critères de l’anxiété généralisée. On a également
rapporté des troubles agoraphobiques après un
accident vasculaire cérébral qui sont décrits comme
une crainte démesurée de présenter une récidive
cérébro-vasculaire dans une situation ou un endroit
dont il pourrait être difficile de s’échapper [8].Plus
récemment, des réactions associées à un état de
stress post-traumatique (ESPT) ont été observées1
dans les suites d’un accident vasculaire cérébral
avec un taux de prévalence variant de 6 à 20%
selon les études [9, 10].
L’anxiété post-AVC est souvent associée à une
dépression post-AVC.Elle est plus fréquente en cas
d’antécédents d’alcoolisme [6,11],chez les femmes
[8, 12] et chez les jeunes patients [12], mais elle
ne serait pas nécessairement liée à la gravité des
séquelles fonctionnelles [6, 11, 13]. Par ailleurs,
l’anxiété comme la dépression, n’est pas incom-
patible avec une anosognosie du trouble neuro-
logique, ce qui suggère que les symptômes anxieux
ne traduisent pas simplement une réaction psy-
chologique face à la maladie.
Concernant les lésions cérébrales associées à
l’anxiété post-AVC, deux études convergent vers
une latéralisation gauche en cas de symptômes
anxieux et dépressifs associés, tandis que la pré-
sence de symptômes anxieux isolés serait plus
souvent relevée après des lésions droites [7, 11].
Cette latéralisation droite n’a toutefois pas tou-
jours été confirmée [6, 13].
Une revue des différentes approches psycho-
thérapeutiques dans le cadre des accidents vascu-
laires cérébraux montre que les études dans le
domaine sont encore peu sophistiquées et que bien
souvent, elles ne respectent pas les critères stan-
dard qui doivent être normalement observés pour
évaluer les effets d’une prise en charge [14]. Parmi
les différentes approches explorées, ce sont les
thérapies cognitivo-comportementales qui ont fait
l’objet des études les plus structurées. Malgré des
résultats contradictoires, celles-ci font preuve
d’une efficacité démontrée chez certains patients.
Par exemple, sur 19 sujets anxieux ou dépressifs,
10 sujets s’améliorent dans l’étude de Lincoln et al.
[15]. Cette efficacité n’est pas retrouvée dans une
étude où l’on compare la thérapie cognitivo-com-
portementale, une prise en charge standard et une
situation placebo [16].
Dans ces études,le type d’intervention est iden-
tique à celui pratiqué avec les patients non neuro-
logiques. Il s’agit d’une approche directive, struc-
turée et limitée dans le temps. Les patients sont en-
couragés à entreprendre des tâches devenues dif-
ficiles depuis la maladie, telles que faire la cuisine
ou marcher, dans le but d’augmenter leur niveau
d’activité et d’améliorer leur humeur. Les stra-
tégies cognitives ciblent les pensées dysfonction-
nelles qui persistent après l’accident vasculaire
cérébral, en ayant d’abord recours à des activités
de distraction avant de développer des techniques
pour identifier, remettre en cause et tester ces
pensées dysfonctionnelles. En effet, certains
patients déprimés après un accident vasculaire
cérébral développent un ensemble d’idées néga-
tives qui maintiennent le trouble psychique. Par
exemple, l’accident vasculaire cérébral peut être
interprété comme une punition pour des erreurs
commises dans le passé ou alors le patient peut
considérer qu’il n’a plus de place dans la société.
La thérapie cognitivo-comportementale considère
que les affects et les comportements sont largement
déterminés par la façon dont l’individu structure
son expérience. Elle envisage donc les problèmes
en termes de cognitions, émotions, motivations,
sensations corporelles et comportements, et les
efforts consistent à modifier chacun de ces diffé-
rents aspects.
Les études menées sur des patients après un
infarctus du myocarde nous informent également
sur l’effet des thérapies cognitivo-comportemen-
tales. Elles montrent que ces thérapies, surtout
lorsqu’elles sont complétées par des approches
éducatives, permettent de diminuer les symptômes
physiques et d’accélérer la récupération fonction-
nelle. Dans une étude contrôlée, Petrie et al. [17]
montrent que des interventions brèves et ciblées
sur les croyances individuelles du patient concer-
nant sa maladie permettent de modifier favorable-
ment et durablement ses perceptions,d’accélérer la
reprise professionnelle et de diminuer les symp-
tômes somatiques. Selon Weinstein [18], les inter-
ventions précoces seraient particulièrement effi-
caces. En effet, ce serait dans les suites immédiates
d’un accident de santé majeur que les risques futurs
seraient perçus de la façon la plus réaliste par les
individus qui seraient ainsi davantage réceptifs aux
interventions visant un changement de comporte-
ment. De leur côté, Miche et al. [19] démontrent
l’efficacité d’un programme éducatif sur les para-
mètres cardio-pulmonaires et sur le sentiment de
bien-être physique des patients, mais pas sur les
mesures de dépression et d’anxiété. L’absence
d’effet constaté sur l’humeur des patients suggère
l’utilité d’associer à l’approche éducative,des tech-
niques cognitives qui ciblent spécifiquement les
pensées négatives.
SCHWEIZER ARCHIV FÜR NEUROLOGIE UND PSYCHIATRIE 155 n8/2004409
1 Certains patients présentent des souvenirs intrusifs sous
forme d’images visuelles ou auditives (reviviscences), ils
tentent d’éviter toute pensée liée à ce souvenir (évitement)
et développent une importante réactivité neurovégétative
(hyperactivation).