Bouddha inné. Ici, le terme Sōtō shikantaza est un concept fondamental. Cela signifie que la voie vers
l’illumination se doit d’être totalement indifférente à toute méthode ou technique superflue (telle les
kōan), et qu’il suffit de s’asseoir dans un état totalement libéré de quelle que pensée que ce soit. De
cette manière, on peut s’éveiller à son inhérente nature de Bouddha. Un texte ancien dit qu’il ne faut
pas suivre le chemin du bouddhisme par intérêt ; il faut juste étudier le bouddhisme pour le
bouddhisme lui-même. Cela renvoie à la nature infinie de l’étude du bouddhisme. En d’autres mots, il
est possible de se fixer soi-même des buts, et d’essayer de les achever pas à pas. Cependant, on ne doit
jamais oublier que c’est un voyage sans fin. Quelle que soit la nature infinie du chemin, on doit
continuer à le suivre sans s’arrêter et juste vivre pour l’instant présent. Tout ce qui est né doit mourir et
rien ne demeure inchangé. Le concept de savourer chaque instant est une leçon précieuse pour tout le
monde, pas seulement pour ceux engagés dans l’étude du bouddhisme, je crois...
Ainsi, le zen Sōtō utilise la notion de shikantaza et les pratiquants font face au mur dans une
méditation silencieuse. Le zen Rinzai souligne la possibilité d’une perception directe de notre propre
nature de Bouddha par une méditation intense, dans une rencontre d’esprit à esprit avec un maître
véritablement illuminé, avec les kōan comme médium. Néanmoins, les deux sectes zen s’assoient les
jambe croisées avec le pied gauche au-dessus.
Naikan-hō (littéralement “méthode d’observation intérieure”)
Il est dit que Shirai Tooru de l’école Tenshinden-Ittō-ryū, épéiste renommé de l’époque du Bakumatsu,
surpassait n’importe quel adversaire parce qu’il appliquait au kenjutsu des techniques secrètes (naikan-
hō) qui avaient été rendues fameuses par le susnommé prêtre Rinzai, Hakuin, après qu’il les eut
apprises auprès d’un ermite, Hakuyūshi. Hakuin tomba malade à l’âge de 25 ans. Quelqu’un
recommanda à Hakuin de visiter l’ermite ascète Hakuyū qui vivait dans une grotte située dans les
collines de Shirakawa à Kyoto. Hakuyūshi diagnostiqua la maladie de Hakuin comme étant le «
Zenbyō » (maladie du zen) et lui dit qu’il avait été trop acharné dans la poursuite de la vérité,
immodéré dans sa purification religieuse et son entrainement, et qu’il avait attrapé cette maladie du
zen. En outre, s’il n’avait pas pratiqué les exercices ascétiques secrets du naikan, il n’aurait jamais pu
guérir de ce mal. Hakuyūshi enseigna à Hakuin que lorsque le corps est équilibré en nutrition et
élimination, en activité journalière et en sommeille profond, il se défendra et ne se résoudra pas à
entrer dans la voie de la méditation. En plus d’une légère diète et de repos, l’ermite apprit à Hakuin
comment utiliser le sommeil. En premier lieu, il faut s’étirer et se relaxer, les jambes l’une contre
l’autre, et il faut permettre à l’énergie (ki) de circuler dans l’espace sous le nombril (tanden). Ensuite,
il faut réfléchir aux choses suivantes :
- Mon tanden, ma taille, mes jambes et la voute plantaire sont ma vraie nature. Comment respirent-ils ?
- Mon tanden est la résidence de mon énergie vitale. Si c’est la résidence, nul besoin d’informations
extérieures.
- Mon tanden est la terre pure (royaume de Bouddha) de mon cœur. Sans mon moi, il n’y a pas de terre
pure.
- Mon tanden est ma nature de Bouddha originale. Qu’est-ce qu’elle dit ?
Apparemment, trois semaines d’une telle réflexion remplira chacun avec une énergie rafraichissante, le
sommeil deviendra profond et harmonisé, et par conséquent l’activité journalière sera emplie de
vigueur et de vigilance.