1. Que signifie
« Record management » ?
Le terme « record », qu’on traduit
littéralement par enregistrement,
recouvre toute information (donnée
ou document) qui trace l’activité de
l’entreprise. C’est donc aussi bien
une commande qu’une facture, un
rapport d’étude du côté document,
qu’un planning ou un budget ou
une écriture comptable au niveau
données.
Le « record management » a, comme
son nom l’indique,pour but de gérer
ces enregistrements tout au long de
leur cycle de vie, depuis la création
jusque et y compris la destruction.
La réglementation américaine per-
met en effet aux « attorneys », dès
dossier :Sécurité
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• La revue n° 85 - Février 2007
lors qu’un procès est lancé, de se
livrer à une « discovery », autrement
dit de rechercher parmi l’ensemble
des enregistrements de l’entreprise,
ceux qui serviraient la cause de la
partie adverse et apporteraient des
preuves de ses dires. C’est donc à la
fois une obligation légale de mettre
à disposition l’ensemble des enre-
gistrements disponibles, mais aussi
une question de sécurité, dans la
mesure où il convient de s’assurer
que les enregistrements reflètent
bien les activités de l’entreprise (ce
qu’elle a fait) et non pas d’éven-
tuelles discussions internes. C’est
donc aussi une politique du strict
nécessaire qui allie la protection des
informations essentielles et la sup-
pression impitoyable des informa-
tions sans valeur pour l’entreprise
ou l’organisation, le tout dans le
respect des obligations réglemen-
taires et légales.
Les piliers d’un « record manage-
ment » sont donc :
•une typologie des enregistre-
ments, qui définit pour chacun,
leur criticité pour l’entreprise, la
durée de conservation, le lieu de
stockage au cours de sa vie, le
responsable (ou propriétaire),
•des processus organisés de ges-
tion de ces enregistrements :
stockage, diffusion, suppression,
etc.,
•un ou des outils automatisés qui
vont en particulier assurer :
– l’unicité de stockage de chaque
enregistrement : afin d’éviter
toutes duplications et être ainsi
certain, lors de la suppression,
qu’aucune copie ne subsiste,
– le stockage des enregistrements
dans les réservoirs appropriés,
avec au besoin le déplacement
d’un réservoir vers un autre, au
cours du cycle de vie de l’enre-
gistrement,
– le respect des règles de confi-
dentialité.
Quelque part, il s’agit de piloter la
gestion des informations, en pre-
nant en compte l’ensemble des
sup-
ports – papier,électronique,etc.– des
modalités de production – base de
données, outils bureautiques, mes-
sages électroniques, etc. – pour
garantir qu’à tout moment l’infor-
mation de référence pour l’entrepri-
se ou l’organisation est correcte-
ment stockée.
2. Et une vraie gestion
des archives ?
2.1. Archives
Le terme « archives » est souvent
entendu au sens commun comme le
stock de papiers inutilisés qui dort
dans les armoires et objet d’une
grand messe – en général au
moment des périodes de sous-acti-
vité de l’entreprise, au mois d’août –
de nettoyage ou de déménagement
auprès d’un tiers archiveur.
Pourtant en France, la définition des
archives est très clairement exposée
dans la loi 79-18 du 03/01/1979,
abrogée depuis, mais dont l’essen-
tiel a été repris dans le code du patri-
moine1, livre II au chapitre 1er, articles
L. 211-1 à L. 214-7, et que, malheu-
reusement beaucoup ignorent :
Article L. 211-1 : « Les archives sont
l'ensemble des documents, quels
que soient leur date, leur forme et
leur support matériel, produits ou
reçus par toute personne physique
ou morale et par tout service ou
organisme public ou privé dans
l'exercice de leur activité ».
Article L. 211-4 : « Les archives
publiques sont :
a) les documents qui procèdent de
l'activité de l'État, des collectivités
territoriales, des établissements et
entreprises publics ;
b) les documents qui procèdent de
l'activité des organismes de droit
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Record management ou archivage ?
Le terme « Record manage-
ment » traduit un concept
anglo-saxon qui a souvent
bien du mal à trouver son
équivalent dans les cultures
latines. Pourtant il y en a un
qui convient bien : gestion
des archives. Encore faut-il
s’entendre sur la notion
d’archives et bien en ana-
lyser les enjeux, notamment
au plan de la maîtrise des
risques.
Catherine Leloup,
Administrateur de l’AFAI
1. Voir : www.legifrance.gouv.fr