Traitement du cancer - Institut de cancérologie de l`Ouest

233 BOULEVARD VOLTAIRE
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Traitement du cancer
prochain numéro:
L'évaluation des
établissements de soins
Le taux de survie
progresse
Globalement le nombre de
cancers détectes ne cesse d aug-
menter Une hausse exponentielle
qui s'explique principalement par
les progrès du dépistage et par
l'allongement de l'espérance de
vie qui vont de pair avec un risque
accru de développer la maladie
En effet, un cancer su r deux se
déclare en France après 61 ans
Mais si Ion détecte aujourd'hui
davantage de cancers la bonne
nouvelle c est qu'on en meurt
moins Même si la bataille contre
le cancer est encore loin d'être
gagnée d'immenses progrès ont
été réalises sur le plan therapeu
tique, qu il s agisse de la biologie
ou de I imagerie médicale, de la
chimie ou de la radiothérapie Si
bien qu aujourd hui, le taux de
survie a cinq ans tous cancers
confondus, est supérieur a 50%
Un bon résultat qui ne doit pas
occulter les différences entre les
cancers Car si certains, de plus
en plus nombreux, guérissent,
plusieurs conservent un pronostic
sombre alors que d'autres
évoluent sur le long terme, a
l'instar des maladies chroniques
s juin prochain, dans le cadre du Plan cancer,
hôpitaux et cliniques privées devront satisfaire
à des critères de qualité pour être autorisés à
traiter les malades atteints d'un cancer.
Objectif: assurer l'équité d'accès aux soins sur
tout le territoire. Mais qu'en est-il en pratique?
Avons-nous
tous es mêmes
C
i
est une révolution » déclare
le P Dominique Maranmchi
président de I INCa (Institut
national du Cancer) Dans
le cadre de la mise en œuvre
du Plan cancer, les hôpitaux publics et les cliniques
privées devront obtenir < un permis de soins »
pour être autorisés à pratiquer des actes de can
cerologie Les pouvoirs publics entendent ainsi
assurer partout en France une égalité d'accès a
des soins de qualité Cela rassure et inquiète a la
fois Nos hôpitaux, nos médecins, ne seraient-ils
pas les meilleurs du monde, comme on nous le
Le cancer en France
répète à l'envi ? Depuis des années, certains éta-
blissements n'offriraient donc pas assez de ga-
ranties sur le plan de la qualité et de la sécurité
des soins7 Certains experts ne sont pas loin de
le penser « // existe indéniablement des écarts
avec dans certains cas, une réelle perte de chances
pour les patients», constate le Dr Etienne Mmvielle,
directeur qualité et sécurité des soins à I Institut
Gustave
Roussy
à
Villejuif
(94)
et
responsable
du
projet Compaqh (Coordination pour la mesure
de la performance et l'amélioration de la qua
lite hospitalière) mené sous l'égide de I Inserm
(Institut national de la santé et de la recherche
357 700 nouveaux cas en 2010
146 500 décès en 2010
Femmes
154600
Colon
Rectum
21000
(1033%)
Autres
83500
(41
12%)
L
Côlon
Rectum
9200
10 89 %)
Autres
45510
(5386%)
34800(5613*1
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chances ?
médicale) Une inégalité des chances dont les
conséquences peuvent être d autant plus dra
matiques que la maladie est grave -La rapidité
avec laquelle vous franchissez la porte d'entrée
d un établissement de t une eroloqie et le fait que
ce soit la bonne porte d entrée sont déterminants
pour votre espérance de vie », estime Alain Cou-
lomb ancien dnecteur de la Haute Autorité de
santé (HAS) Le gouvernement a-t-il place la
barre assez haut pour harmoniser la qualité des
soins7 Lorsque I on sait la levée de boucliers
que provoque la fermeture d'un service ou d'un
établissement de santé, force est de constater
que la mariJe de manoeuvre était étroite
Les petits hôpitaux visés
En 2003, le premier Plan cancer, lance par Jacques
Chirac avait commence a prendre le taureau
par les cornes en fixant des seuils d activité pour
pratiquer certains actes de cancérologie Par
exemple la prise en charge chaque année d au
moins 30 cancers d'un même organe pour pou-
voir continuer à traiter des cas de cancers simi-
laires De nombreuses études ont en effet de-
montre que la qualité et la sécurité des soins
sont liées au nombre d interventions «Entre un
établissement qui pratique moins de 50 interven-
tions chirurgicales par an et un établissement qui
en fait plus de 100, le risque de décès durant H»
^^ Muriel (57 ans)
Infirmières
débordées
on cancer du
sein a été détecte
en 2005 et traite a l'hopi-
taldeBlois(41) Sur le
plan médical rien a dire
en revanche le manque
d'écoute était patent
Certes, le cancérologue
m'a annonce la mauvaise
nouvelle en choisissant
ses mots Mais après, les
choses se sont gâtées
les infirmières étaient
débordées et n avaient
jamais un moment a
m'accorder Quand on
est fragile, on se sent
perdue Les femmes qui
comme moi suivaient
une chimiothérapie
avaient le même ressenti
Mon traitement dans le
service d oncologie a
dure 18 mois, a raison
d'une séance de chimio
toutes les trois semaines
J'avais lu, a propos du
Guy (65
ans)
Plan
cancer
qu'il
ne
suffisait pas de traiter la
tumeur mais qu il fallait
aussi prendre en compte
la personnalité du patient
Je n'ai rien constate de
tel Jamais on ne m'a
propose de voir un psy-
chologue alors que/étais
dépressive Ce cancer
reste un traumatisme
Quand j ai perdu mes
cheveux, on m a juste
donne la carte d un
marchand de perruques
Je me suis débrouillée
pour maquiller mes
sourcils et ce n'est qu'a la
fin de ma chimiothérapie,
a l'automne 2006, que
les patientes ont pu
bénéficier des services
dunesocio esthéticienne,
a condition de se libérer
lorsquelle était présente,
soit trois heures par
semaine1» n
Un réconfort salutaire
n 2005, on m'a
diagnostique un
cancer du poumon J'ai
été traite (chimiothérapie
suivie de I ablation d un
lobe et de deux côtes)
dans une clinique privée
par des praticiens
compétents et de grande
écoute J ai également
apprécie le respect et
l'attention portes par la
plupart des auxiliaires
médicaux Je sais, par des
malades croises au
moment des soins, que
c'est loin d'être toujours
le cas, en particulier dans
le secteur public Lors
d un examen radiologique
avec ponction acte
pénible et lourd de
conséquence, j'ai été
apaise par la main de
la manipulatrice radio
sur mon épaule, me
demandant "Ça va bien
Monsieur r Ce petit
geste m a semble d'une
grande humanité » D
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Marie-Thérèse (67 ans)
Très satisfaite
des hôpitaux
ics
publi
E
n
1994 j'ai
eu un
cancer des ovaires,
soigne a l'hôpital Léon
Berard, a Lyon L'annonce
du diagnostic a été
brutale mais il y avait
urgence vu la taille de la
tumeur L'opération a eu
heu trois jours après
Et je suis toujours en vie1
Pourtant, en octobre 2009,
je me découvre une
grosseur au cou Mais pas
de rendez vous pour une
échographie avec
ponction avant décembre
Lucile (25 ans)
En janvier 2010,le
diagnostic tombe,
cancer de la thyroïde
(ma mère en est morte)
Faute de place, l'opéra-
tion aura lieu deux mois
plus tard a Lyon-Sud,
suivie par un traitement
a base d'iode radioactive
en chambre isolée
pendant cinq jours Je
m'en faisais une mon-
tagne Ça s'est très bien
passe J'avais emporte
mon ordinateur portable,
des bouquins Je suis
Je me suis souvent
sentie seule
m
A
19 ans, j'ai decou-
V
i vert que j'avais un
cancer a l'occasion d'un
examen de routine Je
me suis effondrée lorsque
le médecin m'a dit
froidement «Lucile, tu as
un cancer», et m'a expli-
que en cinq minutes le
plan de traitement -
l'hospitalisation pendant
un mois pour chaque
chimiothérapie, les effets
secondaires, la perte des
cheveux.. Je me suis
souvent sentie seule,
sans réel soutien psycho-
logique des médecins
Bien qu'ils m'aient assure
que j'avais une «bonne»
leucémie, j'ai fait plusieurs
rechutes et subi deux
greffes de moelle osseuse
Les chimios font des
ravages, elles ont provo
que chez moi une insuffi-
sance cardiaque Une
greffe vous oblige a
rester plus d'un mois dans
une chambre stérile Je
voyais mes proches a
travers une vitre Quand
on sort de la, l'acte le
plus banal, prendre une
douche par exemple, fait
un plaisirmoui On voit la
vie différemment On a
envie d'être plus attentif
aux autres C'est pourquoi
j'ai adhère a l'association
Laurette Fugain, qui
milite pour le don de
plaquettes et de moelle
osseuse et l'aide a la
recherche des maladies
du sang. »D
très satisfaite des hôpi-
taux publics Des progrès
fantastiques ont été
accomplis depuis l'hospi
tahsation de ma mère en
1963'Le travail et les
décisions sont beaucoup
plus collectifs, les proto
coles sont plus précis, la
sécurité s'est améliorée
Mais les hôpitaux sont
devenus des usines avec
des médecins qui
changent trop souvent,
des délais parfois
éprouvants » n
l'opération ou dp ses suites est multiplie par trois
et demi, précise le Pr Guy Vallancien auteur d'un
rapport qui préconisait la fermeture de 182 blocs
opératoires situés en majorité dans les petits hôpi
taux Le manque d'expérience du chirurgien n'est
pas seul en cause Dans ces petits établissements,
tous les risques se conjuguent la structure les
hommes, l'anesthésiste qui n'est pas là en per-
manence, l'organisation, etc *
De l'avis de nombreux professionnels, les seuils
requis - par exemple, 30 interventions par an
pour la chirurgie du sein ou 80 pour la chimio
thérapie - restent insuffisants pour garantir une
grande expérience en cancérologie Lecrëtage
aurait dû être plus sévère Mais il convenait aussi
de tenir compte des critères de maillage du ter-
ritoire et de proximité des centres de traitement
Pas très rassurant tout de même
Lacunes importantes
Si le volume d'interventions est une condition
nécessaire pour assurer des soins de qualité
elle n'est pas suffisante En mars 2007, on est
donc allé plus loin en instaurant un dispositif
d autorisation qui s'appuie aussi sur des critères
de qualité II s agit à la fois de critères « transver-
saux » portant sur la prise en charge globale des
patients et de critères d'agrément spécifiques à
la chirurgie des cancers, à la chimiothérapie et
à la radiothérapie Leur mise en œuvre a été pré-
vue par étapes et ces critères deviendront oppo-
sables aux établissements a partir de juin 2011
Les Agences régionales de santé (ARS) réalisent
actuellement des visites de contrôle Les auton
salions seront accordées ou non aux établisse-
ments pour cinq ans Pour mesurer les avancées
de la réforme, tous les établissements de soins
étaient invités, en juin 2010 à pratiquer volon-
tairement et anonymement une autoévaluation
Une patiente indique l'intensité de sa douleur sur une échelle d'évaluation.
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RADIOTHÉRAPIE
La sécurité s'améliore
Ces dernières années,
des accidents graves
dus à une surexposition
aux rayons ont fait la
une des médias. De quoi
semer le doute chez les
malades. Si les accéléra-
teurs de particules sont
efficaces pour détruire
les tumeurs, la moindre
erreur de paramétrage
Service de radiothérapie au
centre Alexis-Vautrin (54).
peut être dramatique.
Ainsi en 2005, à Épinal
(88), la mauvaise utilisa-
tion d'un logiciel a
provoqué une irradiation
grave chez plusieurs
centaines de patients.
Cinq sont décédés. Au
CHU de Toulouse (31),
145 patients ont été
surexposés d'avril 2006
à avril 2007. Depuis, des
mesures ont été prises
pour éviter la reproduc-
tion de tels accidents. La
situation est en train de
changer. «La quasi-
totalité du parc a été
renouvelée. Les accéléra-
teurs de particules ont
remplacé les vieux appa-
reils à cobalt», assure
Jean-Luc Godet, direc-
teur des rayonnements
ionisants à l'Autorité de
sûreté nucléaire (ASN).
À partir de juin 2011,
tous les centres devront
respecter les critères
qualité définis par l'INCa
(Institut national du
cancer) pour avoir l'auto-
risation d'exercer. Toute-
fois, les autoévaluations
des établissements faites
l'an dernier montrent
qu'il subsiste des points
à corriger. La dosimétrie
in vivo (destinée à
contrôler la dose de
rayons reçue par le
patient) n'était ainsi
réalisée que dans 78%
des cas. Depuis 2007,
chaque centre doit noter
les dysfonctionnements
survenus au cours des
séances d'irradiation,
afin d'en analyser les
causes et d'y remédier.
Or les défaillances
humaines sont, le plus
souvent, à l'origine des
accidents. «Depuis la
mise en place de la
procédure, on note une
hausse constante du
nombre d'événements
indésirables déclarés à
l'ASN. Cela prouve que
les praticiens sont plus
sensibles à la sécurité»,
relève Jean-Luc Godet,
qui regrette toutefois
que les professionnels
n'aillent pas assez loin
de leurs services, sur la base d'une check-list
établie par l'INCa Nous avons analysé la syn-
thèse de ce point de passage
Premier constat les critères d'agrément propres
à chacune des trois techniques sont parfois très
basiques En chimiothérapie, par exemple, la
préparation des anticancéreux doit être réalisée
sous la responsabilité d'un pharmacien. On n'ose
imaginer que ces règles élémentaires ne soient
pas d'ores et déjà appliquées partout Pourtant,
en juin 2010, les autoévaluations effectuées dans
plus de la moitié des établissements révélaient
encore des lacunes importantes Autre point,
l'accès à une tumorothèque n'était réalisé qu'à
hauteur de 70% des établissements «II est pour-
tant primordial de pouvoir congeler la tumeur,
car en fonction de l'évolution de la maladie ou
en cas de rechute, on peut être amené a modifier
le traitement", souligne le Pr Marc Espié, cancé-
rologue à l'hôpital Saint-Louis, à Pans Quant à
la mise en place d'une démarche qualité visant
à analyser les problèmes graves survenus lors
des chimiothérapies, elle n'était effective que
dans 55 % des cas Un chiffre qui inquiète quand
on sait que l'incidence de la mortalité liée aux
chimiothérapies varie de 0,5 % à 2, voire 3 % selon
les centres et le type de traitement!
En radiothérapie, le contrôle du volume de la zone
irradiée ou de la dose effectivement délivrée au
patient sont évidemment incontournables. Pour
le cancer du sein la biopsie des ganglions sen-
tinelles permet d'éviter un curage axillaire chez
les patientes qui n'ont pas d'atteinte ganglion-
naire Et c'est tant mieux, car les conséquences
de ce curage peuvent s'avérer très invalidantes
En 1998, aux états généraux du cancer organisés
par la Ligue contre le cancer, les cancérologues,
sous la pression des associations de patients,
avaient décidé de se mobiliser pour améliorer
l'annonce du diagnostic Même si l'on guérit de
plus en plus souvent, apprendre qu'on a un can-
cer est traumatisant Faite à la va-vite, l'annonce
peut décupler la violence du choc et avoir des
conséquences irrémédiables sur le parcours
thérapeutique.
Humaniser l'annonce
du diagnostic
«Le médecin peut raconter une histoire à laquelle
le patient ne comprendra rien, il peut l'assommer
avec une vérité brutale ou le conduire à prendre
conscience de son état en le respectant Pow le
malade, cela change tout», explique Alain Cou-
lomb Le premier Plan cancer a donc instauré
un protocole d'annonce qui s'articule autour de
quatre grands axes un temps d'annonce et de
proposition du traitement, un temps d'accom-
pagnement soignant, un accès à une équipe im-
pliquée dans les soins dits de «support » et une
liaison étroite avec le médecin traitant
Le plus souvent, le patient commence à s'alerter,
au gré des radios et des examens auxquels il est
soumis Mais il y a toujours un moment où le
cancérologue doit annoncer formellement la
mauvaise nouvelle, récapituler l'information et
détailler le plan de traitement qui a été défini en
réunion de concertation pluridisciplinaire En prin-
cipe, le temps des annonces brutales, entre deux
portes ou par téléphone, est révolu Le médecin
dans l'analyse de ces
événements. Toujours
selon l'ASN, il reste aussi
d'importantes marges
de progression concer-
nant la diminution des
doses délivrées aux
malades, sans perte de
bénéfice thérapeutique.
«Bien employés, les
nouveaux équipements
permettent de réduire
considérablement les
doses délivrées aux
patients», estime Jean-
Luc Godet.
Manque
de personnel
Toutefois, ces mesures
resteront limitées tant
que le principal point
noir n'aura pas été traité :
la pénurie de personnel
qualifié. Même si le plan
de formation a permis
d'augmenter le nombre
de radio-physiciens de
plus de 40% en quatre
ans. En 2009, l'ASN a dû
suspendre les activités
de six centres en raison
d'un nombre insuffisant
de radio-physiciens et de
manipulateurs. Seuls
quatre d'entre eux ont
pu rouvrir. «Lasituation
demeure fragile dans
moins d'une dizaine de
sites», précise Jean-Luc
Godet. Les suspensions
d'activités sont d'autant
plus dommageables
pour les patients que les
centres de radiothérapie
sont tout juste suffisants
pour couvrir le territoire.
Chaque fermeture se
traduit par un surcroît
de déplacements et de
fatigue pour les malades.
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INTERVIEW
«Le malade doit connaître
son parcours de soins»
Quatre questions au Pr Dominique Maraninchi,
président de l'INCa (Institut national du Cancer).
M*l Près de 300 services de
cancérologie ont dû fermer faute
d'activité suffisante. L'éloigne-
ment de certains patients des
centres de traitement ne
risque-t-il pas de compromettre
l'égalité d'accès aux soins ?
Pr Dominique Maraninchi.
Non, car les centres qui ont
disparu pratiquaient très peu
d'actes de cancérologie. En
revanche, le fait que les établis-
sements doivent désormais
satisfaire à des procédures
d'assurance qualité et sécurité
pour être autorisés à pratiquer la
cancérologie est une révolution.
LS£9 Certains médecins
estiment que les réunions de
concertation pluridisciplinaire
(RCP)
leur
prennent
trop
de
temps, un temps qui, dans le
privé, n'est pas rémunéré.
F D. M. Que les professionnels
se concertent (enfin !), on doit
s'en féliciter. Maintenant, faut-il
rémunérer ce travail ? Selon moi,
non. Certes, cela représente du
temps, mais c'est surtout du
temps de gagné, de l'efficacité.
Quand on se concerte, on travaille
mieux. Et de toute façon, les
médecins n'ont plus le choix.
612 000 RCP ont été enregistrées
en 2009. Preuve que la procédure
est entrée dans les mœurs. En
revanche, la remise du PPS (plan
personnalisé de soins) au patient
est beaucoup moins bien suivie,
alors que le Plan cancer fixe des
objectifs sur ce point. Cette
feuille de route doit être partagée
avec l'usager et avec son médecin
traitant. Dans le cas contraire,
on voit apparaître des tensions,
des risques d'erreur qui peuvent
se traduire par des pertes de
chances pour les patients.
CM Avec le développement
des thérapies ciblées, le budget
des médicaments augmente
énormément. Comment y faire
face ? Comment s'assurer que
ces médicaments sont correc-
tement prescrits?
Pr D. M. D'abord, nous traitons
beaucoup plus de malades, et
c'est tant mieux. La chimiothéra-
pie a entraîné une baisse de
mortalité spectaculaire dans
certains cancers. Avec 473 éta-
blissements autorisés à la prati-
quer, elle est accessible à tous.
Autre avancée, la plupart des
nouvelles molécules sont déli-
vrées par voie orale, ce qui est
beaucoup moins contraignant
pour les malades que les traite-
ments sous perfusion intravei-
neuse et évite les frais d'hospita-
lisation. Enfin, les thérapies
ciblées sont en train de changer
les choses. Avant leur arrivée, le
traitement était identique pour
tous les malades atteints de la
même pathologie. En cas d'échec
du traitement, on testait la réac-
tivité d'une nouvelle molécule
et ainsi de suite. Les thérapies
ciblées inversent le processus.
On teste d'abord les caractères
génétiques de la tumeur pour
savoir si elle peut être sensible ou
non à une thérapie ciblée. Revers
de la médaille, ces molécules sont
onéreuses et ne sont efficaces
que sur quelques patients.
En revanche, pour ceux qui
répondent bien, le bénéfice est
immense. Cette année, 100000
personnes atteintes d'un cancer
du poumon vont bénéficier de
ces tests, afin de mieux cibler les
moyens thérapeutiques. Cela
représente un coût supplémen-
taire de 10 millions d'euros, soit
Le Pr Dominique
Maraninchi.
100 par patient. Mais au-delà
du bénéfice thérapeutique,
prescrire directement le bon
traitement est plus économique.
frM L'attente, pour une
première consultation, un
scanner ou le début de la prise
en charge, peut durer des
semaines. Comment réduire
ces délais qui compromettent
les chances des patients?
Pr D. M. Le délai d'accès à un
examen par IRM est en moyenne
de 29 jours - il peut dépasser
45 jours dans quatre régions. Il
existe des inégalités de traitement.
Ce n'est pas acceptable. Ce n'est
pas uniquement un problème
de moyens: les centres les
mieux équipés en IRM n'offrent
pas forcément les délais les plus
courts. Il s'agit plutôt d'un
problème de logistique, résultat
d'une mauvaise organisation
qui ne prend pas en compte les
besoins prioritaires de certains
patients. Les agences régionales
de santé (ARS) vont devoir
trouver des solutions. D
> doit prendre le temps d'expliquer toutes les
implications du traitement et répondre aux
questions du malade. C'est un moment-clé, où
doit s'établir une relation de confiance détermi-
nante pour la suite.
Une seconde consultation, généralement assu-
e par une infirmière, doit alors être proposée.
«À l'annonce du diagnostic, la personne est sou-
vent en état de sidération. Elle n'est plus capable
d'entendre ce qu'on lui dit. Il est important qu'il y
ait par la suite des soignants disponibles qui
écoutent, reformulent et s'assurent que le patient
a bien compris le diagnostic et le parcours de
soins qu'on lui propose», précise le Dr Philippe
Bergerot, radiothérapeute et vice-président de
la Ligue contre le cancer.
Trop formel, trop technocratique ce dispositif?
Certains le pensent, comme ce patient ulcéré
par la consultation de l'infirmière d'annonce:
"J'avais l'impression d'être pris pour un imbécile... »
Côté médecins, on déplore également la codifi-
cation à outrance. «L'annonce doit être différente
selon les patients. Elle doit s'adapter à ce que la
personne peut ou ne peut pas entendre. Sinon on
déresponsabilise les médecins car ils appliquent
des recettes », regrette le Pr Marc Espié.
Même si aucun protocole ne pourra effacer la
difficulté qu'il y a à dire et à entendre le cancer,
de l'avis général et malgré quelques bémols, la
mise en place du dispositif d'annonce marque
une avancée positive. À condition que tous les
malades puissent en bénéficier. Or en juin 2010,
cette mesure, pourtant obligatoire, n'était effec-
tive que dans 69 % des établissements.
Concertation pluridisciplinaire
Face à l'évolution rapide de la recherche et des
thérapies, un médecin ne peut plus décider seul
d'un traitement. Le Plan cancer prévoit que tout
nouveau dossier doit être étudié au cours d'une
réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP)
réunissant cancérologue, radiologue, radiothé-
rapeute... Tous les professionnels concernés
discutent, évaluent les bénéfices et les risques
des traitements, afin de déterminer le meilleur
1 / 6 100%

Traitement du cancer - Institut de cancérologie de l`Ouest

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