Mais le slogan « Vivons ensemble avec nos différences » peut être aussi dangereux, car il
évoque l’impossibilité d’une population à vivre dans le milieu d’accueil. Le terme « intégra-
tion » permet d’éviter pour certains, et pour la gauche en particulier, les écueils précédents.
Il s’agit d’accepter des obligations définies par le pays d’accueil tout en bénéficiant de
droits respectant les spécificités culturelles. L’expression « intégration » a été consacrée
par la création d’un Haut Conseil à l’intégration en 1989.
LE MODÈLE FRANÇAIS DE L’IMMIGRATION
Pays d’immigration au même titre que les États-Unis, la France fournit un modèle ori-
ginal d’assimilation de sa population d’origine étrangère.
qL’immigration, facteur de constitution de la nation
Alors qu’aux États-Unis, les immigrés ont été considérés comme un facteur constitutif
de la nation américaine, la nation française revendique une origine séculaire et les immi-
grés ne peuvent qu’être assimilés, car la fonction de l’immigration est d’alimenter le sys-
tème économique en main-d’œuvre. Le refus du communautarisme explique pourquoi il
est si difficile, dans la culture française, d’accepter le vote des immigrés de peur de voir sur-
gir un vote non-citoyen, c’est-à-dire un vote reposant sur des considérations ethniques.
qQuel droit de vote pour les immigrés ?
La question du droit de vote des immigrés ne se pose que pour ceux qui n’ont pas
adopté la nationalité française et pour les étrangers originaires d’un pays n’appartenant
pas à l’Union européenne. La possibilité pour un étranger d’acquérir la nationalité française
est d’ailleurs un argument pour refuser ce
droit de vote. En outre, les risques d’un
vote ethnique sont contraires aux prin-
cipes républicains.
Cependant, l’opposition au droit de vote
des étrangers connaît des contradictions.
Les principes de la République font de tout
individu un citoyen. Dès lors, il est difficile
d’imaginer une intégration des immigrés
sans leur reconnaître un droit essentiel
pour exercer leur citoyenneté.
D’autre part, depuis le traité de
Maastricht, il existe bien, pour les ressor-
tissants de l’Union européenne, un droit de vote pour les élections locales. Cette situation
tend à distinguer deux types d’étrangers et à renforcer la discrimination entre deux types
de population, corroborant l’idée selon laquelle ce sont bien les écarts culturels qui empê-
chent le processus d’intégration. Pour conclure, il faut souligner que, derrière le débat sur
le droit de vote des immigrés, se cache une autre question, autrement plus sensible, celle
de la réouverture de nos frontières aux immigrés. En effet, la faible fécondité qu’a connue
la France pendant plusieurs décennies, rend indispensable l’appel à de nouveaux immigrés
ayant un niveau de diplôme élevé.
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Droit de vote
pour quels immigrés ?
Le traité de Maastricht, approuvé par
référendum en 1992, prévoit le droit de
vote des citoyens de l’Union européenne
aux élections locales. Cette disposition
implique une discrimination entre les
étrangers, fondée sur la distinction,
sans doute contestable, opérée entre
citoyenneté européenne et nationalité.