182 neurologie.com | vol. 2 n°7 | septembre 2010
qui ont pratiqué l’analyse histologique des muscles para-
vertébraux de patients parkinsoniens présentant une
camptocormie s’accordent sur l’identification d’un proces-
sus myopathique dont la physiopathologie fait encore
l’objet d’une discussion [8].
Les formes dites idiopathiques correspondent à une myopa-
thie tardive et isolée des muscles paravertébraux, apparais-
sant généralement à la 7e décade et s’inscrivant dans un
contexte familial avec une prédominance féminine. Décrite
pour la première fois en 1991, cette entité est maintenant
reconnue [1]. L’atteinte musculaire est cliniquement et
radiologiquement limitée aux muscles paravertébraux
et s’aggrave avec le temps en corrélation avec la douleur et
le handicap. L’examen neurologique est par ailleurs normal.
Les CPK sont souvent normales mais parfois légèrement
augmentées. L’imagerie des muscles paravertébraux montre
une involution adipeuse prédominant sur les multifidus,
maximale à l’étage lombaire (L1 à L3) et corrélée à la durée
d’évolution [9]. La biopsie musculaire révèle des anomalies
de type myopathie avec irrégularité de diamètre des fibres,
fibrose et involution adipeuse [10].
PRISE EN CHARGE
Le traitement étiologique, quand il est possible, est primor-
dial car il peut apporter un bénéfice clinique très net, par
exemple dans la myasthénie ou dans une polyradiculoneu-
ropathie démyélinisante chronique [7] ou encore dans une
myopathie inflammatoire [11], à condition de ne pas débu-
ter le traitement à un stade où l’involution adipeuse est
déjà importante.
Dans la maladie de Parkinson ou lorsqu’un syndrome par-
kinsonien est mis en évidence, la réponse à la lévodopa
doit être testée. Cependant, un redressement total est
rarement obtenu et les différentes études menées en ouvert
n’ont pas prouvé l’efficacité de la lévodopa ou de la stimu-
lation sous-thalamique. De même, le traitement chirurgical
ne prévient pas l’apparition d’une camptocormie[8].
Les patients sont orientés en médecine physique et réadap-
tation pour adaptation de la prise en charge en fonction
de l’hypothèse étiologique et du retentissement fonctionnel
et orthopédique. La kinésithérapie doit être axée sur l’as-
souplissement des courbures, un travail en délordose et de
verrouillage du bassin, la lutte contre les rétractions myo-
tendineuses et les attitudes vicieuses et sur les méthodes
antalgiques. Le renforcement musculaire doux est tenté en
particulier selon le degré et l’importance de l’atteinte
musculaire et le plus précocement possible.
Le corset sur-mesure avec appui sternal est préconisé
lorsque la camptocormie entraîne douleurs, risque de
chute et un champ de vision réduit. Il permet de redresser
le haut du tronc et de relordoser le rachis lombaire, limi-
tant ainsi l’évolution de la déformation et soulageant
souvent la douleur [5]. Il doit être réalisé dans un matériau
plus rigide que le coutil baleiné mais plus souple que le
corset traditionnel. L’objectif est d’assurer ainsi un com-
promis entre efficacité de redressement, antalgie et
confort car ce type d’appareillage est souvent mal sup-
porté. Il permet aussi une autorééducation par rappel de
posture. Le rollator permet un déplacement plus sécuri-
taire et un redressement lorsque ce dernier est possible
de façon autonome.
Conflit d’intérêts
Aucun.
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