. Il s’agit
croyance... »175
de différences d’opinions qui ont toujours existé chez les
savants d'Ahl al-Sounna. Dans ses écrits, al-Albani a
Le professeur Lacroix prétend ensuite que l’allégeance
mentionné que les quatre Imams divergeaient, eux aussi,
d’al-Albani au Hadith — et qui se faisait soi-disant au
dans beaucoup de sujets :
détriment des quatre madhabs — l'a poussé à prendre
des positions controversées qui ont engendré un conflit
« Et je sais avec certitude que les grands Imams se
avec les savants saoudiens :
respectaient mutuellement même lorsqu’un d’entre eux
se trompait et (je sais) qu'ils se réfutaient
« Cela l'a non seulement mis en conflit avec
réciproquement. » 177
l'établissement religieux saoudien, mais l’a également
rendu populaire dans les cercles Salafis. »
Le chercheur non initié ou celui qui a des motivations
secrètes interprétera ces différences d’opinions comme
La grande majorité des savants de « l’établissement
une discorde interne qui aboutit à de majeurs conflits
religieux saoudien » sont considérés comme Salafis,
insolubles qui reposent sur des contradictions
même par Sheikh al-Albani. Donc comment est-il
fondamentales.
Par
conséquent,
la
thèse
concevable, pour quelqu’un qui se trouve en conflit avec
conspirationniste où les « Wahhabites » se trouvent en
les savants saoudiens, de gagner la popularité dans les
conflit frontal avec les Salafis existe seulement dans
cercles Salafis ?
l'imagination de Lacroix.
La mauvaise compréhension du professeur Lacroix dans
cette partie de l’article est basée sur son impression
erronée que les savants saoudiens suivent aveuglément
Si vraiment il y avait eu un conflit entre al-Albani et les
savants saoudiens basé sur des divergences
fondamentales, ce premier n'aurait jamais conseillé
vivement ses lecteurs de se référer à la compréhension
de Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb et des savants saoudiens
actuels qu'il appelait « ses frères Hanbalites dignes de
172
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Haqiqatou al-Da’wa alSalafiya » [La Réalité de la Da’wa al-Salafiya] p.170
173
Mohammed Ibn al-Hassan et Abu Yousouf furent deux savants
Hanafites qui contredisaient Abu Hanifa dans un tiers de son
madhab.
174
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Asl Sifat Salat al-Nabi » [La
Description de la Prière du Prophète, Version Originale], p.35
175
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Shubah Hawl al-Salafiya »
[Ambiguïtés concernant la Salafiya] p.128
176
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Al-Rawda al-Dani fil
Fawa’id al-Hadithiya lil-Allama al-Albani », p.9
177
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Asl Sifat Salat al-Nabi » [La
Description de la Prière du Prophète, Version Originale], p. 50
27
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
confiance »178. De plus, Sheikh al-Albani fut récompensé
pour les exploits remarquables qu'il a réalisés au
Royaume. Plusieurs années après son départ du
Royaume, le « Comité International de Gratification
pour les Études Islamiques du Roi Faysal » lui a accordé
un prix pour ses efforts scientifiques dans le domaine du
Hadith. Est-ce ainsi qu’un organisme reconnu pour la
science religieuse en Arabie Saoudite récompenserait
une personne avec qui elle a des contradictions
fondamentales dans l'approche du Hadith ?
principale dans le milieu des Saoudiens occidentalisés
qui se considèrent comme des « libéraux ». C'est, en
effet, al-Nuqaidan qui a prétendu qu'al-Albani est entré
dans le Royaume grâce au traitement préférentiel de
Sheikh Abdel-Aziz Ibn Baz. Cependant, prendre alNuqaidan comme référence pose un problème. Tout
d’abord, il s’agit d’un individu qui n’a jamais bénéficié
d’un enseignement quelconque. C’est un fait prouvé
qu’il a dû se retirer de l’école à cause de son instabilité
mentale. Il a ensuite tenté d’étudier les sciences
islamiques mais échoue, à nouveau, lamentablement.
Dans son testament, al-Albani a offert sa bibliothèque
Mansur al-Nuqaidan finit en tant que hooligan Takfiri
personnelle entièrement à l'Université de Médine, car il
dans les rues de Riyad où il brûle des commerces. Dans
reconnaissait son statut particulier dans la propagation
un de ses articles, il admet avoir incendié une association
des sciences islamiques. Pour al-Albani, c’était l’endroit
caritative pour veuves et orphelins. Al-Nuqaidan est
où il avait gardé de très agréables souvenirs dans son
condamné à deux années et huit mois de prison fermes et
appel à l’Islam.
se rend finalement compte qu’il est un incompétent
incapable de mener une vie stable. Certes, il a échoué
dans les différents types d’études et son espoir de
Le Royaume : Arrivée et Départ de Sheikh Al-Albani
devenir un leader dans le mouvement
Takfiri s’est envolé. Le docteur
Les fables de Lacroix semblent
Istifham explique dans le compte
inépuisables. Voici comment il décrit
rendu de son analyse de la personne
l’arrivée
d’al-Albani
dans
le
d’al-Nuqaidan intitulé « Mansur alRoyaume d’Arabie:
Nuqaidan, Djawla fi radahat nafsi wa
damirihi »179 qu'il s’agit d’un individu
« La présence d'al-Albani en Arabie
totalement déséquilibré qui prend une
Saoudite — où il fut invité en 1961 par
opinion le soir uniquement pour
son bon ami Sheikh Abdel-'Aziz bin
Sheikh al-Albani fut professeur à l’Université
l’abandonner le lendemain180. En effet,
Baz pour enseigner à l'Université Islamique de Médine de 1961 à 1963
al-Nuqaidan est passé de Takfiri
Islamique de Médine — a incité des
radical et délinquant pyromane à
réactions gênantes au cœur de l'établissement
néoconservateur extrémiste et diffamateur laïque de la
Wahhabite... »
religion musulmane. Il a été poursuivi en justice pour
calomnie et diffamation et fut condamné pour une
Résumé de cette nouvelle thèse : l’ancien mufti du
deuxième fois par la justice saoudienne. Mansur
Royaume d’Arabie se rend coupable de favoritisme dû
exploitera plus tard cette condamnation pour tirer
au fait qu’il a fait entrer al-Albani dans le Royaume, non
l’attention des médias tendancieux en Occident et
pas parce que ce fut le Muhaddith du siècle, mais parce
prétend avoir été déclaré coupable parce qu’il se battait
que c’était son bon ami. Il s’agit d’une autre accusation
pour « la liberté »181.
pathétique puisque Sheikh al-Albani fut déjà invité en
Arabie Saoudite avant cela. En 1957, le ministre
saoudien de l’Éducation Sheikh Hassan Ibn Abdoullah
179
Source : http://www.saaid.net/mktarat/almani/46.htm
Âl al-Sheikh lui avait demandé de remplir la fonction de
180
Dr Istifham a démontré comment le dénommé Mansur alresponsable du plus haut département des études
Nuqaidan, durant toute sa vie, est tombé d'un extrême à l'autre. Dans
islamiques à l’Université de la Mecque. Al-Albani a dû
sa période Takfiri, il refusa par exemple de prier derrière un Imam
décliner cette offre merveilleuse dû à des circonstances
Sunnite qu'il accusait d'être un membre de la secte des Murjiyas. Un
an après, Mansur commença lui-même à inviter les gens ouvertement
imprévues, mais quatre années plus tard, il reçoit une
à l'idéologie des Murjiyas. Puis, quelques mois avant sa conversion à
nouvelle invitation. Si al-Albani fut aussi demandé en
la laïcité, al-Nuqaidan offensa un Sheikh qui ne partageait pas son
Arabie Saoudite, pourquoi son arrivée aurait-elle suscité
avis en lui disant : « Tes propos sont de la mécréance! » Et
de l’hostilité et des réactions gênantes dans le
aujourd'hui, ce pantin des islamophobes occidentaux, accuse
Royaume ? Mais plus important que cela, où sont les
l’ensemble des savants saoudiens de rendre mécréant les musulmans.
Avec un comportement si incohérent, il n’est pas étonnant que
références du professeur Lacroix pour soutenir ses
Lacroix et al-Nuqaidan aillent admirablement de pair.
revendications ? Il n'en mentionne pas, car la plupart de
181
Mansur al-Nuqaidan « Telling the Truth, Facing the Whip », New
ses écrits sont clairement basés sur des idées calquées
York Times [Dire la vérité face au fouet]. Le fait qu’un journal
des écrits de Mansur al-Nuqaidan qui est une figure
comme le New York Times demande à une personne inculte et
tendancieuse comme al-Nuqaidan de rédiger un article où il diffame
les savants de l’Islam montre bien que les médias occidentaux
acceptent uniquement les articles d’Arabes à condition qu’ils se
déchaînent contre l’Islam et les musulmans.
178
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, voir ses annotations dans
« Mukhtasir al-Uluw Lil-Dhahabi », p. 64
28
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
Dr Istifham explique que Mansur est extrêmement
égocentrique et en besoin d'attention continuelle. Ce
sont, bien entendu, des gens comme le professeur
Lacroix et d’autres islamophobes occidentaux qui, avec
un acharnement imbécile, lui consacrent l’attention dont
ils sont tellement en manque. Dans certains de ses
articles, Lacroix tente de porter aux nues ce délinquant
psychopathe et sacré menteur en le décrivant comme un
« intellectuel courageux »182.
Les quatre Imams (Abu Hanifa Malek, al-Shafi'i et
Ahmed) étaient tous d’avis que le niqab est une
recommandation religieuse et non une obligation184 ce
qui montre bien que les savants saoudiens contredisent
parfois le jugement de la majorité des savants islamiques
et des quatre écoles juridiques.
L'allégation de Lacroix comme quoi ce livre aurait
donné à ‘l'établissement « Wahhabite » la justification
requise pour expulser al-Albani du Royaume en 1963 est
impossible, car le livre a été écrit en 1949, douze années
avant l'arrivée du Sheikh en Arabie Saoudite. Bien au
contraire, la position d’al-Albani sur le
niqab n'a manifestement pas empêché
les plus hauts représentants de
« l’établissement
Wahhabite »
d'inviter le Sheikh albanais pour
enseigner dans une de leurs universités
les plus prestigieuses.
Mais revenons aux contes imaginaires du professeur
Lacroix qui, de plus en plus, remettent en question son
intégrité professionnelle. Les propos
suivants sur le voile musulman qu’il
attribue à Sheikh al-Albani n’étonnent
donc guère venant de sa part :
« La controverse suscitée par son livre
‘Le Voile de la Femme Musulmane’
dans lequel il a argumenté avec des
preuves qu’il ne faut pas que les
En outre, d’autres articles du
femmes musulmanes se couvrent le
professeur Lacroix démontrent qu’il se
visage — un avis inacceptable selon Sheikh al-Albani a gardé de très agréables livre à des conjectures et s’imagine
souvenirs de l’Université Islamique de Médine
les normes saoudiennes — a fini par
des choses insensées pour lesquelles il
donner à l'établissement Wahhabite la
est incapable de citer la moindre
justification requise pour le faire sortir du Royaume en
référence. Dans un de ses articles, il mentionne :
1963. »
« Dans son célèbre livre ‘Les Caractéristiques de la
C’est avec ce ton pédant que le professeur Lacroix parle
Prière du Prophète’ (sifat salat al-nabi) al-Albani a
d’un livre d'al-Albani qu’il n'a jamais lu. Dans « Le
présenté plusieurs avis particuliers sur des rituels
Voile de la Femme Musulmane », le Sheikh albanais
islamiques qui ont suscité une controverse avec d'autres
conclut que les femmes musulmanes doivent couvrir leur
savants. Certains affirment que ces controverses ont
visage, mais mentionne que ce n'est pas une obligation.
mené à son expulsion de Médine en 1963... » 185
Comme la majorité de savants musulmans, il considère
que le niqab fait partie de la Sounna et tombe sous la
Cette assertion est également impossible parce que
183
catégorie « mustahab » des actes d'adoration . Par
Sheikh al-Albani a écrit ce livre à Damas avant qu'il ne
conséquent, il n’est pas surprenant de savoir que les
voyage en Arabie Saoudite. Donc, si nous avons bien
femmes dans la famille d’al-Albani portaient le niqab.
compris : un jour le départ d’al-Albani du Royaume était
L’assertion de Lacroix, attribuée à al-Albani, comme
dû à sa position sur le voile de la femme musulmane et,
quoi il ne faut pas que les femmes musulmanes se
un autre jour, c'est à cause de ses verdicts sur les rituels
couvrent le visage implique qu’al-Albani considérait le
islamiques de la prière. Est-ce que l’incompétence
port du niqab comme un acte détestable (makruh),
stupéfiante du professeur doit être attribuée à sa
illicite (haram) ou qui ne fait pas parti des préceptes de
fourberie islamophobe ou tout simplement à une
l’Islam (mubah).
confusion mentale186? Une chose est certaine; il saisit
chaque prétexte pour présenter les savants saoudiens
comme des individus intolérants et mauvais qui
n'acceptent pas d'autres opinions.
182
Stéphane Lacroix est connu pour défendre ce genre d’Arabes
incultes avec un acharnement si furieux qu’il a présenté une
communication au colloque islamophobe de l'ISIM intitulé « Les
intellectuels saoudiens et le mouvement Islamo-Liberal ». En effet,
pour les racistes antimusulmans l’Arabe ne peut être intellectuel que
s’il prône la laïcité dans son pays. En contrepartie, les savants
musulmans qui ont étudié pendant des décennies n’ont obtenu ce titre
que par leur appartenance à une tribu qui a réussi à monopoliser une
partie du désert Arabe. De plus, ils ont tellement de science qu’ils ont
délaissé tout raisonnement humain.
183
Ce qui veut dire qu’il s’agit d’adorations fortement
recommandées.
184
L’Imam Ahmed a deux paroles dans ce sujet. Dans une parole il
considérait qu’il s’agissait d’une obligation, dans l’autre il voyait que
c’était mustahab (une adoration recommandée).
185
Stéphane Lacroix et Thomas Hegghammer, « Rejectionist
Islamism in Saudi Arabia : The Story of Juhayman al-‘Utaybi
Revisited », p.4
186
La confusion mentale est un état psychiatrique aigu, caractérisé
par une obnubilation de la conscience, un ralentissement de la
pensée, une désorientation dans l’espace et le temps et des troubles
de la mémoire. (Larousse médical)
29
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
Sheikh al-Albani n'a jamais été expulsé officiellement de
l'Arabie Saoudite, mais a décidé de partir de lui-même
pour des raisons inconnues à tout le monde. Il n’a jamais
mentionné pourquoi il a dû quitter le Royaume et cela
reste un secret bien gardé jusqu'à ce jour. Il est
regrettable que Stéphane Lacroix utilise cet événement
pour critiquer les savants saoudiens, quelque chose
qu’al-Albani n'a jamais fait.
réfère à la maitrise et la connaissance approfondie d'une
certaine œuvre et à la capacité de l'enseigner aux autres.
Le premier type d’ijazas consiste d’autorisations qui
étaient basées sur des sessions de hadith auprès d’un
Sheikh187 et qui avaient souvent lieu à l’époque des
premiers savants du Hadith et contenaient une audience
beaucoup plus large188. Aujourd'hui, ces sessions
existent toujours, mais ce genre d'ijazas n'est plus
considéré comme un élément décisif dû à
la propagation d'exemplaires imprimés des
livres de source. Les savants saoudiens
contemporains ont presque tous cessé
d’attacher ce degré d’importance à ce type
d’ijazas bien que certains les emploient
toujours pour garder en vie cette pratique
des prédécesseurs189. De nos jours, avoir
plusieurs ijazas n’est plus forcément une
garantie que la personne soit qualifiée
pour enseigner190.
Le professeur foufou conclut cette partie
de son article avec une autre bévue
monumentale :
« Il s'est ensuite réinstallé dans son pays
de naissance, la Syrie, avant de partir
pour la Jordanie en 1979. »
Mohammed Nasir al-Din al-Albani est né
en 1914 à Shkodër près du la frontière
Monténégrine dans le nord-ouest de
l’Albanie, pas en Syrie. En brossant le
portrait du plus grand savant du Hadith au
siècle passé, le professeur Lacroix a été
incapable de déterminer correctement son
pays de naissance! L'idée que Stéphane
Lacroix se fasse rémunérer pour ses
articles maladroits fait froid dans le dos.
Al-Albani est né en 1914 à Shkodër
dans le nord-ouest de l’Albanie.
Les « Ijazas » et d'autres perceptions
erronées
Les nombreuses théories mentionnées par
notre expert islamologue tombent en
désordre total. Il n'y a pas une seule
phrase dans son article qui paraît vide
d’erreur, mensonge, fabulation ou
perception erronée. En voici un autre :
La ville natale d’al-Albani ne se
Le deuxième type d’ijazas est un certificat
qui témoigne de la maitrise d’un certain
domaine des sciences Islamiques ou d’un
certain livre et qui est accompagné d’une
autorisation de l’enseigner. La raison pour
laquelle al-Albani ne possédait pas un
grand nombre de ce genre de certificats est
parce qu’il a grandi dans un pays avec très
peu de savants Sunnites. Malgré cela,
personne ne l’a considéré comme étant un
savant non qualifié, même pas les
« Wahhabites » qui l’ont invité pour
enseigner dans leur pays.
En présentant l’avis supposé d’al-Albani
sur les ijazas comme un nouvel élément
dans son approche révolutionnaire du
hadith, Lacroix pense avoir trouvé une
nouvelle preuve pour sa déduction
insolite :
« Par conséquent, la science Wahhabite trouve pas en Syrie mais près de la
traditionnelle fut le fruit d'un processus frontière Monténégrine.
de transmission et dépendait du nombre
d'ijazas — un certificat avec lequel un savant reconnaît
« C'est exactement cette logique qu’al-Albani — qui luila transmission de sa science (ou une partie d’elle) à un
même, ne possédait que très peu de ce genre de
de ses élèves, et lui autorise de la transmettre –
certificats — allait défier en promouvant son approche
attribuées par les savants Wahhabites respectés… »
personnelle de la critique. En effet, selon al-Albani, la
transmission n'a aucune importance, car, chaque hadith
Les « ijazas » ne sont rien de caractéristique pour ce que
Lacroix appelle le « Wahhabisme », elles ont toujours
existé depuis l’époque des tout premiers Muhaddithin et
187
Cela signifie que l'étudiant présenterait à un Sheikh une certaine
des savants en général. Le professeur Lacroix nous
matière
dans une science d’une façon précise. Le Sheikh lui
démontre, une fois de plus, son inaptitude à faire des
accordera alors une ijaza ou une permission de transmettre cette
recherches dans un domaine qu’il prétend pouvoir
science aux autres.
188
expliquer aux autres. Ce que Lacroix n’a pas saisi c’est
Parfois, le nombre de personnes qui assistaient à ce genre
d’assises dépassait 200.000 individus.
qu’il y a plusieurs types d’ijazas. Une catégorie autorise
189
C.-à-d. sans la présence des sévères conditions imposées par les
de transmettre une collection de hadiths à travers une
Muhaddithin
chaîne de transmission distincte, tandis qu’une autre se
190
Abdoullah Ibn Mohammed al-Shamrani, « Thabt Mu’allafat alAlbani », p. 97-98
30
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
étant suspect, le fait qu'il soit rapporté par un savant
respecté ne peut garantir son authenticité. »
plus importante, les biographies d'un grand nombre de
narrateurs. »
En développant son argumentation, Lacroix confond les
deux types d’ijazas et cela dans un même contexte.
Après avoir décrit les certificats de transmission du
savoir islamique, il mentionne soudainement le
deuxième type d’ijazas qui est exclusivement restreint à
la transmission de hadiths. Par conséquent, notre
professeur donne l’impression que les deux types
d’ijazas sont une chose identique poussant le lecteur à
croire qu’al-Albani dédaignait les ijazas. Ceci est
impossible, car nous parlons d’une des façons reconnues
dans la transmission du hadith qui est universellement
acceptée chez les Muhaddithin. Les livres d’al-Albani
contiennent d’innombrables exemples où il mentionne
comment certains narrateurs transmettent des hadiths
authentiques par le biais d’une ijaza191. De même, sa
collection de hadiths authentiques intitulée « Silsila alAhadith al-Sahiha » déborde d'exemples de ce type de
transmission. Voici une des paroles d’al-Albani:
Voici une nouvelle tentative de dépeindre les
Muhaddithin comme des gens qui n’emploient pas le
raisonnement indépendant, car ‘ils dépendent
uniquement de la mémorisation’. Or, il est bien connu
qu’une personne ne peut jamais devenir un vrai
Muhaddith sans avoir profondément étudié les autres
sciences Islamiques de la même façon qu’une personne
ne peut être considéré comme un expert dans les
mouvements Islamiques sans posséder une connaissance
de base de l’Islam, ses sciences et son histoire.
À nouveau, Lacroix confond les choses. Ce qu’il attribue
ici à al-Albani est une description de la réalité des
savants du Hadith à l’époque avant la composition des
recueils de Hadith. Or, le professeur comprend qu’alAlbani voyait ceci comme une condition pour les
Muhaddithin au passé et au présent. Voici ce que disait
al-Albani à propos des conditions du savant du Hadith :
« Je dis que cette chaîne de
narrateurs est correcte et que le
hadith est authentique parce qu'il a
été renforcé par d’autres hadiths par
le biais de la ijaza. »192
« Pour résumer, nous disons que la
seule condition requise pour juger les
hadiths authentiques ou faibles est
que la personne possède la
compétence nécessaire. En ce qui
concerne la mémorisation, alors c’est
Comment le professeur Lacroix a-t-il
une autre chose. Si la personne
pu penser qu’al-Albani considérait
possède un grand nombre de hadiths
cette approche célèbre d'être sans
mémorisés, alors c'est préférable.
importance ? Une autre interprétation
Mais s'il ne possède pas cette grande
plausible des récits incohérents de Les « ijazas » ont toujours existé depuis quantité de hadiths, alors ce n'est pas
l’époque des premiers Muhaddithin
Lacroix est qu’il croit que la
une condition. Et cela a été établi par
succession des rapporteurs du hadith existe jusqu’à ce
les savants antérieurs. » 193
jour dans une chaine de transmission ininterrompue qui
comprend donc les Muhaddithin contemporains. Si c’est
De plus, al-Albani a déclaré qu'il y avait un consensus
vraiment sa compréhension, alors il est parfaitement
chez les savants dans la question :
connu que l’époque de la transmission narrative
personnelle s’est terminée avec la composition
« Les grands savants sont unanimes pour dire que la
universelle des hadiths dans les recueils canoniques de
seule et unique condition pour celui qui désire juger
hadiths au IXe et Xe siècle. Mais peu importe si Lacroix
authentiques ou faibles les hadiths, est qu'il maitrise
l’a compris de la première ou de la seconde façon, son
bien la science du hadith... »194
allégation est fausse dans les deux cas.
Mais selon le professeur Lacroix, l’importance est
Or, en analysant l’assertion suivante de Lacroix, il
uniquement d’accumuler et de mémoriser des hadiths.
semble plutôt qu’il est d’avis que les Muhaddithin
Cette fable de Lacroix sert d’ailleurs d’appui pour sa
contemporains font encore partie de la chaine de
thèse qui veut que les « Wahhabites saoudiens » soient
transmission du hadith :
devenus savants par leur descendance familiale ou
tribale, non par leur connaissance :
« Au contraire, le processus important est
l’accumulation — un bon savant de hadith est quelqu'un
« Ainsi, la science du Hadith peut être mesurée selon des
qui a mémorisé un grand nombre de hadith et, de façon
critères objectifs qui ne sont pas liés à la famille, la
191
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, voir ses commentaires dans
« Al-Tankil Bima fi Ta’nib al-Kawthary min al-Abatil »
192
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Silsila al-Ahadith alSahiha » [Recueil de Hadiths Authentiques], 1/8
193
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Al-Rad A’la Ta’aqub alHadith », p.60
194
Ibid, p.57
31
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
tribu ou à l’origine régionale, ce qui a permis une
certaine mesure de méritocratie qui fut auparavant
absente. »
rejeté la présence militaire américaine dans le Royaume
Saoudien. Le terme est aussi utilisé par les ennemis de
l'appel au Tawhid pour aliéner les gens de la croyance
musulmane196. Il n'y a bien entendu aucune secte ou
réseau religieux au nom de « al-Jamiyya » et personne
n’a jamais prétendu appartenir à ce groupe fictif197. De
plus, Mohammed Aman al-Jami a toujours condamné la
formation de groupes et de sectes et n’aurait jamais
admis que des gens s’associent à un groupe qui est
dérivé de son nom198. Or, pour le professeur Lacroix, le
Sheikh fut un membre clé de cette soi-disant
organisation.
Ce n'est certainement pas la première fois que Lacroix
représente les Saoudiens comme des ignorants et leur
société comme étant non méritocratique. C'est en effet,
la perception raciste que les islamophobes ont stimulée
et propagée dans les médias occidentaux durant de
longues décennies.
Au lieu de parler sans science sur les conditions des
savants du Hadith, le professeur Lacroix ferait peut-être
mieux de se poser la question s’il remplit
lui-même les conditions pour travailler en
tant que chercheur au CERI où « l’ancrage
empirique des recherches, adossé à une
connaissance des langues195 et des terrains,
a vocation à nourrir les débats conceptuels
en sciences sociales »…selon le site du
centre.
En employant le terme « al-Jamiyya »,
Stéphane Lacroix a rejoint les rangs des
partisans d’Osama Bin Laden dans leurs
attaques des Salafis. Espérons seulement
que ce lien apparent à al-Qaïda ne va pas
susciter une attaque de drone américain sur
les immeubles de Sciences Po et du CERI à
Paris d’où opère le professeur Lacroix.
Certes, plusieurs endroits dans ce monde
ont déjà été dévastés par les yankees pour
des liens aux terroristes beaucoup moins
évidents que celui-ci.
La Connexion Lacroix-Bin Laden
Il ne fait plus aucun doute que, dans sa
description de Sheikh al-Albani, le
Comme d’habitude, Stéphane Lacroix n’a
professeur Lacroix a recueillis les
différentes critiques des ennemis de Pour Lacroix, les Muhaddithin pas entrepris la moindre recherche sur
font partie de la
l’origine du terme « al-Jamiyya » et s’est
l’époque du Sheikh. Après avoir exploité contemporains
chaine de narrateurs du hadith
tout simplement contenté de suivre
les argumentations fallacieuses des also includes.
aveuglément son gourou saoudien Mansur al-Nuqaidan
islamophobes laïques, des Soufis, des Haddadis et des
qui a acquis cette appellation lors de ses fréquentations
orientalistes, Lacroix reprend maintenant les calomnies
avec ses anciens compagnons Takfiris.
de la secte des Takfiris:
Le professeur Lacroix va encore plus loin et exploite
cette appellation forgée comme un nouvel argument
dans sa thèse manigancée pour représenter les savants
saoudiens comme une bande de racistes:
« A la fin des années 1980, certains élèves d'al-Albani,
sous la direction d’un Sheikh Médinois nommé Rabi’ alMadkhali, ont formé un réseau religieux non officiel
généralement connu sous le nom d'al-Jamiyya (‘les
Jamis’ sont nommés après un de leurs membres clés,
Mohammed Aman al-Jami). »
« Au-delà de leur focalisation sur le Hadith, les Jamis
sont devenus connus pour souligner avec force l’appel
d’al-Albani à ne pas participer à la politique et à
dénoncer ceux qui le faisaient. À nouveau, beaucoup de
Jamis étaient d'origine périphérique (al-Madkhali était
de Jazan, à la frontière yéménite, alors qu'al-Jami était
d'Ethiopie) et furent, par conséquent, exclus de toutes les
positions principales dans le champ religieux. »
Le terme « al-Jamiya » fut introduit par les Takfiris et
des membres de la secte des neo-Khawarij après la
Guerre de Golfe pour riposter aux paroles des grands
savants comme Sheikh Ibn Baz, Mohammed Aman alJami et d’autres qui avaient prononcé des fatwas qui
autorisaient de faire appel aux américains pour repousser
l’agression irakienne de Saddam Hussein. Les savants
d’Ahl al-Sounna qui avaient prononcé cette fatwa furent
couvert d’injures par les Takfiris qui les surnommaient
les « savants d'Amérique ». Comme Sheikh Mohammed
Aman al-Jami réfutait ouvertement les ambiguïtés de ces
gens qui adhéraient aux idéologies révolutionnaires et
qui suivaient le chemin de l'excommunication, ils ont
commencé à taxer de « Jamis » tous ceux qui n'ont pas
195
196
Abdul-Aziz Ibn Rayyis, « Al-Jamiyya wa al-Wahhabiyya wa alHachwiyya Alqab Tanfiriya », [Les Jamis, les Wahhabites,
Hachwiya, des termes d’aliénation], p.7
197
Bilal Ibn Abdul-Ghani al-Salimi « Abra’a Ila Allah min alJamiyya wal Madkhaliyya », [Je cherche refuge auprès d’Allah des
Jamis et des Madkhalis], p. 81-82
198
Ibid, p.87, 117
…y compris les prépositions comme « min » par exemple.
32
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
Comme nous l’avions déjà mentionné, l’appellation des
« Ils gagneraient finalement de l’importance au début
Jamis fut basée sur le rejet de la secte des neo-Khawarij
des années 1990, lorsque le gouvernement saoudien les
des fatwas prononcées lors de la Guerre du Golfe et non
appuya financièrement et institutionnellement dans
sur des critères tribaux ou raciaux puisque plusieurs
l'espoir de créer un contrepoids idéologique et
savants Saoudiens d’origine ‘non périphérique’ (comme
apolitique à l'opposition islamiste mené par 'al-Sahwa
par exemple Shaikh Saleh al-Fawzan) ont également été
al-Islamiyya’ (l'Éveil Islamique), un mouvement
accusé d’être membre de ce soi-disant ‘réseau non
religieux-politique et informel qui est apparu en Arabie
officiel’. En conséquence, Sheikh Mohammed Aman alSaoudite dans les années 1960. ‘Al-Sahwa al-Islamiyya’
Jami et Sheikh Rabi’ al-Madkhali n'ont jamais été exclu
fut le résultat d'une hybridation entre le Wahhabisme
de positions principales dans le champ religieux, en
dans les affaires religieuses, et les idées de la Confrérie
dépit de leurs origines étrangères ou périphériques. Pour
Musulmane, dans les affaires politiques. »
clarifier ceci, il suffit de mentionner que Sheikh
Mohammed Aman al-Jami faisait
Lorsque des savants comme Sheikh
partie de l’élite religieuse qui a eu
al-Jami et Sheikh al-Madkhali
l’honneur de pouvoir enseigner au
avaient réfuté des individus qui
« Masjid al-Nabawi », la grande
adhéraient au mouvement d’alMosquée du Prophète. Sheikh alSahwa, ces derniers les ont accusés
Jami fut également embauché
d’être
les
apologistes
du
comme professeur de dogme (aqida)
gouvernement saoudiens, voir leurs
à la faculté de « Shari’a » de la
agents. En prétendant que ces
prestigieuse Université Islamique de
savants se sont fait influencer dans
Médine. Mais, ce qui prouve hors de
leurs fatwas par des financements
tout doute qu’il ne fut jamais exclu
gouvernementaux, Stéphane Lacroix
En dépit de ses origines, Sheikh Mohammed Aman
par
« l’établissement
religieux al-Jami a eu l’honneur de pouvoir enseigner à la rejoint à nouveau les Takfiris dans
Wahhabite », est que le Sheikh Mosquée du Prophète à Médine.
leurs attaques calomnieuses à
éthiopien était un ami proche du
l’égard des savants Sunnites
mufti de l’Arabie à l’époque, Sheikh Abdel-Aziz Ibn
reconnus.
Baz, avec qui il a effectué plusieurs voyages199. Il a
également eu de nombreux entretiens personnels avec le
A-t-il réellement fallut trois décennies pour le
200
mufti Sheikh Mohammed Ibn Ibrahim Âl al-Sheikh .
gouvernement saoudien avant de contrecarrer le
De même, Sheikh Rabi’ al-Madkhali n’a jamais été
mouvement d’al-Sahwa en finançant quelques savants
exclu du fait qu’il a grandi à la frontière yéménite
« d'origine périphérique »? La thèse conspirationniste de
puisqu’il fut à la tête du département « al-Sounna » de
Lacroix devient très complexe. D’où obtient-il ses
l’Université Islamique de Médine et était membre du
informations dérisoires ? Si ces savants en questions
département d’enseignement. Il y a, en effet, une liste
avaient réellement été soutenus institutionnellement,
innombrable de savants non-saoudiens et de savants
alors où sont leurs organisations, où sont leurs
d’origine périphérique qui ont atteint les positions
immeubles et où sont leurs institutions? Il est bien connu
religieuses les plus élevées dans le Royaume Saoudien
que le gouvernement saoudien n’a pas besoin de
grâce à leur savoir islamique, non à leur origine ou leur
favoriser financièrement les savants du pays puisqu'ils
tribu.
sont, à la base, déjà tous bien rémunérés.
Lacroix fait passer al-Albani pour un Takfiri
Dans une prochaine étape, le professeur Lacroix prétend
que le gouvernement saoudien aurait financé ce groupe
imaginaire des Jamis:
En survolant les fables de Lacroix dans cet article, une
question fondamentale surgit : pourquoi le professeur se
fatigue-t-il autant à inventer toutes ces histoires ? Il le
fait pour arriver à une conclusion finale qui sert à porter
atteinte à l’image du Muhaddith albanais. L’approche
« révolutionnaire » d’al-Albani du Hadith, son conflit
dissimulé avec les savants saoudiens, son adhésion
présumée au « Wahhabisme » ainsi que sa soi-disant
critique d’Ibn Abdel-Wahhâb auraient engendré
d’audacieux entrepreneurs religieux indépendants qui
mettraient au défi le « Wahhabisme ». Voici par quoi
Lacroix conclut son article :
199
Sheikh Mohammed Aman al-Jami accompagna Sheikh Ibn Baz
pendant ses voyages à Riyad après l'ouverture de l'Institut de la
Science (al-Ma’had al-I’lmi). Il fut également très proche du Mufti
pendant ses assises de sciences.
200
Imaginez-vous maintenant un étudiant Ethiopien qui atterrit en
France et qui finit comme professeur dans une des grandes
universités de l’hexagone. Ensuite, imaginez-vous que ce même
étudiant africain noue une amitié avec une personne haute placée
dans le gouvernement français (genre Sarko ou Valls) et effectue des
voyages avec elle. En effet, ce n’est même pas imaginable. Or,
Stéphane Lacroix a eu l’audace de prétendre que Sheikh al-Jami fut
exclus par les saoudiens dû à ses origines éthiopiennes.
33
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
« Par conséquent, les idées d’al-Albani ont donné aux
entrepreneurs indépendant et religieux Salafis une arme
pour se frayer un chemin dans des cercles qui,
auparavant, étaient très fermés… Pour toutes ces
raisons, les idées d’al-Albani deviendraient très vite un
moyen pour les entrepreneurs religieux Salafis, qui
n’étaient pas issus de l'aristocratie Wahhabite, de défier
la hiérarchie existante. »
arabe de personnes qui prétendaient également avoir eu
le même rêve qui présageait l’arrivée du mehdi dans la
personne d’al-Qahtani. Le groupe de Juhayman a ensuite
exploité cette « répétition » de rêves pour corroborer leur
assertion que leur gourou fut réellement le mahdi. Dans
ses livres, al-Albani mentionna que bien avant
Juhayman, de nombreuses personnes démentes avaient
déjà faussement prétendu être le mehdi et que cela avait
également résulté en des agitations et séditions
ténébreuses. De même, il a expliqué que Juhaiman
s’était égaré justement à cause de son ignorance
immense et a déclaré que ses adeptes furent des simples
d’esprit et des scélérats.201 Le chercheur égyptien Dr
Mohammed al-Muqaddam explique dans son livre « alMahdi » que les partisans de Juhayman avaient, à ce
stade, été imprégnés par l'idéologie Soufie dans laquelle
les rêves ont le même statut de véracité que la révélation
divine202. Il est important de noter que ses adeptes sont
tombés dans un suivi aveugle absolu qui, par
conséquent, contredisait entièrement
les enseignements d’al-Albani. De
même, leur idéologie de « khuruj »
et de « takfir » fut entièrement
opposée aux principes salafis de
Sheikh al-Albani.
Le message que Lacroix essaie de faire passer, est que
l'héritage d’al-Albani se compose d’un groupe de jeunes
aux idées insensées qui s’opposent aux savants
saoudiens. Or, Lacroix ne semble pas avoir saisi que les
gens qui défient les savants saoudiens et la « hiérarchie
existante » sont précisément les Takfiris et neo-Khawarij
connus pour rendre mécréant Sheikh al-Albani, pas pour
le défendre !
Les allégations du professeur Lacroix sont loin d’être
innocentes, car il tente d’argumenter
que ce soi-disant défi des jeunes
albanistes
de
« l'aristocratie
Wahhabite » fut seulement la phase
initiale d'un mouvement qui
résulterait plus tard en attentats
terroristes :
Dans un article qu’il a consacré à
« Vers le milieu des années
Juhayman203, le professeur Lacroix a
soixante, plusieurs disciples d’alaffirmé
lui-même
que
le
Albani à Médine ont fondé algroupement de Juhayman fut un
Jama’a al-Salafiyya al-Muhtasiba Dans ses articles, S. Lacroix tente fallacieusement de groupe politique204 alors qu’il
(Le Groupe Salafi qui Ordonne le lier les Sheikhs Ibn Baz, Moqbil et al-Albani à certifie qu'al-Albani n’était pas du
l’attentat de Juhayman à la Mecque en 1979
Bien et Interdit le Mal), une faction
tout intéressé par la politique en
radicale, dirigée par al Juhayman al-‘Utaybi, qui finira
attribuant au Sheikh la parole que « la bonne politique
par assaillir la grande mosquée de la Mecque en
est d’abandonner la politique ». Cependant, d'une façon
novembre 1979. »
ou d'une autre, Stéphane Lacroix veut nous faire croire
que les membres de ce groupe terroriste étaient des
Le professeur Lacroix a rédigé une biographie de Sheikh
partisans de Sheikh Albani ?!? Au moment de l'attaque,
al-Albani truffée de fabrications et d’arguments
Juhayman et ses partisans n'avaient plus rien en commun
fallacieux dans le but unique de le lier à un mouvement
avec le credo de la Salafiya ni avec les savants Salafis.
terroriste.
De plus, ils n'étaient pas les disciples ou étudiants d’alAlbani mais plutôt un groupe de novices qui assistaient à
Les islamologues, orientalistes et « spécialistes » du
certains de ses cours tout comme ils assistaient au cours
Moyen-Orient sont bien conscients qu’en liant des
201
personnages musulmans au terrorisme ils attireront
Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Silsila al-Ahadith altoujours plus d’attention. En élargissant de façon
Sahiha » [Recueil de Hadiths Authentiques], Vol. 8 (Hadiths 1529,
1924 et 2236)
imaginaire le réseau d’al-Qaida et en diabolisant la
202
Dr Mohammed Ahmed Isma’il al-Muqaddam, « Al-Mahdi »,
communauté musulmane et ses savants reconnus, leurs
p.557-559
articles auront toujours plus de chance d'être publiés.
203
Dans l’article « Rejectionist Islamism in Saudi Arabia… » coécrit
avec l’islamophobe norvégien Thomas Hegghammer, le professeur
Lacroix prétend fallacieusement que son histoire sur Juhayman est
basée des recherches approfondies. Or, une petite recherche démontre
très vite qu’il s’agit d’un texte plagié en grande partie de l'article
arabe « Juhayman al-Uteybi, Maqati’ min Hayat Astura » écrit par
Mansur al-Nuqaidan que beaucoup considèrent comme la version
saoudienne de Hirshi Ali.
204
Stéphane Lacroix et Thomas Hegghammer, « Rejectionist
Islamism in Saudi Arabia : The Story of Juhayman al-‘Utaybi
Revisited », p.12
L’assaut de Juhayman de la grande mosquée de la
Mecque n'était en aucune façon lié à Sheikh al-Albani et
encore moins à son dogme ou à ses idées. L’attentat fut
basé sur le rêve présumé de certains partisans de
Juhayman dans lesquels ils ont vu que Mohammed alQahtani était supposément le mahdi attendu. Peu après,
de nombreux témoignages sont apparus dans le monde
34
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
est l’utilité de mentionner ces attentats à la bombe
commis par des gens qui détestaient et rendaient
mécréant al-Albani? Certes, les racistes antimusulmans
s’acharnent à lier tout ce qui revient aux enseignements
originaux de l’Islam au terrorisme. Il y a
malheureusement dans ces méthodes ignobles et
perverses de quoi prospérer dans le monde de la
recherche académique.
de beaucoup d'autres savants. Plusieurs années avant
l’attentat de 1979, ils se sont égarés dans les ténèbres du
sectarisme. Ils ont d’ailleurs été conseillés par certains
Sheikhs Salafis qui leur ont demandé de ne pas former
un groupuscule indépendant.
Prétendre que cette attaque cruelle qui a eu lieu seize ans
après le départ d’al-Albani du Royaume soit liée à ses
idées ou à son idéologie est aussi farfelue que de
prétendre que Saddam Hussein avait un lien quelconque
avec al-Qaïda. Mais comment peut-on s’attendre à ce
que le professeur Lacroix comprenne réellement les
idées de Sheikh al-Albani en sachant qu’il n’a même pas
réussi à déterminer correctement son pays de naissance ?
Le vrai Héritage de Sheikh al-Albani
L’Albanie, le pays le plus pauvre du continent européen,
est uniquement connue dans le monde musulman grâce à
Sheikh Mohammed Nasir al-Din al-Albani et son
remarquable patrimoine scientifique. Le dictateur
albanais Ahmed Zogolli n'aurait jamais été cité dans un
livre arabe si la biographie d’al-Albani ne mentionnait
pas comment lui et sa famille ont dû fuir son régime
dictatorial et laïc.
Le message sous-entendu qui est également la
conclusion tirée de l’article du professeur Lacroix est
qu’un groupe d’étudiants d'al-Albani qui promouvaient
le rôle central du Hadith et défiaient « l’aristocratie
religieuse Wahhabite » ont fini par
commettre des attaques terroristes :
En France, le professeur Stéphane
Lacroix est représenté dans les
« À nouveau, la plupart de ces
médias comme spécialiste de l’Islam
savants
étaient
des
figures
politique et expert de l’Arabie
périphériques, tel que Sulayman alSaoudite. Or, ses articles sur les
'Alwan. Né en 1970, al-'Alwan a
musulmans et leur religion sont des
commencé à être connu comme savant
compilations
frauduleuses
lorsqu’il avait la vingtaine. À part ce
d’illusions, de distorsions de faits, de
jeune Sheikh d'origine non tribale, il y
contrevérités flagrantes et de
avait également Abdallah al-Sa’d, de Selon Stéphane Lacroix, des « savants Salafis » – compréhensions
erronées
dans
âgés d’une vingtaine d’années – ont participé
qui la famille était venue de la ville de aux attentats de Riyad en 2003
lesquelles il prend une approche
Zubayr situé dans l’Irak Moderne.
révolutionnaire dans la diffamation
Tous les deux deviendraient plus tard des figures clés
de l’Islam et les musulmans. Le professeur Lacroix est
dans le mouvement Jihadi saoudien qui, après avoir
inapte à mener des recherches académiques dans le
défié l'ordre religieux, se sont mis à défier l'ordre
domaine qu’il prétend maitriser avec si grande
politique. Par conséquent, ils ont été arrêtés et
confiance. Ses analyses et recherches « académiques »
emprisonnés après les attentats à la bombe en mai
s’avèrent être un mélange de recherches Google, de
2003. » 205
plagiat éhonté et d’anciennes ambiguïtés orientalistes
modifiées à sa guise. Stéphane Lacroix est bien
Et voilà ! Lacroix a d’abord imaginé une approche
conscient qu'il peut écrire des articles en toute impunité
révolutionnaire du Hadith qu’il a machiavéliquement
tant qu’il traite des sujets avec lesquels son public n’est
attribué à Sheikh al-Albani. Ensuite, il a élaboré un
pas familier. Et comme c’est le cas pour bien d'autres
scénario dans lequel cette approche a mené à des
enseignants à Sciences Po, il tire de grands avantages de
frictions avec les savants de l’Arabie et, plus tard, à une
l’industrie fructueuse qui se cache derrière
révolte contre « l’aristocratie Wahhabite ». Il conclut en
l’islamophobie. Il est d’ailleurs très déplorable qu’un
insinuant que l’attentat de Riyad en 2003 fait partie de
centre comme le CERI — qui se vante de « valoriser les
l’héritage de Sheikh al-Albani en liant l’assaut du
trajectoires historiques des sociétés étudiées à travers ses
Haram al-Mekki en 1979 à certains de ses étudiants
travaux » — serve de tremplin pour des islamophobes
présumés. Or, rattacher, directement ou indirectement, le
qui, justement, n’ont aucun respect des sociétés qu’ils
grand Muhaddith du siècle passé à des actes de
étudient.
terrorisme montre que le professeur Lacroix est une
immonde créature qui n’éprouve aucun scrupule à
Cependant, une chose reste incontestable: dans ses
souiller l’honneur des grands savants musulmans. Quelle
fables, le professeur Lacroix fait preuve d’une
imagination débordante. Il est ingénieux et pond des
205
Selon Lacroix, des jeunes d’une vingtaine d’années sont devenus
articles invraisemblables qui contiennent des intrigues
connus pour être des savants Salafis aux côtés de Sheikh Ibn
détaillées qui sont toutes le fruit béni de son imagination
Utheymine et Sheikh Ibn Baz. De plus, ces jeunes savants Salafis ont
féconde. Il n'y a aucun doute que Stéphane Lacroix a le
fini par commettre des attentats terroristes à la bombe.
35
LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI
profil idéal d’un écrivain de romans policier et, peut-être
même, d’un comédien humoriste.
On peut conclure que les islamologues qui
sont incapables d'analyser les fondations de
la croyance musulmane, l’œuvre des
Muhaddithin ainsi que l'influence et
l’expansion des sectes islamiques dans un
contexte historique viendront toujours avec
les déclarations les plus incohérentes. Mais
en France, il ne faut pas être expert dans le
domaine pour attirer l'attention des médias.
Khalida Messaoudi206 est un parfait exemple
de comment les médias français sont prêt à
absorber toute forme de diffamation
islamophobe, peu importe la profonde
débilité mentale de ces « experts ».
Messaoudi a proclamé, avec une rare
insolence, que la prosternation dans la prière
musulmane est « une position d’esclave
inventée par des Bédouins esclavagistes de
l’Arabie Saoudite ». En contrepartie, les
auteurs musulmans qui ont les compétences
d’effectuer des recherches académiques sont
exclus de toute participation dans les médias
principaux qui assurent ainsi un cordon
sanitaire pour éviter que l’assaut médiatique
mené contre « les barbus » et les porteuses
de niqabs soit interrompu.
charlatans issus du fanatisme laïciste français qui a
gâché sa vie dans la calomnie de la religion musulmane.
Il s’est entièrement dévoué à la cause des xénophobes
antimusulmans qui ont pour but unique de
porter atteinte à l’image des musulmans
qui souhaitent pratiquer ouvertement, et en
toute liberté, leur religion. Le professeur
Lacroix sera oublié, son discours
obscurantiste dissoudra sous la lumière
éclatante du savoir musulman et ses écrits
diffamatoires continueront ainsi à être
connus comme des escroqueries qui
disparaitront à jamais dans les ordures de
la propagande islamophobe…207
K. El Hidjaazi208
Le dictateur albanais laïc Ahmed
Zogolli collaborait avec l’Italie
Fasciste
Stéphane Lacroix, un charlatan
islamophobe en croisade contre
les musulmans et l’Islam.
REMARQUE : Suite à la publication de cette
réponse
sur
‘stéphane-lacroix-sciencespo.com’, il semble que Stéphane Lacroix a fait
appel à l'assistante de direction à Sciences Po
pour porter plainte contre ce site dans lequel
sont divulguées ses fourberies scientifiques.
Ainsi, Olivia Ameye, a exigé à notre hébergeur
que le site soit supprimé au plus vite possible,
car celui-ci, selon elle, contiendrait une
usurpation d'identité. Bien entendu, ceci est
faux, car, à aucun moment, n'avons-nous
prétendu être Stéphane Lacroix ou Sciences
Po.
Jusqu'à ce jour, la France n'a pas de loi
interdisant les diffamations et injures à caractère
islamophobe, comme c’est le cas pour les juifs toujours
si « intouchables ». Cette politique à deux mesures a
permis aux icônes de l'islamophobie française de se
présenter comme de bons Samaritains qui prétendent
défendre « le monde laïque et civilisé » des « grands
maux de l'Islam ». Dans les médias et la politique, ils
sont de plus en plus nombreux à se justifier et à se vanter
de leur haine envers les musulmans pratiquants et leur
religion. Tous les jours, la France ressemble un peu plus
à l’Allemagne Nazie.
Il ne fait plus de doute que Sciences Po
cherche, coute que coute, à défendre ses employés
islamophobes. Alors que beaucoup s’attendaient justement à
une plainte contre Stéphane Lacroix pour racisme
antimusulman, plagiat et diffamation, il semble que Sciences
Po assume pleinement la défense de l'islamophobie au sein de
son institution.
Lorsque Sheikh al-Albani décède en 1999, ce fut un jour
de deuil pour des millions de musulmans au monde
entier. Bien que le Sheikh ne soit plus dans ses livres à
rechercher des hadiths, son œuvre continue d’exister et
personne ne doute que ce Muhaddith, si unique à son
époque, ne sera jamais oublié. Ses nombreuses
recherches scientifiques et ses écrits profitables pour la
Oumma ont fait de Mohammed Naser al-Din al-Albani
un homme qui sera aimé pour toujours. Quant au
professeur Lacroix, alors c’est l’un des nombreux
Plusieurs nouveaux sites apparaîtront bientôt (incha Allah)
pour mettre au grand jour les tromperies de l'islamophobe
Stéphane Lacroix. La résistance au fascisme antimusulman et
à la diffamation islamophobe des Tartuffes islamologues
continu…
Pour justifier leurs attaques continues visant la communauté
musulmane, les islamophobes en France font souvent appel à
la liberté d'expression, mais lorsque les musulmans désirent
s'exprimer et se défendre contre les affronts portés à l'égard
de l'Islam et des membres de leur communauté, il n'y plus de
liberté d'expression, ni même de droit à l'autodéfense.
Les adresses des nouveaux sites seront postées en bas de ce
document PDF.
207
Les recherches pour cet article ont été faites dans la bibliothèque
de « Dal al-Hadith » à Ma’bar (Yémen). Je demande à Allah de
récompenser Sheikh Mohammed al-Imam pour mettre à disposition
aux étudiants la bibliothèque de son institut précieux...
208
Article original: « Sheikh al-Albani’s works reply to Stéphane
Lacroix’ revolutionary Lie »
206
Khalida Messaoudi est une islamophobe Algérienne mis sur un
piédestal pas les medias antimusulmans. Elle est professeure de
mathématiques, mais ses attaques contre l’Islam en France ont fait
d’elle un expert de la religion musulmane.
36
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