Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui assume l’entière responsabilité de son contenu
Publié en coordination avec The Daily Telegraph,
The Washington Post et d’autres grands quotidiens internationaux
Distribué avec
Jeudi 15 décembre 2011
Lobjectif, instrument
de torture esthétique
Des recettes pour
le Nouvel An
Avant d’exposer à Paris,
Oleg Dou exprime sa vision
de la photographie.
Découvrez les traditions et
quelques bonnes choses au
menu du réveillon russe de
la Saint-Sylvestre.
P. 7
P. 8
Après le nouvel accord fran-
co-russe, le nombre d’en-
fants venus de Russie risque
de chuter. Entretien avec
l’ancienne présidente d’une
association spécialisée.
Adoptions : le frein
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La vie au grand froid
Ou comment les Russes s’ac-
commodent des rigueurs
hivernales (qui font oublier le
réchauffement climatique). Et ils
aiment toujours autant les bains
glacés suivis du bania !
Très haute vitesse
PAG E 3
Aux urnes puis en masse dans la rue
Finale du concours « Beauté
de Russie 2011 » : la gagnante
de l’année 2010, Daria Konova-
PHOTO DU MOIS
Miss Beauté de Russie 2011
Niet à un scénario
libyen pour la Syrie
Pour le dernier mois d’une année
marquée par les révoltes dans le
monde arabe, la Russie assume
la présidence tournante du
JEAN-LOUIS TURLIN, NORA FITZGERALD
LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Le vote d’une intervention
humanitaire n’est pas un blanc-
seing pour un changement de
régime, explique l’ambasseur de
Russie auprès des Nations
Unies, Vitaly Tchourkine.
ONU La Russie préside le Conseil de sécurité en décembre
SUITE EN PAGE 2
lova, félicite Natalia Pereverze-
va, étudiante moscovite de
3ème cycle, âgée de 23 ans.
Conseil de sécurité des Nations
Unies. Alors que la répression
sanglante des manifestations se
poursuit en Syrie, l’hypothèse
d’une résolution appelant à des
sanctions contre le régime de Ba-
char Al Assad pourrait être re-
lancée. Mais Vitaly Tchourkine,
Représentant permanent de la
Fédération de Russie depuis cinq
ans auprès de l’ONU, explique
dans un entretien exclusif qu’il
nous a accordé à New York en
CULTURE
LOISIRS
Les chemins de fer russes invitent
les sociétés étrangères à répon-
dre aux appels d’offres pour
la haute et très haute vitesse.
Deux groupes français, Alstom
et la SNCF, sont sur les rangs.
quoi la situation syrienne dif fère
de celle de la Libye, pour la quelle
la délégation russe avait voté une
première résolution autorisant
une intervention humanitaire,
avant de s’abstenir sur une se-
conde qui instaurait une zone
d’interdiction de survol.
« Dans nos déclarations après
l’adoption de cette résolution,
nous avons clairement exprimé
nos craintes de la voir conduire
à un usage excessif de la force »,
rappelle V. Tchourkine, avant
d’indiquer que
« ce qui s’est passé
en Libye dans la réalité a in uen-
notre façon de penser sur la
question syrienne »
.
Sanofi-Aventis
renforce son
ancrage russe
La chute de
lempire en
images
Moscou loin
des clichés
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ÉCONOMIE
Le groupe pharmaceutique
français a pris l’option de pro-
duire son insuline sur le sol et
pour le marché russes dans la
région d’Oriol, où il a déjà in-
vesti 28 millions d’euros.
Vingt ans après l’URSS : visi-
tez l’expo à Paris. Ci-dessus :
l’affiche de Chostia et Kravt-
chenko, « Vérité sur l’écologie
pour tous ! », 1989.
La capitale russe ne jouit pas
des mêmes préjugés favorables
que sa rivale Saint-Pétersbourg.
Mais les clichés qui la stigma-
tisent sont loin de la vérité.
Produit de Russia Beyond the Headlines
POUR EN SAVOIR PLUS PAGES 2 ET 6
La victoire étriquée de Russie
Unie, le parti de Vladimir Pou-
tine, aux élections législatives
du 4 décembre a été ressentie
comme un coup de semonce
pour le pouvoir. L’opposition
a hurlé à la fraude électo rale
massive et réussi à mobiliser
des foules sans précédent de-
puis la chute de l’URSS. Du
coup, la vie politique russe en
sort revivifiée. Le pouvoir
cherche désormais des solu-
tions pour reprendre le dessus
avant les présidentielles du 4
mars prochain.
LORI/LEGION MEDIA ILIA VARLAMOV
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VITALI RASKALOV
SERVICE DE PRESSE
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RIA NOVOSTI
02 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR
COMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETA
DISTRIBUÉ AVEC LE FIGARO
Politique & Société
EN BREF
Le Président Dmitri Medvedev
a signé une loi fragilisant le
sacro-saint principe de gratui-
des soins. La loi cherche à
mettre un terme aux pots-de-
vin, mais du coup légalise les
services médicaux payants dans
les établissements d’État. Ce
qui, disent les critiques, consti-
tue une étape vers la générali-
sation des services payants.
Toutes les Constitutions russes
depuis 1936 jusqu’à l’actuelle
- adoptée en 1993 - men tionnent
la gratuité des soins comme un
droit inaliénable. Mais il s’agis-
sait d’un droit systématique-
ment violé, surtout à l’époque
post-soviétique immédiate, lors-
que le système de santé était
miné par un nancement in-
suffisant et commençait lente-
ment à s’effondrer.
La gratuité des
soins en question
ONU : lintervention
en Libye a refroidi
Moscou sur la Syrie
membres permanents du Conseil
(les États-Unis, la France et le
Royaume-Uni). « Le courageux
peuple syrien voit nettement qui,
dans ce Conseil, soutient son as-
piration à la liberté et aux droits
de l’homme, et qui l’ignore », dé-
clara la Représentante américai-
ne, Susan Rice. Son homologue
français Gérard Araud alla plus
loin : « Les appels de la Ligue
Arabe à faire cesser l’effusion de
sang, les déclarations des pays
du voisinage, les souffrances du
peuple syrien montrent bien que
ce veto est à contre-sens de l’his-
toire qui se déroule en Syrie et
dans toute la région ».
Vitaly Tchourkine a une autre
vision de la situation : « Oui, il
y a eu de grandes manifestations
paciques dans certaines parties
du pays, mais il y a eu aussi des
attaques violentes contre les ins-
titutions gouvernementales et
« On a assuré aux membres du
Conseil de sécurité que la réso-
lution 1973 [NDLR : la seconde
résolution sur la Libye] ne signi-
ait pas ‘changement de régime’,
qu’il s’agissait uniquement de
protéger les populations civiles,
ce qui nécessitait qu’on élimine
quelques installations anti-aé-
riennes mais ce ne serait en
aucun cas une opération mili-
taire majeure , explique l’ambas-
sadeur russe. Puis, très vite, on
nous a dit qu’il fallait en fait
changer le régime et s’attaquer
à Kadha pour appliquer la ré-
solution. C’est quelque chose que
nous n’avons pas apprécié, car
nous étions en face d’un cas a-
grant de détournement des pré-
rogatives du Conseil de sécurité,
ce qui portait atteinte au pres-
tige du Conseil et à sa capacité
d’agir efficacement à l’avenir ».
Pour la Fédération de Russie, l’un
des cinq membres permanents
du Conseil de sécurité, il n’était
pas question de laisser le scéna-
rio libyen se reproduire : « Dans
le cas de la Syrie, nous avons vu
ce projet de résolution, qui ne
contenait pas de sanctions par-
ticulièrement sévères, mais qui
entraînait le Conseil de sécurité
et la communauté internatio nale
sur la voie de l’affrontement avec
la Syrie, et qui attisait aussi l’af-
frontement à l’intérieur du
pays ». D’où le veto russe, conju-
gué à celui de la Chine.
Cette position fut vivement cri-
tiquée par les trois autres
cette tendance s’est accentuée.
Ce qu’a fait la Russie, c’est qu’elle
est restée en pourparlers perma-
nents avec les autorités et l’op-
position syriennes, et elle a prié
les membres de la communauté
internationale de pousser les Sy-
riens au dialogue, parce que nous
pensons fortement que pour ins-
taurer le dialgoue, les gens qui,
en Syrie, veulent vraiment le
changement doivent se dissocier
des extrémistes violents.Nous ne
voulons pas croire que le régime
d’Al Assad ne peut pas chan-
ger ».
Vitaly Tchourkine à la sortie d’une séance du Conseil de sécurité.
SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE Priorité au dialogue avec l’Iran
Vitaly Tchourkine maintient que
pour la Russie, opposée à de nou-
velles sanctions, la voie diplo-
matique reste le meilleur moyen
d’empêcher l’Iran d’acquérir des
armes nucléaires. Les inquiétudes
manifestées lors de la publication
du dernier rapport de l’Agence in-
ternationale de l’énergie atomi-
que n’y changent rien :
« Nous
continuons de l’analyser mais à
première vue, il n’ajoute rien à la
connaissance générale »
.L’ambas-
sadeur voit dans les fuites
et les commentaires précé-
dant la sortie du rapport
« une
opération de relations publi-
ques »
mais se dit encouragé
« qu’après la publication, le
Conseil des gouverneurs de
l’Agence ait adopté une réso-
lution appelant l’Iran à renforcer
sa coopération avec elle et réaf-
firmé l’intention de la communau-
internationale de poursuivre le
dialogue » .
Tchourkine a beau jeu d’opposer
l’impatience des Occidentaux sur
la Syrie à leur volonté de négo-
cier pendant de nombreux mois
pour obtenir le départ du Prési-
dent du Yémen, Ali Abdallah
Saleh, et, dans le cas du Barheïn,
aux appels des États-Unis au dia-
logue, malgré d’interminables ma-
nifestations des opposants au -
gime : « Nous sommes très heureux
de l’accord politique qui vient
d’être signé au Yémen après des
mois de négociations. La commu-
nauté internationale a su se mon-
trer patiente et a encouragé les
deux parties à dialoguer, bien qu’il
y ait eu, je pense, plus de sang
versé au Yémen que ces derniers
mois en Syrie. Dans de telles si-
tuations, la communauté inter-
nationale devrait toujours ap-
puyer la recherche d’une solution
par le dialogue plutôt que d’ajou-
ter à l’agitation intérieure ».
Mais pour l’instant, même les ef-
forts diplomatiques de la Ligue
arabe n’ont guère ébranlé la dé-
termination du régime syrien :
« Si le dialogue échoue, conclut
l’ambassadeur, la Syrie peut
plonger dans la guerre civile, ce
qui aurait de graves consé-
quences pour toute la région et
nulle résolution de l’ONU ne
nous aiderait » à sortir de la
crise.
Un frein aux démarches individuelles
ENTRETIEN AVEC KATIA VILARASAU
Après la signature de l’accord
sur les adoptions entre la Rus-
sie et la France, le nombre d’en-
fants venus de Russie risque de
chuter spectaculairement.
Dans le cadre du seizième sémi-
naire intergouvernemental
France-Russie, qui s’est déroulé
à Moscou au mois de novembre,
un accord bilatéral sur la coo-
pération dans le domaine de
l’adoption d’enfants russes a été
signé par les deux pays.
Cet accord a été reçu avec in-
quiétude par l’association
APAER, qui rassemble les fa-
milles ayant adopté des enfants
de Russie. Son ancienne prési-
dente, Katia Vilarasau, a répon-
du à nos questions.
D’où viennent vos craintes ?
Les adoptions individuelles ne
seront plus possibles pour les
Français en Russie. Il ne restera
plus que trois agences accrédi-
tées (l’AFA et 2 OAA) qui, même
en fonctionnant merveilleuse-
ment bien, ne pourront pas faire
face à la demande.
Comment se déroulaient les adop-
tions jusqu’ici ?
Les Français ont commencé à
accueillir des enfants russes à la
n des années 1990. Il existait
deux voies au début : indivi duelle
ou via une agence. Pour la pre-
mière, il fallait obtenir une auto-
risation de l’administration fran-
çaise, passer un examen, obtenir
les papiers exigés par les auto-
rités r usses, venir en Russie pour
une audition au ministère. Ou
alors, on pouvait s’adresser à une
a gence officielle, basée en Rus-
sie, autorisée à accomplir des
adoptions. Mais dans ce cas il
fallait s’armer de patience. Il
n’existe que trois agence de ce
type et chacune ne peut traiter
que 50 à 60 dossiers par an.
Existe-il des problèmes particu-
liers liés à l’adoption en Russie ?
Chaque pays exige des rapports
de lapart des familles ayant adop-
té. La Russie en exige quatre. Le
premier, six mois après la décision
du tribunal, puis au bout d’un an,
et pendant trois ans. Dans cer-
taines régions, comme Ekaterin-
bourg, il faut fournir des rapports
jusqu’à ce que l’enfant ait 18 ans.
En quoi ces difficultés nuisent-elles
au processus d’adoption ?
En 2009, les autorités russes ont
dans la région d’Irkoutsk. Il fal-
lait faire 26 heures de route de-
puis Irkoutsk pour arriver dans
sa ville natale, Ust-Ilimsk. Il avait
sept mois. Nous sommes arrivés
dans un petit orphelinat, et avons
été accueillis par un personnel
attentionné, des nourrices qui
s’occupaient très bien des en-
fants. Nous étions les premiers
étrangers à être allés si loin. La
directrice nous a fait visiter l’or-
phelinat : la cuisine, le préau, et
des enfants d’une autre section,
un peu plus vieux, de 18 mois à
trois ans. Quand nous sommes
entrés, ils étaient assis en train
de goûter. Ils se sont tous gés
en nous voyant, comprenant que
cela pouvait être papa ou maman.
Ils nous regardaient, sans bou-
ger, comme des statues. Un petit
garçon s’est levé subitement et
nous a tendu son biscuit. Nous
étions bouleversés.
Certaines familles, dit-on, aident
l’enfant à oublier la Russie en iden-
tifiant ce pays au malheur ?
Je pense que c’est très rare. Les
familles françaises sont généra-
lement fières de leurs enfants
adoptés en Russie et n’ont aucun
désir de tout détruire. La preuve :
quand nous organisons tous les
ans une fête du Nouvel An à
l’ambassade de Russie à Paris,
de plus en plus de familles ex-
priment leur désir de participer,
bien que beaucoup doivent venir
de loin à leurs frais.
Katia Vilarasau, son mari et leur enfant adopté.
Les adoptions d’enfants russes en France
« Si la Syrie plongeait
dans la guerre civile
(...), nulle résolution
de l’ONU ne nous
aiderait... »
Propos recueillis par
Natalia Kopossova
dressé une « liste noire » de toutes
les organisations qui auraient
omis de présenter ne serait-ce
qu’un seul rapport. Cette liste,
aujourd’hui, interdit l’adoption
en Russie aux familles résidant
dans 53 départements français,
dont Paris, c’est-à-dire plus de la
moitié du pays. Les papiers ont
été perdus par quelqu’un ; résul-
tat : toute la région est punie.
Combien de familles françaises at-
tendent leur tour aujourd’hui ?
Il y a près de 1 000 familles sur
la liste de l’AFA, mais certaine-
ment beaucoup plus en réalité.
Au moins 1 200 à 1 500 familles
seraient heureuses d’adopter un
enfant en Russie.
Pourquoi les Français choisissent-
ils des enfants en Russie ?
Surtout pour le sérieux de la pro-
cédure d’adoption en Russie, et
la proximité culturelle et histo-
rique des deux pays.
Vous-même l’avez choisie…
Oui, nous avons adopté notre ls
EN LIGNE
Consultez
larussiedaujourdhui.fr/
13052
Retrouvez sur notre site Web l’in-
tégralité de l’entretien que l’Am-
bassadeur Vitaly Tchourkine nous
a accordé sur un large éventail
de sujets.
REUTERS/VOSTOCK-PHOTO
ARCHIVES PERSONNELLES
Le parti du pouvoir a perdu la
majorité absolue pour ne garder
qu’une majori simple au
Parlement. Restent les doutes
sur la légitimité du scrutin...
Russie Unie
lemporte dans
la douleur et la
contestation
Les résultats des élections légis-
latives maintiennent la position
de leader du parti au pouvoir
Russie Unie au sein de la chambre
basse du Parlement russe (49,3%),
la Douma d’État. Un résultat
toutefois beaucoup plus faible
que les 64,3% enregistrés lors des
dernières élections, en 2007. Le
parti ne pourra désormais comp-
ter que sur 238 des 450 sièges,
contre 315 actuellement. Les
sièges restants seront répartis
proportionnellement entre les
trois autres forces parvenues à
franchir le seuil électoral de 7%
des voix. Mais le fait majeur du
scrutin est que le parti de Vladi-
mir Poutine a perdu la majorité
constitutionnelle des deux tiers,
qui lui permettait d’amender la
Constitution russe sans le sou-
tien de tous les autres partis po-
litiques. « Nous devrons con clure
des accords par le biais de coa-
litions et de blocs [au sein de la
prochaine Douma d’État]. C’est
la démocratie », a commenté le
Président Dmitri Medvedev, qui
dirigeait la liste de Russie Unie.
Dans l’opposition, on crie à la
fraude électorale. « Nous avons
reçu des milliers d’appels depuis
les bureaux régionaux confir-
mant des violations et des frau-
des massives », a rapporté la
BBC, citant le chef adjoint du
parti communiste Ivan Melnikov.
L’Internet regorge de vidéos de
citoyens lmant des scènes sus-
pectes. De nombreuses villes ont
vu déler des manfestants récla-
mant (comme l’ancien chef de
l’État soviétique Mikhaïl Gor-
batchev) l’annulation du scrutin
et de nouvelles élections.
Il s’agit de la première Douma
à être élue pour un mandat de
cinq ans (au lieu de quatre),
conformément aux modications
constitutionnelles adoptées en
2008. Les prochaines élections
auront lieu en 2016.
ARTEM ZAGORODNOV
LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
LIRE AUSSI LES OPINIONS EXPRIMÉES
EN PAGE 6.
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03
LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR
COMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETA
DISTRIBUÉ AVEC LE FIGARO Économie
PAUL DUVERNET
LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Les chemins de fer russes
(Rossiiskie Jeleznie Dorogui, ou
RJD) se modernisent
rapidement et invitent les
groupes étrangers à participer à
de gros appels d’offres.
Axes du développement :
la très haute vitesse et le fret
Transports Les investisseurs étrangers vont jouer un rôle important dans la modernisation du rail russe, « poumon » du pays
Dans aucune autre nation, le dé-
veloppement des réseaux ferrés
n’est plus crucial qu’en Russie.
Pas seulement parce que c’est le
pays le plus vaste de la planète,
mais aussi parce que les condi-
tions climatiques extrêmes et sa
position géographique entre
l’Europe et l’Asie octroient au
train un avantage concurrentiel
certain par rapport aux autres
moyens de transport.
Conscients du potentiel fantas-
tique des réseaux ferrés, les pou-
voirs publics russes consentent
des efforts croissants pour mo-
derniser l’infrastructure et le ma-
tériel roulant de RJD, en invi-
tant les grands groupes industriels
mondiaux du secteur à y parti-
ciper. RJD n’est pas une société
comme les autres. C’est l’un des
plus gros employeurs au monde
avec 950 000 salariés (1,3% de
la population active). RJD opère
le troisième réseau à l’échelle
mondiale après les États-Unis
et la Chine, avec 85 200 km de
voies utilisées, et transporte 947
millions de passagers par an.
L’entreprise représente aussi
1,9% du PIB russe. Toutes ces
caractéristiques font de cette en-
treprise 100% publique un actif
stratégique pour le pays.
RJD prévoit de dépenser environ
29 milliards d’euros dans les trois
tersbourg est un projet « très sti-
mulant et d’une importance
énorme, qui va ouvrir une nou-
velle ère ».
En outre, RJD veut parallèlement
construire une deuxième ligne
reliant la capitale à l’Oural, c’est-
à-dire passant par Vladimir, Ni-
jni-Novgorod, Kazan et Ekate-
rinbourg. Au total, 1 600 km en
huit heures de trajet avec des
pointes à 400 km/h et un calen-
drier similaire, soit un début
d’exploitation pour 2018. L’ob-
jectif étant clair : il s’agit d’être
prêt pour la Coupe de monde de
football, qui sera organisée dans
les villes traversées par le futur
train à haute vitesse. Le coût de
cette deuxième ligne est estimé
à 31,6 milliards d’euros.
L’autre grand axe du développe-
ment de RJD concerne le trans-
port de fret. Un rôle crucial pour
l’économie russe puisque le rail
transporte toutes les richesses du
pays : pétrole, métaux, charbon.
RJD voit plus loin et souhaite
élargir sa fonction à celle de cor-
ridor entre l’Europe et l’Asie (axe
transsibérien), mais aussi vers le
sud (axe transcaspien jusqu’au
golfe Persique). La route ferro-
viaire vers la Chine est deux fois
plus courte en temps que la voie
maritime. Selon Guillaume Pépy,
« il existe un marché (…) pour le
transport de fret entre l’Eu rope
et l’Asie par la voie transsibé-
rienne », un trajet qui durera
« entre une et deux semaines ».
Selon lui, « RJD, Deutsche Bahn
et la SNCF travaillent déjà » sur
un projet de livraison de vête-
ments fabriqués en Chine desti-
nés au marché européen. Dans le
sens inverse, il existe déjà un train
qui transporte des pièces auto-
mobiles de Vesoul vers Kalouga
(200 km au sud de Moscou). Nul
doute que le transsibérien va ces-
ser d’évoquer simplement un
voyage romantique vers Pékin :
il ouvrira des perspec tives éco-
nomiques pour des milliers de
PME européennes.
prochaines années et 300 mil-
liards d’euros d’ici à 2030 an de
moderniser ses lignes et son ma-
tériel roulant, se hissant ainsi au
niveau européen. Il s’agit de
construire 20 000 km de nou velles
voies, remplacer 20 000 locomo-
tives et 30 000 wagons de passa-
gers. La densité du réseau doit
augmenter de 24% d’ici à 2030.
L’un des principaux efforts de la
modernisation vise à développer
la haute vitesse ferroviaire.
L’exemple européen, et français
en particulier, a démontré les -
néces économiques apportés par
le TGV, qui a stimulé la crois sance
économique, créé des emplois et
grandement aidé le secteur in-
dustriel des transports.
Première ligne du projet, celle qui
reliera sur 660 km et en 2h30 la
capitale Moscou à Saint-Péters-
bourg. Ce projet de 16,8 milliards
d’euros verra un train circuler
jusqu’à 400 km/h et transporter
à partir de 2018 jusqu’à 10 mil-
lions de passagers par an. La
construction doit commencer dès
2013. Les groupes français SNCF
et Alstom ont déjà annoncé leur
candidature, ainsi que l’allemand
Siemens. Les entreprises de Corée
du Sud et de Chine vont proba-
blement se joindre au concours.
Le ou les vainqueurs devront en
partie nancer le projet et seront
chargés de la conception comme
de la construction et de la main-
tenance sur 30 ans. Le PDG de
la SNCF, Guillaume Pépy, est en-
thousiaste : « La Russie est en
droit d’avoir des ambitions dans
le développement de la haute vi-
tesse ferroviaire ». Il estime que
la construction de la voie à très
haute vitesse Moscou-Saint-Pé-
Extension du réseau haute et très haute vitesse d’ici à 2018
La grille des partenariats avec les
constructeurs étrangers
EN CHIFFRES
6 milliards d’euros : c’est
le montant des impôts
versés par la compagnie
ferroviaire au budget russe, qui
en font l’un des plus importants
contribuables du pays.
9 milliards d’euros : c’est le
total des investissements
réalisés par RJD au cours
de l’année 2011, dont 1,14 milliard
au titre du rénouvellement du
parc roulant.
EN BREF
La Russie se classe au troisiè-
me rang mondial des pays les
plus attractifs pour les chaînes
internationales de distribution,
d’après un récent sondage ef-
fectué par le cabinet d’étude
CBRE. L’Italie, l’Allemagne, la
Russie, l’Espagne et la France
se partagent les cinq premières
places. Un tiers des sociétés in-
terrogées souhaitent investir
dans ces cinq pays, les in-
vestissements étrangers depuis
janvier s’élèvent à 764 millions
d’euros.
Distribution : la
Russie attractive
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LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR
PAUL DUVERNET
LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Le maire de la capitale russe va
faire appel à l’expertise interna-
tionale pour le projet de doubler
la superficie de la ville, réduire
les problèmes de circulation et
attirer les investissements.
Main tendue à
létranger pour le
« Grand Moscou »
Urbanisme Un projet digne du Grand Paris
« Nous allons lancer cette année
un appel d’offres pour créer un
concept de développement vi-
sant à intégrer Moscou et sa ré-
gion dans une agglomération »,
a déclaré Sergueï Sobianine,
maire de la capitale russe depuis
un an et demi. La mairie s’est
récemment ouverte à l’expertise
internationale et recherche des
architectes et des urbanistes de
toutes origines pour la gigan-
tesque expansion de Moscou pré-
vue dans les toutes prochaines
années. Sergueï Sobianine s’ex-
primait à l’occasion du premier
« Moscow Urban Forum » orga-
nisé les 7, 8 et 9 décembre der-
nier dans la capitale. De nom-
breux invités internationaux se
sont déplacés, dont le ministre
français de la Ville Maurice
Leroy, accompagné d’une délé-
gation représentant le projet du
Grand Paris. Le ministre a dit
voir « beaucoup de similitudes
entre le ‘Grand Moscou’ et le
Grand Paris, tant en termes de
transports que de création de lo-
gements et de développement
économique. Nos capitales sont
en définitive confrontées aux
mêmes problèmes ».
Plus grande ville d’Europe avec
11,5 millions d’habitants (aux-
quels il faut ajouter entre deux
et trois millions de résidents non
enregistrés), Moscou s’apprête à
doubler sa supercie an de -
congestionner le centre-ville. De
nombreuses administrations vont
déménager en périphérie. La
mairie va consacrer environ 35
milliards d’euros aux transports
au cours des cinq prochaines an-
nées, donnant la priorité aux
transports en commun. La ca-
pitale russe souffre plus qu’aucu-
ne autre métropole occidentale
de problèmes de bouchons en
raison d’une mauvaise plani-
cation. Le métro va con naître un
développement rapide avec la
construction de 30 stations sur
les cinq prochaines années, pour
un investissement de 12 milliards
d’euros. Tous ces travaux don-
neront lieu à des appels d’offres
internationaux, a indiqle
maire de Moscou.
Au sein de la délégation fran-
çaise, une source émet quelques
réserves : « ce sont des groupes
russes qui vont remporter les ap-
pels d’offres, mais nous espérons
nous associer à certains projets.
Nous sommes venus ici pour
montrer l’exemple réussi du
Grand Paris et faire valoir notre
expertise par rapport aux concur-
rents anglo-saxons ».
VLADIMIR ROUVINSKI
LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Numéro trois des groupes
pharmaceutiques mondiaux, le
français Sanofi-Aventis avait de
bonnes raisons d’impanter la
production de l’insuline que la
Russie n’importe plus.
Sanofi-Aventis a
pris loption de la
production locale
Industrie L’insuline est désormais fabriquée en Russie
d’insuline par an. « Nous avons
apporté tout notre savoir-faire
et la maîtrise des nouvelles tech-
nologies en matière de fabrica-
tion d’insuline. Nous sommes les
seuls sur le marché en Russie »,
affirme Galkova.
La Russie compte 3,1 millions
de patients atteints de diabète
mais les experts estiment que le
chiffre est en fait trois à quatre
fois plus élevé. « Les capacités
de production de l’usine sont suf-
santes pour répondre au besoin
du marché russe tant en insu-
line analogue, qu’en insuline hu-
maine », assure Galkova.
Jusqu’à maintenant, produire
l’insuline en Russie n’était pas
rentable. En 1989, le ministère
L’usine de production d’insuline
« Sano-Aventis Vostok », ac quise
par le groupe dans la région
d’Oriol en 2010 pour près de 28
millions d’euros, selon les ex-
perts, fonctionnera au maximum
de sa capacité dès 2012.
« C’est la première et la seule fa-
brique d’insuline de dernière gé-
nération en Russie. Et la qua-
trième plateforme mondiale pour
le groupe, après l’Allemagne, les
États-Unis et la Chine », affirme
Tatiana Galkova, directrice de
la communication de Sano Rus-
sie. Selon elle, cette usine est ca-
pitale pour le groupe.
Présente en Russie depuis déjà
1970, Sano est devenue le lea-
der du marché pharmaceutique
sur la gamme de médicaments
contre le diabète, le cancer, les
maladies cardio-vasculaires et
du système nerveux central.
Au début 2011, l’usine lança la
production de stylos injecteurs
d’insuline permettant aux dia-
bétiques de faire leurs injections
eux-mêmes sans aide médicale.
L’usine était capable de pro duire
de 15 à 30 millions cartouches À l’usine Sanofi-Aventis Vostok dans la région d’Oriol.
de la Santé de l’URSS avait in-
terdit la production d’insuline,
car celle-ci était de mauvaise
qualité (extraite du pancréas de
porc), et décrété l’importation
depuis l’étranger d’une insuline
fabriquée à partir de micro-or-
ganismes saprophytes. Depuis,
la production d’insuline avait été
abandonnée.
Ouvrir une usine en Russie ne
présentait aucun intérêt ni pour
les sociétés russes, ni pour les
étrangères : l’insuline était consi-
dérée comme un produit straté-
gique, exonéré des taxes doua-
nières et son achat était nancé
par l’État.
Le regain d’intérêt de la part de
Sano pour la production sur le
territoire russe est lié au pro-
gramme fédéral d’aide complé-
mentaire en médicaments pour
les plus démunis, qui couvre un
tiers du marché pharmaceutique
et représente 2 milliards de dol-
lars. Et 70% de cette somme est
destinée exclusivement à des pro-
ducteurs nationaux. Un produc-
teur d’insuline implanté sur le
territoire russe obtient ainsi, d’of-
ce, un marcgaranti.
Le rail est crucial pour
l’économie russe car il
transporte les richesses
du pays : pétrole,
métaux, charbon
ITAR-TASS
04 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR
COMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETA
DISTRIBUÉ AVEC LE FIGARO
Économie
Steven
Geiger
SPÉCIALEMENT POUR
LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
LAVIS D’UN EXPERT
Enjeu : la transformation de la culture entrepreneuriale
On me demande souvent de ré-
sumer la mission fondamen tale
de Skolkovo. Cela tient en trois
mots : changer la culture.
Skolkovo modifie la culture
universitaire russe par la
construction d’un nouvel ins-
titut scientique, en collabo-
ration avec le Massachusetts
Institute of Technology. Nous
pensons qu’il s’agit du premier
institut du genre au monde in-
tégrant enseignement, re-
cherche, innovation et entre-
preneuriat.
Skolkovo modifie la culture
d’entreprise. Nous expliquons
aux grandes sociétés russes la
ALEXANDRE VOSTROV
SPÉCIALEMENT POUR
LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Objectif affiché : devenir la
locomotive de l’économie russe.
Rome ne s’est pas faite en un
jour, et les moyens engagés
devront correspondre aux
ambitions.
La technopole de Skolkovo
doit faire ses preuves
Innovation La coopération avec les grands groupes industriels internationaux dans différents secteurs de pointe est en route
Le projet de la « Silicon Valley »
russe est de créer au sein de la
technopole des centres de re-
cherche et d’attirer les grosses
sociétés internationales dès le
stade préliminaire d’un projet.
Roman Romanovski, directeur
du département des partenaires
clés de la Fondation Skolkovo,
explique : « Notre objectif pre-
mier est la création d’un espace
et de conditions optimales pour
interagir. Skolkovo ne s’inté resse
pas exclusivement aux jeunes
pousses. Mais ne se limite pas
non plus aux projets de grandes
entreprises Nous voulons assu-
rer au sein de Skolkovo un ux
continu d’idées novatrices, pour
que chacun y trouve son compte.
Les grosses entreprises, trouve-
ront leurs jeunes spécialistes, les
start-ups, leurs investisseurs, les
investisseurs, de nouveaux pro-
jets intéressants, etc ».
Cette approche a porté ses fruits :
plusieurs sociétés de renommée
internationale ont évoqleur
intention d’ouvrir des centres de
recherche à Skolkovo. La plu-
part se sont limitées, pour le mo-
ment, à des mémorandums d’en-
tente mais des accords ont
également été signés.
Les Allemands attentifs
Avec Siemens, par exemple. Le
contrat prévoit un développe-
ment échelonné et compte, vers
2015, employer environ 150 per-
sonnes. Certains projets seront
EN CHIFFRES
29 milliards d’euros ont
été investis par l’État
russe dans les diffé-
rents projets d’innovation au cours
de l’année 2011, d’après Olga Ous-
kova, la présidente du NAIRIT.
23% des projets
d’innova-
tions sont
le fait de jeunes. 9% des diplômés
russes veulent devenir chercheurs.
28% des projets
sont liés à
l’efficacité
énergétique, 26% concernent le
domaine de la médecine, 22% vont
aux technologies de l’information,
5% portent sur les technologies de
télécommunication et spatiales, 4%
sur le nucléaire et 13% sur le reste.
Le directeur technique d’EADS,
Jean Botti, et le président exécu-
tif de la Fondation Skolkovo, Vik-
tor Vekselberg, ont signé un ac-
cord de collaboration définissant
la mise en œuvre, d’ici à la fin
de l’année prochaine, d’une unité
de recherche de la sociéeuro-
péenne aéronatique et spatiale
à Skolkovo. Signé en juin dans le
cadre du salon Paris Airshow 2011,
l’accord porte sur un centre de re-
cherche et de développement au
programme duquel figureront les
défis industriels et technologiques
d’Airbus, Eurocopter, Astrium et
Cassidian, toutes filiales du grou-
pe. La collaboration concerne les
sys tèmes de communication, les
d rones, les moteurs de pointe et
le traitement de l’énergie. EADS
va également lancer un appel aux
étudiants et aux chercheurs de
Skolkovo pour qu’ils participent à
l’activité de recherche menée par
le groupe européen.
EADS sera présent
à Skolkovo
nancés exclusivement par la so-
ciété allemande. Le montant total
des investissements s’élèvera à
60 millions d’euros. Siemens
fournira 40 millions, les 20 mil-
lions restants proviendront de la
Fondation Skolkovo.
Alexandre Averianov, respon-
sable chez Siemens du projet
Skolkovo, précise : « La techno-
pole nous intéresse particulière-
ment car elle risque d’avoir une
sérieuse inuence sur l’avenir de
la Russie. Ce n’est pas par ha-
sard que le PDG de Siemens AG,
Peter Löscher, fait partie du
Conseil d’administration de la
Fondation Skolkovo. La coopé-
ration scientique touche à plu-
sieurs domaines, dont la méde-
cine nucléaire ». Bien que les
détails du projet ne soient pas
dévoilés, il sera sûrement ques-
tion de la détection radio-isoto-
pique, Siemens étant le princi-
pal fabricant de matériel pour
cette méthode d’investigation
médicale. Une bourse de plus de
3 millions d’euros a déjà été ac-
cordée pour ce projet.
L’expérience finlandaise
Avec Nokia, le contrat s’est axé
sur la création et la commercia-
lisation de nouvelles applications
pour téléphones portables. « Nous
avons signé avec Vekselberg un
protocole d’accord précisant les
étapes du développement du
centre de recherche, affirme Ta-
tiana Oberemova. Ce centre sera
chardu développement des
systèmes d’exploitation mobiles
et de l’utilisation des nanotech-
nologies. Les investissements de
Nokia se chiffrent en dizaines de
millions d’euros, budget standard
pour les centres de recherche et
innovation de Nokia ».
Dès le début, un rythme stakha-
noviste était prévu : le permis
de construire signé en juin 2011,
le centre devait être prêt pour
décembre. Trop court peut-être,
mais cela donne une idée du
rythme attendu de la coopéra-
tion entre la technopole et le
géant nlandais. Première étape :
La présentation du plan-masse. Les bâtiments du technoparc de
Skolkovo s’étendront sur environ 145 000 mètres carrés.
Les représentants de EADS s’apprêtent à signer le contrat avec le
Fonds Skolkovo.
valeur des contrats de recherche
dans ce nouvel institut, comment
réaliser une interface et un par-
tenariat avec la communauté du
capital-risque, et comment em-
brasser l’innovation en tant
qu’élément central du succès,
voire de la survie.
Skolkovo transforme la culture
entrepreneuriale. On peut aisé-
ment oublier qu’il y a peu, l’en-
treprise privée en Russie était
soit illégale, soit fortement -
conseillée. Il faudra du temps
pour surmonter cet héritage et
laisser l’esprit foncièrement créa-
tif des Russes s’épanouir. Skol-
kovo se veut être un accéléra-
teur de cette transformation. En
offrant un soutien, un nance-
ment et des préférences pour les
start-ups, nous espérons niveler
un peu le terrain en faveur d’ac-
teurs plus modestes. Notre rôle
est également de fournir un
« soutien moral » aux jeunes en-
trepreneurs dynamiques.
Enn, nous avons pour objectif
clair de transformer la compré-
hension culturelle de la création
de richesse.
La Russie est un pays qui a long-
temps été dominé par la produc-
tion physique : pétrole, gaz,-
taux, bois, etc. La focalisation
exclusive sur la production ma-
térielle a dominé à l’époque so-
viétique avec ses fameux plans
quinquennaux. Logiquement, la
plupart des Russes considèrent
la création de richesse en termes
physiques.
Mais pour que la Russie rivalise
dans l’économie mondiale, il faut
passer à la vitesse supérieure, et
Skolkovo est une nouvelle trans-
mission. Nous nous y efforçons
en mettant en valeur la proprié-
intellectuelle.
Notre tâche est de créer des -
canismes efficaces pour appli-
quer la puissance scientique et
intellectuelle de la Russie à des
produits basés sur la connais-
sance et à des services compéti-
tifs sur le marché mondial.
Changer une culture et une men-
talité est extrêmement difficile.
Le côté positif, cependant, est
que si vous réussissez, votre im-
pact sera signicatif. Les grands
pays sont comme de gros na-
vires : ils ne tournent pas à 90°.
Mais faites-les pivoter ne serait-
ce que de quelques degrés dans
la bonne direction, et vous leur
aurez fait changer de cap.
Skolkovo jouit d’un certain
nombre d’atouts à cet égard. Le
premier, c’est la richesse de ses
ressources scientiques et tech-
niques. Par contraste, mon af-
fectation précédente consistait
à construire une ville d’innova-
tion similaire pour le petit émi-
rat d’Abu Dhabi, qui ne compte
que 400 000 citoyens et est pra-
tiquement dépourvu de res-
sources scientiques.
Deuxièmement, nous avons ap-
pris des autres. En prenant le
départ plus tard, la Russie a
l’avantage de sa maturité.
Troisièmement, et en rupture
avec la tradition russe, Skolko-
vo est une plateforme entière-
ment ouverte à la coopération
mondiale en recherche et déve-
loppement. Les cités des sciences
fermées du passé ont atteint leur
but, mais la vitesse et l’échelle
de l’interconnectivité mondiale
exigent ouverture et collabora-
tion. Le monde n’est peut être
pas plat, mais il est sans aucun
doute de plus en plus allongé.
Alors, pourquoi faisons-nous ce
que nous faisons ? Je pourrais
vous donner de multiples raisons,
mais c’est peut-être Steve Jobs
qui a le mieux formulé la répon-
se : « Ce monde appartient aux
fous. Parce que les gens qui sont
assez fous pour penser qu’ils peu-
vent changer le monde sont gé-
néralement ceux qui le font ».
Steven Geiger est Directeur
opérationnel de la Fondation
Skolkovo.
dénir la politique de recherche.
Il sera sûrement question de nou-
veaux systèmes sensitifs pour les
principales plateformes Nokia
et de l’application des nanotech-
nologies pour des appareils des-
tinés à la grande consommation.
La seconde étape consistera à
ouvrir les laboratoires de re-
cherche, puis viendra l’étape de
réalisation, avec d’importants
projets internationaux et leur
commercialisation.
Les voisins Suédois
Pour Ericsson, Skolkovo est une
excellente plateforme pour les
travaux de recherche dans le do-
maine des télécommunications,
comme l’informatique en nuage
(cloud computing) et la téléma-
tique. Mais en tout premier lieu,
les travaux porteront essentiel-
lement sur les réseaux intelli-
gents, dans le but de faire d’im-
portantes économies d’énergie.
En effet, installés chez l’utilisa-
teur, des compteurs évolués iden-
tieront en temps réel la consom-
mation d’un foyer et transmettront
cette information au gestion-
naire, ce qui permettra un contrô-
le accru de la consommation.
Mikhaïl Podoprygalov, vice-pré-
sident d’Ericsson pour la coopé-
ration avec le gouvernement, af-
rme : « Cela fait longtemps qu’il
est question de développer une
économie qui ne serait pas basée
sur l’exportation de matières pre-
mières. Skolkovo est justement
la pierre angulaire qui devra per-
mettre d’atteindre cet objectif,
un véritable écosystème. Bien
sûr, beaucoup diront qu’il aurait
fallu s’y prendre autrement. Mais
il faut bien comprendre que,
compte tenu des objectifs visés,
et des paramètres à mettre en
œuvre pour les réaliser, il est dif-
cile au stade actuel de déter-
miner la réussite ou l’échec du
projet ».
« Et c’est bien le problème ma-
jeur, rejoint Podoprygalov, l’ana-
lyste nancier de RosBusiness-
Consulting (RBC), Timofeï
Chatskikh. Tant qu’un premier
projet abouti ne verra pas le jour,
les Russes, d’autant plus les in-
vestisseurs, considéreront la
technopole comme une utopie
gouvernementale de plus.
La plupart ne voient pas en
Skolkovo un projet scientique
mais plutôt une démarche poli-
tique visant à donner une image
positive de l’État. Et même la
coopération avec différentes com-
pagnies internationales de re-
nommée ne suffit pas à les faire
changer d’avis. Et il en sera ainsi
tant qu’un projet scientique
entre les murs de la technopole
ne sera pas présenté. Toutefois,
la création de ces centres de re-
cherche, englobant tous les
cycles, de la phase préliminaire
à la réalisation, va arranger la
situation en promettant d’assu-
rer au moins un flux continu
d’idées novatrices ».
Siemens et le finlandais
Nokia annoncent des
investissements par
dizaines de millions
d’euros
Ericsson voit en Skol-
kovo la pierre angulaire
de la réalisation de
son objectif : créer un
véritable écosystème
Le Président Medvedev et le
patron du Fonds Vekselberg au
lancement du projet Skolkovo.
Appliquer la puissance
scientifique et intellec-
tuelle russe à des
produits compétitifs
sur le marché mondial
DMITRY ASTAKHOV/RIA NOVOSTI
ILYA PITALEV/RIA NOVOSTI
IGOR BELOV / RFI
05
LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR
COMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETA
DISTRIBUÉ AVEC LE FIGARO Régions
Parés pour les froids sibériens
L’hiver en Russie Dans des régions marquées par les extrêmes de températures, hommes et bêtes s’adaptent aux rigueurs climatiques
Le mot « Russie » est souvent
associé au « froid sibérien ». C’est
vrai qu’il peut faire très froid en
Russie, même si le climat varie
de polaire à subtropical sur les
bords de la mer Noire, où la tem-
pérature moyenne en janvier est
de 15 degrés, comme à Sotchi,
qui se trouve sur la même lati-
tude que Nice. Les Russes des
autres régions envient les habi-
tants du sud. Les plus jaloux doi-
vent être les 470 habitants de la
petite ville d’Oïmiakon, en Iakou-
tie, la température, l’année
dernière, est tombée jusqu’à
-72° ! Bien sûr, l’hiver condition-
ne tous les aspects de la vie, mais
les Russes y sont habitués.
Quelques exemples de la réalité
russe pendant la saison des
grands froids.
Le tigre sibérien, connu
aussi sous le nom de tigre
de l’Amour, n’est pas seu-
lement le plus grand de
ses congénères, mais le
seul dont l’espace de vie est
lié à la neige et la glace. Les
températures peuvent chuter
jusqu’à -45° sur le fleuve Amour,
en Extrême-Orient. Le tigre est
protégé du froid par un poil long
et épais, et une couche de graisse
de 5 cm. Ce qui le rend totale-
ment vulnérable à l’homme. Pen-
dant les troubles qui ont suivi la
volution d’Octobre, l’espèce a
failli disparaître. Aujourd’hui, on
recense 500 tigres blancs dans les
régions frontalières entre la Rus-
sie, la Chine et la Corée du Nord,
mais leur espace de vie est de
plus en plus réduit et l’espèce est
toujours menacée d’extinction.
Encore plus menacé : le léopard
caucasien, qu’on a longtemps cru
disparu avant d’en redécouvrir
un spécimen en 2003. Depuis, le
WWF, avec le soutien du gouver-
nement russe, cherche à tablir
la population de ces félins. Nom-
breux sont les Russes qui n’ont
entendu parler du léopard cau-
casien pour la première fois que
l’année dernière, quand il a été
VIE SAUVAGE
Tigre et léopard tous climats
choisi comme mascotte des JO
d’hiver de Sotchi en 2014. À l’ins-
tar du tigre de l’Amour, il se dis-
tingue par sa grande adaptabilité,
car les hivers dans les montagnes
du Caucase sont très froids et nei-
geux, tandis que les étés y sont
chauds et secs.
ALEXEÏ KNELZ
LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
En France, des chutes de neige
de 5 cm créent parfois un
véritable chaos. En Russie, les
choses sérieuses commencent
au-delà de 40 cm.
Lenvahisseur
blanc pose un
défi permanent
Transports L’hiver russe exige des services techniques publics une riposte bien réglée
C’est bien connu, le Général
Hiver est russe, et il a mis en
déroute Hitler et Napoléon. En
novembre 2010, il est arrivé que
la température chute en 24
heures de +1 à -20°. L’hiver 2009
fut encore plus rude. Le ther-
momètre est tombé à -28°, ce
qui n’était pas arrivé depuis 60
ans.
L’hiver dure près de quatre mois
à Moscou, dont 50 jours de
chutes de neige. En une seule
nuit il peut tomber jusqu’à
40 cm de poudre blanche.
Le déblayage exige de gros ef-
forts de la part des services tech-
niques publics. Avec la pre mière
neige apparaissent les chasse-
neiges. « Trois à cinq centi mètres
de neige viennent de tomber. Ce
Les brise-glaces géants de l’Arctique
Avec 150 mètres de tirant d’eau et
75 000 chevaux, ce type de ba-
teau fait partie des plus grands et
des plus puissants bâtiments au
monde. Depuis 1957, les brise-gla-
ces atomiques russes percent le
passage Nord-Est pour les navires
depuis l’Europe vers le Japon. En
1977, le brise-glace « Arktika » est
devenu le premier à atteindre le
pôle Nord.
cune de ces installations peut
transformer en eau près de 300
tonnes de neige par jour. L’en-
tretien de l’armada des outils
de déneigement coûte 12 mil-
lions d’euros par an à la ville
de Moscou.
L’hiver oblige les automobi listes
russes à casser leur tirelire eux
aussi (comme en n de compte
les contribuables qu’ils sont par
ailleurs). « As-tu « Webasto » ? »
C’est la question que les gar-
diens de parking posent aux
conducteurs quand ces derniers
s’apprêtent à laisser leur voi-
ture à ciel ouvert pendant la
nuit. Il s’agit d’un appareil de
chauf fage qui fonctionne à mo-
teur éteint et sans lequel il est
impossible de démarrer quand
il fait -35°.
Les pneus d’hiver sont assortis
de clous. Ajoutez à cela le li-
quide dégivrant. L’hiver, on en
con somme jusqu’à 5 litres par
jour. De nombreux conducteurs
installent des réservoirs spé-
ciaux dans leur voiture.
MAURITZ GATMAN
LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
« L’extrême à la russe »
s’observe en hiver. Aucun
danger pour la santé à condition
de respecter certaines règles.
Tentés par un plongeon dans leau
par 20 degrés au dessous de zéro ?
Divertissement Les Russes se battent contre la neige et la glace, mais ils savent aussi y trouver du plaisir
jettent dedans. Malgré les crain-
tes, même l’hiver dernier, quand
la température est tombée à -20°,
aucun événement grave n’a été
signalé. Au cas où, des sauve-
teurs et des inrmiers sont tou-
jours présents.
L’immersion sous la glace fait
rarement « congeler » son homme.
Il suffit de respecter certaines
Les gants et les mitaines ont été
importés en Russie par les Va-
règues, d’ils tirent leur nom
russe. Les mitaines conservent la
chaleur et les grand-mères les tri-
cotent volontiers pour leurs pe-
tits-enfants.
Les valenki sont fabriqués à par-
Mode : n’oubliez pas vos « valenki »
règles : s’immerger trois fois, se
frotter le corps énergiquement
puis se rhabiller chaudement, ou,
mieux, aller au bania.
Les particularités du bania russe
consistent dans l’alliance de tem-
pératures très éleves (80-100
degrés) et de l’humidité de l’air.
Et même si l’on peut y aller toute
l’année, rien n’est comparable
aux sensations que procure l’im-
mersion dans l’eau glacée entre
les séances de sauna. À essayer
absolument !
Pendant que les enfants font de
la luge et du patin à glace, les
adultes sillonnent la forêt à ski
de fond. Et si un nouveau riche
peut dépasser sur sa Lambor-
ghini un retraité russe dans sa
Lada, sur les pistes de ski, tout
le monde est à égalité : il n’est
pas rare de voir un retraité sur
de vieux skis « soviétiques » en
bois laisser loin derrière les
jeunes sur des skis dernier cri.
Pour aller dans la forêt, on prend
d’habitude avec soi une bouteille
thermos de thé chaud ou une
gourde de liquide... plus fort, qui
réchauffe aussi très bien.
Certains cherchent à échapper
« Je m’en vais au bania, fais
chauffer la petchka et bouillir le
samovar »
. Ainsi parlait un Russe
ordinaire à son épouse il y a enco-
re 50 ans. « Bania », c’est le sauna
russe. « Petchka », c’est un grand
four en briques qui se trouvait ja-
dis dans chaque isba. Le samovar
est un gros chaudron réservé à la
préparation du thé, et le symbole
de l’hospitalité russe.
L’urbanisation a eu raison de ces
traditions. Dans la Russie contem-
poraine, le chauffage est central,
réglé par un thermostat unique
pour tous les appartements. Seule
solution s’il fait trop chaud : ouvrir
la fenêtre. Un air sec dans des piè-
ces surchauffées, c’est aussi une
mine d’or pour les fabricants et
marchands d’humidificateurs. Les
MODE DE VIE
Du bania au chauffage central
expériences menées par les entre-
prises allemandes en Russie ont
montré que l’utilisation de techno-
logies modernes de chauffage et
d’isolation permettrait d’économi-
ser jusqu’à 80% sur les coûts. Mais
le chauffage central traditionnel
n’en continue pas moins d’être
omniprésent...
n’est pas un problème pour nous,
c’est la routine », dit Piotr Bi-
rioukov, le chef des services mu-
nicipaux qui organise le travail
hivernal. Les difficultés ne sur-
gissent que lors de grosses chutes
sur une période prolongée.
Toutes les dix minutes, une co-
lonne de chasse-neiges apparaît
sur les routes. Un véhicule peut
déblayer jusqu’à douze kilo-
mètres de route en une heure,
tout en effectuant une autre
tâche indispensable : relever les
crevasses sur la chaussée et
transmettre l’information aux
services d’entretien de la voie-
rie.
Les chasse-neiges repoussent la
masse vers le bord de la route,
les monceaux sont ensuite char-
gés sur des camions-bennes et
convoyés vers l’un des 200
points de fonte de neige. Cha-
L’armada des chasse-
neiges moscovites se
déploie.
tir de feutre de laine de mouton.
Ils protègent de températures en
dessous de -30°. Mais les valenki
ne sont pas étanches et n’ont pas
de semelle : c’est pourquoi on les
porte avec des caoutchoucs. Tous
les ans, on continue à produire
4,5 millions de bottes de feutre.
au tumulte du monde moderne
sur les lacs gelés : armés de bri-
se-glaces spéciaux, ils se creusent
un accès à l’eau. Chaudement
emmitoués, parfois même pro-
tégés par des tentes, ils passent
des heures assis devant un trou
de 20 cm de diamètre dans le
froid et la neige, en espérant
qu’un poisson sortira de sa lé-
thargie. On peut risquer de les
interroger avec précaution :
« Alors, ça mord ? » Mais en
Russie non plus, on ne dé-
range pas les vrais pêcheurs
sans s’attirer un regard maus-
sade pour toute réponse...
Le jour de l’année le plus im-
portant pour un vrai « morse »,
c’est le 19 janvier. Les morses
sont ceux qui sont convaincus
qu’un bain régulier dans un trou
de glace endurcit le corps. Quant
à la nuit du 19 janvier, elle est
particulière : pour les ortho doxes,
c’est le jour du baptême du
Christ.
Tous les ans, aux alentours de
minuit, quelques dizaines de
morses, voire quelques milliers
à Moscou, attendent que le prêtre
ou le pope bénisse les eaux des
fleuves et des lacs, puis ils se
Les températures de janvier
Sotchi est une ville située dans
la région de Krasnodar sur la
mer Noire. La station balnéaire a
été édifiée à la fin du XIXe siè-
cle, et elle est devenue populaire
après que Staline y fit construire
une datcha. En 2014, la ville ac-
cueillera les Jeux Olympiques
d’hiver.
Oïmiakon est un village situé dans le
nord-est de la république de Sakha (à 3
000 km du le Nord). Officiellement,
c’est l’endroit habité le plus froid du
monde, mais en été, la température peut
y monter jusqu’à 30 degrés.
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