François Arago, l’océanographe
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compagnie de Jean-Baptiste Biot, Arago prolonge ces mesures jusqu’aux Baléares.
Mais en 1808 la guerre d’indépendance de l’Espagne éclate, Madrid se soulevant
contre l’armée de Napoléon qui y était stationnée. Considéré comme un espion,
Arago rejoint Alger pour revenir en France ; à quelques encablures de Marseille,
son navire est arraisonné et il est ramené en Espagne. La pression du Dey d’Alger
conduit à sa libération et à celle de ses compagnons d’infortune. Sans que l’on puisse
affirmer que sa vocation d’océanographe soit née à ce moment, un coup de mistral
sévit alors qu’il est en vue de Marseille et, après cinq jours d’épreuves, il
débarque…à Bougie. Sa vie est encore menacée quad il traverse la Kabylie avant qu’il
regagne enfin la France en 1809.
L’Institut, frappé de tant de courage, d’intelligence et de dévouement lui
ouvre immédiatement ses portes. Le 18 septembre de la même année, il est élu en
section d’astronomie à 23 ans ; il en deviendra le Secrétaire perpétuel en 1830.
Quoi de plus logique après ses travaux de mesure du méridien de Paris, qu’il
devienne également, en 1834, directeur des observations du Bureau des longitudes,
un recrutement d’une ampleur nouvelle dans un site rénové devenant une véritable
« fabrique de savants ». Ce méridien fascine encore comme l’a montré le projet de
l'architecte Paul Chemetov d’une « Méridienne Verte » pour les cérémonies de l'an
2000 en France. Le méridien de Paris est matérialisé en plantant des arbres tout
au long de son tracé. Le 14 juillet 2000, un pique-nique géant se déroule le long de
cette Méridienne Verte qui, dans les Pyrénées-Orientales, traverse Caudiès-de-
Fenouillèdes, Fuilla, Mosset, Conat, Rabouillet, Villefranche-de-Conflent, Serdinya,
Escaro, Sahorre, Py et Prats-de-Mollo-la-Preste.
Polytechnique, de l’éloge à la critique
Entré au sixième rang à Polytechnique à 17 ans en 1803 (le concours étant, à
l’époque, décentralisé, il fut major parmi ceux se présentant à Toulouse) il y fut
nommé professeur en astronomie par Napoléon en 1810 et il y professa jusqu’en
1830.
La plupart des hommages à François Arago le place sur un piédestal aussi bien
comme homme politique que comme savant. Jean-Paul Poirier, membre de l’Académie
des sciences, dans son hommage « Arago, un savant et un homme généreux » rendu
le 10 juin 2003 à l’occasion du cent cinquantième anniversaire de sa mort écrit :
« Je voudrais m’attacher également à l’homme Arago, esprit indépendant et curieux
touchant à tous les domaines de la science, mais aussi enthousiaste et généreux ».
Il souligne aussi que, dans l’introduction de l’édition posthume de ses œuvres
complètes, son ami de quarante-quatre ans, Alexander von Humboldt, grand savant
et voyageur prussien, admire « Le soin critique qu’il apporte à la recherche des
faits, l’impartialité des jugements, la lucidité des expositions scientifiques, une