LLEESS RRÉÉSSUULLTTAATTSS DDUU SSCCAANN SSOONNTT AARRRRIIVVÉÉSS
et votre intuition est confirmée: les nou-
velles sont mauvaises pour votre patient et
son diagnostic est grave. C’est inévitable,
vous devez lui annoncer ces résultats. Et
que sa vie ne sera plus jamais la même.
Même dans un contexte où on doit sou-
vent aborder le sujet avec les patients,
l’annonce d’une mauvaise nouvelle n’est
jamais simple et fait toujours appel à des
émotions difficiles à gérer, tant pour le
patient que pour le médecin. Le
médecin anticipe l’angoisse, les senti-
ments de tristesse et de désespoir que
risque de vivre son patient à l’annonce
de la mauvaise nouvelle. Alors, comment
rendre cette tâche plus «faisable» (car
«facile», elle ne le sera jamais)? Quels
moyens peuvent aider le médecin à faire
son devoir professionnel, sachant que
l’expérience émotive vécue lors de l’an-
nonce de la maladie à un patient condi-
tionne l’acceptation de celle-ci, influence
les traitements à venir ainsi que la rela-
tion médecin-patient?
C’est avant tout à lui-même que le
médecin doit faire l’annonce de la ma-
ladie qu’il ne pourra pas guérir, d’une
récidive ou des complications imprévues
pour un patient, qu’il connaît parfois
depuis longtemps. Il doit parfois se
résigner à renoncer à son pouvoir de
guérison et accepter qu’il n’est qu’un
humain qui prodigue des soins!
Il n’existe assurément pas de façons
miracles pour annoncer une mauvaise
nouvelle à un patient. Par contre, il en
existe certaines qui peuvent lui être
dommageables. À éviter: une annonce
bâclée, faite avec empressement ou
brutalité, par téléphone ou dans un
endroit manquant d’intimité, en com-
pagnie d’un groupe de résidents en
médecine, en employant des termes
techniques qui ne veulent rien dire pour
le patient ou en donnant une quantité
d’informations trop importante dès le
début. Il est tentant – et humain – de
vouloir s’esquiver ou se dérober, de
banaliser ou de nier, de déléguer la
tâche ou d’attendre trop longtemps.
Toutefois, ça ne fera que nuire à la rela-
tion professionnelle entre le médecin et
son patient, et laissera souvent le patient
habité par des émotions inutiles, voire
néfastes à sa guérison ou son bien-être.
Et le silence n’est pas une voie envi-
sageable, pas plus que le mensonge…
L’annonce d’une mauvaise nouvelle sus-
cite chez le médecin de nombreuses
questions, par exemple: la vérité, est-ce
qu’on la dit toute ou en partie? Le secret
professionnel: on en parle aux proches
ou on laisse au patient le soin de leur
annoncer? Tandis qu’il y a des patients
qui veulent tout savoir, d’autres
préfèrent en savoir le moins possible;
certains veulent cacher le diagnostic à
leurs proches, tandis que d’autres
préfèrent être accompagnés de tous les
membres de leur famille!
L’annonce d’une mauvaise nouvelle doit
tenir compte des caractéristiques du
patient et passe par l’écoute de celui-ci.
En partant des ressources et des deman-
des de ce dernier, le médecin pourra
adapter son discours et se modeler à ses
besoins. Le médecin peut suivre le
rythme du patient et éventuellement faire
appel à la collaboration d’un proche du
patient, si celui-ci en exprime le besoin.
L’annonce prend du temps, de l’atten-
tion, de l’empathie ainsi que des condi-
tions de confidentialité et d’intimité, par
exemple, en personne et en tête-à-tête
dans une pièce fermée. L’annonce n’est
pas figée dans le temps mais constitue
un processus continu, en constante évo-
lution entre le médecin et son patient.
Le patient n’entend pas tous les mots
de son médecin mais se rappelle l’at-
mosphère, le ton de la voix, le non-
verbal de celui qui lui annonce son état
de santé. L’annonce d’une mauvaise
nouvelle ou d’une maladie est toujours
un traumatisme et fait appel au deuil de
la vie d’avant, à celui de l’état de santé
antérieur, de certains projets d’avenir.
Un message rassurant, contenant l’in-
formation adaptée, cohérente, progres-
sive et respectueuse pour le patient
selon ses ressources et ses demandes,
favorise l’acceptation de la vérité avec
un espoir réaliste et sera une porte
ouverte sur l’avenir.
Votre qualité de vie
Annoncer une mauvaise nouvelle
Quoi faire, quoi ne pas faire
L’auteure est psychologue et pratique en cabinet privé à Outremont ainsi que chez Procréa Cliniques.
SANTÉ INC. MAI/JUIN 2007
16
Par Susan Bermingham, M.Ps.
1 / 1 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !