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début  du  XXe  siècle,  imprégnant  toutes  les  autres  disciplines,  qui  se 
trouvaient, malgré tout, dans un état embryonnaire à l’époque. 
 
De  cette  brève  description  historique  l’on  peut  s’apercevoir  que  la  théorie 
darwinienne,  à  savoir  une  théorie  biologique,  a  pu  se  transposer,  sans 
difficulté considérable,  dans les sciences humaines et sociales et notamment 
dans le droit. La question qui aurait pu se poser d’emblée serait de savoir s’il 
s’agit d’une « transplantation » réussite, voire véritable, qui ne déforme pas, en 
d’autres mots, la théorie scientifique originale. Pourtant, cela ne sera pas notre 
point central de préoccupation. En effet, la théorie de Darwin a été choisie par 
des sociologues et surtout des juristes américains parce que, exactement, elle 
était  une théorie  scientifique  en  germe  qui  se  prêtait,  en  conséquence,  à  des 
interprétations diverses ; l’on pourrait même prétendre qu’elle était vérifiable, 
au moment de son adoption, plutôt dans le domaine des sciences humaines 
que  dans  celui  des  sciences  dures.  La  question  principale  qui  sera  donc 
effectivement posée est par quels moyens et quelles chaînes intellectuelles une 
théorie biologique a pu s’adapter si aisément au droit, pour influer à un tel 
point  sur  la  jurisprudence constitutionnelle des Etats-Unis  et  la philosophie 
judiciaire de certains des membres de la Cour suprême les plus éminents. 
 
Pour  répondre  à  cette  question,  il  faudra,  dans  un  premier  temps,  situer le 
débat  entre  darwinistes  sociaux  et  darwinistes  réformistes  dans  le  contexte 
américain et voir ainsi pour quelle raison la jurisprudence de la Cour suprême 
y  a  trouvé  un  fort  appui.  Dans  un  second  temps,  il  s’agira  de  percer  la 
philosophie judiciaire de deux grands juges du début du XXe siècle, à savoir 
Oliver Wendell Holmes Jr. et Louis Dembitz Brandeis, afin de comprendre de 
quelle  façon  l’empreinte  darwinienne  marque  leurs  philosophies  judiciaires 
respectives et contribue à expliquer leurs divergences. L’hypothèse que nous 
tenterons  de  vérifier  sera  que  le  clivage  entre  darwinisme  social  et  réformiste