LE CAGOU (Rhynochetos jubattus) - Nouvelle

publicité
LE CAGOU
(Rhynochetos jubattus)
Le cagou, dont on dit que le chant, comparable à un aboiement, fait lever le soleil, est
un type d'oiseau spécifique. Magnifique, avec un panache impressionnant de chef indien, un
plumage gris-bleu, des ailes rayées de blanc et de gris, le bec et les pattes rouges, il ne sait
plus voler et marche gauchement. Son peu de défense malgré des attitudes agressives, l'a
peu à peu éliminé. Encore présent dans les forêts préservées, il est regardé comme l'emblème
de la Nouvelle-Calédonie.
Description et mode de vie
Endémique à la grande terre, le cagou est le seul
représentant des Rhynochétidés, famille elle aussi
endémique au Territoire. Il est d'une taille d'environ 60
centimètres et ne vole pas. Son mode de vie (chasse et
reproduction au sol), conjugué à l'absence de
redoutables prédateurs avant l'arrivée de l'homme et des
autres mammifères, aurait rendu le vol inutile permettant
ainsi une économie d'énergie considérable. En 1991 , la
population était estimée à 654 individus : le cagou est
donc une espèce menacée.
Il est surtout mis en danger par les chiens, les chats, les
cochons sauvages, les rats et par l'homme par la
destruction du biotope.
Le cagou ne peut pas voler, mais il court rapidement sur
ses fortes pattes et lorsqu'il se sent menacé, il s'accroupit
et déploie ses ailes en éventail sur sa tête. On peut
penser que la nature a voulu doter l'oiseau d'un véritable
camouflage de couleurs pour le rendre moins visible.
Le cagou ne présente aucun signe extérieur distinctif
entre le mâle et la femelle (dimorphisme sexuel). On peut
cependant les distinguer par leur chant ou par l'analyse
génétique.
Des scientifiques ont trouvé des ossements d'une autre
espèce de cagou, plus grande que le cagou que nous
connaissons. Il aurait disparu peu de temps après
l'arrivée de l'homme.
Matin et soir, les cagous font entendre un cri "KAGU"
ressemblant à l'aboiement d'un chien, nom qui
a
justement été donné à l'oiseau par les autochtones.
Son habitat naturel est la forêt dense humide. Présent de
100 à 1 400 mètres d'altitude, il vit en couple, d'ordinaire
établi pour la vie, sur un territoire variant de 5 à 30
hectares.
Le cagou est un oiseau d'activité diurne. Aux premières
lueurs du jour, le couple chante afin de signaler sa
présence sur son territoire. Le chant du mâle, composé
de 10 à 12 syllabes, diffère de celui de la femelle limité
de 5 à 7 syllabes. Durant le reste de la journée, il passe
tout son temps à la recherche de sa nourriture. Face à un
intrus sur son territoire, le cagou a deux comportements
possibles :
il fuit et se cache, lorsqu'il a un poussin, dressé en
écartant largement les ailes, il commence une parade
d'intimidation.
Le soir venu, le cagou se perche généralement sur une
branche basse ou sur un tronc couché pour passer la
nuit. A haute altitude, ce comportement est semble-t'il
modifié par la température. En effet, durant les mois les
plus frais, le cagou passe la nuit abrité par des rochers
ou sous des abris naturels.
Le temps des amours
La maturité sexuelle du cagou est mal connue ; il semble
qu'elle soit atteinte vers l'âge de deux ans pour des
oiseaux nés en captivité et réintroduits en milieu naturel.
A basse altitude, dès le mois de juin, certains couples
débutent leur cycle de reproduction.
Généralement, ce cycle commence par une parade
nuptiale : le mâle comme la femelle, campés face à face
sur leurs pattes, dressent leur huppe, gonflent leurs ailes
et tournent l'un autour de l'autre à pas rapides. Plusieurs
fois répétée, cette singulière danse peut être suivie
d'accouplements successifs. Environ trois semaines plus
tard, le couple se met en quête d'un lieu susceptible
d'accueillir sa progéniture.
La ponte et l'incubation
Quelques jours avant la ponte, le mâle choisit
l'emplacement et assure la construction du nid.
Sommaire, il est constitué, à même le sol, de feuilles
mortes et de branches sèches. Il avoisine les 35
centimètres de diamètre.
A l'état sauvage, la femelle ne pond qu'un
seul oeuf par an. Tacheté de brun rouge sur fond
marron crème, cet œuf mesure 60 millimètres de long
pour un poids d'environ 52 grammes.
Tout au long des 35 jours d'incubation, le mâle et la
femelle se relaient chaque jour sur le nid aux alentours
de midi.
1
Du poussin à l'adulte
A sa naissance, le poussin est couvert d'un léger
duvet brun jaune qui rappelle la couleur de la litière
du sol, ce qui est pour lui un excellent camouflage.
Dès la fin de la première semaine, le poussin
s'aventure à une centaine de mètres de son nid.
Toutefois, la nuit, il reste blotti contre un de ses
parents et ne se perche seul qu'à l'âge de six
semaines.
Dès sa naissance, le petit est nourri par ses
parents. Très patients, ils tiennent dans leur bec la
proie (vers de terre et insectes essentiellement) et
incitent le jeune à l'ingurgiter.
Agé de deux semaines, le poussin quémande sa
nourriture et la saisit du bec de ses parents. Il faudra 15
semaines pour qu'il soit apte à se nourrir tout seul.
Depuis, sa naissance, le plumage du jeune ne cesse
d'évoluer mais ce n'est qu'à l'âge de deux ans que les
couleur brun roux de l'enfance cèderont leur place au gris
bleuté de l'âge adulte.
Plus tard, le jeune quitte le territoire des parents pour
former à son tour un nouveau couple sur un nouveau
territoire.
Régime alimentaire
Dès le lever du jour, le cagou part à la recherche
de sa nourriture composée principalement
d'insectes, de vers de terre, d'araignées, de petits
lézards et de geckos ...
Sa très bonne vue binoculaire lui permet de
repérer efficacement ses proies. Généralement, il
se tient droit, immobile, une patte repliée, à l'affût
du moindre bruit ou du moindre mouvement. Avec
une rapidité déconcertante, il capture sa proie d'un coup
de bec.
Parfois, lorsqu'elle s'est enfoncée sous les feuilles ou
dans le sol, il utilise son large bec pour ôter une à une
feuilles et brindilles ou pour creuser la couche
superficielle du sol. C'est un carnivore qui se nourrit
essentiellement
d'insectes, larves, vers, geckos et
lézards.
Protection : Attention ... Danger
Classé dans l'annexe I de la convention de
Washington sur le commerce des espèces
menacées (CITES), le cagou est entièrement
protégé ; il ne peut en aucun cas être
commercialisé. Sa chasse, sa capture et sa
détention sont interdites en Nouvelle-Calédonie.
Habitant des forêts denses humides, le cagou voit
son lieu de vie perturbé par les activités humaines.
Les pistes et plates-formes qui entaillent les
massifs forestiers peuvent constituer des barrières
Conseils pour l'observation :
Où ?- Forêt humide du Parc de la Rivière Bleue
- Parc Zoologique et Forestier "Michel Corbasson"
– Nouméa
Quand ?- Toute l'année
infranchissables et amènent leur flot de dégradations :
hommes, feux, chiens, chats, rats ...A présent répartis en
petites populations isolées dans les derniers massifs
forestiers primaires, les cagous sont très vulnérables. Il
est urgent pour leur survie d'entreprendre, comme au
Parc de la Rivière Bleue dans le sud de la grande terre,
un programme de mise en réserve et de gestion avec
élimination des prédateurs dans les zones les plus
favorables à la conservation du cagou.
Comment ?- Il n'est pas aisé d'observer des cagous.
C'est le matin, à l'aube, qu'il est le plus facile de les
repérer grâce à leur chant.
2
Téléchargement