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c. Une génération labroussienne
Labrousse engage toute une génération dans des monographies. Il leur affecte un
département, un chef-lieu dont ils doivent se rendre maître. A la même époque, le
contexte de la régionalisation et la nomination des jeunes agrégés dans les grandes
villes de province amènent la naissance des
grandes thèses régionales.
On voit alors des thèses sur l’économie d’une
région (histoire des banques), sur les processus
d’industrialisation avec l’étude des périodes de
croissance et l’émergence des crises modernes.
Pour Labrousse, les évolutions économiques
constituent un fait d’histoire primaire sur laquelle
les autres niveaux viennent se greffer
(l’économique, le social, le mental). Puis peu à
peu, on voit poindre des thèses sur les mentalités.
IV. Longue durée et pluralisation du temps
A la fin des années 50, début des années 60, la concurrence de
la sociologie, sous l’influence du programme structuraliste de
Claude Lévy-Strauss
, se fait sentir plus fortement encore.
Cela relance le débat du début du XXème siècle engagé par
Simiand. Selon lui, le seul plan empirique d’observation de
l’histoire, le condamne à ne pas être en mesure de modéliser
(opacité d’un descriptif informe, chaos de la contingence).
Tandis qu’au contraire la grille de lecture de l’ethnologue
scrute le niveau inconscient des pratiques sociales.
a. Défi structuraliste
Histoire et sociologie ont le même objet, cet autre séparé du même par les distances
spatiales ou l’épaisseur temporelle du passé. L’histoire se pose comme science
empirique tandis que l’ethnologie sociale est conceptuelle. De ce fait,
l’anthropologie peut seule s’aventurer dans l’univers psychique. Dans
la pensée
sauvage
, il présente même l’histoire comme un mythe et sa continuité assurée qu’au
moyen de tracés frauduleux.
b. Défense de l’identité historienne
Fernand Braudel a repris quant à lui, l’héritage de Bloch et Fèbvre en infléchissant
les orientations premières pour enrayer l’offensive structuraliste. Il redonne à
l’histoire ses couleurs de science fédératrice. Il reconnait l’héritage des sciences
humaines dans sa façon d’écrire l’histoire et réaffirme la nécessité d’ouvrir les