palissade et se blessa aux deux yeux; dans l'état désastreux où il était, car il était devenu aveugle, il supplia le dieu, s'endormit dans l'abaton et fut guéri.) La
maladie servant de signe, il ne faut pas troubler l’ordre des dieux, mais chercher la paix. L’eau intervenait à plusieurs reprises dans
cette consultation : et d'abord, comme dans tous les sanctuaires, pour les ablutions préliminaires, pour obtenir la propreté et la
purification. On a trouvé à Épidaure des inscriptions attestant des guérisons opérées dans le sanctuaire d’Asclépios. Les récits sont
extrêmement variés et leur présentation mêle humour et émotion.
L’abaton où couchaient les fidèles était visité par des serpents non venimeux. Le dieu apparaissait pendant le sommeil des malades
sous forme de songe. Ainsi, il guérissait la personne ou lui donnait le traitement à suivre.
Des visions, on ne sait rien. Peut-être les pèlerins étaient-ils couchés sur un médium (une peau de bêtes, en référant aux pratiques de
Pergame). Les malades lui offraient des ex-votos pour le remercier de les avoir guéris. L’usage voulait que, avant son départ, le sujet
guéri témoignât de sa reconnaissance par un présent plus ou moins important selon sa condition sociale. Les ex-voto étaient tous
affichés sur les murs de l’abaton, ce qui mettait en conditions mystiques. Les images des miracles déjà effectués se présentaient sous
forme sculptée (partie anatomique), de peinture sur bois (disparues), de relief écrits… Ils ont trait aux yeux (ophtalmologie), aux
membres (on devait soigner les problème rhumatismaux, les bancals…), aux parties génitales (stérilité…).
Les véritables miracles, qui devaient être aussitôt consignés par écrit. Les ex-voto, remis après l’apparition et la guérison auront alors
pour effet de signifier la pacification et la glorification. On soignait quantité de maux, mais il est probable que les résultats les plus
probants étaient obtenus sur des maladies d’origine psychique. Il est aussi clair que l’élément le plus important de ce genre de
guérison était la foi du patient.
Récit : Un enfant muet. Il se présenta au sanctuaire pour recouvrer la voix. Quand il eut offert le sacrifice préliminaire et accompli les rituels, le garçon qui
officiait comme porte-torche du dieu demanda en regardant du côté du père de l'enfant s'il était d'accord de revenir dans une année, s'il obtenait ce pour quoi
il était là, pour offrir le sacrifice de guérison; l'enfant s'écria soudain: "Je suis d'accord". Le père fut tout étonné et lui demanda de répéter, ce qu'il fit; et
depuis il fut guéri.
Plus on avance vers l’époque hellénistique et impériale, plus la fonction guérisseuse est associée à la famille. Il ne s’agit plus de santé
comme récupération d’un bien pour mais de prospérité et de sauvegarde familiale pour faire survivre la cité, la nation, le peuple. Si
bien qu’Asclépios est sa famille sont très populaire.
Ex-voto à Asclépios. Les fidèles viennent implorer le dieu, qui a auprès de lui sa femme Épione, ses fils Machaon et Podalire, ses
filles Hygie, Aeglé et Panacée Relief votif. Musée national d'Athènes. Esculape, au centre, est représenté dans le costume qui lui est habituel, vêtu
d'un manteau qui laisse à découvert la poitrine et l'épaule droite, quelquefois même tout le haut du corps. La main gauche sur la hanche, il s'appuie sur un bâton
autour duquel est enroulé un serpent Hygie porte la tunique et le péplos. Les suppliants sont de taille inférieure à celle des dieux. Les hommes, barbus, couverts d'un
manteau qui laisse voir la poitrine et l'épaule droite, ont la main droite levée. Les femmes et les enfants sont vêtus d'amples manteaux.
La connaissance de la thérapie antique se fait à travers les témoignages archéologiques et épigraphiques. Des instruments de
médecine (scalpel, spéculum) ont été découverts témoignant de pratiques chirurgicales et de l’existence de cette école de médecine,
asclépeion, qui n’ pas laissé de grand nom (à la différence de du sanctuaire de Cos, puis de Pergame où Galien exerçait). Les
témoignages épigraphiques (de l’époque impériale) sont des stèles votives, que l’on peut assimiler à des ordonnances. Le dieu
ordonne généralement des remèdes simples (cataplasmes, tisanes) et prodigue des conseils d'hygiène de vie : nécessité de faire de
l'exercice (sport et promenade), régulation du régime alimentaire. Ces règles sont perçues comme un engagement personnel avec le
dieu. Il n’y a pas, comme on aurait tendance actuellement à le faire, une opposition entre rationnel et irrationnel, entre médecine et
religion, les grecs associent les deux. La guérison dépend de ces deux procédés indissociables. La prière, la foi sont primordiales à la
création d’une relation avec l’au-delà et à l’accomplissement de la volonté divine. Les thérapies ne sont efficaces qu’à cette condition.
La recherche est bien dans l’apaisement des relations avec les dieux. Les inscriptions sur les stèles et les ex-voto représentant
l’organe ou la partie du corps guéris témoignent des guérisons provoquées par la ferveur religieuse et l’intervention du dieu.
III- L’infrastructure touristique
La thérapie demande un séjour et donc des infrastructures touristiques. Le pèlerin doit pouvoir être logé, faire des exercices, des
bains et se distraire. Le théâtre grec est né et s'est développé au cours des VIe et Ve siècles av. J.-C.. Il s'agissait au début de
cérémonies religieuses, célébrées en l'honneur de Dionysos (le dieu du vin et de la fête). Le sanctuaire s'étend au sud par des
établissements destinés à la restauration et à l'hébergement des pèlerins.
L’hotellerie : le katagogeion (dortoirs destinés aux patients) est un bâtiment carré du IVe siècle av. J.-C., de 76 m de côté, divisé
en 4 parties, elles-mêmes carrées. Il comptait 80 puis avec la construction d’un étage, 160 chambres réparties sur deux étages et
donnant sur quatre cours à péristyle. Dans le monde grec, seul les sanctuaires possèdent ces infrastructures que l’on peut comparer
aux caravansérails du Moyen-Orient. On y a retrouvé des braseros, des réchauds…
Le sport : le stade : les exercices étant préconisés par le dieu, un stade, un gymnase et une palestre sont à la disposition de curistes.
Au Ve siècle, le sanctuaire jouissait déjà d'une grande renommée, à la fois pour les cures miraculeuses que l'on y prodiguait et pour
les jeux qui s'y déroulaient tous les quatre ans ; le stade remonte à cette époque. Mais l’athlétisme n’a pas la place « sacralisante », il
s’agit plus d’exercices.
Les bains intervenaient, cette fois après la consultation oraculaire, dans la cure médicale, parmi les moyens indiqués par le dieu pour
rétablir la santé, au même titre que les remèdes, ou la diète, ou les exercices physiques. On voit, à l'époque romaine, se développer,
dans le sanctuaire et autour, de véritables thermes comme ceux qu'on trouve dans les villes en dehors de tout contexte spécialement
religieux. Le succès d'Epidaure fut durable et alla même s'accroissant, comme le montrent bien les successifs agrandissements.
Beaucoup de sanctuaires dédiés à Asclépios furent construits à la suite. Mais, avec le temps, la nature du sanctuaire se transforma
insensiblement : on construisit de grands établissements de bains et Epidaure devint une sorte de ville d'eaux, où la cure de repos,
l'hydrothérapie et les soins de médecins éclairés guérissaient tout autant qu'Asclépios ...
Le théâtre est le mieux conservé et passe pour le plus accompli de tous les théâtres grecs antiques. Probablement construit au début
du IIIe siècle av. J.-C. Il intègre admirablement le site naturel à la perfection de ses proportions et de son acoustique. A l'origine, le
théâtre d'Epidaure était formé de 34 rangées de gradins qui pouvaient contenir jusqu'à 6 200 spectateurs. Les romains ont par la
suite élargi le théâtre en y ajoutant 321 autres rangées de sorte que le théâtre put recevoir au total 14 000 personnes.
Peu à peu la médecine devint plus scientifique : établissements de bains, cure de repos, exercices physiques, divertissements
intellectuels, médecins réputés concouraient à la guérison des patients.