ACTUALITÉ Le vaccin contre Haemophilus influenzae b (anti-Hib): pourquoi est-il introduit dans le calendrier, national, de vaccination? La vaccination constitue l’un des meilleurs moyens de protection, contre la plupart des maladies, causées par des virus ou des bactéries. Elle permet de protéger la population; soit, d’une façon individuelle, où chaque personne vaccinée est protégée contre la maladie correspondante; soit, d’une façon collective, en diminuant le nombre de personnes atteintes, jusqu’à l’éradication de la maladie. Après les vaccinations contre la tuberculose, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, rendus obligatoires en juin 1969, la vaccination antirougeoleuse, en 1985, la vaccination antipoliomyélitique orale, en 1997 et la vaccination contre l’hépatite B, en 2000, c’est le tour du vaccin contre l’haemophilus infuenzae b d’être introduit dans le calendrier de vaccination algérien, en octobre 2008, après avoir été demandé, depuis plusieurs années, par les pédiatres algériens. Pour cela, nous allons voir, ensemble, la raison pour laquelle le vaccin, contre l’haemophilus influenzae b, est rendu obligatoire, en Algérie. Par Sara Mohammedi Qu'est-ce que l’Haemophilus influenzae b? L’Haemophilus influenzae b (Hib) est une petite bactérie à gram négatif immobile, en forme de bâtonnet, qui se produit dans l’appareil respiratoire humain. Deux types de souches sont isolés: les souches non capsulées, responsables d’infections bénignes, chez l’enfant et l’adulte, comme la bronchite, l’otite, la sinusite et la conjonctivite. 12 Santé-MAG N°15 - Février 2013 Les souches capsulées, responsables d’infection invasives, graves et elles comprennent six sous-types (les sérotypes de a à f); mais, le type b est responsable de plus de 90% de toutes les infections, chez l’enfant, particulièrement: les méningites, les pneumonies, les épiglottites et la septicémie, chez l’enfant de moins de 5 ans. Contrairement à ce que pourrait évoquer son nom, Haemophilus influenzae b n’est pas l’agent responsable de la grippe. Quelle est la situation épidémiologique? L’Haemophilus influenzae b (Hib) est la cause majeure de morbidité et de mortalité, chez le jeune enfant, dans le monde. Dans les pays en voie de développement, l’Haemophilus influenzae b est la première cause de mortalité, par méningite et la deuxième cause de mortalité, par pneumonie. C’est une bactérie qui est responsable de près de 3 millions de cas d’infection graves et d’environ 400,000 à 700,000 décès, par an, dans le monde; principalement, dus à des méningites et à des pneumonies. Les décès surviennent, surtout, chez les enfants de moins de 5 ans; les nourrissons d’âge de 4 à 18 mois étant, particulièrement, les plus vulnérables. En Algérie, l’incidence des méningites bactériennes purulentes a connu une baisse significative, passant de 7,16 cas pour 100.000 habitants, en l’an 2000, à 1,87 cas pour 100,000 habitants, en 2007. 23,9% de ces méningites bactériennes purulentes sont dues à l’Haemophilus influenzae b. Comment se fait la transmission? La transmission se fait par voie respiratoire. Le germe se propage par la toux et les éternuements des malades, qui projettent des gouttelettes de salive infectées, dans l’air inhalé par les autres. La transmission peut se faire, aussi, par contact avec des sécrétions du nez, ou de la gorge, durant les périodes de contagion. La porte d’entée la plus courante est le naso-pharynx. Quel est le portage? Le portage de l’Haemophilus influenzae b est au niveau de la gorge et il est, souvent, asymptomatique. Il concerne 3 à 5% des enfants et 50% des enfants, dans la population vivant en promiscuité. A noter qu'une forte concentration de porteurs augmente la probabilité de maladies invasives. Quels sont les sujets à risque? Tous les enfants non vaccinés sont exposés aux infections, causées par l’Haemophilus influenzae b, avant l’âge de 5ans. Quels sont les facteurs de risque? facteurs personnels: âge, absence d’allaitement, maladie sous-jacente, facteurs génétiques, antécédents d’infections. environnement: hygiène de vie, promiscuité, statut socio-économique. agent infectieux: sa virulence et sa capacité invasive. Quelles sont les séquelles de méningite à Haemophilus influenzae b? Les séquelles sont observés dans 28% des cas et elles sont représentés par: l’atteinte de l’audition (surdité), dans 20% des cas. ACTUALITÉ les troubles du langage, dans 15% des cas. le retard mental, dans 11% des cas. le retard du développement moteur, dans 7% des cas. Quand faut-il vacciner? La vaccination, contre l’Haemophilus influenzae b, est obligatoire dès l’âge de 3 mois. Les trois premières injections sont pratiquées à 3, 4 et 5 mois, en association avec un vaccin contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et la coqueluche (éventuellement l'hépatite B); puis, un rappel est effectué, à 18 mois. Si l’enfant n’est pas vacciné entre 6 et 12 mois et que l’on décide de le protéger contre l’Haemophilus influenzae b, avec un vaccin monovalent, deux injections suffisent. Entre 1 an et 5 ans, une injection du vaccin monovalent est conseillée. Au-delà de 5 ans, la vaccination est inutile. Conclusion: Il est important de respecter ce calendrier vaccinal, en raison du risque important de la maladie, au cours de la première année de vie. Même, si le vaccin est connu depuis Bientôt une tablette, sous la langue, contre le choléra D'après les chiffres de l'OMS, l'incidence du choléra a augmenté, depuis quelques années. Cette maladie se traduit par une diarrhée sévère, qui entraîne la déshydratation et peut causer la mort, si l'infection n'est pas traitée. La plupart des vaccins contre le choléra, actuellement disponibles sur le marché, sont liquides et a injectables. Ils doivent, donc, être conservés au froid et administrés par des professionnels de santé. Cela rend leur utilisation problématique, dans les pays en voie de développement, ou dans des situations de crise. Il est, donc, important de développer des vaccins sous forme de poudre ou de tablette, qui pourraient être utilisés dans des conditions moins favorables: dans les camps de réfugiés, par exemple, ou pour des campagnes de vaccination de masse. C'est dans ce contexte qu'Annika Borde, doctorante en technologie pharmaceutique de l'Université technologique de Chalmers, s'est intéressée à la possibilité de développer un vaccin, sous forme de tablette. Elle a travaillé sur les premières étapes du processus: trouver les bons excipients. Ses travaux montrent que le choix des excipients est un élément, important, dans la mise au point de la formulation, pour un vaccin sec, qui sera absorbé via les muqueuses. Les excipients jouent, en effet, un rôle dans la stabilisation du vaccin, durant le processus de séchage (conservation des propriétés) et permettent au principe actif d'être relâché dans le corps de façon adéquate. Annika Borde a collaboré avec Jan Holmgren, professeur de microbiologie et d'immunologie à l'Université de Göteborg, qui a une longue expérience sur les vaccins, par voie muqueuse. Actuellement, il n'y a que 5 ou 6 vaccins, par voie muqueuse, approuvés, dont un vaccin contre la diarrhée, appelé Dukoral. Ce vaccin, développé par Jan Holmgren, peut être bu et offre une protection adéquate contre le choléra. Mais, ce vaccin buvable est cher et nécessite d'avoir accès à de l'eau potable. Annika Borde a trouvé un excipient qui permet de congeler le Dukoral. Dans le futur, les chercheurs espèrent, donc, pouvoir développer une tablette, ou une poudre à mettre sous la langue, qui servira à vacciner contre les bactéries intestinales, responsables de la diarrhée. Cela permettra de se passer d'eau, dans les nombreux pays en voie de développement, où elle représente une denrée rare le début des années 9O, des milliers d’enfants mouraient, car le vaccin anti-Hib est plus coûteux que les vaccins classiques et c’est ce qui explique que la plupart des pays en voie de développement n’ont pas, encore, réussi à l’inscrire dans leur programme vaccinal obligatoire. Souhaitant que, très bientôt, la vaccination anti-HPV soit, sinon obligatoire, du moins, recommandée chez les fillettes, dès l’âge de 11 ans; éliminant, ainsi, une autre pathologie, particulièrement fréquente dans les pays en voie de développement: le cancer du col de l’utérus Les statines, un médicament diminuant le taux de cholestérol, pourraient être utilisées dans le traitement des cancers. La croissance des vaisseaux lymphatiques contribue à la dissémination des cellules cancéreuses, dans l'organisme et est à l'origine de rejets, lors de transplantations d'organes. Jusqu'à présent, aucun médicament ne permettait d'inhiber, de manière fiable, la croissance de ces vaisseaux. Or, l'équipe de recherche de Michael Detmar de l'Institut des Sciences pharmaceutiques à l'Ecole polytechnique de Zurich (ETHZ), en partenariat avec une équipe de chercheurs de l'Université de Californie à Berkeley, a montré que les statines, des médicaments largement prescrits, permettant de réduire le taux de cholestérol, pouvaient inhiber la croissance des vaisseaux lymphatiques. Les travaux de recherche ont été publiés dans la revue Proceedings of the National academy of science. On y découvre un nouveau système de culture de cellules, en trois dimensions. Développé, pour l'occasion, par les scientifiques, il a permis de tester plus d'un millier de composés chimiques, de façon automatisée. Une trentaine de ces molécules ont révélé un effet inhibiteur, sur la croissance des vaisseaux lymphatiques in vitro et deux d'entre elles ont été analysées plus en détail, dont une de la classe des statines. L'effet de cette statine, sur les vaisseaux lymphatiques, a été confirmé ‘’in vivo’’, chez la souris. Ces résultats, concluants, encouragent la poursuite des recherches. Les scientifiques déterminent, actuellement, quel serait le dosage efficace, chez l'homme N°15 - Février 2013 Santé-MAG 13