BSI Economics
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Lors de sa campagne électorale, Modi a fait la promesse qu’il reproduirait ce « succès » à l’échelle
nationale. Il a également séduit les investisseurs en insistant sur la nécessité d’enrayer la corruption
au sein de l’administration centrale. Enfin, il a bénéficié d’une importante médiation pré-électorale.
b) Des résultats obtenus dépassant toutes les espérances
Le parti du Bharatiya Janata Party (BJP, parti de droite nationaliste en opposition au parti historique
du Congrès) de Modi et ses partis d’alliance ont obtenu 316 sièges à la Chambre basse du Parlement
(Lok Sabha) contre 50 pour le principal parti d’opposition, le parti du Congrès. Modi a donc obtenu la
majorité à l’Assemblée. Un signal fort pour les marchés financiers qui ont accueilli favorablement
cette nouvelle : la roupie indienne s’est légèrement appréciée après le résultat des élections.
Un contexte économique plus favorable
1. La levée de la contrainte extérieure
Dans un contexte économique mondial marqué par la chute des prix du pétrole, l’Inde a pu
bénéficier d’un léger rebond de sa croissance à +7,3% en 2014/2015. Ce rebond a été en parti
attribuable à un changement d’année de base dans l’estimation de la croissance du PIB. La reprise
devrait se poursuivre en 2015/2016 : l’Inde devrait dépasser la Chine et atteindre une croissance de
7,5% du PIB (croissance chinoise estimée à 6,8% pour 2015 d’après le FMI, même si ce chiffre devrait
s’avérer encore inférieur). Cette croissance sera principalement tirée par une hausse des dépenses
d’investissement en infrastructures et par la reprise des exportations de biens et de services.
Au niveau des comptes extérieurs, l’Inde exporte majoritairement des matières premières (huile,
pétrole, diamants et produits agricoles) ainsi que des biens manufacturiers à destination de l’Europe
(16% des exportations totales du pays), des Etats-Unis (12%) et de l’ASEAN (11%).Le pays étant
dépendant énergétiquement, il importe principalement du pétrole raffiné et de l’or. Sa balance
commerciale de marchandises est structurellement déficitaire, elle s’est établie à 4,9% du PIB en
2014. Bien que les services représentent 30% des exportations totales, ils ne permettent pas de
couvrir ce déficit commercial. Ainsi, le déficit courant s’est établi à 2,7% du PIB entre 2007 et 2013.
Compte tenu d’une ouverture restreinte aux capitaux étrangers, ce déficit courant a été financé en
large partie par l’endettement extérieur. La dette extérieure totale a quasiment doublé en l’espace
de cinq ans, passant de 254 Mds à 436 Mds d’USD en 2013, soit près de 100% de ses exportations
totales.
Néanmoins, ce déficit courant a fortement diminué en 2014, atteignant seulement 1% du PIB. Cela
tient essentiellement à la chute des cours mondiaux du brut. Par ailleurs, les réserves de change sont
restées quasi-stables en 2014, à un peu plus de cinq mois d’importation. La Banque centrale indienne
(RBI) a donc les capacités d’intervenir à court terme en cas de choc externe. Le risque lié à l’évolution
de la balance des paiements a fortement diminué avec la levée de la contrainte extérieure. Toutefois,
la prudence reste de mise quant à l’évolution rapide de la trajectoire de la dette extérieure totale.