Lycée La Fayette CPGE ATS – cours de sciences industrielles (génie électrique) Auteur : CAZADE Eric Page 1 chap 3 : La machine à courant continu Chapitre 3 La machine à courant continu 1. INTRODUCTION La machine à courant continu est totalement réversible : elle pourra fonctionner en moteur ou en génératrice. 2. CONSTITUTION La vue en coupe fait apparaître deux parties principales : le stator (partie fixe) et le rotor (partie tournante) : Lycée La Fayette CPGE ATS – cours de sciences industrielles (génie électrique) Auteur : CAZADE Eric 1 : cornes polaires 2 : carcasse 3 : rotor 4 : carcasse 5 : entrefer Page 2 chap 3 : La machine à courant continu 6 : bobinage inducteur 7 : pôles 8 : axe x’x 9 : axe y’y 10 : conducteur de l’induit 11 : encoche rotorique 12 : collecteur 13 : balai Du point de vue électrique, nous avons aussi deux parties bien distinctes : a) L'inducteur : (source de champ magnétique) situé au stator, il est constitué soit d'un aimant permanent, soit d'un électro-aimant (bobines enroulées autour d'un noyau de fer). Nous allons nous intéresser maintenant à l’inducteur bobiné : Le bobinage inducteur est traversé par un courant continu constant j (appelé courant inducteur) G qui crée un champ magnétique B uniforme que l’on dirige avec la règle du bonhomme d’Ampère ou la règle du tire-bouchon. Les cornes polaires sont donc magnétisées et on peut faire apparaître un pôle Nord et un pôle Sud (machine bipolaire). Les pôles auxiliaires permettent d’améliorer notablement la commutation au niveau du collecteur (diminution des étincelles). Ils sont alimentés par le courant d’induit. Lycée La Fayette CPGE ATS – cours de sciences industrielles (génie électrique) Auteur : CAZADE Eric Page 3 chap 3 : La machine à courant continu b) L'induit : situé au rotor, il est constitué d'un ensemble de conducteurs reliés de manière "astucieuse ". (Les conducteurs diamétralement opposés sont reliés 2 à 2 pour former une spire dont les extrémités sont reliées au collecteur). Le collecteur est constitué de bagues conductrices où frottent 2 balais appelés charbon. Quel que soit le type de bobinage l'induit se comporte comme une seule et même bobine lorsqu'il est alimenté par les balais. Les bobinages (spires) sont fermés sur eux-mêmes : Lycée La Fayette CPGE ATS – cours de sciences industrielles (génie électrique) Auteur : CAZADE Eric Page 4 chap 3 : La machine à courant continu 3. PRINCIPE DU FONCTIONNEMENT EN GENERATRICE 3.1. Champ magnétique créé par l’inducteur : B(θ) N 3.2. θ S Dans l’entrefer, la composante radiale du champ magnétique vaut : B(θ ) = BM cos θ Ce champ est en effet maximal pour : θ = 0 ou θ = π BM étant fonction du courant d’excitation j. Existence d’une force électromotrice induite (f.é.m) : Chaque spire de l’induit est soumise au champ B(θ) car l’induit est entraîné en rotation. Chaque spire est donc le siège d’une force électromotrice induite (f.é.m.) alternative. Si la rotation est uniforme, et comme le champ magnétique radial possède une forme sinusoïdale, alors, la f.é.m induite sera aussi de forme sinusoïdale d’après la loi de Faraday : G G dΦ e=− avec Φ(t ) = B ⋅ n ⋅ S = B(θ ) ⋅ S et θ = Ω t dt G n étant la normale à la spire et S la surface de la spire. donc 3.3. e = BM ⋅ S ⋅ Ω ⋅ sin Ω t = φ M ⋅ Ω ⋅ sin Ω t Rôle du collecteur et des balais : Le collecteur est constitué d’un certain nombre de lames de cuivre isolées entre elles par du mica ; il fait parti du rotor car il est entraîné en rotation. Les balais par contre sont fixes et appartiennent au stator, mais ils sont en contact électrique avec certaines lames du collecteur. Lycée La Fayette CPGE ATS – cours de sciences industrielles (génie électrique) Auteur : CAZADE Eric Page 5 chap 3 : La machine à courant continu L’ensemble collecteur/balais joue le rôle de redresseur. En effet les spires fournissent chacune une tension sinusoïdale déphasée par rapport à la précédente. Les balais en commutant de spire en spire permettent de rester à un niveau maximum de tension. 3.4. Expression de la f.é.m : La force électromotrice (valeur moyenne de u(t)) peut être mesurée aux bornes de l’induit avec un voltmètre magnétoélectrique s’il n’y a pas de charge. La force électromotrice s’exprime par : E = k '⋅Ω ⋅ Φ( j ) E en volts (V) Ω : vitesse angulaire en rad.s-1 k’ : constante de la machine La vitesse angulaire Ω (en rad/s) est liée à la vitesse de rotation n (en tr/s) par : Ω = 2 π n Souvent, nous sommes amenés à travailler à flux constant (en maintenant le courant d’excitation j constant) ; alors la f.é.m est proportionnelle à la vitesse : E = k ⋅Ω = K ⋅n 3.5. avec K = 2π k Représentation en régime permanent : En régime permanent, l’induit est représenté par un générateur de tension de f.é.m E en série avec une résistance R appelée résistance de l’induit. L’inducteur est représenté sur le schéma par une bobine, mais comme ce bobinage est alimenté en courant continu j, il est donc équivalent à une résistance appelée résistance d’inducteur. Lycée La Fayette CPGE ATS – cours de sciences industrielles (génie électrique) Auteur : CAZADE Eric Page 6 chap 3 : La machine à courant continu En fonctionnement génératrice, l’emploi de la convention générateur s’impose : R I U = E − R⋅I E j inducteur 3.6. U induit Puissance électromagnétique et puissance utile : La puissance électromagnétique est définie par : Pem = E ⋅ I Elle est supérieure à celle dont on dispose aux bornes de l’induit, il faut en effet retrancher les pertes Joule dans l’induit : p JI = R I 2 Donc la puissance électrique fournie par la génératrice (que l’on appellera puissance utile) vaut : Pfournie = U ⋅ I = Pem − pJI = Pu Lycée La Fayette CPGE ATS – cours de sciences industrielles (génie électrique) Auteur : CAZADE Eric Page 7 chap 3 : La machine à courant continu 4. PRINCIPE DU FONCTIONNEMENT EN MOTEUR 4.1. Existence d’un couple moteur : Expérience de Laplace : G Un conducteur (une barre) de longueur l qui est placé dans un champ magnétique B et est parcouru par un courant I, est alors soumis à une force électromagnétique de Laplace. G G G F = Il ∧B Pour le moteur à courant continu, le conducteur l se trouve à la périphérie du rotor et comme chaque spire comporte un brin aller et un brin retour, nous avons donc deux forces égales et opposées, ce qui crée un moment de couple entraînant l’induit en rotation. G F I N G B I S G F Deux solutions existent pour inverser le sens de rotation : • Inverser le courant d’induit I (en inversant la tension d’alimentation U), G • Inverser le sens de B (en inversant la tension d’alimentation de l’inducteur). Lycée La Fayette CPGE ATS – cours de sciences industrielles (génie électrique) Auteur : CAZADE Eric 4.2. Page 8 chap 3 : La machine à courant continu Force électromotrice et loi d’Ohm : Les conducteurs sont le siège d’une force électromotrice E’ comme pour le fonctionnement en génératrice (on emploie quelquefois le terme de force contre-électromotrice pour le fonctionnement en moteur). on a : et si on maintient le flux constant : E ' = E = k '⋅Ω ⋅ Φ( j ) E' = E = k ⋅ Ω = K ⋅ n Le fonctionnement en moteur impose en général le choix d’une convention récepteur. Si de plus, le moteur se trouve dans un fonctionnement en régime permanent, les grandeurs employées sont les valeurs moyennes : R E’ j inducteur 4.3. I U = E '+ R ⋅ I U induit Vitesse angulaire de rotation Ω : A partir des deux formules précédentes, on écrit : Ω = E' U − R⋅I = k '⋅ Φ( j ) k '⋅ Φ( j ) Donc pour un flux constant, la vitesse baisse si on charge le moteur (augmentation de I). En négligeant la résistance R (qui de toute façon reste faible de l’ordre de l’ohm), on en déduit : Ω= U k '⋅ Φ ( j ) • Pour un flux constant, on règle la vitesse comme la tension U ( Ω augmente si U augmente). • Pour une tension d’induit U constante, on règle la vitesse avec le courant d’excitation j de façon inversement proportionnelle ( Ω augmente si le flux donc j diminue). Lycée La Fayette CPGE ATS – cours de sciences industrielles (génie électrique) Auteur : CAZADE Eric Page 9 chap 3 : La machine à courant continu Attention toutefois à garder une excitation minimale car pour j = 0 la vitesse devient théoriquement infinie : on dit que le moteur s’emballe et il y a danger ! 4.4. Couple électromagnétique Cem : La puissance électromagnétique Pem est reliée au couple électromagnétique Cem par : Pem = Cem ⋅ Ω = E'⋅I donc : Cem = E'⋅I = k '⋅Φ( j ) ⋅ I Ω Si le moteur fonctionne à flux constant (comme ce sera souvent le cas dans les asservissements de vitesse ou avec des moteurs à aimants permanents), alors : Cem = k ⋅ I car E' = k ⋅ Ω Lycée La Fayette CPGE ATS – cours de sciences industrielles (génie électrique) Auteur : CAZADE Eric Page 10 chap 3 : La machine à courant continu 5. GENERATRICE A EXCITATION SEPAREE Le montage utilisé est le suivant, on fait varier la vitesse Ω avec un moteur supplémentaire : A réseau 220V pont redresseur V M j Ω 5.1. Caractéristique à vide E=f(j) à vitesse constante : Zone linéaire 5.2. Saturation magnétique Caractéristique à vide E=f(Ω) à flux constant : Cette caractéristique permet la détermination du coefficient k de la machine : V Lycée La Fayette CPGE ATS – cours de sciences industrielles (génie électrique) Auteur : CAZADE Eric 5.3. Page 11 chap 3 : La machine à courant continu Caractéristique en charge U=f(I) à flux constant et vitesse constante : Lycée La Fayette CPGE ATS – cours de sciences industrielles (génie électrique) Auteur : CAZADE Eric Page 12 chap 3 : La machine à courant continu 6. MOTEUR A EXCITATION SEPAREE I A réseau 220V pont redresseur V A M j V alimentation continue Le montage utilisé est le suivant : Charge mécanique pour imposer un couple résistant 6.1. Caractéristique n=f(I) à flux constant et sous tension d’induit U constante : U = constante flux : Φ = constante La caractéristique n = f(Cem) possède la même allure. 6.2. Caractéristique de couple à flux constant : Cu CuN Couple électromagnétique flux : Φ = constante La différence est le couple de pertes ou de frottements : C f = Cem − Cu Lycée La Fayette CPGE ATS – cours de sciences industrielles (génie électrique) Auteur : CAZADE Eric Page 13 chap 3 : La machine à courant continu 7. BILAN DE PUISSANCES 7.1. Fonctionnement en moteur : Puissance absorbée par l’induit Pa induit = U I Puissance électromagnétique (puissance mécanique) Puissance utile Pem = E I = Cem Ω Pu = Pm = Cu Ω Pertes Joule induit Pertes fer pJ I = R I 2 pf Puissance absorbée par l’inducteur Pertes mécaniques pm Pertes Joule inducteur pJ j = R j j 2 Pa inducteur = U j ⋅ j Puissance absorbée totale Pa Total 7.2. Fonctionnement en génératrice : Puissance mécanique absorbée sur l’arbre Pa méca = Pm = Cm Ω Puissance électromagnétique (puissance électrique) Pem = E I = Cem Ω Pu = U I Pertes Pertes fer mécaniques pf pm Puissance absorbée par l’inducteur Pa inducteur = U j ⋅ j Puissance utile Pertes Joule induit pJ I = R I 2 Pertes Joule inducteur pJ j = R j j 2 Puissance absorbée totale Pa Total 7.3. Rendement Pu Pu puissance utile = Le rendement est donné par la formule générale : η = puissance absorbée = P Pu + pertes aTotal Lycée La Fayette CPGE ATS – cours de sciences industrielles (génie électrique) Auteur : CAZADE Eric Page 14 chap 3 : La machine à courant continu 8. REVERSIBILITE DE LA MACHINE A COURANT CONTINU La machine à courant continu peut passer de façon continue du fonctionnement moteur au fonctionnement génératrice. L’excitation de la machine étant maintenue constante. En général, on utilise la convention récepteur pour étudier un fonctionnement réversible. Les caractéristiques n = f(I) ou n = f(Cem) à U = constante ont l’allure suivante : n UN génératrice (4) moteur (1) UN/2 0 U=0 -UN/2 moteur (3) génératrice (2) -UN On donne quelquefois les caractéristiques Cem = f(n) à U = constante : Cem -UN -UN/2 U=0 UN/2 génératrice (2) UN moteur (1) n 0 moteur (3) génératrice (4) I Cem Lycée La Fayette CPGE ATS – cours de sciences industrielles (génie électrique) Auteur : CAZADE Eric Page 15 chap 3 : La machine à courant continu 9. MODELISATION DU MOTEUR A COURANT CONTINU A FLUX CONSTANT EN REGIME TRANSITOIRE 9.1. Modélisation : Le moteur ne tourne pas tout le temps à vitesse constante, notamment lors des démarrages et des freinages. De plus, la tension d’alimentation de l’induit u(t) peut varier dans le temps. Le modèle du moteur en régime transitoire devra prendre en compte : • l’inertie électrique due à l’inductance propre L du bobinage induit, • l’inertie mécanique due au moment d’inertie J de la partie tournante. Modélisation de l’induit : u (t ) = e(t ) + R ⋅ i (t ) + L ⋅ di(t) dt avec à flux constant : e(t ) = k ⋅ Ω(t ) R : résistance de l’induit, L : inductance propre de l’induit. Modélisation de la partie tournante : La relation fondamentale de la dynamique pour les systèmes en rotation autour d’un axe est : J avec dΩ(t ) = cm (t ) − cr (t ) dt cm (t ) = cem (t ) − c f (t ) = k ⋅ i (t ) − c f (t ) Les frottements peuvent être de deux types : • frottements secs : le couple de frottement est constant : c f (t ) = K sec • frottements visqueux ou fluides : le couple de frottement dépend de la vitesse, on choisit souvent la proportionnalité : cv (t ) = f ⋅ Ω(t ) J : moment d’inertie de la partie tournante par rapport à l’axe de rotation (en kg.m2), k : constante de la machine mesurée par un essai à vide en génératrice (en V.s), i(t) : courant d’induit du moteur (en A), Ω (t ) : vitesse angulaire de rotation du moteur (en rad.s-1), cm(t) : moment de couple moteur (en N.m), cem(t) : moment de couple électromagnétique (en N.m), cf(t) : moment de couple de frottements (en N.m), cv(t) : moment de couple de frottements visqueux (en N.m), Lycée La Fayette CPGE ATS – cours de sciences industrielles (génie électrique) Auteur : CAZADE Eric Page 16 chap 3 : La machine à courant continu cr(t) : moment de couple résistant (en N.m), f : coefficient de frottement visqueux ou fluide (en N.m.s), Ksec : coefficient de frottements secs (en N.m), 9.2. Essais de détermination du modèle : 9.2.1. Mesure de l’inductance L de l’induit : Le moteur doit être à l’arrêt pour annuler e(t) : • essai indiciel de tension, • essai en sinusoïdal à l’arrêt. 9.2.2. Mesure du moment d’inertie J et des coefficients de frottements : • essai de lâché et essai à vide du moteur : Le moteur tourne à vide à la vitesse Ω0 . Il absorbe un courant d’induit I = I0. cem = k ⋅ I 0 = c f Le couple de frottements vaut : ⇒ on coupe l’alimentation en ouvrant le circuit : i(t) = 0 On mesure le temps ∆t mis par le moteur pour s’arrêter. a) Si la réponse est exponentielle décroissante, c’est que les frottements sont fluides : dΩ(t ) J = k ⋅ i (t ) − c f (t ) − cr (t ) = − f ⋅ Ω(t ) dt t dΩ(t ) f ⇒ = − dt ⇒ Ω(t ) = Ω 0 ⋅ exp − Ω(t ) J τm J avec τ m = f Comme constante de temps mécanique avec frottements fluides. c f = f ⋅ Ω0 ⇒ f = k ⋅ I0 Ω0 b) Si la réponse est linéaire décroissante, c’est que les frottements sont secs : dΩ(t ) J = k ⋅ i (t ) − c f (t ) − cr (t ) = − K sec dt K K ⇒ dΩ(t ) = − sec dt ⇒ Ω(t ) = − sec t + Ω 0 ⋅ J J K sec c f = K sec = k ⋅ I 0 ⇒ pente = − J avec Lycée La Fayette CPGE ATS – cours de sciences industrielles (génie électrique) Auteur : CAZADE Eric • Page 17 chap 3 : La machine à courant continu essai indiciel de tension : En considérant l’inertie mécanique, l’inertie électrique et un frottement fluide, la fonction de transfert isomorphe du moteur est du second ordre passe-bas : k 2 KM Ω( p ) k + f ⋅R T ( p) = = = 2 U ( p) L⋅J 2 J ⋅R + L⋅ f p m p p + 2 1 + 2 p + 1+ 2 k f R k f R + ⋅ + ⋅ ωn ω n Dans la plupart des cas, ce second ordre est factorisable (amortissement m > 1) et assimilable à un premier ordre passe-bas. Cela revient en fait à négliger l’inductance L : T ( p) = avec τ em = J ⋅R k + f ⋅R et KM = k k + f ⋅R 2 Ω( p ) KM = U ( p) 1 + τ em p constante de temps électromécanique. 2 A l’aide du relevé Ω(t ) assimilable à un premier ordre, on mesure τ em et KM. On peut en déduire J et f. On peut aussi calculer f avec le courant d’induit I0 mesuré en régime permanent.